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samedi 27 mars 2021

DES FAUTES GRAVES ET DES DEFAILLANCES TECHNIQUES A L'ORIGINE DU NAUFRAGE DE L'AAV 7 EN JUILLET DERNIER

Un peu plus de sept mois après le naufrage d'un AAV 7 du Corps des Marines dans lequel 9 soldats avaient péri, la commission d'enquête a rendu ses conclusions, quatre mois après les premières mesures prises à la suite de cet accident. Les investigations ont mis en lumière un certain nombre de défaillances humaines et techniques dont l'enchainement a conduit au drame du 30 juillet dernier. 

Sur le plan humain, le non respect des procédures par l'équipage ainsi que le manque d'expérience et de séances d'instruction efficaces ont condamné l'équipage et les passagers. Les membres d'équipages et les Marines embarqués n'avaient pratiquement assisté à aucune séance d'instruction sur les procédures à suivre en cas d'urgence, et n'avaient suivi aucun entrainement préalable, soit en simulateur ou dans un véhicule immergé d'exercice. Cet entrainement est une des exigences contenues dans les SOPs (Standard Operating Procedures), le non respect de cette procédure a certainement conduit à l'accident du 30 juillet. Le seul entrainement subi par les victimes avait été effectué en piscine, en eau calme et peu profonde pour un exercice consistant à se libérer d'un harnais pour sortir de l'eau. En outre, les Marines n'avaient jamais été entrainés à l'utilisation et au gonflage leur gilet de sauvetage, considéré comme inutile en cas de descente selon un instructeur, cité par un Marines ayant assisté à ce simulacre de formation.

Sur le plan technique, l'enquête a montré que l'AAV 7 incriminé n'aurait jamais du participer à l'exercice en raison de problèmes non résolus. Le véhicule avait subi une voie d'eau le jour même au cours d'un trajet entre la côte et le navire Somerset. Cette avarie ayant été provoqué par une panne de transmission empêchant le fonctionnement des pompes de cales incapables d'évacuer l'eau rapidement, entrainant le début de naufrage de l'AAV7. En outre, le système d'éclairage d'évacuation d'urgence était désactivé, laissant les Marines et le marin dans le noir alors que le véhicule était en train de couler. L'un des membres d'équipage aurait intimé l'ordre aux Marines d'ouvrir l'écoutille arrière pour évacuer avant que le véhicule ne sombre. Devant l'échec de la tentative d'ouverture par les soldats, le membre d'équipage essaya à son tour d'ouvrir l'écoutille, sans y parvenir en raison d'une poignée défectueuse, rendant impossible l'ouverture de l'issue. Enfin, le véhicule a perdu le contact radio avec l'unité alors qu'il commençait à couler, obligeant l'équipage à utiliser des fanions pour signaler leur situation. 

Les défaillances de l'engin ont été aggravées par des facteurs extérieurs à la tragédie, comme l'absence de bateau de sécurité de la Marine, remplacé ce jour par deux AAV7. Ces deux engins n'atteignirent le lieu du naufrage que 45 minutes après la tragédie, l'un des deux aurait même heurté l'engin en train de couler, provoquant sa rotation. Quelques instants après ce dernier fut heurté par une grosse vague qui pénétra par les écoutilles du véhicule entrainant sa disparition rapide. L'engin serait donc resté de longues minutes entre deux eaux avant de couler rapidement avec les membres d'équipage et les soldats coincés à son bord depuis le début de la tragédie. 

Les résultats des investigations mentionnant ces défaillances humaines et techniques ont été présentée la semaine dernière aux familles des victimes qui ont été informées des suites données à l'enquête et à ses conclusions. Après le commandant de bataillon en octobre dernier, c'est le commandant de la 15è Marine Expeditionary Unit (MEU) qui a été relevé de son commandement par le général Rudder commandant des Marines du Pacifique. Cette décision est motivée selon la déclaration officielle du Corps des Marines par " une perte de confiance dans sa capacité à commander, selon les conclusions de l’enquête de commandement suite à l'accident de véhicule amphibie d’assaut qui s’est produit au large des côtes de l’île San Clemente, en Californie, le 30 juillet 2020 ». Ce motif est exactement le même que celui qui avait motivé la relève du commandant de bataillon.

1 commentaire:

  1. Ce type d'événement dramatique ne va pas influer sur la stratégie adoptée par la réorganisation des armées US tournées vers la Chine.

    On a pas fini d'entendre parler de ce type d'opérations et d'entraînements:
    https://www.capital.fr/economie-politique/face-a-la-chine-lus-navy-developpe-des-bateaux-de-debarquement-1398653

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