La mise en service du VCI (Véhicule de Combat d'Infanterie) Hunter produit par ST Engineering Land Systems avait permis de découvrir un engin innovant doté de nombreux équipements inédits. La présentation du Terrex s5 au Singapore Airshow marque une évolution importante dans la conception de ce type d'engin à bord desquels les technologies innovantes prennent une place croissante. Préfigurant la nouvelle génération d'engins de combat, le Terrex s5 nous donne en outre, un aperçu assez précis de l'architecture de ces futurs véhicules, VCI et chars. Dans l'esprit de ses concepteurs, le Terrex S5 n'est pas un simple démonstrateur mais un véritable VCI pour lequel ST Engineering nourrit de réelles ambitions à l'export. Il pourrait être fastidieux de lister la totalité des innovations embarquées à bord du Terrex s5 mais Blablachars souhaite vous présenter les plus marquantes, qui permettent de mesurer l'avance prise par cet engin dans plusieurs domaines.
Les progrès réalisés sont résumés par ST Engineering, qui a baptisé son nouvel engin du nom de Terrex s5, le s5 représentant les cinq capacités du véhicule (Smartness, Superiority, Sustainability, Survivability and Serviceability) autour desquelles la firme singapourienne a développé et intégré des technologies avancées. La première "originalité" de cet engin est son équipage constitué de deux hommes, à savoir un pilote et un chef d'engin, placés côte à côte. Face à eux on trouve trois écrans, un principal et deux plus petits placés de part et d'autre de l'écran central. Le contrôle de l'engin et le pilotage des différentes fonctions sont assurés par des commandes similaires à celles des consoles de jeux, ces "manettes" permettent d'alterner le pilotage de l'engin entre les deux membres d'équipage. Les images présentées sur les écrans sont traitées numériquement pour permettre de restituer l'effet stéréoscopique et de donner une vision plus réaliste du terrain et des alentours de l'engin sur 360°. Depuis leurs postes les deux opérateurs peuvent définir un itinéraire de mission et déterminer des waypoints, contrôler les différents effecteurs aériens et terrestres téléopérés embarqués à bord de l'engin. Ces moyens travaillent en liaison avec le véhicule et notamment le système automatique de détection et de suivi des objectifs également développé par ST Engineering. Le Terrex s5 peut également piloter des équipiers téléopérés capables d'opérer à ses côtés et selon ses ordres ainsi que de remorquer un UGV (Unmanned Ground Vehicle). Pour alimenter ces différents équipements, le Terrex s5 embarque un alternateur de 910A associé à des batteries Lithium-Ion permettant de fournir une puissance de 12kWh, gérée par un système de gestion de l'énergie permettant d'en optimiser la distribution et l'utilisation.
Dans le domaine de la mobilité, le Terrex s5 est propulsé par un "motrice électrique hybride avec un moteur turbo diesel de 711 ch couplé à une boite automatique à sept vitesses avant et deux arrière. Le VCI singapourien est équipé de suspensions indépendantes permettant de faire varier la hauteur du véhicule et d'une direction assistée avec la possibilité de disposer en option d'un essieu arrière orientable, faisant passer le rayon de braquage de 10 à 8,5m. Selon son constructeur, le Terrex s5 peut atteindre une vitesse maximale de 120 km/h sur route pour une autonomie de 1000 km en vitesse de croisière. La firme singapourienne travaille depuis plusieurs années sur l'hybridation dans le cadre du programme NGPV (Next Generation Protected Vehicle) associant une propulsion hybride à des essieux électriques dont les premiers tests sur un véhicule de 20 tonnes ont donné de bons résultats.
Le modèle présenté est équipé d'une tourelle téléopérée ADDER développée par ST Engineering, armée d'un canon de 30x173mm et d'une mitrailleuse coaxiale de 7,62mm. Bien que non présentée, l'intégration de missiles antichars AT-1K Raybolt reste possible sur demande de l'utilisateur ; dans sa configuration de base la tourelle ADDER affiche un poids inférieur à deux tonnes. Le canon stabilisé qui peut engager des objectifs entre-20° et + 60° est piloté par une conduite de tir intégrant plusieurs fonctions, comme l'auto-surveillance, la détection, le suivi automatique et la classification des objectifs dont la sélection est assurée par le biais des écrans tactiles et d'un suivi vidéo. la protection de la tourelle peut être portée au niveau 4 du STANAG 4569 et bénéficier de plusieurs équipements complémentaires comme un système de lutte contre les UAS (Unmanned Aircraft System) ainsi qu'un système de protection active.
