Trois informations sont venues cette semaine remettre les blindés et plus particulièrement le char au centre de l'actualité de la blindosphère européenne. La première concernait les livraisons en cours ou à venir en Pologne et en France. La seconde en provenance d'Allemagne illustrait les premières initiatives de Rheinmetall pour faire connaitre le KF51 aux décideurs allemands, tandis que la dernière sortie médiatique nous est parvenue de Nexter avec de belles images de l'EMBT, qui avait fait son grand retour à Eurosatory. Ces trois événements nature et de portées différentes ont pour dénominateur commun le char, à propos duquel il est urgent de mener une véritable réflexion à laquelle Blablachars souhaite amener une modeste contribution en exposant quelques idées susceptibles d'alimenter ce débat dont l'armée de terre ne peut plus faire l'économie.
Le premier élément à prendre en compte dans cette réflexion concerne l'utilité du char sur le champ de bataille. Cette notion est difficile à percevoir au sein d'une armée qui depuis plus de trente ans s'est (volontairement) abstenue de déployer des chars sur les théâtres d'opérations où elle était engagée. La difficulté à trouver un juste équilibre entre les possibilités de cet engin et la complexité des technologies pouvant être potentiellement embarquées à son bord constitue un argument fort pour ceux qui considèrent que "le jeu n'en vaut pas la chandelle" et qu'il est inutile d'envisager des investissements lourds pour développer un engin quasi inutile. Enfin, il est important de définir aujourd'hui ce que pourrait être le char français de demain. Quelque soit l'avenir du projet MGCS, son arrivée programmée (au mieux) pour 2035 doit nous rappeler que le Leclerc ne tiendra pas jusqu'à cette date dans sa configuration actuelle. Pour pallier à cette évidente difficulté plusieurs pistes peuvent être explorées pour doter l'armée française d'un engin performant évoluant dans un environnement cohérent et adapté.
Depuis le 24 février 2022, l'indifférence teintée de mépris que de nombreux observateurs manifestaient à l'encontre du char s'est transformée en une hostilité réelle. Cette mutation a été favorisée par une large diffusion des images des blindés détruits dans les premiers jours de l'offensive russe en Ukraine. Nier l'importance et la réalité de ces destructions serait parfaitement malhonnête et révélateur d'une mauvaise foi, nuisible à ce qui doit constituer la base d'un véritable débat. Les différents enseignements tirés de ces premiers mois de conflit permettent d'identifier quelques unes des causes ayant amené au désastre subi par les forces en présence, même si l'absence de chiffres précis côté ukrainien rend difficile la formulation de conclusions définitives. Les mauvais choix de l’état-major russe, les faiblesses du soutien logistique, l'absence de d'environnement blindé mécanisé ou encore la non exécution des mesures de sauvegarde individuelles et collectives figurent parmi les raisons les plus évidentes des pertes subies par l'armée russe, auxquelles il convient d'ajouter la faible motivation et le manque de préparation des troupes engagées dans les opérations. En outre, l'invasion de l'Ukraine a marqué pour l'armée russe le retour aux opérations "classiques" après de plusieurs années d'engagement aux "marches de l'empire" dans des opérations d'intensité moindre, de durée limitée et face à des adversaires aux capacités d'opposition restreintes. Au sein de la communauté de défense, les destructions de chars dans le conflit ukrainien ont précipité la formulation de conclusions définitives sur l'utilité de cet engin dans les opérations actuelles et futures. Sacrifiant au caractère quasi immédiat de ces jugements, beaucoup ont oublié que l'histoire de cet engin est parsemée de revers et de batailles perdues. Il suffit de se rappeler le bilan du premier engagement des chars français le 16 avril 1917 à Berry au Bac au cours duquel plus de la moitié des 128 chars engagés ont été détruits en raison de mauvais choix tactiques et de nombreuses imperfections techniques. On peut se souvenir des combats de mai 1940 au cours desquels les blindés français sont engagés sans soutien logistique, sans appui ni moyens de communication dans un cadre tactique incohérent et impossible à respecter. En dépit de ces désastres, cette composante que le Général de Gaulle appelait "la force mécanique" a su se redresser et devenir un outil de victoire et de puissance de l'armée française. Ces événements "fondateurs" n'ont pas empêché le char d'évoluer et de s'imposer comme un outil indispensable dans de nombreux engagements, comme l'ont montré les opérations au Yémen ou en Irak. Dans une armée qui a volontairement tourné le dos à la composante blindée mécanisée depuis plus de trente ans et a transformé ses chars en symbole politique, les destructions observées en Ukraine constituent autant d'arguments visibles contre le char et son environnement et annihilent toute tentative de réflexion objective sur le sujet.
Au-delà de cette inutilité supposée, la complexité du char apparait à certains comme un obstacle quasi-insurmontable au développement d'un futur engin, qui serait nécessairement couteux et disproportionné par rapport à sa possible utilisation. Un excellent article de Marc Chassillan publié en juin 2022 dans la revue de la Fondation pour la Recherche Stratégique dresse le portrait des futurs blindés en présentant les "nécessaires inflexions techniques et capacitaires qu'il conviendrait d'apporter à la prochaine génération de blindés." Au-delà de son caractère pédagogique et de son réel intérêt, l'article de Marc Chassillan a eu un effet pervers inattendu en contribuant à fournir de nouveaux arguments aux détracteurs du char. En effet, ces derniers ont vu dans les multiples solutions évoquées par l'auteur autant d'obstacles techniquement et surtout budgétairement infranchissables. Ce point de vue a priori incompréhensible est cependant toutefois logique pour une armée majoritairement peu convaincue de l'utilité du char, et qui ne cesse de répéter que cet engin coute cher, pour une utilité assez limitée. Bien que comparaison ne soit pas raison, on ne peut s'empêcher de noter certains points entre le développement du Leclerc et celui du Rafale dont le premier démonstrateur (Rafale A ) a volé le 13 juillet 1986. Depuis la livraison des premiers appareils au standard F1 en décembre 2000, l'avion a connu plusieurs étapes de modernisation avec le début, en 2012 des opérations de rétrofit des premiers avions, moins de douze ans après leur mise en service ! En décembre 2018, les premiers appareils au standard F3R sont mis en service et un an plus tard, le contrat de développement du standard F4 est signé pour une livraison prévue à partir de 2023. Ce développement continu s'accompagne sur un engagement quasi ininterrompu depuis l'opération Héraclès en 2001 jusqu'à l'opération Chammal au Moyen-Orient, sans compter les nombreux déploiements à l'étranger et outre-mer. Mis en service en 1993, le char Leclerc n'a connu que deux déploiements opérationnels au Kosovo et au Liban ainsi que plus récemment dans les pays baltes. L'évolution du char a été marquée par une modernisation des chars mis en service avant la Tranche 9, à l'exception des tranches 1,2 et 3. A partir de 2004, les chars produits au sein de la tranche 10 et 11 sont désignés sous le vocable de SXXI et intègrent un certain nombre d'équipements comme la caméra thermique Iris ou le système d'information terminal (SIT) Icone aujourd'hui en cours en cours