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jeudi 5 novembre 2020

DES BUGGIES AU 3EME REGIMENT DE HUSSARDS

Après la livraison à la 27ème Brigade d'Infanterie de Montagne de quads équipés de kits de chenilles, c'est au tour du 3ème Régiment de Hussards stationnés à Metz de se lancer dans le test d'engins ultra légers, en l’occurrence des buggies. Les photos postées sur le compte Twitter du Chef de corps du Régiment permettent de découvrir deux versions différentes de ces engins également revêtues de teintes différentes. Le premier peint en vert semble être une version benne tandis que le second de couleur sable se rapproche plus d'une version cargo. Régiment blindé de la brigade franco-allemande, le 3è RH dispose déjà de moyens classiques tels que l'AMX 10 RC ou le VBL dont il attend le remplacement et la revalorisation dans les prochaines années. Même si l'on ne connait pas le cadre technique ou tactique des tests en cours, on peut néanmoins d'interroger sur l'utilité de tels engins au sein d'un régiment blindé dont la majorité des composantes agit sous blindage. Toutes les hypothèses peuvent être envisagées et même si il s'agit d'un test, l'apparition de tels gadgets dans un régiment "classique" a de quoi surprendre au moment la survie des combattants sur le champ de bataille impose l’emploi de protection toujours plus élaborées et efficaces.

UNE OFFRE DE LEONARDO POUR LE DRAGON

Selon une information publiée sur le site de la société, Leonardo Hispania a proposé sa tourelle HitFist en version habitée pour équiper la version tourellée du VCR Dragon espagnol. Servie par un équipage de deux hommes, la tourelle HitFist peut recevoir un canon d'un calibre maximum de 40mm et bénéficie de nombreuses innovations techniques dans le domaine du tir et de l'observation. La version téléopérée de cet équipement montée sur un des démonstrateurs du programme, n'a cependant effectué aucun tir contrairement aux deux autres tourelles, la Samson Mk2 et la Tizona.L'offre de Leonardo porte sur 58 tourelles habitées pour équiper une partie des 348 premiers engins commandés au mois d'aout dernier. 

La proposition de Leonardo Hispania est construite autour de la version habitée de la tourelle HitFist alors que l'armée espagnole avait jusqu'à présent marqué son intérêt pour des équipements téléopérés comme l'avaient montré les tourelles équipant les trois démonstrateurs du programme. En outre ce choix semblait être lié aux avantages offerts par ce type d'équipement en termes de poids et d'encombrement. 

Cette candidature "spontanée" est un peu surprenante car elle ne répond à aucun appel d'offres ou demande émanant des services officiels. La proposition de Leonardo pourrait constituer la réponse de Leonardo à un futur appel d'offres pour des tourelles en version habitées et téléopérées, telles que proposées par la majorité des fabricants. Cette proposition pourrait au contraire indiquer le prochain abandon d'une version téléopérée de la tourelle des futurs Dragon, arrêt qui pourrait être lié à des contraintes budgétaires. Le programme Dragon fait partie des 14 projets de la défense espagnole regroupés au sein du programme 122B qui devrait augmenter de 177 millions d'euros en 2021. Le Dragon devra partager cette augmentation avec des projets aussi variés qu'importants comme la modernisation des Pizzaro, le maintien en condition des chars Leopards, l'Eurofighter et l'A400M, les hélicoptères Chinook et NH-90, les futurs bâtiments de sauvetage maritime ou le système d'armes de nouvelle génération (FCAS-NGWS). Le gouvernement espagnol a rappelé que le financement du programme 122B était garanti jusqu'à 2027, à l'exclusion de tout autre programme. Dans ces conditions un appel d'offres pour une seule version tourellée permettrait d'équiper un premier lot d'engins sans hypothéquer la suite du programme. Leonardo Hispania a peut-être anticipé la prochaine étape du programme Dragon.

MAINTIEN EN CONDITION ESPAGNOL POUR LES BLINDES QATARIS ?

La société espagnole Star Defense Logistics & Engineering (SDLE) serait en négociation avec le Qatar pour l'obtention d'un contrat de maintien en condition des chars Leopards 2 A7 et des obusiers Pzh 2000 acquis par l’Émirat. Le contrat d'une valeur de 2,21 milliards de dollars finalisé en 2013 comprenait la livraison de 62 chars, 24 obusiers et plusieurs véhicules légers, Dingo, Fennec. L'entreprise espagnole est en charge de la maintenance des MRAP RG-31 Nyala et d'un certain nombre d'interventions sur les tourelles et simulateurs des chars Leopards espagnols. SDLE intervient également en Jordanie où elle effectue la modernisation des 80 Centauro I en service au sein de l'armée du Royaume hachémite. Ce chantier commencé en 2018 comprend le traitement des obsolescences, l'installation d'un nouvelle conduite et la mise en place d'une nouvelle caméra thermique. SDLE qui avait obtenu le contrat de modernisation des Centauro malgré une candidature d'Oto Melara, pourrait s'appuyer sur un éventuel succès au Qatar et son implantation en Jordanie pour répondre à une éventuelle externalisation de la maintenance des Leclerc jordaniens. Comme pour la formation, les industriels français feraient bien de manifester leur intérêt auprès des autorités jordaniennes pour d'éventuelles opérations de formation et de maintenance de ces chars, comme l'ont fait les Allemands pour les Marders.

