Le lendemain de la Fête des Saints Archanges, célébrée par les parachutistes, les transmetteurs et le monde du renseignement, les tankistes célèbrent l'anniversaire de la création officielle de l'Artillerie Spéciale, décidée le 30 septembre 1916. C'est à cette date que l’École de Cavalerie a organisé la journée nationale de la Cavalerie, autour du thème "Quel avenir pour le char ? Quel char pour l'avenir ?" Débattre autour de ce thème le jour anniversaire de la création de la première composante blindée de l'armée française, aurait pu être considéré comme un pied de nez aux fossoyeurs du char, prompt à l'enterrer après chaque crise ou conflit. Les interventions et les tables rondes qui ont ponctué le déroulement de cette journée ont permis à chacun de mieux appréhender les enjeux d'une question redevenue essentielle dans la perspective du retour de la haute intensité. Blablachars qui était présent grâce à la Direction des Études et de la Prospective (DEP) de l’École de Cavalerie, vous livre ci-dessous un aperçu de cette journée de réflexion.
Orchestrée par le Colonel Tesson, directeur de la DEP, la journée a débuté par le mot d’introduction du Général Baudet commandant les Écoles Militaires de Saumur et l’École de Cavalerie et Père de l'Arme. Le Général de Division MARTIN actuellement Officier Général Anticipation Stratégique et Orientations à l’État-major des Armées, a présenté au cours de la première intervention intitulée "Le char à l'épreuve de la guerre russo-ukrainienne." Le fantassin qu'il fut et qu'il continue d'être a ouvert son propos en rappelant (si besoin était) qu' "affirmer que le temps du char est passé serait une connerie !" Le ton était donné et la suite fut à la hauteur des attentes avec des propos éclairants qui ont permis de planter le décor de la journée. Le conflit ukrainien, décortiqué dans le temps et dans l'espace a permis au GDI Martin de rappeler que seuls les engins chenillés sont encore capables de se déplacer dans la zone des contacts dont la profondeur avoisine les 20 km. Le rappel de l'importance de la chaine de commandement "première victime de la guerre" tout comme le besoin de masse et de cohérence, ont permis au GDI MARTIN de souligner le rôle d'incubateur de solutions et d'évolutions tenu aujourd'hui par le conflit ukrainien, appuyant son propos en rappelant qu'une année de guerre en Ukraine équivaut à 4 ou 5 ans de développement. A propos du char, les unités blindées, si elles en créent plus le choc ne sont pas dépassées et elles agissent désormais en complément du drone, (une inversion de la pensée dominante qui ouvre de nombreuses perspectives). La fin du conflit marquera une étape importante pour le marché de l'armement avec la mise sur le marché de matériels ukrainiens "combat proven" produits par une BITD dont l'agilité n'est plus à démontrer. En conclusion, le GDI Martin a rappelé trois priorités qui lui semblaient essentielles : Nous devons être capables de faire avec ce que nous avons et développer notre capacité à durer ; Développer les facteurs liants comme les systèmes d'information, de commandement, les structures ; La défense sol-air, la LAAD ou les capacités d'aménagement du terrain ainsi que l'organisation des unités constituent la troisième priorité.
Après une courte pause , la seconde activité de la journée était constituée par une table ronde autour de la question "Quel avenir pour le char ?"Pour tenter de répondre à cette interrogation, étaient réunis autour de Arnaud DEPECHY, Léo PERIA PEIGNE chercheur à l'IFRI (Institut Français des Relations Internationales), le Colonel DENECHAUD Chef de Corps du 5ème régiment de Dragons, déployé en début d'année au sein de la mission Aigle en Roumanie et l'Ingénieur Principal des Études et Techniques de l'Armement (IPETA) FONTANIVE. Puissance de feu, protection et mobilité ont permis de présenter quelques notions régulièrement évoquées dans le blog. Concernant la létalité du char, le calibre de l'armement principal, le choix d'une tourelle téléopérée ont été présentés comme les marqueurs les plus probables du futur char. Dans le domaine de la protection, la complémentarité entre les systèmes passifs et actifs a été rappelé comme essentielle, (même si la France ne possède qu'une partie de ce binôme et qu'aucune information n'a été donnée par la DGA sur l'avancée des travaux dans le domaine de la protection active!) A propos de la mobilité, le constat de l'accroissement de la demande d'énergie milite pour l'adoption de solutions hybrides mais que l'amélioration de la mobilité intrinsèque passe par l'exploitation maximale des technologies existantes, l’assistance à la mobilité nécessitant de nombreux capteurs reste un sujet techniquement difficile. Profitant de son statut "externe", Léo PERIA PEIGNE a rappelé que le développement d'un char en France restait un choix politique sans oublier de mentionner le poids d'une certaine culture dans les choix français.
