Comme blablachars l'évoquait au mois de septembre, le sauvetage du programme de char national Altay fait l'objet des discussions intenses entre la Turquie et la Corée du Sud. On a longtemps cru que les problèmes de l'Altay se limitaient à la motorisation, mais on sait maintenant que l'ensemble du programme est affecté par des problèmes, particulièrement dans les domaines de la motorisation, de la transmission et du blindage. Afin de remédier à ces difficultés, il semble que plusieurs responsables du programme ainsi que des fournisseurs soient entrés en discussion avec la Corée du Sud pour la fourniture de solutions dans les domaines précités. Ces difficultés techniques empêchent la définition d'une date de démarrage pour la production en série de l'Altay, prévue en 2020 comme annoncé par le Président turc en 2019.
Le char pourrait bénéficier de technologies développées par Doosan, S&T Dynamics qui seraient au coeur des discussions arbitrées par Hyundai Rotem, toutes trois impliquées dans la conception du K2. Le char coréen qui a connu des difficultés de développement de sa transmission confié à S&T Dynamics, est aujourd'hui équipé d'une transmission Renk accouplée à un moteur de 1500cv produit par Doosan. Pour leur char, les Turcs avaient initialement envisagé l'adoption d'un moteur MTU associé à une transmission Renk, tous deux d'origine allemande. Cette dernière que l'on retrouve sur le K2 n'est donc pas accessible, ce qui pourrait contraindre à équiper l'Altay de la transmission S&T, abandonnée par les concepteurs du K2.
Concernant le blindage, des rumeurs de production locale dans le cadre d'un partenariat public privé viennent régulièrement alimenter les espoirs des concepteurs du char, sans rien que ne puisse confirmer ou infirmer ces informations. Des négociations entre la Turquie et des fournisseurs français auraient été conduites avant que le regain de tension entre les deux pays empêche la conclusion d'un accord. Comme on a pu le voir avec la modernisation des Léopards 2, la BITD turque possède des ressources intéressantes dans le domaine de la protection des chars.
L'Altay, vitrine technologique du savoir faire turc dans le domaine des chars lourds est aujourd'hui dans une impasse quasi totale dont seul un pays étranger pourrait le sortir. Quoiqu'il arrive le char ne sera jamais turco-turc et devra intégrer des composants étrangers pour avoir une chance de survivre. Au delà de la fierté nationale associée à ce programme, celui-ci est en train de devenir un motif d'inquiétudes financières importantes au vu des perspectives d'échec du projet. Une concurrence importante, des difficultés techniques qui durent et une absence de calendrier crédible et fiable, ne permettent pas d'envisager avec optimisme les perspectives d'exportation du char, que peu de pays ne voudra adopter dans les années qui viennent, sauf à vouloir secourir la BITD turque. Côté coréen, cette coopération avec Ankara ne serait pas une première dans le domaine terrestre, puisque 300 exemplaires de l'obusier K9 ont été produits sous licence en Turquie sous le nom de Firtina et exporté en Azerbaïdjan en 2014. Les Coréens sont à la conquête de nouveaux marchés, particulièrement en Europe où ils ont livré des obusiers K9 et proposent leur char K2 à plusieurs pays.
Sur le plan militaire, le report sine die de la mise en service du char Altay impose à l'armée turque l'utilisation de ses chars actuels qu'elle a déjà commencé à moderniser en vue de leur maintien au service. Cette situation est rendue plus compliquée par l'absence de VCI lourd moderne, en attendant l'arrivée du Tulpar pour succéder aux ACV-15.
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