VERS UN CENZUB MOINS "URBAIN" ?

Les opérations menées depuis plusieurs années dans des zones urbanisées ont favorisé l'émergence d'une réflexion de plusieurs pays sur le réalisme des centres d'entrainement en zone urbaine. La France possède avec le CENZUB (Centre d'Entrainement aux actions en Zone urbaine) une des infrastructures les plus performantes au monde dans le domaine. Elle ne cesse de l'améliorer par l'adjonction de nouvelles fonctionnalités, avec le rattachement de la future section Vulcain chargée de l'exploration et de l'expérimentation des systèmes automatisés ou la mise en service d'un Complexe d'Entrainement au Combat en Espace Clos (CECEC). Au moment où l'armée de terre s'est résolument engagée dans la préparation d'actions de haute intensité, elle pourrait envisager d'améliorer encore le réalisme de ses installations en les rendant moins "civilisées". Une prochaine évolution de ce centre pourrait être la mise en place d'un décor moins "accueillant" avec l'utilisation de plusieurs solutions. 

L'utilisation d'infrastructures abandonnées ou en vouées à la démolition pourrait être envisagée après s'être assuré que celles-ci ne présentent aucun risque pour les troupes engagées. En outre, cette utilisation serait liée à un calendrier que les armées ne maitriserait pas forcément sans parler de la multitude d'autorisations nécessaires à ce type de pratique. Cependant l'utilisation de ce type d'installations pourrait être envisagée pour les régiments plus ancrés dans le tissu local qui profiteraient des opportunités pouvant se présenter dans leur zone d'implantation. Cette solution ne garantit pas la permanence de l'instruction en la rendant dépendante de situations ponctuelles et réparties sur l'ensemble des garnisons.  

La seconde solution serait de réaliser dans les infrastructures  concernées des "détériorations et dégradations contrôlées". Ceci reviendrait à parsemer le site d'objets plus ou moins éphémères allant des "détritus" aux carcasses de voiture en passant évidemment par des gravats et autres restes d'habitation écroulées. Au delà des difficultés sanitaires et techniques liées à cette solution, celle-c serait un véritable cauchemar pour les gestionnaires de site, alors confrontés à des problématiques de conservation des installations et de leur remise en état à la fin des exercices. Ici aussi, le risque d'atteinte aux biens et aux personnes est important pour les unités à l'entrainement. Cette solution constitue cependant l'alternative donnant le plus de réalisme au paysage d'entrainement urbain.

Dernière solution, la mise en place "décors" réalistes en polystyrène, déjà utilisés par l'industrie cinématographique. D'un prix modique ces réalisations représentent fidèlement les objets figurés (blocs de béton, pierres, briques,...) à l'exception du poids et de la fragilité, atténuant quelque peu le réalisme de cette reconstitution. Cette solution constitue cependant une alternative intéressante pour donner à la zone d'entrainement un aspect un peu plus chaotique. A ces décors, on pourrait ajouter des générateurs de poussière ainsi que des déblais "propres".

Ces solutions ne constituent pas réponse idéale à toutes les exigences de l'entrainement aux actions en zone urbaine et à leur réalisme, elles proposent des pistes de réflexions pour améliorer les conditions d'entrainement dans un milieu extrêmement exigeant. La réalisation de ces dégradations pourrait également profiter à d'autre services de l'état comme la Sécurité Civile et renforcer les actions de mutualisation déjà mises en oeuvre dans certains régiments.  La sécurité des participants doit évidemment rester au coeur des préoccupations des responsables qui doivent mettre en oeuvre toutes les dispositions pour maintenir le risque de blessure à un niveau comparable à celui des autres actions de formation. Le défi du réalisme est important pour l'armée de terre, engagée dans la préparation aux opérations de haute intensité. Les zones urbanisées qui regroupent aujourd'hui plus de 50% de la population mondiale seront certainement le théâtre d'une majorité des futures opérations. Outre l'amélioration du réalisme des entrainements, ces dégradations contrôlées de l'environnement urbain permettraient peut être de souligner la nécessité pour une armée moderne de posséder des engins capables d'accompagner les chars dans ces milieux pour y mener le seul combat possible, le combat interarmes. 

Muscatatuk Urban Training Center (Indiana)

 

Guardian Center (Géorgie)