Débarquement Leclerc en Roumanie (Photo EMA)
En début d'après-midi, Marc CHASSILLAN (que l'on ne présente plus) intervenait pour évoquer "Le char de l'avenir, de l'expression du besoin opérationnel à la spécification technique" Dans une intervention passionnante (on aurait pu l'écouter beaucoup plus longtemps si le maitre du temps n'était pas intervenu !) Marc CHASSILLAN a remis le char au milieu du pas de tir ! Rappelant quelques évidences chiffrées, loin des élucubrations de certains sur le sujet, Marc CHASSILLAN a souligné les contraintes et les pistes d'évolution en matière de protection, de motorisation et leurs implication sur le poids final d'un engin. On a pu (re)découvrir les surfaces des différentes parties d'un char, facteur déterminant pour l'intégration du blindage structurel, le gain de poids estimé par le choix d'une tourelle téléopérée en lieu et place d'une tourelle habitée, ou encore l celui généré par l'adoption d'un moteur de 1300 cv à la place d'un moteur de 1500cv. Comme un rappel cruel aux pourfendeurs de la mobilité stratégique des engins chenillés, Marc CHASSILLAN a rappelé qu'un train de roulement chenillé pesait moins lourd que son équivalent à roues ! Cette évidence ayant des conséquences sur la puissance et le gabarit des différentes plateformes mues par un Groupe Moto Propulseur (GMP) dont la prochaine évolution en fera un Groupe Énergie Propulsion (GEP).
La table ronde animée par l'Ingénieur en chef de l'Armement (ICA) Édouard GALLAND réunissait Philippe LEJAY de KNDS France, Eric GALVANI de Lacroix et Filip DE WARE de John Cockerill Defense autour du thème "Quel char pour l'avenir ?" Cette table ronde aurait du être précédée de l'avertissement "Cette table ronde comprend un placement de produit" tant les propos des intervenants semblaient donner l'impression que les intervenants étaient là pour assurer la promotion de solutions développées au sein de leurs firmes. C'est sous l’œil bienveillant du modérateur que les intervenants ont vanté les mérites de l'Ascalon de KNDS , du système soft-kill de Lacroix ou les avantages du canon de 105mm sur son grand frère de 120mm. Les tentatives du représentant de KNDS de susciter un débat autour de l'idée de char médian sont restées lettre morte, la piste ne semblant pas recueillir l'assentiment de l'auditoire. L'évocation de la transparence du champ de bataille (qui serait la source d'un blocage tactique) qui ne donnerait l'avantage qu'à l'adversaire et de l'opportunité qu'elle pourrait représenter pour nous, objet d'une question n'a pas suffi à sortir cette table ronde de l'ornière dans laquelle elle était tombée ! Dommage, le sujet aurait mérité une approche plus globale avec l'évocation des programmes et des projets en cours dans les différents pays qui auraient permis de mieux appréhender la singularité de la position française et la validité des solutions proposées.
