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jeudi 23 juillet 2020

VCI TCHEQUES : QUELLE DECISION DANS LES MOIS A VENIR ?

A l'occasion de la visite à Prague de son homologue allemand Annegret Kramp-Karrenbauer, le Ministre de la Défense tchèque a indiqué qu'une décision concernant  l'appel d'offres pour la fourniture de Véhicules de Combat d'Infanterie (VCI) serait annoncée à la fin de cette année ou début 2021. Ce marché initié en 2016 aurait du être attribué en 2019. Des changements de spécifications ont modifié la physionomie de cet appel d'offres et le départ d'une des sociétés en compétition. 
En vue de remplacer ses BVP2, sept compagnies furent approchées en 2016 pour la fourniture 200 VCI modernes déclinés en sept versions : combat, commandement, reconnaissance, génie, sanitaire, reconnaissance artillerie et dépannage. Quatre engins furent sélectionnés en 2017 pour une série de tests : le Puma présenté par PSM Projekt System & Management GmbH, joint-venture entre Krauss-Maffei Wegmann and Rheinmetall ; le CV9030 MkIV de BAE Systems ; le Lynx produit par RheinMetall et l'ASCOD 2 présenté par General Dynamics European Land Systems. 

CV 9030 MkIV BAE Sytems
Lynx KF 41 RheinMetall
ASCOD 2 GDLS
Les caractéristiques du futur VCI furent profondément modifiées au printemps 2019 par les autorités tchèques notamment ent termes de capacité de transport fixée à 8+3 hommes et une nouvelle tourelle. Les principales spécifications sont les suivantes :
- Capacité d'emport de trois hommes d'équipage , deux spécialistes et six combattants.
- Armement principal comprenant de préférence un canon de 30x173mm, un canon de 40mm étant "acceptable" capable de tirer des munitions programmables, un système de missiles antichars de troisième génération avec une préférence pour le Spike LR , une mitrailleuse de 7,62mm. Ces armements devant être associés à des optiques chef et tireur capables d'identifier un char à 4000m de jour et 3500m de nuit. Observation de jour avec une caméra CCD et de nuit par imagerie thermique. La nature de la tourelle, habitée ou téléopérée n'est pas précisée, les avantages et inconvénients des deux solutions sont connues, le choix tchèque pourrait être basé sur des facteurs économiques.
- Protection de base conforme au STANAG 4569 avec des possibilités d'ajout de blindage modulaire, d'installation de systèmes de protection active Hard Kill et Soft Kill, ainsi qu'une protection contre les IEDs avec un brouilleur et une protection NRBC automatique. Un système de fumigènes large bande couvrant le périmètre de l'engin est également prévu.   
- En termes de mobilité le rapport poids puissance minimum est de 24cv/t avec une autonomie minimum de 500km, une vitesse de 65km/h sur route et de 40km/h en tout terrain. L'engin doit être aérotransportable à bord d'un avion de type C-17, An 124 ou A400M. 
- Tous les engins devront être équipés d'une radio VHF/UHF autorisant la transmission de données (GPS, TACSAT), d'un moyen de communication avec les troupes au sol, d'une architecture permettant l'intégration du système de commandement local BVIS. Un système d'identification ami/ennemi est également prévu. 
Pour toutes ces spécifications, l'implication dans le programme de l'industrie tchèque est fixée à 40% avec une participation quasi-obligatoire de la compagnie nationale VOP CZ.
Les modifications annoncées en 2019 provoquèrent le départ de la compétition du consortium allemand PSM considérant qu'il lui serait nécessaire (et donc onéreux) de procéder à une reconstruction quasi complète du Puma pour satisfaire aux nouvelles exigences. Cet appel d'offres dans lequel trois sociétés restent en compétition devrait connaitre son épilogue dans les mois à venir, avec une décision dont la nature reste incertaine.

PUMA PSM
Le montant de ce contrat, un peu plus de 2,3 milliards de dollars ouvre la voie à de nombreuses possibilités pour l'avenir de ce contrat et la nature de la décision devant être rendue prochainement. Ce montant est aujourd'hui confronté aux risques économiques et financiers liés à la situation budgétaire post CoVid. Plusieurs scénarios sont possibles : 
- Un nombre d'engins à acquérir divisé par 2, comme cela a été fait pour l'acquisition des Pandur2 dont 107 exemplaires sont en service au sein de la 4ème Brigade de Déploiement Rapide. Une telle réduction amènerait à aligner sur ce chiffre le nombre de futurs VCI en service au sein de la 7ème Brigade Mécanisée.  
- Une annulation pure et simple du marché et son remplacement par des négociations de gré à gré au niveau gouvernemental. De telles discussions avec le gouvernement allemand pourraient également inclure la fourniture de chars lourds. en remplacement des T72 M4CZ entretenus par la compagnie VOP CZ et  quasiment tous inaptes au combat. Le Léopard fait bien sur figure de favori, avec une possible acquisition en leasing d'une version modernisées, comme le 2A7+ déjà commandée par la Hongrie.

T-72 M4 CZ
Leopard 2A7+
L'année 2020 doit être celle d'une décision dans ce programme, les militaires souhaitent qu'elle soit prise au plus vite en raison des délais logistiques nécessaires à la réalisation tel marché : construction d'infrastructures, formation et entrainement des équipages et intégration des engins dans leur environnement opérationnel. Paradoxalement, la décision la plus favorable pour les militaires serait l'annonce rapide de son annulation et du début des négociations avec le gouvernement allemand, ce qui satisferait Berlin, permettrait de limiter les effets de la récession annoncée et de soutenir RheinMetall. La société allemande pourrait alors faire coup double, début 2021 en cas d'obtention du marché australien (Land 400 Phase 3) et de celui-ci. 
Beaucoup d'incertitudes demeurent donc pour cet appel d'offres, la prise de parole du Ministre tchèque de la défense n'a livré aucune indication sur la nature de la décision à venir, on peut cependant être certain que ce dossier a du être longuement abordé au cours de cette visite. 

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