Les récentes victoires de sociétés israéliennes sur différents marchés de fourniture d'engins ou de sous ensembles blindés ont permis de mettre en lumière ce secteur de l'industrie de défense du pays. Alors qu'Israël n'a jamais exporté le moindre blindé lourd (char, VCI,) c'est par la fourniture de sous ensembles que les sociétés israéliennes arrivent à s'imposer sur les marchés. Blablachars a voulu dépasser ce paradoxe pour tenter d'expliquer les récents succès israéliens que le dynamisme et l’agressivité commerciale des sociétés impliquées ne suffisent pas à expliquer. Pour obtenir de tels résultats les sociétés israéliennes s’appuient sur des caractéristiques communes que l'on peut résumer en trois mots : innovation, management et soutien.
Innovation : Le secteur de l'armement terrestre a connu ces dernières années des évolutions technologiques importantes dont une grande partie ont été développées ou améliorées par les entreprises israéliennes. Ainsi dans le domaine des véhicules blindés, le développement de systèmes de protection active hard kill, de moyens de visions à travers le blindage ou l'intégration de lance missiles antichars rétractables sont à mettre au crédit de sociétés israéliennes, telles que Elbit Systems, Rafael ou Israel Military Industries. Le système Trophy développé par Rafael est aujourd'hui le seul système de protection active opérationnel et "combat proven" ce qui lui vaut d'être adopté par l'armée américaine pour la protection de se chars M1 Abrams. Elbit Systems a également développé son système de protection active Iron Fist puis le faire évoluer avec une version adaptée aux véhicules plus légers, Iron Fist Light Decoupled qui a été adopté par l'armée israélienne pour le VCI 8x8 Eitan ainsi que par l'armée australienne pour le Boxer CRV. On retrouve sur la tourelle Lance 2.0 de cet engin un lanceur rétractable pour missiles antichars, innovation également développée en Israël que l'on retrouve sur la tourelle Samson Mk2. Autre innovation, le système de vision à travers le blindage représenté par Iron Vision développé par Elbit Systems.
Ce système permet au chef d'engin de bénéficier dans son optique de casque d'images provenant des différents capteurs dont dispose l'engin, comme les viseurs, ou les caméras. Iron Vision est installé sur le démonstrateur Challenger StreetFighter ainsi que sur l'AS21 Redback équipé d'une tourelle développée par EOS et Elbit Systems. A côté de ces réussites visibles et médiatisées, Israël peut également s'enorgueillir d'autres succès comme dans le domaine NRBC avec Beth-El Industries dont les solutions équipent aujourd'hui de nombreux blindés comme le Boxer, le Lynx KF41, le CV90 et le Merkava. La BITD israélienne ne se limite pas à ces "majors" elle comprend un grand nombre de PME et PMI spécialisées qui travaillent en étroite collaboration avec le monde universitaire et scientifique ainsi que celui de la défense, client ultime de ces innovations. Cette créativité offre aux sociétés israéliennes de nombreuses possibilités de réponse aux appels d'offres en proposant des sous-ensembles complets ou des composants, comme on peut le voir dans les récents contrats obtenus par Elbit Systems aux Philippines. La composition et la formation des dirigeants et managers de ces entreprises constituent la seconde caractéristique des entreprises de défense israéliennes.
Ces entreprises abritent des cadres et des dirigeants possédant de nombreux points communs les rendant particulièrement aptes à exercer une activité dans la sphère publique et plus particulièrement celle de la défense. Les dirigeants des entreprises de défense affichent une grande homogénéité en matière de formation avec des cursus universitaires le plus souvent effectués au sein d'établissements publics comme le Technion, Institut de Technologie d’Israël, l'Université Ben Gourion ou l'Hebrew University. Ainsi un peu moins de 50% des tops managers d'Elbit Systems sont issus du Technion. C'est une autre caractéristique qui unit la majorité des dirigeants, à savoir leur appartenance au monde militaire. Même si tous les citoyens israéliens sont tenus d'accomplir un service militaire de deux ans et demi pour le hommes et deux ans pour les femmes, c'est ici la présence de militaires de carrière que nous voulons souligner. Les entreprises de défense ne font pas exception dans le paysage industriel au sein duquel la direction des entreprises sensibles (eau, énergie et télécoms) ou liées à la sécurité est confiée à d'anciens militaires. Les cadres des Forces de Defense d'Israël peuvent occuper des postes importants à l'instar du CEO de Rafael, Yoav Har-Even qui a rejoint la société en 2015 après une carrière complète au sein de Tsahal. Le Président d'Elbit a également servi dans les rangs de l'armée israélienne en qualité d'officier d'artillerie. On pourrait multiplier les exemples avec plus de 40% des top managers d'Elbit ayant servi dans les forces de défense israéliennes, mais le plus marquant est de retrouver cette origine à des niveaux inférieurs des entreprises comme les départements commerciaux et études. Dans le premier cas, les cadres du secteur sont presque tous issus du monde militaire et en charge d'un ou plusieurs domaines dans lesquels leur passé militaire les rend particulièrement compétents. Dans les bureaux d'études, fort logiquement la proportion d'anciens militaires est plus faibles mais ils sont associés à la définition des projets à différents stades de leur développement. Cette omniprésence n'est pas l'apanage des grands groupes et comme pour l'innovation, on retrouve dans bon nombre de PME ou ETI des anciens militaires en charge des questions commerciales ou de management. Cette implication des membres ou anciens membres de l'armée israélienne permet évidemment de cerner au mieux les besoins du monde militaire mais aussi d'assurer le soutien des entreprises par le gouvernement et les organismes financiers.