La fin de la journée arrivant, l'heure était à la conclusion pour laquelle le Général Philippe LE CARFF, fraichement nommé Sous Chef Plans Programmes (SCCP) à l’État-major de l'Armée de Terre (EMAT) a pris la parole. Ancien commandant de la 7ème Brigade blindée, le Général LE CARFF a planté le décor en soulignant que si "les décideurs ne sont pas convaincus par l'utilité du char aujourd'hui, il n'y aura pas de char demain ! " Prononcé dans une enceinte parfaitement consciente des enjeux, cet avertissement devrait être adressé à tous ceux qui nous expliquent à longueur de colonnes, d'émissions ou de publication que notre char ne sert à rien et nous coute ! La courte expérience de Blablachars dans le monde des blindés lui a permis de rencontrer de nombreux ennemis du char, porteurs de bérets de toutes couleurs et de grades parfois importants ! La question de la mobilité des chars et de la logistique associée a été évoquée par le Général LE CARFF qui a rappelé que "le char du futur sans la log qui va avec, ce n'est pas la peine d'en parler !". Affirmation importante dans la bouche du nouveau SCPP à quelques semaines (mois) de la notification du marché de renouvellement des porteurs logistiques de l'armée de terre qui permettrait de commander (enfin) 7000 camions. Tankiste convaincu, le Général LE CARFF a évoqué la problématique de l'évacuation sous le feu des engins immobilisés, sujet dont l'importance a été révélée par le conflit ukrainien dans lequel es belligérants ont mis au point des techniques leur permettant de récupérer leurs chars mais aussi ceux de l'adversaire. Une problématique qui a du échapper à la DGA quand on voit la revalorisation du Dépanneur, toujours dépourvu du moindre système d'accrochage sous le feu !
L'évocation du futur a été moins plaisante pour un bon nombre d'auditeurs ; les cavaliers ont eu la confirmation que les fonctions de mêlée allaient connaitre une attrition importante au profit des fonctions logistiques et appuis, même si le besoin de tenir le terrain avec des plateformes terrestres reste avéré. L'infovalorisation et le mythe qui l'entoure doivent être traités avec circonspection, nécessitant de remettre le sujet sur la table (la radio Contact ?) et de limiter la signature électromagnétique des entités. L'auditoire civil qui se croyait épargné par les propos du Général a rapidement compris qu'une page était en train de se tourner dans le domaine des programmes d'armement. Désormais le SCPP veut en avoir pour son argent, excluant l'opacité entourant certains programmes, ne veut plus qu'on lui vende du rêve et souhaite plus de transparence sur la réussite d'un programme "ce qui ne marche pas, ne marche pas" et donc on arrête ! Le Drone Patroller abandonné au début du mois de septembre serait-il la première manifestation de ce nouvel état d'esprit. Autre nouvelle pensée dominante qui nous vient d'outre Atlantique, le "good enough" vise à fournir les équipements destinés à remplir la mission à ceux qui en ont besoin et se placer dans une logique de flux, visant à ne plus acheter à un prix indécent un équipement qui sera obsolète l'année suivante. Cette même logique peut amener à ne pas équiper tout le monde mais à conserver la capacité à monter très vite en production. Concernant les blindés, les futurs engins seront tous dotés d'une architecture ouverte (déjà adoptée par de nombreux pays) permettant de greffer des modules de missions ou des équipements. Les industriels ne seront plus dans une logique de propriété et devront participer à l'effort de normalisation. L'intervention du Général LE CARFF a permis d'entrevoir ce que devraient être les rapports entre industriels et militaires autour de la construction des futurs programmes, on aurait aimé connaitre la place de la DGA dans ce futur schéma !
Au final, ce 30 septembre aura été une journée riche en témoignages, échanges et projection sur le futur d'un engin qui reste au coeur de nos forces. On peut regretter l'absence de toute évocation des programmes étrangers dans le domaine et de constater que l'objet des débats du jour est déjà devenu une réalité dans de nombreux pays !
PS : Blablachars n'oublie pas ceux qui ont œuvré dans l'ombre pour la réussite de cette journée, qu'ils soient remerciés chaleureusement pour leur action et leur efficacité.
L'Artillerie Spéciale reprise par l'Arme Blindée Cavalerie, on s'y perdrait presque !!
RépondreSupprimerAu delà de l'anecdote, et du clin d'œil, la cavalerie moderne créé par un artilleur, appelée aussi "artillerie d'assaut", un char, "pour quoi faire" (Comme ce demandent régulièrement, avec tant d'insistance répétée, certains ici même (!!) ? Quel a-venir ?
