UNE BONNE NOUVELLE A CONFIRMER !

Développé au début des années 2010, le système Shark avait donné à la France une avance significative dans le domaine de la protection active des véhicules blindés. En dépit des résultats obtenus, le projet fut abandonné au moment où plusieurs pays entreprenaient le développement de systèmes similaires. Aujourd'hui alors que les projets d'équipement et de développement se multiplient dans le monde, la France affiche un retard criant dans le domaine, faisant reposer la protection de ces engins sur des équipements de substitution parmi lesquels le système de vision périphérique Antares (développé par Thales), le détecteur acoustique de départ de coup Pilar V de Metravib, des filets anti RPG installés sur les VBCI déployés en Afghanistan, la protection Slat Armor, ainsi que le système Galix. 

Jaguar équipé de Slat Armor

Ce retard serait en passe d'être comblé si l'on en croit les récentes déclarations du CEMAT devant la Commission de Défense de l'Assemblée Nationale. Au cours de son audition, le Général d'Armée Schill a annoncé que les blindés français Leclerc, Griffon et Jaguar seraient dotés de systèmes "hard kill" contre les missiles antichars, obus et roquettes, avant d'expliquer aux membres de la Commission le principe de fonctionnement de ce type d'équipement. Selon des informations obtenues par Blablachars, la Section Technique de l'Armée de Terre aurait reçu pour instruction d’accélérer ses travaux sur la mise au point du système PROMETEUS. Si on peut se féliciter de cette annonce qui permettrait à la France de disposer (enfin) d'une protection active pour ses engins blindés on peut cependant s'étonner de constater l'absence du VBCI dans la liste des véhicules annoncée par le CEMAT, en dépit de la présence à son bord de 11 soldats.  Le VCI français devra peut-être attendre sa future rénovation à mi-vie (dont on ne connait ni le calendrier, ni le contenu) pour recevoir une protection active. Si cette hypothèse venait à se révéler inexacte, cela reviendrait à condamner le seul VCI de l'armée française, qui serait alors dépourvu de toute protection et verrait ainsi ses possibilités de déploiement considérablement réduites.  Même si l'idée d'un achat sur étagère pourrait froisser les défenseurs de l'indépendance nationale, l'urgence avérée ne doit pas empêcher la France d'évaluer les systèmes étrangers existants tels que le Trophy de Rafael Industries, le Strike Shield de Rheinmetall ou encore l'Iron Fist d'Elbit Systems. Il ne serait pas iconoclaste d'envisager l'équipement rapide d'un volume d'engins avec un système acheté sur étagère et rapidement disponible, à l'instar de ce qui a été fait par l'armée américaine, avec la livraison de 400 systèmes Trophy en 3 ans et leur intégration par Leonardo DRS. Comme en témoigne les nombreux engins déjà équipés, l'intégration d'un de ces systèmes sur un engin français demeure tout à fait envisageable, certaines informations non vérifiées indiquant qu'un tel aurait déjà été réalisé.  Au-delà de leur disponibilité, ces équipements bénéficient de nombreuses améliorations qui se traduisent par un accroissement de leur efficacité et de leurs possibilités. Ces évolutions se traduisent par la mise en service de versions adaptées aux différentes catégories de véhicules mais aussi par l'intégration de nouvelles capacités comme la destruction des munitions antichars à énergie cinétique, ou obus flèche, que l'on peut voir sur les images diffusées il y a déjà deux ans par Elbit Systems.

Interception d'un barreau d'OFL de 120mm par un projectile du système Iron Fist

Souvent évoqué par Blablachars, l'équipement de véhicules de combat français avec un système de protection active ne doit pas se traduire par l'adoption d'un solution nationale si celle-ci doit être synonyme d'un allongement des délais et d'une explosion des coûts. De telles dérives se traduiraient inévitablement par la mise en place d'une politique d'équipement échantillonnaire et étalée dans le temps. Au regard du retard pris la France dans le domaine de la protection active, les propos du CEMAT constituent une réelle bonne nouvelle, qui ne doit pas être gâchée par une mise en oeuvre laborieuse et limitée motivée par des intérêts différents de l'objectif recherché, à savoir augmenter la survie de nos équipages dans un éventuel engagement.