AIDE AMERICAINE ET REFUS ALLEMAND A RAMSTEIN

En dépit des attentes et d'une pression croissante, aucune décision concernant l'envoi de chars lourds en Ukraine n'a été prise par les membres du Groupe de Ramstein qui se sont réunis aujourd'hui sur la base américaine éponyme. La fourniture de Leopard2 au cœur des débats et de l'actualité depuis plusieurs jours, soumise à l'accord du Chancelier allemand pour leur réexportation n'a pas décidée. Les pays du groupe continuent de fournir une aide en ordre dispersée à l'instar de l'Allemagne qui devrait continuer à pratiquer sa politique de substitution en fournissant des matériels aux pays transférant leurs équipements à l'Ukraine. 

Pour diminuer l'impact du refus allemand et celui des États-Unis, le groupe de Ramstein a salué l'initiative britannique ainsi que le nouveau "package" d'aide militaire américaine évalué à 2,5 milliards de dollars. Washington qui ne souhaite pas livrer des M1 à Kiev pour des motifs purement logistiques (consommation, maintenance, complexité) a cependant inclus des engins blindés dans cette nouvelle aide. Ainsi à défaut de chars, on trouve parmi les nombreux équipements promis à Kiev par l'administration américaine, 59 Bradley fournis avec 295.000 obus de 25mm et 590 missiles TOW, portant le total d'engins à 109 ainsi que 90 Stryker ( l'armée américaine en possède 4600) dont 20 seront équipés de rouleaux de déminage, plus connus sous le nom de Engineer Squad Vehicle LWMR (Light Weight Mine Roller) en service dans l'armée américaine et canadienne. 

Stryker Engineer Squad Vehicle LWMR

A ces engins s'ajoutent 53 MRAPs (Mine Resistant Ambush Protected) et 350 Humvee. Ce nouveau paquet porte le montant de l'aide américaine fournie à l'Ukraine depuis le 24 février 2022 à 26,7 milliards de dollars. La décision allemande qui est approuvée par 43% des allemands interrogés sur le sujet, semble soulever l'ire des industriels de l'armement outre-Rhin qui craignent pour leurs futures exportations, elle pourrait constituer un obstacle majeur à la signature de futures commandes. Coincé entre des arguments logistiques américains, un blocage politique allemand, une initiative britannique plus symbolique qu'efficace, la réunion de Ramstein n'a pas apporté les réponses espérées par l'Ukraine dans le domaine des blindés lourds dont le transfert à court ou moyen terme devient de moins en moins probable, compte tenu des délais nécessaires à la réalisation d'une telle opération. L'Ukraine continue cependant de recevoir des chars d'origine soviétique provenant des stocks de pays utilisateurs, et pour la plupart reconditionnés par la société tchèque Excalibur. Les arguments (aussi fallacieux soient-ils) présentés par les États-Unis pour refuser le transfert de M1, char de deuxième génération sont parfaitement recevables pour justifier le non transfert de chars Leclerc dont les performances exigent une formation pointue et un maintien en condition de haut niveau. Si le M1 char de seconde génération, semble exiger une logistique particulière et une formation spécifique, que dire du Leclerc seul char de troisième génération en service en Europe, dont les performances supérieures à celles du M1 justifient à elles seules une formation encore plus exigeante et une logistique également très performante.

 

Le nouveau paquet d'aide américaine