Ou comment peut-on encore se poser la question aujourd'hui, avec la résurgence des conflits de haute intensité ??? !
(Eh non, c'est pas la fin de l'histoire, ni celui des simples opérations de gendarmerie du monde...)
Eh oui, dans un monde redevenu très incertain (S'il avait cessé de l'être ?!), la chenille, la masse (La protection.), le nombre, ont "encore" leur place.
De même que le char principal de combat (N'en déplaise à certains.) ainsi que son plus qu'indispensable alter ego, le fiasco russe de 2022 là encore rappelé une fois de plus, le véhicule de combat d'infanterie, et tout ce qui va avec pour accompagner, antiaérien, génie (Très gros rôle du génie également, retrouvé !!), artillerie et appuis en général bien entendu : Rappellerons le une nouvelle fois également, le char seul n'est rien, et est même voué assez rapidement à sa perte quand il est employé seul (Multiples exemples à travers l'histoire.).
Rappelons aussi en préambule, le coté très atypique du conflit ukrainien, depuis plus de trois ans, et où on est renvoyé plus d'un siècle en arrière dans une guerre d'attrition, d'usure lente, et de tranchée. Guerre de tranchée et de non mouvement, qui n'est sans doute pas un modèle à retenir, sauf en matière à ne pas faire et reproduire, dans le futur.
Futur où il faudra revenir sur ces échecs, de nos adversaires, manque d'infanterie, et de nombre de combattants (Moins de 150 000 au départ.), chars moyens dépassés, d'une autre époque également, manque de moyens de commandement récurrents chez les russes, et déboires de la logistique par exemple, pour les principaux.
Et retrouver au contraire une capacité de manœuvre puissante, par définition lourde et bien protégée donc, si on ne veut pas se retrouvés englué, comme les russes.
C'est cela, qu'il faut retrouver aujourd'hui, en particulier pour l'armée de terre française : De la masse, et un corps blindé mécanisé capable de haute intensité (... !!) (Plus que de "communications" en effet... Cela on l'a déjà, largement même...).
Quelle direction pour l'avenir du char dans ces condition serait la question plus adaptée.
RépondreSupprimerLa protection, comme l'a redémontré le conflit en Ukraine, et comme ne s'y sont pas trompées la plupart des autres armées modernes, semble être aujourd'hui avec la professionnalisation des forces, et l'abandon du retour aux armées de masse, être la solution a particulièrement privilégier. (Tout en gardant puissance de feu et mobilité suffisante. (Là non plus la vitesse pure n'a pas été un facteur particulièrement décisif en Ukraine. C'est le moins qu'on puisse dire.))
C'est évidemment, un choix politique.
Plus que jamais même. Ou un non choix et une volonté de ne pas choisir le char en l'occurrence, malheureusement aujourd'hui même (Nos décideurs actuels ne sont pas les plus grands et les plus adaptés stratèges, même en matière d'équipement général de nos armées...).
Par contre, une tourelle téléopérée, voire un char carrément téléopéré en partant de là, est-il le meilleur moyen tactique sur le terrain et en opérations réelles, vaste débat ( : Place aux experts opérationnels de la tourelle. Personnellement, j'ai cru entendre que non ??).
Idem pour le 105, quand d'autres pensent de plus en plus sérieusement passer aux 130 mm, au vu de l'augmentation des performances des blindages actuels (A la fois plus performants, et plus légers bien sûr en équivalence.) ??? !!! !
(On sent l'ombre purement franco française, de ces vingt dernières années, du char léger poindre encore, "pas trop lourd", et pas trop protégé, "surtout"...
Eh oui, l'assentiment, alors que tout le monde, y compris autour de nous, fait l'inverse, et renforce leurs chars eux (Chez eux le char moyen est, au mieux, quand il existe, secondaire ou dédié à des opérations très spécifiques, montagne ou autre.)... (Quand on vous dit que ces vingt dernières années ont laissées des traces profondes...))
