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jeudi 15 juin 2023

AMBITIONS BALTES

Après la Lituanie, c'est au tour de l'Estonie de manifester son souhait de créer une division blindée mécanisée au sein de ses forces terrestres. Les deux pays baltes ont déjà concrétisé cette volonté en se dotant de nouvelles capacités. Dans le domaine des feux dans la profondeur, la Lituanie et l’Estonie ou toutes deux acquis en 2022 des systèmes américains M142 HIMARS (High Mobility Artillery Rocket Systems) ainsi que 18 Caesar pour la Lituanie et 36 obusiers K9 pour l'Estonie, aux quels pourraient se rajouter 18 exemplaires supplémentaires. Dans le domaine de la défense sol-air, la Lituanie a opté pour le système norvégien NASAMS (Norwegian Advanced Surface to Air Missile System) développé par Kongsberg, issu des stocks de l'armée norvégienne, tandis que l'Estonie dans une démarche commune avec la Lettonie a fait le choix du système Iris-T développé par Diehl Defense. 

Du côté de la mêlée, Tallinn et Vilnius souhaitent se doter d'un bataillon de chars d'une cinquantaine d'engins ainsi que d'un nouveau véhicule destiné à l'infanterie pouvant être décliné en version IFV (Infantry Fighting Vehicle) et APC (Armored Personnel Carrier). Dans ce domaine la Lituanie souhaite acquérir 120 Vilkas (Boxer équipés d'une tourelle Samson) en plus des 88 engins de ce type en cours de livraison aux forces armées lituaniennes. L'Estonie a lancé l'année dernière un programme portant sur l’acquisition de 200 véhicules destinés à compléter les 20 BTR-80 et les 50 Sisu X-180 déjà en service dans les forces estoniennes. Il convient de noter que l'Estonie a rejoint le consortium en charge du programme CAVS (Common Armoured Vehicle Systems) aux côtés de la Finlande, de la Suède, de la Lettonie, rejointes il y a quelques semaines par l'Allemagne. Concernant cette dernière, les autorités lituaniennes ont émis le souhait d'accueillir sur leur territoire une base allemande permanente, tandis que l'Estonie souhaitait intégrer un élément britannique dans sa future division. 

Concernant les chars, les liens déjà existants entre les deux pays et l'Allemagne devrait favoriser un succès du Leopard, dont une commande commune d'une centaine d'exemplaires pourrait être annoncée dans es prochains mois. Évoquant la (très) probable acquisition du char allemand par les deux pays, le ministre lituanien de la défense a souligné que cette opération permettrait de bénéficier des possibilités d’entraînement offertes dans les pays déjà équipés. Il a en outre précisé que son armée ne serait pas le seul utilisateur de Leopard 2A8 en dehors de l'Allemagne, puisque déjà adopté par la République Tchèque et la Norvège.

Comme on peut le constater, les pays baltes poursuivent leur effort de défense en se dotant de matériels modernes, parmi lesquels les équipements français occupent une place marginale. La France qui n'est pas non plus sollicitée pour intégrer les futures structures de ces deux pays peut cependant se réjouir de voir la Lituanie et l'Estonie de concrétiser les espoirs de Marc Chassillan en constituant la "confortable couche de brigades blindées mécanisées nordiques, polonaises, baltes, allemandes, tchèques, slovaques et américaines". 

14 commentaires:

  1. Le voisinage y est sûrement pour quelque chose... À quand les sous-marins ? :)

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  2. Mais comment font-ils ?
    L'Estonie, 1,5 millions d'habitants, la Lettonie (non évoquée ? !), 2,5 millions d'habitants, la Lituanie, 3,5 millions d'habitants, et des budgets militaires ne dépassant pas le dixième de ceux de la France (au hasard.) au total pour ces trois pays, pour être autant voire plus équipés que l'armée de terre française (36 automoteurs modernes actuels pour la seule Estonie, et ses un million et demi d'habitants, par exemple.).

    Mais certains font encore s'empresser de nous dire : "Mais nous, c'est pas pareil, on n'a pas de frontières" (Ni d'alliés à aider à se défendre. Ni à participer de quelque façon que ce soit à quelque coalition, éventuelle. "Les américains sont là pour ça"... ("l'europe l'europe l'europe" !!!))... Ni corps de projection sérieux d'ailleurs, du fait. Comptez pas trop sur nous nous les baltes (je crois d'ailleurs qu'ils l'ont déjà bien compris, eux aussi ; et même malgré nos "démonstrations", assez ridicules du fait.)
    En terme de capacités terrestres de défense réelle nous sommes presque devenu des ectoplasmes, pratiquement invisibles stratégiquement parlant.