Le Terrex s5 qui peut emporter 10 combattants équipés peut être décliné en différentes versions avec la possibilité d'intégrer un canon de 105mm. Cette offre est rendue possible par une charge utile maximale offerte de 11 tonnes (ou 9 tonnes pour la version amphibie) pour un poids total compris entre 32 tonnes pour la version amphibie et 35 tonnes. Le véhicule doté d'une coque en V modifiée est protégé jusqu'au niveau 4, la marge de charge utile pouvant être consacrée à l'ajout de blindages additionnels pour augmenter le niveau de protection.
Dans le domaine du maintien en condition, le Terrex s5 est équipé de capteurs embarqués destinés à fournir des données sur l'état du véhicule et la surveillance des différents éléments associés à un système de maintenance prédictive destiné à améliorer la disponibilité du véhicule et son efficacité opérationnelle.
Selon ST Engineering, le véhicule exposé au salon fera l'objet d'essais à l'étranger, a été conçu à partir des enseignements tirés de la fabrication du Hunter, afin de réduire les coûts de production du Terrex s5. La mise en service et l'arrivée sur les marchés export du nouvel engin singapourien, véritable VCI du futur pourraient susciter l'intérêt de pays désireux d'acquérir un engin véritablement novateur mais aussi confrontés à des problématiques de ressources humaines, avec son équipage réduit à deux membres.
Le Terrex s5 embarque les techniques et raffinements actuels et conforte la formule d'un équipage à 2 dans l'évolution des VTT/VCI. De prime abord, le sujet a bien été étudié par les concepteurs. Un véritable côte à cote demanderait une architecture différente (Je chipote...) comme sur le futur VCI de l'US Army.
RépondreSupprimerLa tourelle non pénétrante permet d'obtenir la place nécessaire pour l'Infanterie embarquée au-delà de 6 PAX. Les 32/35 tonnes, la vitesse de pointe, la motorisation hybride, la coque en V, la fonction amphibie (!) et la protection du niveau 4 donnent un engin complet pour un 8x8. Bien sûr des détails techniques restent nécessaires pour une meilleure appréciation technique et des performances (type de la motorisation hybride, systèmes, coût de la bête avec ses armements, etc...).
Quid du dimensionnement et de la réserve de masse pour un éventuel sur-blindage et APS?
Il y a quelques idées à retenir pour la RMV du VBCI, en fonction de sa réserve de masse (?). :)
La vidéo de présentation illustre toute la difficulté qu'un équipage a 2 aurait a gérer la complexité du champ de bataille, y compris avec l'aide de l'IA. A contrario un quatrième homme d'équipage , affecté a la gestion des systèmes,semble plus réaliste. En revanche l'accompagnement d'un char de combat ou d'un VCI piloté, par un jumeau numérique dronise cad autonome mais placé sous le contrôle du quatrième homme d'équipage du véhicule mère, semble envisageable.
RépondreSupprimerLe VCI marsupial, dont la soute arrière emporte des drones terrestres armés débarqués pour nettoyer la zone avant est une autre piste d'avenir. Tout ceci pour dire que le projet Terrex n'est pas si novateur que ça.
Quand on voit les polémiques sur les voitures hybrides-électriques, je suis dubitatif quand à la véritable performance de cette technologie pour des véhicules militaires de 32-35t. La vidéo montre bien la complexité mécanique depuis le moteur jusqu'aux essieux.
RépondreSupprimerA noter également la longueur de l'engin pour contenir 2+10 pax : 8,3m !
Dernier point : par rapport un UAV qui peut se déplacer (facilement) en 3 dimensions, quelle est l'efficacité réelle d'un véhicule robotisé / télécommandé à roues, avec toute la complexité de guidage / mobilité en terrain difficile, tout cela pour ajouter une capacité de tir direct limitée à du 12,5mm / grenades 40mm - il va falloir faire des expérimentation sérieuses !
Il me semble bien que sur le film "l'hybridation" consiste à la génération, la conservation et la gestion de l'énergie électrique, via un alternateur.