de remplacement par le Système d'Information et de Commandement Scorpion (SICS). Le kit AZUR (Action en Zone URbaine) et le développement de la version destinée aux Émirats Arabes Unis constituent les autres "modifications" apportées au char depuis sa mise en service. La rénovation du Leclerc envisagée dès 2015 aurait du permettre de livrer les 200 premiers chars à partir de 2020. De reculs en reports, cette opération a désormais pour objectif de livrer d'ici 2025 un peu plus de la moitié des engins concernés, soit 122 chars sur un total de 200, nombre qui devrait être atteint d'ici 2030. La vie opérationnelle du char déjà marquée par un environnement peu favorable a été en outre très fortement impactée par la mise en place de la Politique d'Emploi et de Gestion des Parcs (PEGP), qui à partir de 2006 a eu pour conséquence de déposséder les équipages de leurs engins en vue de constituer des parcs (Entrainement, Alerte, Service courant,...). Mise en oeuvre par la seule armée de terre, la PEGP a eu de multiples conséquences sur le niveau de disponibilité des chars, sur le niveau d'activité des équipages et surtout sur le volume des heures allouées à leur entrainement. Du côté des déploiements opérationnels, 15 Leclerc ont été engagés au Kosovo de 1999 à 2002, 13 autres au Liban entre 2006 et 2011 et il a fallu attendre six ans pour assister au déploiement suivant de quatre chars dans les pays baltes au sein de la mission Lynx, nombre porté à 12 chars en 2021. Ces différentes opérations représentent donc un volume total de moins de 50 chars déployés entre 1999 et 2021. Dans ces conditions, les pistes évoquées par Marc Chassillan inaccessibles et hors d'atteinte budgétaire fournissent de solides arguments à ceux qui ne croient pas à l'utilité du char pour les opérations de l'armée de terre. Ce travestissement de la pensée initiale de Marc Chassillan est particulièrement dommageable et il serait malhonnête de détourner les arguments exposés par l'auteur pour refuser le développement d'un nouveau char.
La réflexion globale sur le char dans l'armée française doit prendre en compte les spécificités du Leclerc en termes d'ancienneté ainsi que ses obsolescences, longtemps ignorées. Il est évident que la rénovation actuelle ne permettra au Leclerc de conserver sa supériorité sur les futurs champs de bataille. Ce constat impose donc de trouver des solutions alternatives permettant d'attendre l'arrivée d'un nouvel engin à l'horizon 2035-2040, c'est à dire 42 ou 47 ans après la mise en service du char Leclerc. Les trois informations mentionnées au début de ce post montrent que plusieurs pays sont confrontés à la même problématique avec une rupture générationnelle entre des chars de seconde génération (Leopard 2, M1) parvenus au terme de leurs évolutions et l'arrivée de chars de nouvelle génération, porteurs de ruptures technologiques dans plusieurs domaines comme la puissance de feu, la protection ou encore leur caractère habité. Rheinmetall dans une démarche empreinte de pragmatisme propose pour cela le KF51, Leopard qui ne dit pas son nom et qui dissimule son origine sous des atours attrayants et surtout parfaitement réalistes. Le KF-51 Panther n'est pas présenté par ses concepteurs comme un démonstrateur technologique mais comme un nouveau char, capable d'offrir une véritable alternative aux utilisateurs de Leopard 2. Le choix du canon de 130mm offre, selon la firme allemande un potentiel d'évolution d'une trentaine d'années, suffisant pour permettre au KF-51 de conserver sa supériorité par rapport à ses principaux adversaires potentiels. L'avenir dira si la vision de Rheinmetall est pertinente ou ne constitue qu'un coup marketing sans lendemain ; quelque soit le futur de cet engin, la firme allemande ne semble pas décidée à laisser au MGCS le soin d'occuper les esprits des décideurs politiques et militaires. Exposé non loin du KF-51, l'EMBT a signé son grand retour à Eurosatory après de plusieurs années de silence médiatique. Porteur de nombreuses innovations, l'engin exposé comme un démonstrateur technologique voisinait avec l'Ascalon, offrant une vision claire et ambitieuse du potentiel d'innovation des industriels concernés. Le Leclerc rénové (ou XLR) offrait quant à lui la vision d'un char, objet d'investissements limités et handicapé par ses nombreuses obsolescences. Ces dernières constituant une véritable "bombe à retardement" capable de menacer l'existence même du char dans les prochaines années. Ce constat associé aux incertitudes pesant sur le projet MGCS, doit inciter la France à prendre dans le cadre la LPM en cours de préparation, des décisions fortes. Pour cela plusieurs solutions sont envisageables. La première consiste à envisager une véritable rénovation à mi-vie du Leclerc englobant le traitement de toutes les obsolescences connues et l'intégration d'équipements aujourd'hui indispensables à la survie du char. L'EMBT dans son rôle de démonstrateur technologique peut servir au développement de cette nouvelle version du char, en enrichissant l'offre d'équipements disponibles et leurs possibilités d'intégration. le KF-51 est la parfaite illustration de ce qui peut être réalisé pour doter les armées d'un char intermédiaire performant permettant d'attendre l'arrivée de nouveaux engins innovants. La base du Leclerc constitue un socle aussi solide pour un futur développement d'une nouvelle version que celle du Leopard sur laquelle le KF-51 est développé. Autre solution, la mise en chantier d'un nouveau char reste envisageable à condition de limiter la dérive technologique et les couts associés à cette surenchère. Pour cela, la conception devrait s'appuyer sur des technologies éprouvées et disponibles, afficher des ambitions limitées aux besoins de l'armée de terre, qui pourrait envisager de disposer d'un nombre significatifs d'engins et retrouver ainsi un peu de masse. En outre, ce char devrait être développé à partir d'une plateforme unique, base de tous les engins blindés pouvant être adoptés par l'armée de terre. La mise au point d'une plateforme unique ne serait pas une nouveauté pour l’industrie de défense française qui a su réaliser les AMX13 et AMX 30 déclinés en de multiples versions. Pour l'armée de terre, la mise en oeuvre de cette famille d'engins permettrait de réaliser des économies de formation et de maintien en condition par l'utilisation de systèmes et de moyens pouvant être partagés par les différentes versions d'un seul engin. Si il devait voir le jour, le futur char français devrait être raisonnable, adapté et surtout partagé ! En dehors de ces conditions, il serait illusoire d'envisager le développement "ex-nihilo" d'un char français qui puisse être disponible d'ici 2035. Il est impossible d'évoquer les solutions possibles sans envisager l'avenir du programme MGCS qui peut se poursuivre, être retardé ou abandonné. Il est à craindre que la poursuite (pour des raisons essentiellement politiques) ou même le retard n'entraine l'arrêt de tout projet de modernisation du Leclerc, condamné à vivre plus de 45 ans sans la moindre remise à niveau, hypothèse sans équivalent dans notre histoire militaire et dans les armées occidentales. L'échec du MGCS nous renverrait aux tentatives précédentes dont la fin prématurée avait permis le développement des deux côtés du Rhin d'engins offrant d'excellentes performances et ayant connu un certain succès commercial. L'avenir du programme franco-allemand reste aujourd'hui suspendu à des choix techniques et surtout à une volonté politique, seul ciment d'un édifice de plus en plus fragile.
