CENTIGON EN DELICATESSE AVEC LA JUSTICE NEERLANDAISE

Selon les médias néerlandais, la société Centigon dont une des usines est établie à Lamballe, a été condamnée à verser six millions d'euros à l'état néerlandais après les défaillances constatées sur 16 véhicules blindés livrés à la police néerlandaise (Royal Netherlands Marechaussee). Les principaux défauts constatés portaient sur la colonne de direction, l'étanchéité du réservoir et le système de freinage et représentaient un risque de perte de contrôle du véhicule ou d'explosion. Les véhicules incriminés font partie d'un lot de 24 Toyota Land Cruisers commandés en 2018 à la société Centigon par la DMO (Defence Materiel Organization) au profit de la Maréchaussée Royale néerlandaise pour un montant de 7,3 millions d'euros, soit 300 000 euros par véhicule. 

La livraison d'un premier lot de 18 véhicules, prévus pour assurer des missions de protection de personnalités dans les zones à risque, entre octobre 2018 et février 2019 permit aux autorités néerlandaises de constater des défauts majeurs dans la réalisation des transformations effectuées par Centigon. Cette dernière a reconnu dès mai 2019 les lacunes constatées, avant de décider du retour des véhicules en usine pour effectuer les modifications nécessaires à l'élimination des défauts constatées. Outre la persistance des défauts initiaux, les autorités néerlandaises ont constaté au retour des véhicules l'apparition de nouveaux problèmes, entrainant le retrait de l'entreprise Louwman, prévue assurer l'entretien de ces véhicules. Fin 2019, l'état néerlandais a résilié le contrat, annulé la commande des six véhicules restant à livrer et exigé le remboursement des des 18 véhicules déjà livrés et inutilisables, demandes assorties d'une amende contractuelle de 500 000 euros. Pour Centigon cette résiliation n'était pas justifiée, tout comme le remboursement, considérant que les défauts n'étaient pas assez graves et que les réparations avaient été effectuées aux frais de l'entreprise. Devant ce refus, l'état néerlandais assigna Centigon en justice à la fin de l'année 2021 avant que le Tribunal de La Haye ne rende son verdict il y a quelques semaines, dans lequel les juges ont donné raison aux autorités néerlandaises en confirmant les demandes initiales. La société française (rachetée en 2014 par des investisseurs chinois) n'a pas encore indiqué si elle souhaitait faire appel de ce jugement, ni sur les éventuelles conséquences de ces problèmes sur le blindage des camions Scania que l'armée néerlandaise a commencé à recevoir en 2021. Le contrat prévoit la livraison de 185 camions Scania Gryphus équipé d'une cabine blindée développée par Centigon. En France, Centigon fournit des véhicules blindés à de nombreuses unités spécialisées comme le GIGN ou appartenant aux forces spéciales.

Côté camion, le blindage des CaRaPACE du Service de l’Énergie Opérationnelle a été confié à la société bretonne Essonne Sécurité dont l'efficacité avait contribué à sauver la vie de l'équipage d'un camion lors de son explosion sur un EEI (Engin Explosif Improvisé) en janvier 2020, au Mali. 

Le CaRaPACE endommagé par l'explosion