SupprimerLa demande en énergie électrique ne fait que grandir et la solution d'une source thermique auxiliaire n'est pas toujours satisfaisante.
À priori, il n'y a pas une assistance à la mobilité comme un boost ou une petite mobilité silencieuse (voir le Scarabee). Pour ce faire, une machine électrique réversible est nécessaire.
Vous avez raison, ce type de motorisation/propulsion n'est pas encore accessible à toutes les masses, dans des conditions acceptables.
https://www.caia.net/revue-auteurs-rubriques-numeros/article/des-vehicules-terrestres-hybrides/1289
Effectivement, au-delà du concept et de l'usage de drone armée, la problématique des batteries est posée avec la résistance aux chocs et le facteur incendie !
En fonction de la technique retenue les risques sont différents.
https://www.ctif.org/fr/news/batteries-letat-solide-et-nouvelle-technologie-de-la-nasa-lepoque-du-lithium-ion-inflammable
https://www.innov.energy/fr/blog-sel/les-batteries-au-sodium-ne-brulent-pas
KNDS France a déjà proposé le concept de drones terrestres et aériens embarqués sur un véhicule blindé. Il s'agissait de petits moyens de reconnaissance et d'investigation (sur engin Titus, de mémoire). Un engin remorquable est en développement avec Sogelair pour des applications non-offensives, pour le moment (Génie, support logistique, évacuation, etc...). L'univers terrestre est plus complexe que la troisième dimension, une approche incrėmentale sera nécessaire, surtout pour un emploi du type Cavalerie de vive force. Toutefois, les Ukrainiens ont déjà quelques idées plus "offensives", faut-il s'en étonner ?
RépondreSupprimerLes évolutions se font rarement par des générations techniques spontanées.
La mise en remorque de drones plus "consistants" relève de la logique et est la suite technique de la remorque "autonome", comme celle envisagée avec le Scarabée. Cette solution est envisageable pour certaines fonctions du VBEA qui serait lui-même dronisable (!).
En engin chenillé (aussi en évaluation) devra disposer de sa propre remorque ou de "porte-drones" pour les parcours hors combat.
À n'en point douter, les moyens d'acquisition, connexes, d'usage et le MCO général seront à évaluer...
Le drone de combat "équipier" relève encore de la fiction et demande de nombreuses recherches et investigations, en y ajoutant les réserves morales des démocraties occidentales dans le cas d'une véritable autonomie (?).
Une application concrète et opérationnelle devrait apparaître avec le MGCS à l'horizon 2035/40..., mais pas forcément dans le cadre du scénario cité. Le MGCS c'est lointain et proche à la fois tout en étant un large domaine.
L'intoduction de drones terrestres a pour objet de limiter l'exposition des hommes, de contrer la masse et avoir un emploi tactique collaboratif. Évaluer le "rendement" de cet apport terrestre, en fonction des conflits, va demander simulations et REX sur le terrain des opérations qui est le seul juge.
Le but n'est pas de rajouter des opérateurs supplémentaires sur les blindés exposés mais d'attribuer les fonctions les plus simples aux combattants déjà présents et nécessaires. Nous en manquons déjà... Dans un premier temps, la tendance serait à réserver une place pour un "opérateur spécialisé" faute des moyens techniques nécessaires (liaison/flux, IA et IHM spécifique).
La place est restreinte ans un char de bataille, surtout avec le chargement automatique, les tourelles modernes et les évolutions de l'architecture avec les cellules de survie. À voir...?
Donner une modernité aux blindés actuels est aussi un objectif mercantile.
Nous en sommes qu'au début et la moindre fragilité serait néfaste. Donc, il reste bien des incertitudes, dont celui des moyens adverses par symétrie et asymétrie.
De là à voir un VBCI NG ou un Leclerc-X virevolter de concert avec leurs drones, il n'y a qu'un film d'animation d'autant que l'emploi tactique peut s'avérer bien différent.
Le sujet des blindés à l'avenir va être passionnant. Celui des conflits beaucoup moins !
Ceci dit, le Terrex s5 concentre beaucoups (trop ?) de concepts anciens et futuristes.
Pour info :
https://m.youtube.com/watch?v=RpcwXitHamk
Beaucoup avec un "s" est superfétatoire. Honte à moi et il y en a d'autres, comme d'habitude... :)
SupprimerBof, encore un, très imposant (Survivabilité ?), 8 x 8 de plus.