Après ça comment s'étonner que nos décideurs ne soient pas si convaincus que cela sur les chars principaux de combat en même temps ? ! ...
La logistique, évidemment encore, avec "tout le reste".
Y compris les dépanneurs (Même châssis lourd blindé que le char...)...
In fine, avec tout ça, résultante de tout cela (La seule "infovalorisation" (Sans même un minimum de moyens pour agir avec... !), présentée comme panacée universelle à elle seule, ou la vente de rêves en effet encore, depuis vingt ans...), un avenir bien sombre au contraire dans l'immédiat, actuellement, en effet, plus encore pour notre armée de terre, plus encore pour notre corps blindé mécanisé et notre capacité de pouvoir agir concrètement dans les conflits futurs, et actuels... Espérons que cela finisse enfin par changer réellement, et rapidement.
Tout n'est peut être pas complétement sombre cependant. Il y a quand même quelques raisons d'espérer : Sur le retour d'un peu de plus justes niveaux technologiques adaptés, à la fois soutenable budgétairement et à la fois assurant et permettant un nombre d'effecteurs simplement encore indicatif opérant : Reviendrions nous enfin, à un peu de bon sens en matière d'équipements militaires ?!
Là aussi peut être un retex caché suite au pied au cul pour beaucoup, que constitua "la surprise" de la guerre, en Ukraine.
Arrêtons les "conneries" en effet... Vaste programme !!
Faut-il s'étonner que dans la journée de la cavalerie on cherche à valoriser et défendre le char? Bien sûre que non, c'est comme participer à une réunion de platistes, on prêche au milieu des convaincus.
RépondreSupprimerLe thème de cette journée est de s'interroger sur la pertinence du char c'est déjà bien la preuve que si le retex du conflit en Ukraine lui serait favorable, que ses atouts indéniables, on n'aborderait pas cette question.
Mais encore une fois, dire que "le char est mort" ne doit pas se traduire en "les chars ne servent à rien, supprimons les". La mort du char, c'est la mort d'une unité sur laquelle on fait reposer depuis longtemps le symbole de puissance d'une armée terrestre au même titre que l'avion de chasse va symboliser la puissance aérienne.
Hors tout le monde voit et comprend qu'un char n'a rien d'exceptionnel et qu'en avoir plus qu'en face n'est pas la démonstration d'une supériorité militaire terrestre. Il n'y a pas besoin d'un char pour affronter/détruire un autre char, tout le monde va admettre cette évidence, pourtant nous continuons continuellement de voir des gens qui viennent opposer un char à un autre pour savoir qui est le plus fort, qui gagnerait un combat et on met de côté tous les aspects ou d'autres moyens viennent détruire ces chars.
Le conflit en Ukraine a cassé l'image de puissance du char chez toutes ces personnes qui pensaient que le char était l'alpha et l'oméga de la puissance terrestre. Que si les ukrainiens ne pouvaient pas aligner autant de chars que les russes, ils ne pourraient pas arrêter les colonnes de chars russes, que si la Russie a beaucoup de chars, c'est qu'elle est forcément la plus forte. Cette idéologie devait être également bien présente chez de nombreux dirigeants russes au moment où ils pensaient envahir l'Ukraine en quelques jours tout comme les Israéliens en 2006 pensaient que leurs chars écraseraient l'infanterie légère du Hezbollah.
Donc aujourd'hui tout ce petit monde qui a mis le char sur un piédestal depuis des décennies viennent désormais nous convaincre que le char n'est qu'un élément parmis tant d'autres d'une force terrestre. C'est déjà bien mais on sent encore cette sur valorisation symbolique du char qui reste très prenante.
Il y un point qui m'inquiète, c'est de parler de réduire encore le segment de mêlée, même avec le renforcement des appuis et du soutien. À moins que l'on confie la spécialité aux réservistes, et encore ils seraient plus solides avec un encadrement d'active. Ça donne encore une impression de chaises musicales ou de gestion de la misère. Non que j'ignore le rôle fondamental de tout ce qui appuie ou soutienne, mais dans l'état actuel des choses, ce sera un affaiblissement grave.