lundi 2 novembre 2020

PREMIERE RWS PRODUITE AUX ETATS-UNIS PAR EOS DEFENSE SYSTEMS USA

Electro Optic Systems (EOS) Defense Systems USA a célébré la production de la première Remote Weapon Station (RWS) R 400 produite aux États-Unis. Installée à Huntsville dans l'Alabama depuis 2018, EOS Defense Systems USA est détenue à 100% par EOS Australia, qui fournit un grand nombre de RWS à l'armée australienne. EOS Australia est également engagée aux côtés d'Elbit Systems pour la réalisation de la tourelle équipant l'AS 21 Redback d'Hanwha en compétition avec le Lynx KF41 pour la phase 3 du programme Land 400. La série de RWS R400 a connu une évolution continue avec des améliorations apportées à la précision, à la stabilisation, à la gestion de l'énergie électrique et aux performances des différents capteurs installés. La R400S MK2 D-HD (Direct drive- Heavy Duty) est le résultat de l'évolution de la série R400, qui a déjà séduit cinq clients exports. Cette RWS est disponible dans de nombreuses version y compris marine et duale, dans ce dernier cas elle intégre un missile antichar de type Javelin à côté d'un canon de 30mm, généralement de type M230LF de Northrop Grumman. Les mouvements des capteurs ont été optimisés pour améliorer les capacités d'engagement de cibles en translation rapide comme les UAV de taille réduite. Dans l'armée australienne les RWS R400Mk2 peuvent être intégrées dans le système de gestion du champ de bataille et associées à des radars ou d'autres capteurs comme des détecteurs de départ de coup.
Déjà engagée dans l'appel d'offres pour la fourniture des Up-Gunned Strykers, la société australienne rappelle qu'en dépit d'une position dominante Kongsberg n'est plus le seul fabricant de RWS aux États-Unis. La future compétition pour le programme OMFV pourrait d'ailleurs fournir à EOS Defense USA l'opportunité d'installer une RWS sur un des engins engagés dans la compétition. En Europe, EOS a déjà signé deux contrats d'une valeur de 2,5 millions d'euros pour la fourniture de RWS de la série R400 à un pays européen membre de l’Otan dont le nom n'a pas été rendu public.

CHAR LEGER ET BLINDES A ROUES POUR LES PHILIPPINES

Blablachars est en mesure d'apporter quelques précisions sur le contenu de l'appel d'offres philippins pour l'acquisition de chars légers qui a été remporté par Elbit Systems. Le char léger philippin sera donc un engin israélo américain, le châssis Ascod 2 de General Dynamics Land Systems (GDLS) supportant une tourelle Sabrah d'Elbit Systems. Le contrat d'un montant de 196 millions de dollars prévoit la fourniture de huit chars légers et de dix blindés légers Pandur II, également fabriqués par GDLS, tous ces engins étant équipés de la tourelle Sabrah armée d'un canon de 105mm. Selon plusieurs sources, cette tourelle devrait embarquer une conduite de tir de nouvelle génération associée à des viseurs thermiques pour le chef et le tireur ainsi qu'un système de gestion du champ de bataille. Les chars légers pourraient être employés aux côtés des M113 (déjà modernisés par Elbit Systems) alors que les Pandur 2 pourraient opérer avec les vingt huit Guaranis, objet d'un autre contrat. La victoire d'Elbit Systems dans le marché de char léger met un point final à un processus d'acquisition démarré en 2015 et qui a connu depuis de nombreuses péripéties. Elbit Systems remporte une victoire totale avec la fourniture de huit chars légers, dix engins à roues canon et vingt huit véhicules transport de troupes, soit quarante six véhicules pour lesquels la société israélienne fournira de nombreux équipements et armements. Comme la Pologne évoquée hier, les Philippines font le choix d'une tourelle commune sur deux châssis différents, solution génératrice d'économies.

