LES RESPONSABLES DU NAUFRAGE DE L'AAV7 FACE AUX JUGES

Un tribunal du Corps des Marines réunie à Camp Pendleton en Californie a entendu le procureur du Corps qui a souligné  la responsabilité d'un officier dans le naufrage de l'AAV7 qui avait couté la vie à neuf soldats en juillet dernier. L'officier dont la responsabilité a été reconnue ne mérite cependant pas d'être renvoyé pour ses manquements, selon les termes du procureur. Ce dernier a néanmoins souligné que les errements de cet officier étaient suffisamment évidents pour mettre fin à sa carrière six mois avant sa vingtième année de service, à partir de laquelle il aurait pu prétendre à une retraite complète. 

Après avoir été entendu par les enquêteurs, l'officier doit désormais être entendu par les trois officiers de la commission qui est réunie pour au moins quatre jours depuis mardi dernier. Selon son avocat, le lieutenant-colonel incriminé n'a jamais fui ses responsabilités en sa qualité de commandant de l'exercice, et a toujours reconnu qu'il était responsable des défaillances qui se sont produites sous son commandement, mais que cela ne justifiait pas prendre à son encontre une mesure de renvoi immédiat. Les investigations menées par le Corps des Marines ont souligné que le manque d'entrainement du personnel, la pauvreté des opérations de maintenance et le manque de jugement des différents responsables avaient conduit au naufrage du 30 juillet 2020. C'est au cours d'un exercice amphibie que l'AAV7 dont sept soldats furent secourus, avait sombré rapidement par plus de 150 mètres de fond au large de l'ile de San Clemente alors qu'il revenait vers un bateau de la Marine américaine. A la suite de ce drame, l'officier directeur d'exercice avait été relevé du commandement du détachement amphibie du 1er Bataillon du 4ème Régiment de Marines appartenant à la 15ème MEU (Marines Expeditionnary Unit). Cette décision fut justifiée par le Corps des Marines car elle était basée sur "des informations et des données substantielles" accréditant la thèse d'une perte de crédibilité de l'officier. L'avocat de ce dernier a expliqué que le LTC avaient cru les déclarations de plusieurs personnels, attestant que tous les soldats étaient qualifiés pour ce type d'activité alors que plusieurs ne l'étaient en dépit de leur aptitude aux déploiements opérationnels. L'officier a également précisé que selon les propos qui lui avaient été rapportés, les problèmes mécaniques des engins avaient fait l'objet des réparations adéquates tandis que les problèmes d'ouverture d'écoutille étaient connus au sein du Corps des Marines depuis plusieurs années. D'autres officiers pourraient également connaitre un sort analogue à celui du LTC, dont son supérieur qui a été relevé du commandement de la 15ème MEU en 2021. La commission de discipline doit maintenant examiner le contenu du rapport de la commission d'enquête ainsi que les éléments matériels avant d'entendre les témoignages des officiers mis en cause. Le LTC Mc Donald a déclaré lors de l'ouverture des débat, que la commission aurait à prendre une décision difficile, qui sera guidée par l'évaluation de la performance de l'officier responsable de l'exercice, ayant conduit au naufrage. Selon le LTC Mc Donald, toutes les missions connaissent leur lot de difficultés mais l'officier responsable a ignoré les feux rouges d'avertissement qui aurait du le conduire à juger les équipages inaptes à tel exercice. Le rapport mentionne l'entrainement et l'état des véhicules amphibies qui n'avaient pas été utilisés depuis plusieurs années et étaient en mauvais état. Le document précise également que l'AAV 7 a mis 45 minutes à couler, qui auraient pu être mises à profit pour sauver les soldats si signal de détresse avait été envoyé plus tôt. Le rapport mentionne que lors de la montée de l'eau dans le véhicule, seuls les soldats non qualifiés étaient restés dans l'engin dans une mer plus difficile que prévu. Ces hommes furent sommés de conserver leur casque, leur arme et leur équipement, ce qui avait réduit leurs chances de s'échapper de l'engin et d'être maintenus à flot par leurs gilets de sauvetage, rendus inefficaces par le poids des soldats ainsi équipés. Le rapport ajoute que l'éclairage d'urgence de l'AAV7 n'avait pas fonctionné, rendant impossible le repérage des issues de secours qui ne portaient aucun marquage. On apprend qu'après avoir réussi à ouvrir une écoutille grâce aux lampes de leurs téléphones portables, l'engin dans lequel les soldats se trouvaient fut heurté par un AAV7 de secours, provoquant une rotation de l'engin en détresse, qui se retrouva travers à la lame, et fut retourné par une vague. L'eau qui pénétra dans l'habitacle de l'engin à travers les écoutilles ouvertes, provoqua le naufrage quasi immédiat de l'engin, piégeant pour toujours les neuf hommes présents à bord, dont deux ne savaient pas nager.
Cette description des circonstances de l'accident et des derniers instants des victimes, associés au manque d'entrainement des soldats et au mauvais état général des engins ne devraient pas plaider en faveur des officiers mis en cause, qui devraient être fixés sur leur sort dans les jours qui viennent. Un peu plus de 18 mois après le naufrage, le travail d'enquête est sur le point de se terminer, clôturant un des chapitres les plus sombres de l'histoire du Corps des Marines.