RépondreSupprimerCela fait un moment qu'on explique qu'il y a un problème RH qui ne va pas aller en s'arrangeant.
SupprimerIl ne sert à rien de vouloir 1000 chars, 2000 VCI ou 500 canons de plus tant qu'on ne comprend pas que ce qui coince, ce n'est pas la volonté politique de débloquer ces achats, l'incapacité humaine à les utiliser.
Si la question RH était juste une question d'un politicien qui décide d'augmenter un chiffre sur le papier, ce ne serait pas un problème.
Faut connaître et maîtriser ces éléments avant de regarder l'armée uniquement sous les traits d'un tableau avec une liste de matériel. Faut comprendre que si on veut 60 VCI en plus, toute la question n'est pas de savoir combien coûte ces engins, mais qu'il s'agit en fait de créer un nouveau régiment, donc réaliser de gros travaux d'infrastructures et surtout recruter 1200 personnes de plus.
Aujourd'hui nous n'arrivons pas à satisfaire ce que nous avons, pourtant on a toujours des gens qui sont là à faire des listes d'achats pour le père noël car ils s'imaginent que l'humain suivra ou alors qu'ils s'imaginent qu'on a aujourd'hui des équipages dans les régiments sur des bancs à attendre des chars...
Le propos de Blablachars sur les sujets évoqués la journée" École de Cavalerie a organisé la journée nationale de la Cavalerie, autour du thème "Quel avenir pour le char ? Quel char pour l'avenir ?" se lit bien.
RépondreSupprimerFaire des constats et de la prospective ne peut pas nuire...
l'illustration de l'IA n'est que la réponse aux éléments de la question posée. En fonction des éléments donnés l'image pourrait être tout autre, même si celle-ci reste très conventionnelle et pour cause.
Sans rentrer dans les détails et les déclinaisons, ce serait trop long, la Défense d'un pays est forcément politique dans le bon sens du terme et dans la pensée Clausewitzienbe.
À contrario, la nature du "char" et son usage ne fait pas un emploi, un dogme et une politique, c'est un tantinet plus compliqué que ça dans le sens de l'enchaînement et les faits... D'autres éléments aléatoires, circonstanciels, techniques et paratico-pratiques interagissent comme le tissu industriel, les intérêts des tenants des entreprises, le contexte extérieur, l'emploi souhaité par les armées et les moyens budgétaires à y consacrer. Bref on n'a pas forcément le "précieux" désiré, voire idéalisé. ^^
La question des volumes ou de la masse est du même tonneau mais implique plus la nation et ses aspects sociétaux dans la réflexion et surtout la décision. O tempora o mores...
J'adhère au propos imagé du Général Martin qui est une prise de position sensée. Tout extrémisme en la matière et des deux côtés ne semble pas raisonnable, même le Corps des Marines en revient, semble-t-il. Pour autant, revenir à une artillerie spéciale ne peut convenir qu'à une partie du spectre d'emploi, fut-il important comme constaté en Ukraine.
M. Chassillian reste égal à lui-même en apportant des éléments techniques consensuels avec une vision future plus développée que la moyenne. Avant de vouloir un "char souverain" encore faut-il avoir une plateforme bien adaptée à son usage avec une motorisation ad hoc. Coréens, Japonnais...et maintenant Turcs et Indiens ont bien compris les enjeux industriels.
À ce sujet, la France a une histoire, une culture et une géographie qui lui est propre. De même ses intérêts, au sens large, sont aussi particuliers, même si elle est engagée dans un destin commun avec l'UE et l'organisation de défense OTAN.
Singer "les autres" n'est pas la voie à suivre, même tenu par la main ou autre chose. Par son passé la France et ses industries ont développé des moyens originaux pour l'emploi qui répondait à sa Défense. Au-delà du beau et du lourd nous avons une BITD, en général , qui est loin d'être dépassée. Il n'y a pas de raison pour que cela change, se distinguer n'est pas une tare mais parfois une nécessité et un salut.
