C'est après plusieurs jours de réflexion que Blablachars a décidé de sortir de son parc à char habituel pour vous livrer quelques éléments sur les propos du Général Mandon, Chef d'Etat-Major des Armées. Son intervention devant les maires a suscité de nombreux commentaires, mais aussi quelques propos insultants qui ne sont pas acceptables. Ces derniers ne suscitant chez Blablachars la moindre considération, le blog complétement blindé a juste voulu, en s'appuyant sur sa propre expérience, souligner quelques points qui lui semblaient importants pour tenter (modestement) de redonner un peu de sérénité et de dignité aux débats en cours.
Certains commentaires semblent insister sur la subordination (logique) du CEMA au Chef des Armées, le Président de la République. Ces commentateurs semblent oublier que les militaires ne servent pas un président ou un CEMA mais un pays. Plusieurs décennies de service m'ont amené à servir durant le mandat de cinq présidents, de sensibilité politique différente. Durant toutes ces années, je n'ai jamais eu le sentiment de servir une personne mais bien de servir mon pays partout où et quand celui-ci me commandait de le faire.
La France n'a pas attendu la nomination du Général Mandon pour perdre des enfants, avec plus de 80 000 soldats français tués en opération depuis 1945, soit une moyenne de 1000 soldats par an. Ce décompte ne tient pas compte de tous les blessés atteints dans leurs chairs et dans leur esprit. Ces chiffres doivent nous rappeler la principale caractéristique du métier de soldat qui consiste à se tenir prêt au sacrifice suprême. Ces opérations qui se sont déroulées parfois à quelques centaines de kilomètres des lieux de villégiature estivale des Français, n'ont pas suscité beaucoup de commentaires.
Certains commentateurs mettent en avant la très relative probité du régime de Kiev, pour étayer leurs critiques, situation que chacun peut apprécier et qui est démontrée par de nombreux faits. Il serait cependant bon de se souvenir que de tels griefs auraient pu également s'appliquer aux régimes en place dans les pays où les militaires français sont intervenus. Ces pouvoirs n'étaient pas toujours des archétypes d'une démocratie moderne, ce qui ne pas empêché nos soldats d'accomplir les missions demandées et pour certains d'y laisser la vie. L'Afghanistan, le Mali ou même le Liban et tant d'autres opérations sont là pour rappeler cette évidence.
S'attaquer au passé militaire du Général Mandon et remettre en cause son avancement, témoignent d'une profonde méconnaissance des engagements de l'armée française et des mécanismes de promotion en vigueur dans les armées. Le CEMA actuel n'est pas le premier à avoir "brulé des étapes", plusieurs de ses prédécesseurs avaient connu la même promotion, passant de façon quasi instantanée de grade de Général de Division au rang et appellation de Général d'Armée.
Enfin, il est bon de rappeler qu'en dépit des positions de chacun sur le sujet, les débats devraient toujours être empreints de toute la dignité requise par la sensibilité du propos, qui évoque la mort (potentielle) de soldats français. Sur ce sujet, on ne peut qu'inspirer des propos de M. Jean-Marie Bockel dont le fils avait été tué en novembre 2019 au Mali. Sa douleur et son chagrin nous rappellent que rien ne peut compenser la perte d'un être cher au service de la France, mais aussi que la dignité des vivants ajoute de la grandeur au sacrifice d'un fils trop tôt disparu.
Les propos plutôt inhabituels, du blog complétement blindé ne visent pas à soutenir ou critiquer les propos du CEMA mais veulent juste rappeler de la façon la plus objective possible que commenter ne signifie pas oublier et que l'on peut débattre avec sérénité et intelligence, surtout à propos d'un sujet aussi grave.


Et d'ajouter qu'en général quand un professionnel parle de son sujet, on l'écoute. Surtout quand sa propre expertise est du domaine du commerce ou de la politique ...
RépondreSupprimerUne évidence que certains toutologues ont tendance à oublier un peu vite !
SupprimerTempête dans un verre d'eau, des réactions disproportionnées suite à un propos aussi banal que "aujourd'hui le ciel est bleu".
SupprimerJe trouve ça sidérant pour ma part, d'autant plus que ce CEMA à l'air calme et pondéré, bien plus que d'autres.
Man Don Quichote
RépondreSupprimerC'est surtout la formulation, qui était pour le moins disons maladroite, faisant penser à la plupart qu'il s'agissait en l'occurrence d'un appel ou une préparation à une mobilisation générale, plus qu'un rappel de ce que font déjà nos soldats (Dans ce cas pourquoi cette annonce à l'heure actuelle ? C'est ce que font naturellement nos soldats et compatriotes depuis des décennies et presque sans interruption, jusqu'aux 58 morts au sahel récents.) : Défendre la patrie et la nation, et ses intérêts, et ses alliances, partout dans le monde.
RépondreSupprimerJe rajouterais que c'est bien l'emploi politique, complètement inédit même (Le militaire est aux ordres du politique.) fait du CEMA, depuis tout récemment (Cela avait commencer avec le précédent, remplacé, cet été.) qui pose également certaines questions justement aussi.
Qu'un CEMA dise que le pays doit pouvoir appréhender que ses enfants meurent, aucun problème.
RépondreSupprimerDe même, l'antépénultième avait martelé (et l'a encore fait récemment en commission) la spécificité du militaire que de mettre en oeuvre une force (violence) légitime qui conduit à donner ou à recevoir la mort.
Sur le discours du CEMA, ce qui m'a dérangé, c'est le lieu et le moment. Nous sommes à 6 mois des éléctions municipales. il faut un black-out de ce genre d'intervention (un devoir de réserve...) dans une période politique bouillante.
Quant à la forme des oppositions, elles entrent justement dans ce contexte bouillonnant et des fossoyeurs de nos armées, de l'idée de patrie, prennent fait et cause pour les soldats sans savoir qu'ils se fourvoient.
Merci de nous rappeler que le CEMA n'a pas fait une adresse aux troupes ou une interview au JT, mais des prescriptions au congrès des maires. On ne peut pas pénétrer dans l'arène politique et refuser en même temps de prendre un coup de griffe...
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