La France ne peut passer de chars, les années qui arrivent seront certainement marquées par des affrontements violents, susceptibles d'exposer nos soldats à des menaces nombreuses et multiformes. Le char de bataille est le seul engin terrestre capable de répondre à cette violence et d'imposer notre volonté à l'adversaire, quelque soit les conditions et l'environnement de l'affrontement. Capable d'appliquer des feux directs et de manœuvrer, le char offre en outre une protection sans équivalent à son équipage qui peut mettre en oeuvre plusieurs senseurs et armements. Engagée dans des opérations asymétriques depuis plus de trente ans, la France a fait l'économie d'une véritable composante blindée-mécanisée organisée autour d'un char performant et puissant. L'heure n'est plus à s'interroger sur la pertinence de ce choix mais à trouver de véritables solutions pour doter l'armée de terre des outils dont elle pourrait avoir rapidement besoin.
(Gocek)
RépondreSupprimerArticle très intéressant. J'ai une requête : peut on savoir quelles sont, selon vous, les obsolescences/déficiences les plus criantes du Leclerc ? Protection contre les drones ? Pas de protection active ? blindage ? protection réactive minimale ? Gestion de l'information (en attendant SCORPION) ? Propulsion ? Armement secondaire ? etc... Et parmi ces déficiences, quelles sont celles qui ne pourront jamais être corrigées ?
Le Leclerc est mort, vive le Leclerc XLR...!
SupprimerLe Leclerc XLR sera un sacré client dans SCORPION pour les chars "modernes" qui, pour certains, l'ont largement copié.
Avec des blindage rénovés, statistiques, primaires, actifs ou passifs et additionels de plancher va atteindre une masse imposante laissant peu de marge de manoeuvre pour la masse.
Avec une électronique et optronique modernisé associés à une une connectivité de premier plan, il sera un pion important dans le combat connecté et collaboratif. Étant bien née les fondamentaux demeurant, ses munitions évoluent en fonction de la menace. Quid du NLOS?
Néanmoins, le tourelleau de toit est limité en armement avec du 7,62mm. Un LGA 40mm aurait été utile, la 12,7 sous tourelle étant limitée en site.
De même l'absence d'un blindage de toit est une lacune.
Une "jumelle déportée" (drone) pourra toujours être adoptée tout comme un système hard kill dans quelques années (?).
La lutte anti-drones n'étant pas la spécialité d'un char de combat mieux vaut la confier à un engin, d'appui surtout avec un équipage de trois hommes.
Deux bémols:
- Le nombre de 200 (avec quelques dizaines non modernisés en réserve) pour la résilience et la durée sur 20 ans minimum. L'attrition existe, même en temps de paix.
- Son usage limité en opération hors conflit.
parmi les déficiences qui ne peuvent pas être corrigés il y a le moteur SACM société qui a disparue depuis 2000, et puis il y a l'âge avec toute les usures mécaniques : boite de vitesse boite de transfert, réducteurs des motorisations de la tourelles etc
SupprimerOn peut discuter du niveau élevé des pertes en matériels lourds, je n'ai jusqu'à présent entendu personne parler de la mort de l'hélicoptère, alors que celle du char lourd a été un énième fois proclamée en place publique...
Supprimerhttp://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2022/06/22/l-avenir-du-char-23145.html
Les pertes en Ukraine de véhicules blindés (des deux bords) dont les chars posent la question de leurs utilités, mais que serait il passé sans blindage, un carnage humain pire…
RépondreSupprimerla question de l’utilité des blindés ne se pose pas, la question est plus sur leurs conceptions et leurs utilisations.
Les chars actuels sont conçu pour le combat anti-char : canon capable de tirer des munitions flèche, tir en mouvement, blindage conçu contre les munitions fléches etc.
le constat est qu'il n’y a pas eu de vrai combat entre chars depuis la seconde guerre mondiale ??
et que le char actuel n’est pas adapté a l’appui feux d’infanterie ni a l’ouverture d’itinéraires en zones de guerre.
Un petit véhicule chenillé blindé armé d’un canon à tire rapide comme le CTA40mm avec :
pas de tir en mouvement
un blindage pour le 30mm
un slat armor contre les roquettes
des lances leurres contre les missiles
des munitions chronométrées pour engager les drones et les hélicoptères
toutes ces technologies sont disponibles ce petit véhicule doit être simple et pas chère
il y a 40ans KMW avait proposé un Marder avec une tourelle équipée d’un 57mm Bofor
Ce type de véhicule est à l'étude chez nos amis US.....sans équipage
SupprimerL'excellent article de nôtre hôte fait l' impasse sur une évolution majeure a venir, qui est la dronisation des chars de combat. je pense que nous nous dirigeons vers des unités hybrides de chars composées de chars pilotés et non pilotés.
J'avoue que j'ai ete plus impressionné par les IFV que par les chars.
SupprimerPar contre le tir en mouvement me semble indispensable.
En effet, dans toute guerre, surtout si elle n'est plus complètement asymétrique (comme on en avait pris l'habitude ces derniers temps.), il y a des pertes.
RépondreSupprimerCela en va du char, mais plus encore pour des véhicules qui seraient plus légers.
Par contre, il n'y a presque aucun intérêt à maintenir 120 Leclerc... Sans un environnement nécessaire à ce char (VCI, génie, antiaérien, commandement, transmission, guerre électronique, logistique et autres appuis.).
C'est bien cela qui nous fait de plus en plus défaut.