Aujourd'hui le développement, en France, l'acquisition et l'exportation de moyens terrestres blindés est en berne, sauf pour satisfaire partiellement les éléments moyens et légers de notre Armée et du programme CaMo.
La priorité est fléchée vers d'autres domaines à consolider ou créer. Il y a tellement à faire et rattraper (!) avec les moyens financiers que la "politique" peut et surtout pourra nous donner. Mais là, il faut rendre au politique ce qui appartient au politique. :(
"Les tentatives du représentant de KNDS de susciter un débat autour de l'idée de char médian sont restées lettre morte, la piste ne semblant pas recueillir l'assentiment de l'auditoire."
RépondreSupprimerLe char médian, ou employable, avec déclinaisons interarmes, est peut être la piste la plus viable et soutenable pour relancer du blindé chenillé français... Messieurs de l'abc, à force d'être trop exigeants, vous perdrez tout, et il ne vous reste déjà pas grand chose...
Un sujet intéressant, souvent sous-estimé, sont le sauvetage et remorquage après neutralisation ou panne au combat, dans un premier temps. La "remise en œuvre" peut porter sur un temps plus ou moins long et en principes sur les "arrières"...
RépondreSupprimerCela relève de la mobilité sous protection en générale, des moyens spécialisés interarmes et des finances à consentir pour un volume donné d'hommes et de matérie ainsi que la réserve nécessaire.
Les moyens techniques peuvent être dérivés et adaptés de plateformes militaires quand on en dispose en nombre ou par création d'engins spécifiques. L'usage d'engins issus du BTP n'est pas à exclure au regard des performances et de la protection à apporter. Cela peut aller d'un bulldozer monstrueux du Génie, à un char remorqueur de la Cavalerie, en passant par un fardier dronisé...
La question se pose aussi pour les installations et équipements "de l'arrière" du Service de Santé, du Matériel et du Train..., en considérant l'évolution des armements et la portée des effecteurs dans une profondeur observable, elle aussi !
Extraire hommes et matériels est un situation tactique dangereuse qui surexpose les intervenants sur un champs de bataille observable.
Cette situation mérite une grande attention avec des principes identiques pour la mobilité sous protection blindée ou pas. En Ukraine une évacuation médicale peut prendre jusqu'à 48 heures ! La "golden hour" a vécu et les troupes ont dû s'adapter.
L'anticipation et l'ajout de "petits" équipements comme ceux facilitant le remorquage sous blindage sont de bons investissements. Tsahal peut être pris en exemple pour ses pratiques, sans pour autant être totalement transposable dans un autre contexte.
Il va sans le dire, mais l'empreinte matérielle et humaine se voit sous un autre angle quand il s'agit de forces projetables, employables et résilientes.
merci blablachars pour ce papier.
RépondreSupprimernotre armée veut donc pour ses brigades blindées de la logistique, du génie, de la connexion (le système scorpion) et du sol air.
l'on est loin d'un nouveau char ou de VCI chenillé.
notre Leclerc va surement rester en service pour de longues années, mais y a t il des ruptures technologiques dans les chars, mettant le Leclerc obsolète?
la seule il me semble est dans les viseurs qui vont être changés (safran paseo?)
penandreff
La protection active aussi non ?
SupprimerJ'organise le prochain séminaire en 2026 à la même date à Saumur. 100 € /pax sauf pour le général, le Com DEP et BLABLACHAR. :)
RépondreSupprimerBonne idée ! Surtout la gratuité pour Blablachars 😁
SupprimerLe plus grand ennemi du char français, ce ne sont pas les autres chars, ni les mines, ni les drones, ni l'AT, c'est l'armée française et une large partie des EMAT successifs.
RépondreSupprimerJ'aimerai croire à un changement de paradigme...
Blablachars, votre avis sincère, vous y croyez ?
Pour être franc je pense que les choses bougent mais la priorité nestpas aux armes de mêlée donc....sans parler de l'hypothètique MGCS qui paralyse le debat et empeche3dz réfléchir a l'avenir de la composante blindée, char et environnement
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