On l'a vu récemment dans le contrat signé par Elbit avec le Ghana, le soutien d'organismes financiers israéliens a été déterminant avec la concession d'une ligne de crédit de plus de 70 millions de dollars et un prêt de 12 millions. Soutien provenant à la fois d'organismes privés et publics, le montage financier ayant impliqué une banque et un organisme public d'assurance des exportations. Cet organisme dénommé Ashra mis en place en 1957 pour favoriser le développement des exportations israéliennes est entièrement soutenu par des fonds publics. Ce soutien permet de placer les offres techniques dans des conditions financières rassurantes et propices au succès de l'offre israélienne. La présence de militaires dans les entreprises permet également d'obtenir un soutien important de la part du monde de la défense. L'armée israélienne assez discrète en matière de soutien aux exportations, met cependant régulièrement à disposition des entreprises de défense des moyens et des compétences permettant de réaliser des tests ou des évaluations de composants. Les différentes opérations menées par l'armée israélienne sont autant de "laboratoires" grandeur nature, permettent de qualifier les systèmes au combat et les faire évoluer. Dans le domaine blindé, l'évolution du Merkava a suivi ses engagements depuis la mise en service du Mk1 en 1979 jusqu'au développement de la version Mk4 qui intégre de nombreuses avancées comme les détecteurs d'alerte laser, le blindage composite du toit de tourelle ou encore le suivi automatique des objectifs et bien sur la dernière version du système Trophy. Le soutien aux opérations commerciales des entreprises de défense israélienne se manifeste également par l'implication des services officiels concernés dans la veille concurrentielle et technologique, l'appréhension de l'environnement du marché et la protection des données commerciales et techniques relatives aux offres. De nombreux groupes de défense font quasiment partie du patrimoine israélien à l'instar de Rafael créée au lendemain de l'indépendance d'Israël, Israel Military Industries fondées en 1933, ou d'Elbit Systems dont la création date de 1967. Cette inscription dans le paysage de la défense israélienne favorise l'existence de liens quasi historiques entre l'armée israélienne et ces sociétés qui ne sont pas considérées comme de simples fournisseurs.
Aujourd'hui, dans le domaine des blindés les sociétés de défense israéliennes sont présentes dans la majorité des compétitions et ont obtenu des victoires dans plusieurs appels d'offres. De nombreux groupes de défense font
quasiment partie du patrimoine israélien à l'instar de Rafael créée au
lendemain de l'indépendance d'Israël, Israel Military Industries fondées
en 1933, ou d'Elbit Systems dont la création remonte à 1967. Cette antériorité a permis aux industries de défense de se développer tout au long des années de guerre menées par l'état israélien depuis sa création et de forger des instruments de combat particulièrement efficaces et adaptés. Les quelques raisons évoquées ci-dessus créent un environnement particulièrement favorable aux entreprises de défense israéliennes qui peuvent s'appuyer sur ces facteurs pour proposer dans les meilleures conditions des produits marqués par l'excellence technologique.
Excellente analyse à laquelle je rajouterais que ces entreprises produisent la majorité des composants de leurs tourelles, à part le canon, systématiquement américain. Ce qui les conduit à pouvoir proposer des prix de vente particulièrement attractifs. Peut-être aussi se contentent-elles de marges réduites.....
RépondreSupprimerMerci pour le commentaire ! A force de produire et livrer des équipements la rentabilité doit être néanmoins au rendez vous !
SupprimerL'Europe finance à grands frais ces concurrents:
RépondreSupprimerhttps://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/defense-si-si-l-europe-finance-la-recherche-des-groupes-concurrents-aux-europeens-834460.html
Les futurs drones de Frontex vendus par Airbus embarquent aussi les produits de deux sociétés israéliennes:
RépondreSupprimerhttps://www.euractiv.fr/section/migrations/news/lue-achete-des-drones-a-airbus-pour-reperer-les-bateaux-transportant-des-migrants/
Il n'y a pas que des gros équipements.
RépondreSupprimerExemple, le contrat signé entre l'armée néerlandaise avec le fabricant Elbit Systems pour la fourniture de 4300 lunettes améliorant la visibilité nocturne et de 3500 ensembles d'équipements pour sa marine et ses forces terrestres.
En 2020, Israël a plus exporté d'armement que les entreprises françaises du secteur:
RépondreSupprimerhttps://www.lorientlejour.com/article/1263718/les-exportations-militaires-disrael-ont-depasse-83-mds-usd-en-2020.html
En 2021, heureusement qu'il y a des ventes de Rafale...
On a à présent une autre explication:
RépondreSupprimerhttps://www.lemonde.fr/projet-pegasus/article/2021/07/19/projet-pegasus-comment-la-societe-israelienne-nso-group-a-revolutionne-l-espionnage_6088692_6088648.html
Le malheur de NSO faisant le bonheur de son concurrent:
https://www.lefigaro.fr/international/cyberespionnage-bataille-entre-firmes-israeliennes-20210812
En plus d'un savoir-faire reconnu comme le montre le programme "français" Scorpion...
https://orientxxi.info/magazine/comment-israel-developpe-scorpion-futur-coeur-de-la-defense-francaise,4616