Il nous faudrait un EMBT (à l'image du Kf51 en effet, par exemple.) mais avec une nouvelle caisse, franco-française, et un nouveau châssis lourd capable de porter toutes les fonctions citées ci dessus. Ce qui est possible d'ici 2030, si on s'y remettait très sérieusement. Il est même indispensable de s'y remettre, très rapidement, si on ne veut pas être de plus en plus largué en matière d'évolution militaire moderne générale !
Quant au fait que l'on ait passé d’une vraie mobilité tactique exigée par la perspective d’une guerre de haute ou de moyenne intensité à une « mobilité de patrouille » sur pistes et routes, des années 90 à aujourd’hui, là aussi il ne faut pas se laisser abuser : Un engin comme le Jaguar coute aussi cher globalement que nous aurait couté un nouveau char, et même plus cher que le développement d'un nouveau châssis blindé. Il est même plus sophistiqué par ses systèmes que le Leclerc.
Mais comme le dit très bien Chassilan, "les Américains ont brillamment démontré ce que tout le monde avait compris depuis longtemps, à savoir qu’un véhicule de 25 tonnes ne pourra jamais disposer du même niveau de protection qu’un engin de 60 tonnes"...
PS : Ses propos on pu en effet être très malhonnêtement interpréter par certains qui n'ont pas très bien compris encore ce qu'étaient les guerres modernes, ou même la guerre en général depuis toujours.
Un Jaguar coûte 6 millions d'euros. Un mbt aujourd'hui c'est deux fois ce prix.
SupprimerLa Jaguar coute certainement plus que 6 millions d'euros : 3 millions pour la caisse ("blindage" inclus.) et la motorisation, 4 ou 5 pour la tourelle, son système d'arme, les nombreux systèmes, et toute l'électronique, rajoutez 1,5 millions simplement pour le MMP et quatre ou cinq missiles, vous êtes déjà à plus de 9 millions d'euros de fabrication (coûts de MCO en proportion...).
SupprimerSi vous tenez compte également du budget R&D de mise en place de ce blindé spécifique, soit un milliard et demi d'euros au moins, à minima (le VBCI il y a vingt ans, à couté un milliard, sans être aussi sophistiqué.
Réparti sur seulement 300 engins, c'est 5 millions de prix unitaire, en plus.
Soit un Jaguar qui avoisinera certainement les 15 millions d'euros de prix unitaire.
Le blindage d'un char couterait simplement quelques centaines de milliers d'euros en plus (entre 0,5 et 1 million).
De plus la R&D d'un programme de châssis lourds réparti en différentes versions (voir ci dessus (VCI, etcetera, y compris antiaérien et C-RAM évidemment.), à 1500 exemplaires, pour équiper au moins vraiment deux brigades lourdes et au moins une vraie division blindée couterait à peu près autant, soit un million par exemplaire environ. Les ventes à l'export en plus cette fois ci réellement, en plus.
Soit en version char de combat lourd actuel moderne, environ 10 millions d'euros ( moins avec la tourelle modernisée du Leclerc dans un premier temps ; et sans le MMP notamment qui devient superfétatoire.), plus un million de R&D.
PS : Beaucoup de monde a du mal à comprendre que ce n'est pas par ce que c'est lourd (et bien protégé et blindé) que c'est forcément plus cher.
Les blindés modernes ne se vendent pas au kilos...
*Soupir* Le GME Scorpion est lié par un contrat l'obligeant à vendre le Jaguar au coût unitaire de 6 millions d'euros. Le reste est hors sujet. La Belgique a payé 1,5 milliards pour 400 VBMR et 60 EBRC, soutien compris.
SupprimerVous voulez dire que l'on va encore perdre de l'argent, comme durant la vente du Leclerc aux émirats ?
SupprimerJe trouve que l'article de MChassillan est incomplet. Il mentionne les limites des CKEM (MH) en dehors du combat de chars. Mais une plateforme légère équipée de CKEM peut très bien associer des missiles "standards" eg. roquettes 70mm à guidage laser. Un char avec un canon de 130-140mm optimisé pour de l'obus flèche peut également utiliser d'autres munitions (HEAT puis AMP ...) mais c'est de l'overkill, et ce calibre oblige à surdimensionner le véhicule. Une plateforme de 10t peut avoir le même punch qu'une plateforme de 60-70t, un coût d'acquisition / MCO très inférieur, une mobilité tactique équivalente avec des roues, et une bien meilleure mobilité stratégique, et une protection hard-kill équivalente contre les missiles / drones. La protection sera inexistante contre les obus flèche - si le véhicule est touché - mais c'est également le cas d'un char moderne comme le KF51.
RépondreSupprimerEt aucune mobilité tactique (encore un partisan du tout roue, et du tout léger, malgré les événements actuels. Très faussement interprétés en effet.).
SupprimerPas plus qu'une plateforme de 10 tonnes ne peut pas emporter le même arment qu'une de 60 ou 70 : On se croirait presque dans un film, à devoir rappeler de telles évidences !!!!).
Le principe d'un char lourd est justement d'être protégé contre les obus flèches, des autres chars.
Ce qui est le cas des dernières productions, c'est pour cela que l'on envisage désormais de passer à un calibre supérieur, de 130 ou 140 mm (l'éternelle course entre l'épée et le bouclier, ou entre le bouclier et l'épée plus exactement.).
D'autre part, le principal avantage des blindages modernes, en constante évolution (plus que les munitions actuellement (d'où changement de calibre...)) est d'être plus léger, à niveau de protection égal et même supérieur.
D'où des K2, ou des T 14, qui restent dans les 55 tonnes actuellement (c'est ensuite avec les rajouts de blindage que ces chars prennent du poids.).
D'où l'intérêt d'avoir des versions employables renouvelées régulièrement (tout les vingt ans par exemple. Le MCO explosant après cette période d'ailleurs.) et pas des chars de dans vingt ans, que l'on gardera 40 ans (du fait de leurs surcoûts.) , mais des chars d'aujourd'hui.
Mais le MBT est dimensionné pour combattre un autre MBT... sauf que dans les faits les face-à-face sont très rares.
SupprimerSuper article. Merci de ces enseignements.
RépondreSupprimerLe choix d'une composante cuirassée pour l'AT n'est pas intégrée en raison du choix de ne pas intervenir contre la Mère Russie. C'est un choix d'EM qui se concentre sur d'autres théâtres d'opérations que l'Europe de l'Est et être un gage d'être une planche à billet pour les hydrocarbures russes.