RépondreSupprimerA part la motorisation hybride, et le délire des deux opérateurs pour piloter, contrôler les différents effecteurs aériens et terrestres téléopérés embarqués, et tout le reste, le tout au joystick (Evidemment.) !!
Cela existait déjà avant, et en bien plus innovant fondamentalement :
https://www.diva-portal.org/smash/get/diva2:1031583/FULLTEXT01.pdf
Deux, sur chenilles souples et roues et motorisation hybride complétement innovante pour le coup, en un.
Voire même quatre familles de blindés complète, car de conception voulue dés le départ (C'est même une des bases principale du concept.) extrêmement modulable, léger (15 -17 tonnes avec blindage de base intégré de niveau 4 standard.) et médian moyen (Jusqu'à 30 tonnes avec blindages rapportés, autre technique moderne !!), en un seul développement unique
= Couts, en R&D et en production, mais surtout en MCO et en logistique, très grandement réduits...
Les véritables VCI et blindés plus globalement du futur sont plus là : Chenille souple, motorisation hybride et agencement particulièrement innovant (Ce qui fait gagner énormément de place-poids, cinquante pour cent un tiers.), modularité, prévu pour pouvoir évoluer facilement dans le temps (Comme son prédécesseur le CV90. Mais avec la version sur roues en plus.), etc.
Que dans un malheureux 8 x 8, géant, au joystick, de plus : Voire également les dimensions de ces engins : 5,9 mètres de long seulement, voir les croquis en lien, 2,7 mètres de large, et 1,9 mètres de haut pour la version sur chenilles souples et 2 mètres pour celles à roues (Survivabilité, poids, etc...).
>Gronin sera condamné toute sa vie à prêcher dans le désert pendant que toutes les armées du monde font l'inverse de ce qu'il défend
SupprimerSauf que. .il n'a pas tort. Le Terrex est un modèle d'expo qui concentre les technologies a la mode ( faut vendre) sans réelle innovations et beaucoup de points d'interrogations sur le bien fondé de certaines options.
SupprimerPas spécialement emballé par ce Terrex...
SupprimerEn fait j'ai du mal à voir où il amène une vraie supériorité...
Supprimer...peut-être sur l'autonomie... j'aime bien aussi le concept d'avoir en option un kit amphibie.
Je ne dirais pas pour autant qu'il est révolutionnaire...
Toutes les armées du monde, comme dit notre troll habituel, même les plus modestes sont en train de s'équiper de VCI chenillés lourds :
SupprimerCela s'est un fait et une nouveauté stratégiques majeures.
En plus d'avoir des VTT sur roues évidemment...
Enfin, presque toutes...
SupprimerOn pourrait même rajouter que les 8 x 8 existent depuis plus d'une vingtaine d'années (Quelle nouveauté !!).
SupprimerLes singapouriens essaient juste de renouveler le genre, avec quelques artifices, commerciaux...
La seule vraie nouveauté (Et encore.) est la capacité amphibie sur ce genre d'engins 8 x 8 ; d'où les dimensions (Pour la flottabilité, minimale, à 32 tonnes ! ), très imposantes.
Le Terrex s5 est un produit cumulatif "haut de game" avec toutes les options pour briller à l'occasion d'un Salon.
RépondreSupprimerÀ la réflexion, un Half Track" pourrait faire le job avec la poussière et les vibrations en plus et l'aspect nautique en moins.
Bien sûr l'usage de drones aériens et terrestres n'est pas incompatible, nonobstant le niveau de "confort" pour opérer... Là, un 4x4 civil peut suffire en fonction du contexte.
La technique a créé un moyen pour un emploi déterminé (?) selon la formule de l'offre et de la demande.
C'est à l'acquéreur d'y penser en fonction de la menace potentielle et du terrain utilisé. Le positionnement géographique de Singapour porte à des spécificités régionales.
Opposer les moyens n'est pas la meilleure démarche. Savoir quoi, comment et contre qui s'en servir me paraît plus constructif. Encore faut-il y réfléchir avant de les produire, d'autant que le mieux n'est pas toujours le plus accessible et le plus efficace, en fonction de l'emploi face à une menace définie qui peut devenir variable...