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    1. Pas de marine, pas d'armée de l'air (tout est pris en charge par l'OTAN), c'est tout de suite plus facile

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    2. Et pas de chars lourd ni d'hélicoptères pour bouffer la MCO

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    3. Qui, aujourd'hui, pourrait s'en prendre concrètement à l'OTAN du Traité de l'Atlantique Nord (...) avec des moyens terrestres classiques ?
      Dans la période, avec la Russie en Ukraine, il sagit d'une position stratégiquement défensive pour garder des territoires et maintenir un régime politique..., faute d'une réussite de "l'Opération Spéciale". Le temps de l'URSS est révolu, celui de la Russie en est un autre.
      Des OPEX sont toujours possibles en coalition ou en solo en Afrique...
      La "menace expansionniste Turque" est une hypothèse qui entraînerait de nombreux pays dans un conflit en relation avec les ressources gazières en Méditerranée. Là, l'OTAN et les USA seraient concernés...

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    4. Justement, et très précisément, heureusement pour eux que même ces très petits pays s'arment néanmoins (Ils ne chougnent pas comme certains "on est trop petits" ...), et qu'il y a les USA derrière, car s'ils devaient compter sur nous (Et sur "l'europe l'europe, l'europe".)...


      PS @ Anonyme16 juin 2023 à 13:24,
      par ce que des Léopard2 A8, de dernière génération, c'est pas des chars lourds ? !

      Mais il est vrai que le Léopard2 est réputé pour avoir un MCO beaucoup plus raisonnable que d'autres.
      C'est en fait une de ces principales qualités : Comme quoi, un certain pragmatisme, ça paye, souvent...

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    5. @ Anonyme16 juin 2023 à 13:22,
      Sachant que le budget de notre armée de terre représente environ 35 % de nos budgets militaires (l'armée de l'air 30 %, et la marine 20 % seulement, la dissuasion étant passée récemment à 14 % (Vous l'avez oubliée !! ?), il y a quand même "un peu" de quoi faire, en matière terrestre ; par rapport à ce dont sont capables, voir ci dessus, ces trois pays baltes réunis avec un budget total ne dépassant 10 % du notre..

      Mais c'est sans doute encore plus une "histoire" de dire "qu'on est trop petits"..
      "Ce qui coute le plus c'est de se penser comme petit.".
      D'ailleurs avec ce genre de réflexions, on ne l'aurait jamais construite, notre force de dissuasion nucléaire : "On est trop petit. On n'a plus de frontière (!). Et les autres, on s'en fout"....
      Le plus sur moyen pour n'être plus rien demain en effet, celui de la capitulation, en rase campagne, et du renoncement à ce que nous sommes !!!

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    6. Pas encore de chars lourds non, puisqu’ils doivent en commander, il faut lire. La dissuasion est comprise dans les budgets MN/AAE…

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    7. Justement j'ai essayé de faire hors ou avec la dissuasion comprise (C'était juste une simple évaluation rapide, pour l'exemple et appuyer le propos, cela reste à affiner ; mais globalement on est dans les ordres de grandeur quand même.).

      En fait le budget de la marine conventionnelle serait même inférieure à 15 % (Dont une bonne partie, un quart à un tiers consacrée à la protection de la FOS ; et l'armée de terre des 40 % (avec plus de 10 % de budget RH.)
      15 %, en pleine maritimisation du monde.... Comme nous disent certains on prend vachement compte du contexte géopolitique et stratégique du monde : Même pour cela, ils sont partis aux fraises !!!

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  3. L'avantage des "petits pays", c'est qu'ils ont la faculté de choisir ce qu'il y a de mieux sur le marché international. En ycherchant le meilleur rapport coût/efficacité et en mettant la priorité sur ce qui peut servir le plus efficacement leurs efforts de défense. Mais certains "grand Pays" s'obligent, eux, a acheter presque exclusivement leur propre production, dont les caractéristiques sont parfois inutilement sophistiquées et ultra-coûteuses, sans pour étant être fiables et durables. Et ceci parce que cette approche leur rapporte d'avantage. Leur "marché" étant pratiquement garanti de toute façon. L'efficacité militaire réelle est un soucis qui , chez ces industriels, semble parfois passer après. Par contre, ils croient ainsi pouvoir exporter et exporter. Sauf que çà ne marche plus comme avant car les fournisseurs potentiels sont beaucoup plus nombreux qu'avant, que beaucoup de ces nouveaux sont souvent tout à fait crédibles sous tous les plans. La concurrence est donc sévère dès lors que les enjeux se situent au niveau international. Dès lors , il est vain de râler quand un marché n'est finalement pas obtenu . Pour avoir une industrie de Défense crédible à l'international, le Pays qu'il l'abrite doit commencer lui-même par donner l'exemple de bien s'équiper en termes qualitatifs et quantitatif. Les Pays qui ont besoin rapidement de sécurité sont obligés d'être pragmatiques, car en Défense, ce qui compte (surtout en période grands risques) c'est l'efficacité militaire potentielle. Ce n'est qu'ensuite que ne doivent venir que les intérêts économiques et politiques de l'affaire. Hors, dans certains grands Pays, on en fait une affaire politique avant tout. Avec toutes les chicaneries parfois peu reluisantes, qui y sont associées. Ce qui n'empêche pas qu'on parle vite de "coup de couteau dans le dos" dès lors que le client potentiel, agacé, va finalement acheter ailleurs. Modestie, crédibilité et efficacité globale durable. Voilà ce qui devrait guider ceux qui sont en charge de promouvoir les exportations.