Le char est utile mais en nombre restreint vu l'augmentation pharaonique de son coût total depuis sa création. La guerre d'Ukraine a montré que les chars sont trop vulnérables face à des miliciens armés d'ATGM, c'est le problème. Les russes ont un parc pléthorique de chars qui les empêchent d'avoir une infanterie motorisée de bonne qualité à leur côté. Avoir des chars dispendieux ne suffit pas sans combat interarme. Avec l'accroissement des drones, les chars sont encore plus vulnérables qu'auparavant. Les russes l'ont bien compris et ils déploient leur artillerie pour gagner la guerre. Une infanterie motorisée bien cuirassée est indispensable mais le char n'a plus le même intérêt qu'avant. Un char peut se faire dégommer par de l'artillerie.
Manque d'infanterie mécanisée d'accompagnement surtout.
SupprimerDe plus les chars russes employés sont relativement anciens, et plutôt des chars "moyens".
"mettre en oeuvre plusieurs senseurs "
RépondreSupprimerOn dit capteurs par chez nous. Les censeurs c'est aut'chose.
Il est évident qu'il faudra une refonte plus complète du Leclerc : groupe propulseur et auxiliaire, pourquoi pas un Ascalon version 120mm avec plus de pression ; munitions 120mm semi-telescopées pour ne garder qu'en tourelle les charges militaires. Le conflit Ukrainien a montré que partir avec des munitions stockés contre la caisse, c'est vraiment pas une bonne idée.
On regarde des conflits qu'on pense modernes mais qui sont en réalité des conflits qui reprennent les tactiques, les armes, les munitions du passé. En réalité en Ukraine nous n'observons pas le conflit de demain, mais un conflit que nous n'avons pas vu se réaliser il y a 40 ans.
RépondreSupprimerIl faut donc avant toute chose, partir de ce constat, partir du constat que ce qu'on voit en terme de matériels, ce n'est pas ce que les acteurs ont besoin pour faire efficacement la guerre, mais ce qu'ils ont en inventaire depuis des décennies et ils font au mieux avec ça.
Les éléments réellement modernes et nouveaux sont assez rares dans ce conflit, on notera essentiellement les drones et une artillerie de précision en profondeur.
La guerre de demain, si on a envie d'être celui qui fera la différence et marquera une supériorité, ce n'est pas de vouloir reproduire ce qu'on voit chez les russes ou les ukrainiens, car ces deux pays mènent une guerre du passé dans laquelle ils se sont mutuellement déjà neutralisé au point que plus grand chose ne peut se faire sérieusement d'un côté comme de l'autre.
Il faut voir ce qui ne va pas et non considérer comme "normal" certaines pertes. Pour faire ce que la Russie il n'y a pas forcément besoin de perdre 30 000 hommes, de perdre 1000 chars, ça aussi il faut en prendre conscience, ne généralisons pas leurs pertes comme si elles seraient génériques. C'est la conséquence d'une armée qui russe qui n'a pas fondamentalement changée depuis 40 ans, qui utilise les mêmes méthodes, les mêmes moyens, combattant une armée ukrainienne qui joue sur la même ligne. C'est ce qui a conduit à ce que j'évoquais, une neutralisation mutuelle de deux armées qui sont plus proches qu'on ne le pense sur le terrain. Car peu importe le potentiel nucléaire russe, on observe que sa marine (limitée à une flotte) est vulnérable et ne sert pas à grand chose, que son aviation est vulnérable et ne peut pas aller confortablement faire son job dans le ciel ukrainien, au point que la Russie dépend de ses missiles à longue portée qui deviennent de moins en moins nombreux et qualitatif (usage de Toshka, S-300 etc...).
RépondreSupprimerOn termine donc par avoir l'armée de terre russe contre l'armée de terre ukrainienne et c'est là que ça commence à se valoir et que ça se neutralise mutuellement.
La guerre de demain ne doit nullement prendre l'Ukraine en référence si on ne veut pas avoir une guerre de retard. Il faut comprendre et voir ce qui est incompréhensible et invisible. C'est contradictoire mais c'est ce qu'il faut faire. Je considère toutes les personnes qui cherchent à reproduire ce qu'ils voient comme des personnes qui pensent comprendre et savoir ce qu'il faut mais qui au final ne font que reproduire ce qu'il ne faut pas. Souvent ils restent dans ce qu'ils savent, ils sont dans la reproduction des choses qu'ils ont déjà vues, le mimétisme est dans la nature humaine. Mais sauf que tout cela ne mène à rien, on ne fait que faire et défaire en pensant répliquer toujours le même type de combat, on ne cherche pas à obtenir la supériorité et le renouveau qui justement amène à relativiser et à rendre nombre d'équipements obsolètes et inadaptés.
Alors oui, je sais, tout ne changera pas d'un coup de baguette magique et d'autres continueront "comme avant" en voulant refaire les conflits du passé en pensant se préparer pour les conflits de demain. Sauf que ces pays ne seront pas préparés au futur, ils seront préparés au conflit du passé et ils espèrent qu'en face d'eux, il n'y ait pas un pays ayant recherché à obtenir une supériorité qui remettra l'ensemble de leurs moyens en question.
RépondreSupprimerCar peu importe qu'il y ait un char d'origine coréen, russe ou américain, peu importe ceux qui vont continuer à s'imaginer des duels de chars et chercheront à savoir qui est le plus blindé, qui a le plus gros canon, tout cela est un débat débilitant car la différence ne se fait pas et ne doit pas se faire sur ce genre de comparaisons.
En agissant ainsi, on en arrive à des responsables militaires qui se disent qu'avec 12 chars, ils finiront par surpasser une infanterie légère avec des VCI, mais qui au final se feront prendre dans une embuscade par laquelle ce seront des roquettes et missiles AC qui feront le travail.
On arrive à d'énormes erreurs de jugements sur les rapports de forces car on méprise et on méconnait les possibilités et l'intelligence de l'ennemi. Il n'y a qu'à faire un tour sur internet, malgré tout ce qu'on peut voir depuis bien longtemps sur le champ de bataille, on a toujours l'impression de combats entre véhicules, on a presque l'impression que l'humain n'existe même plus. On finit par ignorer que par exemple dans un groupe d'infanterie, ce qui compte ce n'est pas son véhicule de transport ou du calibre de la tourelle de ce dernier, mais ce sont les hommes qui ont des moyens qui ne se limitent pas à des fusils. Un groupe de combat peut avoir des missiles AC, des roquettes AC, peut conduire avec intelligence des actions offensives. On le sait tous, pourtant on continue à faire comme si face à un blindé, il faut opposer un blindé, qu'en face d'un char, il faut un char. Ces choses, je vais me répéter, conduisent à de graves négligences tactiques à la sous-estimation du potentiel humain adverse pour se concentrer sur un potentiel "blindés".