Cette acquisition met également en lumière la pertinence du concept de char léger représenté ici par un engin dérivé du Medium Main Battle Tank développé par GDLS. Cette catégorie de char léger suscite un grand intérêt, particulièrement en Asie avec le Type 15 chinois, le K21-105 coréen ou le Harimau indonésien. Le développement du programme de char léger Mobile Protected Fire (MPF) aux États-Unis devrait accentuer l'intérêt de nombreux pays pour ce type d'engins. Le char léger doté d'un armement puissant peut affronter un adversaire blindé ; sa très bonne mobilité stratégique et tactique autorisent son déploiement rapide comme dans le cadre d'une entrée en premier. Le char léger rend également possible la possession d'un blindé performant par des forces armées qui ne souhaitent ou ne peuvent pas supporter les contraintes liées à l'utilisation de chars lourds. Il est curieux de constater que les succès remportés par ce type d'engin ne trouvent pas plus d'écho en Europe en dépit de l'existence de nombreux châssis disponibles et de tourelles performantes. Ceci s'explique par la priorité donnée par de nombreux états à la constitution de forces en vue d'un possible engagement en centre Europe pour lequel les VCI et chars lourds sont privilégiés. Cet engagement intra-européen élude également le scénario d'une entrée en premier sur un théâtre face à un ennemi disposant de moyens blindés mécanisés.

PRECISIONS RUSSES UN PEU FLOUES !

Selon l'agence de presse Interfax, la Fédération de Russie aurait apporté quelques précisions sur les futures exportations de ses matériels les plus récents. On apprend dans un communiqué que les livraisons à l'étranger d'un certain nombre d'équipements  ne pourraient intervenir que d'ici cinq à sept ans. Dans le domaine terrestre, selon Interfax les matériels concernés seraient "les développements et les produits des entreprises appartenant à Rostec : des véhicules blindés basés sur la plateforme Armata, assemblé dans les entreprises Uralvagonzavod UVZ". On pense bien sur au char T-14 qui n'a toujours pas été livré à l'armée russe en dépit de sa participation à plusieurs défilés et le déroulement d'essais en Syrie. Le doute reste donc permis quant à son éventuelle exportation, le char n'étant pas clairement mentionné dans le communiqué, à la différence d'autres matériels comme le SU-57E, le MI-28NE ou encore la version navalisée du KA-52K. La plateforme Armata évoquée dans le communiqué est actuellement la base du char T-14, du VCI lourd T-15, du VCI Kurganet 25 (qui n'est pas fabriqué par UVZ), de l'engin du génie T-16 Brem ou du véhicule d'appui lourd BMOP "Terminator 3". En outre, cette même plateforme est également la base d'un certain nombre de véhicules encore en projet comme un mortier automoteur basé sur le mortier de 120mm 2S12A, ou le porteur du système TOS-2 monté pour le moment sur un camion de Type Ural.

Plusieurs raisons peuvent motiver la rédaction de ce communiqué à la veille du vingtième anniversaire de la création de Rosoboronexport. Le délai de cinq ans est peut être nécessaire à la Russie pour conclure des accords de partenariat qui pourraient inclure la fabrication sous licence du char ou d'un des engins issus de la plateforme Armata. Ce communiqué pourrait également laisser penser à l'existence d'un retard important dans la livraison à l'armée russe du char T-14, Moscou ayant toujours affirmé que le char ne serait exporté qu'après sa mise en service dans les forces armées russes. Enfin cette décision ne concernerait pas le char T-14 qui pourrait trouver ses premiers clients avant cinq ans. Comme souvent, il est difficile de déchiffrer avec précision les intentions russes en la matière et de formuler un pronostic quant à l'arrivée du char dans les forces russes et son exportation. Mais une chose est sure, jusqu'à présent le T-14 a fait couler couler plus d'encre que de poudre !

dimanche 1 novembre 2020

UNE TOURELLE POUR DEUX ENGINS

La mise en service prochaine au sein des forces armées polonaises du Véhicule de Combat d'Infanterie chenillé Badger permettra à la Pologne de disposer de deux véhicules dotés d'une tourelle commune. En effet, le Badger comme le Rosomak son homologue à roues sont tous deux équipés de la tourelle ZSSW-30. Cette tourelle téléopérée fut développée à partir de 2013 par Huta Stalowa Wola (HSW) en vue d'offrir une alternative locale à la tourelle HitFist de Leonardo, dont elle devait reprendre les dimensions afin de permettre sa mise en place sur les véhicules Rosomak sans modification de ceux-ci. Armée d'un canon Bushmaster Mk44s de Northrop Grumman, la tourelle ZSSW-30 embarque également deux lanceurs Spike. De récents clichés ont permis de voir le VCI chenillé Badger doté de cette tourelle au cours des essais dont les services officiels polonais ont souligné le bon déroulement.