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    1. Notre problème, de plus en plus, c'est que nous avons des matériels trop chers, car trop inutilement sophistiqués, et qui plus est avec des caractéristiques assez moyennes (quand elle ne ne sont pas même inférieures à ce qui ce fait chez de plus en plus nombreux concurrents si on prend le cas de nos dernières productions en matière d'engins de transport médians sur roue (sensés être notre spécialité et notre "cœur de niche" !!)).
      Du coup peu à peu en matière terrestre tout particulièrement de plus en plus de marchés se ferment à nous.

      Bien d'accord avec votre propos.
      Sauf que les grands ou moyens, pays, ont justement tout le loisir de définir exactement ce qui leur convient, ou le devrait...
      Il faut comprendre par là, que leurs opérationnels, ceux de terrain, le devraient.
      Mais c'est très malheureusement de moins en moins le cas : Aujourd'hui ce sont les industriels, souvent multinationaux d'ailleurs, qui "proposent" leurs engins, en dépit de plus en plus souvent de tout bon sens (Un des aspects de ce que certains ont appelé les "dividendes de la paix".).

      Il serait grand temps, si on ne veut pas finir par un naufrage en bonne et due forme, que le politique reprenne les rênes, en se référant et en s'appuyant sur des opérationnels, qui auraient repris le sens profond de leur mission (qui n'est pas celui de faire la plus belle carrière possible ; avec pantouflage à la suite [Quelle perspective de vie !!!]...).
      Comme quoi, les chantiers de reconstruction de notre défense nationale sont immenses aujourd'hui, en commençant par le préalable, et "par le bon bout", de fondations à assainir.

      Ou le retour du Politique, face au mercantilisme exacerbé actuel, plus simplement.
      A force, d'aller de catastrophes en catastrophe, de pertes de souveraineté en perte de souveraineté, et d'impuissances en impuissance, on peut toujours espérer qu'un jour on finisse par se réveiller ; ou sinon on est très très mal "barré", et très très mal "armer" pour affronter les nombreux défis de ce XXIe siècle.

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    2. Politique et mercantilisme sont très souvent liés, sauf pour les illuminés et les naïfs. La voie de la simplification existe, elle est pratiquée par les dictateurs et autres autocrates. :)

      Nos sociétés et surtout la nôtre reposent sur des piliers avec leurs passerelles. "L'industrie" en est un, mais il n'est pas suffisant pour être un décisionnaire en toute indépendance. Il suffit d'écouter E Trappier pour s'en convaincre...

      Les Chefs des États-majors, les Administrations de la Défense sont forces de propositions mais aux ordres du Président de la République, du Gouvernement et, en principe, des Chambres.
      Donc, on pourrait en conclure qu'il sagit de polititique, mais la sitation est plus complexe et dépasse nos propres frontières avec l'UE et nos liens politiques et géostratégiques (l'OTAN par exemple) ou dépendances économiques avec nos créanciers...!
      Les dominants ne vont pas nous attendre en s'excusant. :)

      Faire des matériels "simples" répondrait ponctuellement à un usage et une économie de guerre (en fonction des stocks et des ressources). La DGA commence à le préconiser (!). Pour autant, les menaces (factuelles, immatérielles et politiques) sont nombreuses et de plus en plus techniques ou sophistiquées, malgré les apparences. Le plus coûteux, qui n'est pas forcément le mieux, n'est pas toujours perceptible par le quidam...
      Bien sûr, il est toujours possible de bidouiller un engin militaro-civil pour faire du jetable en nombre, mais sans atteindre forcément une efficience opérationnelle durable. Bien positionner le curseur ne se fait pas sur un ressenti ou par des candides.

      Changer de "modèle" demanderait au citoyen un engagement intellectuel et des actes politiques, sans avoir pour autant une garantie de résultat. Le pouvoir démocratique national a de nombreuses insuffisances et une portée limitée sur les piliers qui nous "gouvernent" ou nous asservissent.

      Pour commencer il s'agit d'épurer ou limiter nos dettes pour être autonome économiquement et de définir une politique de Défense avec un Dogme, un Livre Blanc de la Défense et un Emploi de nos Forces tout en restant indépendant. Les moyens en découleraient pour un usage défini, previsible, et adapté.

      Un sacré programme ! bon courage... !

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    3. Kamelot sans le "T", c'est plus simple !... :)

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    4. Nos matériels sont très peu chers justement, le Griffon et le Jaguar c'est pas le haut du panier dans ce domaine, surtout comparé aux commandes passées partout en Europe

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