Qu'on le veuille ou non, qu'on l'accepte ou non, un simple soldat peut foutre en l'air un blindé. La missilerie portable est et deviendra de plus en plus importante. Elle est plus discrète que des blindés pour un pouvoir destructeur plus important (premier coup au but). Donc commençons sérieusement à prendre en compte cet ensemble d'éléments au sérieux et arrêtons avec ces chevauchées de blindés qu'il faut pouvoir stopper avec d'autres blindés.
L'émergence et la prolifération du drone, pour l'observation comme pour la frappe (suicide ou par missiles) amène là aussi un profond changement. C'est même pour moi le seul vrai retex à prendre en compte dans ce conflit et ça semble bien le seul segment qui semble porter un intérêt aux deux acteurs, l'un allant jusqu'en Iran pour s'en procurer.
Nous le voyons, il est de plus en plus facile d'être vu et d'être touché avec précision. Pour se faire, il faut comprendre que la guerre de demain sera celle qui devra offrir le moins de cibles à l'adversaire tout en ayant les moyens de le surveiller et le frapper avec précision. Là ou certains disent qu'il faut de la masse pour supporter pleins de pertes car voulant jouer à un jeu de neutralisation mutuelle, des blindés toujours plus gros, moi je dis qu'il faut aller dans une autre direction. Celle d'une force qui sera la moins visible possible mais qui restera saturante et distante, tant en terme de missilerie AC, de drones, d'artillerie ou encore de moyens téléopérés. Bien entendu je pourrai détailler tout cela, mais je n'en ai pas l'envie, tant je sais que pour beaucoup ça serait tellement à contrecourant de leurs habitudes et volontés.
C'est con à dire ainsi, mais je pense que le véhicule en tant que telle devient de plus en plus une cible de choix pour celui d'en face et qu'ils amènent de moins en moins l'effet qu'on recherche. Soit il est un pot de fleur en position défensive, soit il devient la première cible en offensif face à des positions défensives qui ont de quoi le taper facilement.
RépondreSupprimerOn peut vouloir continuer à faire pareil avec des blindés face à cette prolifération de moyens AC comme on a continuer à faire des charges de cavaleries face aux mitrailleuses de le grande guerre. Faut pas s'étonner des pertes, mais surtout il ne faut pas être le chef qui se dit que c'est "normal" et qu'il faut continuer plus massivement en se disant que ça permettra de faire face aux pertes...
Après 14-18 on a dit "plus jamais ça", nous avons donc construit une ligne défensive pour refaire la même guerre "usante" de lignes. Les allemands ont révolutionner la guerre, "inventant" la Blitzkrieg, ils ont pris la France en 1 mois, une guerre rapide qui n'aura pas nécessité de subir les mêmes pertes que la 1ère GM ni d'user toute l'armée française. Peu importe les stocks de munitions, de chars ou d'autres, ce qui a fait la différence c'est la supériorité liée à l'intelligence humaine. L'échec tactique, l'échec stratégique sont les clés de la victoire et on peut l'obtenir sans avoir besoin du plus grand nombre de chars, des plus blindés, des plus armés.
Les russes en Ukraine c'est pareil, ils sont dans un échec stratégique et tactique et ils perdront ce conflit, peu importe le nombre de munitions qu'ils ont et vont encore tirer, peu importe le nombre de chars qu'ils vont sacrifier.
(Blindax Robinson)
Supprimer@ Charnel n°5
AAaahh je me sens moins seul... et j'apprécie vos propos.
Sans renier le char de combat, je me retrouve dans vos analyses qui relèvent pour certaines des théories du Commandant Brossolet et du Général Juin.
Reverra-t-on une bataille de koursk? Possible mais improbable...😁
https://www.penseemiliterre.fr/a-propos-de-l-essai-sur-la-non-bataille-du-commandant-brossollet_821_1013077.html
Dans son exposé sur la non bataille le capitaine ( a l'époque) Brossolet défendait une organisation par un maillage relativement statique( occupation de zone) de modules légers , complété par des unités blindées très agiles et dynamiques agissant plus librement dans l'espace, notamment dans le profondeur. C était une configuration exclusivement défensive, qui limitait la liberté d'action en faveur d'autres configurations, c'est d'une certaine façon la limite à laquelle se heurtent les ukrainiens a défaut de disposer d'unités blindées structurées.
SupprimerLa configuration proposée par le cpt Brossolett n'en reste pas moins très actuelle, à mon avis.
SupprimerL’efficacité des capacités ISR, et l’avènement des munitions de précision à longue portée (missiles, drones, obus guidés….) qui la prolonge, sont en effet deux facteurs X des conflits modernes.
Leur conjonction semble condamner le regroupement des forces au sein d’unités lourdes, donc très visibles et exposées, sauf à l’inscrire au sein d’un dispositif complet qui forme une sorte de porc-épic multi-domaines, difficilement franchissable. Seuls les US semblent en mesure de se doter de ce modèle de force qui demande des moyens considérables.
A contrario la capacité des forces à se disperser (donc à se dissimuler) et à se concentrer (donc à agir) semblent le nouveau paradigme à atteindre pour qui veut intervenir en dehors du bouclier US.
L’AT s’est engagée dans la voie avec les GTIA et la capacité SCORPION qui sont cependant adossées à une structuration ancienne des forces. La prochaine (r)évolution pourrait consister à imaginer une structuration des forces centrée sur la capacité à alterner en une temps court, et de façon réversible les actions de dispersion et de concentration.
A la notion d’organisation modulaire, mise en avant par le cpt Brossolette, je préfère celle d’organisation cellulaire, qui sous-entend des capacités fortes de communication entre cellules, de réorganisation et régénération.
Elle suppose des unités compacte et agiles....économes en moyens logistiques de soutien.
Ce qui ne remplace pas dans des emplois particuliers (cf l'exemple Israelien du combat urbain et le Retex de Falludjah) le char lourd fortement protégé.
Vraisemblablement la vérité se trouve dans un équilibre entre agilité et puissance. Comme au rugby (qui est une reproduction de la guerre...ah ces anglais !). Rien de nouveau donc. Il faut de tout pour faire un monde. La clé est de savoir placer le curseur.
SupprimerBrosselet ne connaissait pas les réseaux de combat et la connectivité, mais l'esprit était là. Scopion et Titan à terme, permettront la dispersion "cellulaire" tout en ayant la possibilité de concentrer les feux. Rien de bien nouveau depuis Napoléon mais qui est possible concrètement, sur une grande échelle par l'évolution des techniques, la numérisation et la mobilité permettant un usage tactique "omnirôle", voire "polymorphe". La discrétion, la distraction et la ruse (l'art de la guerre) sont des notions à appliquer...
Cet ensemble interarmes n'empêchera pas la manoeuvre, la rupture et la destruction, bien au contraire: le char y a toute sa place.
Le cas du combat périurbain et urbain, contre des positions préparées et défendues, est rugueux et spécifique. les matériels (Voir le triptyque Merkava, Namer et D6, même si nos villes ne sont pas celles de la Palestine...) et troupes devront être "adaptés". La robotisation et les drones sont des solutions techniques permettant de nouvelles tactiques, mais il faudra toujours de l'infanterie-génie en nombre sur le terrain appuyé par de l'artillerie/munition de précision.
Étant risqués pour l'assaillant et les populations présentes (!), la préparation et le temps nécessaire sont requis. À éviter, sauf si un objectif politique l'impose, le siège est préférable mais demande aussi du temps, ce qui est pénalisant pour la manoeuvre dans les deux cas.
Donc, pas de solution miracle, à moins d'ignorer les villes si la stratégie l'impose... :)
Brossolette avait une approche uniquement défensive (comme ce qui a fonctionné provisoirement pour l'armée ukrainienne, faute de masse et d'effectifs suffisant en face surtout.).
SupprimerUne approche, qui serait complètement inadaptée aux conflits modernes (ce n'est pas par hasard non plus que l'on voit essentiellement sur ce conflit ukrainien, refleurir les références à 14-18.).
Ce n'est pas pour rien que partout (ailleurs !!) la protection, et le blindage donc, redeviennent une valeur essentielle et première (mais chez nous on a toujours certains qui viennent nous réciter régulièrement, même ici, un blog bien informé, leur catéchisme dépassé, du tout roue, du tout léger, et du tout sur- sophistiqué échantillonnaire de fait...).
À Anonyme
Supprimer"Ce n'est pas pour rien que partout ailleurs..."
Oui et comme partout ailleurs on dit que la terre est plate, il faut prendre de haut ceux qui diront qu'elle est ronde.
N'avez-vous jamais remarqué que depuis bien longtemps ceux qui ont découvert des choses, qui en ont révolutionner d'autres ont été des gens qui ont voulus faire différemment des autres qui cherchent à suivre comme des moutons les habitudes?
Vous faites une grave erreur en pensant que faire comme les autres c'est faire comme il faut. Vous êtes l'exemple même de ceux qui ne cherchent pas à obtenir une supériorité tactique et stratégique en révolutionnant certaines façons de faire la guerre. Vous restez dans le mimétisme de ce que vous observez ou la seule supériorité est celle du nombre ou de l'épaisseur d'une cuirasse.
Vous considérez ensuite cela comme des fondamentaux de la "connaissance" mais ce ne sont en vérité que les limites de votre ingéniosité. Vous n'arrivez pas à vous sortir de vos "principes" qui deviennent pour vous des règles à respecter car ailleurs c'est comme ça.
Napoléon n'aurait pas fait ce qu'il a fait s'il avait continuer à faire comme ceux qui étaient en face de lui. Les allemands n'auraient pas réussis à faire ce qu'ils ont fait en 40 s'ils avaient fait comme en 14.
Ce n'est pas une question de léger ou de lourd, de roues ou de chenilles, c'est la manière de mener la guerre, de prendre en compte des nouveautés sur lesquelles on misera. Faire comme les autres cela revient à ne pas le surprendre. Vous pouvez mettre un char de 70 tonnes à la place d'un de 50t ça ne changera rien, changer des roues par des chenilles, pareil, l'ennemi aura toujours un blindé en face de lui qui va opérer du même principe et dont il faudra au pire développer une munitions un peu plus pénétrante.
Vous n'amenez aucunes solutions aux problèmes fondamentaux, vous considérez tout comme si ça serait impossible ou fou de vouloir faire autrement.
Et en pratique, vous proposez quoi ? A vous lire on devine une sorte de "non-bataille" de Brossolette mais inverse : les drones, les ATGM NLOS et les munitions rodeuses balaieraient l'espace en amont. Et en cas de point dur, l'artillerie (MEPAC Caesar) réduit la résistance.
SupprimerMais l'élément "testeur" fe la progression, vous le collez sur le VBAE ou sur le Jaguar (qui de ce fait n'a plus besoin d'un gros canon puisque les gros obus viendront de derrière) ?
En pratique c'est déjà de commencer par oublier les habitudes et de comprendre qu'on peut faire autrement.
SupprimerConcrètement c'est mettre l'accent sur le renseignement de toutes les origines pour justement arrêter de vouloir "tester" et d'aller "chercher" le contact direct qui par exemple nécessiterait de tenir le choc (tant en blindage qu'en puissance de feu). Il faut oublier la reconnaissance classique, la pointe de lance qui irait percer le dispositif adversaire.
On pourrait ainsi voir des nuées de drones qui serviront à fournir un gros travail de reconnaissance sur une position, pour y dénicher les principales menaces. S'il est facile de planquer des hommes, c'est beaucoup moins facile pour des véhicules par exemple.
Mettre ensuite en avant des robots terrestres en parallèle pour faire de l'ouverture d'itinéraires ainsi que pour faire le ne identification plus précises, voir pour attirer des réactions. En appui de cela, des dispositifs de munitions rodeuses, d'une artillerie de précision métrique, d'aviation qui recevront des cibles par les différents drones. Là ça traité les menaces principales, ensuite seulement on peut faire avancer les troupes plus conventionnelles avec là aussi un appui en divers engins robotisés qui iront fouiller les infrastructures plutôt que vouloir faire comme d'habitudes où on fonce pour voir ce que ça donne.
Bien entendu ça nécessite un gros investissement, ça nécessite des drones de qualité des transmissions sûres et protégés, mais on peut faire différemment, ce n'est qu'une seule piste parmi d'autres.
Si le programme Scorpion (qui aboutit à un char médian projetable de 25 t travaillant en collaboratif), a beaucoup de points communs avec le défunt programme FCS, ce que vous dites m'évoque le GVX-T de la Darpa qui, épaulé de son drone "ailier", apparait, mis dans votre contexte, moins loufoque qu'il n'y paraissait à première vue.
Supprimerhttps://www.darpa.mil/program/ground-x-vehicle-technologies
L Essai sur la non-bataille de Guy Brossollet (attention à l orthographe…) datant de 1974, esta nouveau disponible en réimpression (www.guybrossollet.fr) et pour découvrir l’histoires, les controverses et le rayonnement international de l ouvrage : livre de M Maresca, officier lui même
SupprimerTirer des plans sur la comète depuis canapé est facile pour ceux qui ne sont pas aux affaires. C'est beaucoup plus difficile pour ceux qui y sont surtout quand ils n'ont pas toutes les compétences ni une "vision éclairée"...
RépondreSupprimer(Je suis de la première catégorie. Lol !)
Faute d'une démonstration inverse, le "char de bataille" ou Engin Principal de Combat demeure une pièce nécessaire dans le combat interarmes et interarmées. Un engin blindé respectant les 4 règles fondamentales (Asimov dirait lois) inscrit dans un réseau collaboratif est un effecteur redoutable. Isolément il n'est rien!
De même, ne pas prendre en considération la doctrine d'emploi et la nature du terrain mèneraient à une impasse fatale. Que vaudrait un Merkava IV dans les tourbières de l'Europe du Nord?
Techniquement un "super-Leclerc" est réalisable, pas forcément 100% franco-francais la mondialisation et l'UE sont passés par là... :)
Il en est ainsi, par exemple, de la motorisation, abandonnée depuis longtemps et laissée aux régles de la concurrence. C'est ainsi que nos sous-marins SNLE n'ont pas de diesel souverain, tout comme les bâtiments de surface...
Faire une fiche technique de la future "merveille" est facile, nous l'avons tous fait ou rêvé. Par contre évaluer, son coût d'achat, de possession avec tous les appuis pour la rendre utilisable et opérationnelle sur différents terrains, beaucoup moins... Il en est de même pour tous les engins terrestres et aeriens de l'AT.
NOS ARMÉES ont des besoins énormes. Chacune voulant son projet, sa "merveille" et son budget d'autant que des techniques ou fonctionnalités nouvelles apparaissent ou deviennent indispensables.
Dans le contexte économique actuel, il n'y en aura pas pour tout le monde!
Dans le futur à 20 ans, notre "char" devra peut-être avoir une 5ème vertue: la frugalité. Qui sait? :)
"Par contre évaluer, son coût d'achat, de possession avec tous les appuis pour la rendre utilisable et opérationnelle sur différents terrains, beaucoup moins..."
SupprimerDétrompez vous, c'est parfaitement possible (c'est même ce qu'on faisait autrefois, il y a trente ou quarante ans (quand nos équipements militaires ne servaient qu'à faire du commerce, de luxe.).
Mais je vous le concède, ce n'est plus du tout ce que l'on fait, depuis trente ans, et les fameux dividendes...
Il faudrait en effet revenir à ne serait ce à un minimum de pragmatisme, et de sérieux...
Pour compléter, un article assez détaillé sur le EMTB de KNDS.
RépondreSupprimerhttps://www.edrmagazine.eu/knds-from-the-leo-clerc-to-the-e-mbt
le char léger chinois VT15 est vendu 3million de $ pièce dans sa version de base, il a un 105mm Otan, un chargeur automatique permettant un équipage de 3 hommes, un moteur de 1000Ch pour 33T, un calculateur des viseurs jour / nuit modernes, un stabilisation de la tourelle; a quand un pays européen acquéreur?
RépondreSupprimer(Blindax chez Wish)
SupprimerJe verrai bien l'Albanie, le Montenegro ou la Corse, mais sans les options. 😁
Le char employable ? Chassilian est traduit en Mandarin ?
Supprimer(Blindax fan)
RépondreSupprimerPas besoin ils ont tout lu Sun Tzu...
Mais respect quand même, Monsieur Marc Chassilian! 😅😃
https://www.forcesoperations.com/amp/fob-interview-marc-chassillan/
Un article qui commence un peu à dater.
SupprimerEntre temps, la prépondérance à nouveau de la protection est passé par là (surtout pour des armées réduites en nombre, et très médiatisées désoramais.).
Un char employable aujourd'hui est un char bien protégé, et donc avant tout bien blindé (étant capable de supporter tous les tirs adverses (au moins en théorie.)).
Ce n'est d'ailleurs qu'un retour des choses qui ont prévales à sa création, la protection, le blindage étant la fonction première d'un char. Avant sa puissance de feu, destinée à abattre les chars adverses, et avant sa mobilité (le blindage étant par lui-même son principal élément de mobilité, sous le feu.).
Le char employable d'aujourd'hui est plus un char avec un juste niveau technique. L'électronique dépassant aujourd'hui largement plus de la moitié du prix de fabrication, et du MCO qui s'en suit, d'un char.
Un système "hard kill" par exemple est presque aussi couteux à lui seul que l'ensemble du blindage d'un char lourd (plus pour un char moyen.) ; et il n'arrête qu'un nombre limité de missiles dit antichar (uniquement.), contrairement à un blindage moderne.
Là aussi ne pas oublier l'évolution constante des blindages : plus de 50 % d'efficacité en plus sur ces trente dernières années à poids égal :
Un char employable est donc un char moins couteux, car au juste niveau des techniques du moment, et donc remplaçable plus rapidement.
Tous les vingt ans par exemple, période après laquelle les coûts en MCO ont la très fâcheuse tendance à très fortement s'emballer également (ensuite il peut éventuellement être mis en réserve...).
Encore une fois le poids n'est plus un élément prépondérant aujourd'hui :
Par rapport à un blindé moderne actuel de 55 tonnes (K2, par exemple), le prix d'un char moyen, avec le même équipement, armement, systèmes, et électronique, sera seulement moins couteux de moins de 10 % (plutôt 7 ou 8 % environ).
Par contre sur le terrain il survivra beaucoup plus longtemps que ses homologues plus "légers" ; et cela même quelques soit les configurations, haute, moyenne, ou même basse intensité (versus missiles antichar).
Seule l'empreinte logistique (logistique, essences notamment) est plus couteuse (mais à combien peut-on chiffrer le prix d'une vie humaine, si surtout on avait les moyens de la préserver ? !).
Intéressant le EMBT de KNDS, il est équilibré, évolutif (Ascalon, 3/4 places, drone, etc...) et possède un blindage de toiture complété par un dispositif hard kill (Euro-Israélien?). Quelques sondes et aériens habituels avec le système Pilar et les capteurs périphériques.
RépondreSupprimerLa visionique chef de char est imposante et le canon de 30 encombrant (en option), mais pourquoi pas?
Rien de révolutionnaire mais une architecture étudiée avec sa tourelle plate... La tourelle téléopérée et la cellule équipage sera le pas suivant (?). Ils demanderont une ergonomie et des IHM évoluées et éprouvées.
À suivre avec intérêt pour de nouveaux détails techniques et caractéristiques.
(Blindax manette à fond)
RépondreSupprimerCamarades Européens faites chauffer moteurs et turbines en espérant qu'il n'y aura pas un trou dans le pipeline en Belgique...😅😂
http://www.opex360.com/2022/09/12/lagence-de-linnovation-de-defense-a-lance-lappel-a-projets-energie-en-operation/
Et
https://m.rtl.be/info/1400253