On connaissait déjà les Véhicules de Combat d'Infanterie (VCI) lourds, en anglais Heavy Infantry Fighting Vehicles ou HIFVs, caractérisés par un armement puissant et une protection associant blindages et systèmes actifs de protection. Le programme américain Optionally Manned Fighting Vehicles pourrait permettre d'assister à la mise en service d'un nouveau type de VCI, que l'on pourrait appeler les Smart Infantry Fighting Vehicles ou SIFVs. Illustrant cette tendance, Rheinmetall et GDLS présentent des solutions faisant appel de façon différente à l'intelligence artificielle embarquée à bord des deux engins pour devenir le troisième membre d'équipage, complément virtuel des deux autres membres d'équipage humains.
Le premier aspect de cette utilisation de l'intelligence artificielle comme troisième équipier est la recherche d'une augmentation des performances de l'engin grâce à l'utilisation de systèmes comme l'aide à la reconnaissance des objectifs. Des améliorations sont également envisageables dans le domaine de la navigation, de la détection ou encore de la gestion de l'information et de la situation tactique. Les concepteurs du Smart Lynx insistent néanmoins sur leur volonté de concevoir un système dans lequel l'homme conserve la décision d'engager un objectif préalablement détecté, reconnu et identifié par l'IA. L'équipier virtuel se limitant à améliorer la détection, la classification et le traitement des menaces avant d'en suggérer le meilleur traitement possible à l'équipier humain. Cette combinaison ayant pour effet d'améliorer la connaissance de la situation tactique et la survivabilité de l'engin et de ses occupants. Toutes les améliorations sont testées et virtuellement installées par les équipes de conception avant leur intégration réelle à bord de l'engin, ce qui permet de vérifier leur bon fonctionnement et leur compatibilité avec l'architecture du véhicule et les autres sous systèmes.
Le second volet de cette introduction de l'intelligence artificielle est la possibilité de lui confier les tâches d'un équipier humain afin de réduire la charge de travail des autres membres d'équipages. Ce deuxième axe de développement doit encore être défini et évalué pour permettre d'examiner comment l'intelligence artificielle peut effectuer une partie des tâches de l'équipage. L'intégration de l'intelligence artificielle dans le Lynx est réalisée en vue de son usage au combat en visant à améliorer les performances de l'engin et augmenter ses chances de victoire sur l'adversaire, que ce soit par l'accomplissement de tâches ou la gestion de sous systèmes performants.
Outre ces missions dédiées aux actions de combat, on peut penser qu'un futur équipier modèle pourrait également être actif dès le temps de paix et en dehors des périodes d'engagement. Ainsi l'intelligence artificielle pourrait se charger de la gestion des opérations de maintenance en se connectant aux outils de maintenance prédictive en place au sein de l'échelon technique d'emploi du véhicule. Dans le domaine de la formation, notre équipier modèle pourrait également gérer les séances d'entrainement de l'équipage en pilotant le système de simulation embarquée pour proposer des exercices tactiques, des séances de conduite des feux, du pilotage ou encore des parcours de tir virtuels.
Rheinmetall comme GDLS propose un engin mis en œuvre par un équipage de deux hommes assistés d'un troisième équipier virtuel. Le Lynx est en outre équipé d'une transmission électrique développé par Allison Transmission. On ne sait encore que peu de choses sur le système de combat basé sur l'utilisation de la tourelle Lance 2.0 qui pourrait être armée d'un canon de 50mm.
Ce calibre est d'ailleurs le calibre retenu par GDLS pour son projet d'OMFV également mis en oeuvre par un équipage de deux hommes assisté d'un équipier virtuel. Dans le schéma retenu par GDLS, l'équipage se compose d'un pilote et d'un tireur / opérateur systèmes, l'intelligence artificielle remplaçant le chef d'engin. On peut s'interroger sur le rôle de cet équipier modèle promu au rang de chef d'engin et sur ses prérogatives en situation de combat.
Les deux engins proposés reposent sur des conceptions différentes de l’utilisation de l’intelligence artificielle à bord d'un engin de combat. Une chose semble certaine, nous semblons être au début d'une véritable révolution dans les "affaires militaires" et dans la conduite des opérations terrestres. L'intelligence artificielle constituera dans le futur un extraordinaire amplificateur de capacités des engins. Que ce soit dans le domaine de la puissance de feu par l'aide à l'engagement, la protection par la gestion des systèmes de contre mesures, de la mobilité en planifiant les opérations de maintenance ou encore de l'information en assurant l'intégration de l'engin dans les réseaux et le suivi de la situation tactique.
Le seul obstacle à la généralisation de ces futurs SIFVs reste bien évidemment leur cout de fabrication, car même si l'on peut penser que l'utilisation de tels systèmes pourrait réduire le cout de possession de ces engins, la généralisation du recours à l'intelligence artificielle devrait rester un sport de riches pour encore quelques années.
Oui, sport de riche...et risqué. Qui dit IA dit capteurs et électronique embarquée. Donc des déboires en termes de fiabilité. Plus les accès à distance pour la maintenance avec un énorme risque cyber. Et des coûts qui s'envolent pour des promesses souvent non tenues : cf. ALIS pour le F35. De plus le troisième homme IA ne va pas aider à réparer une chenille.... Enfin ça va coûter très cher et donc augmenter le syndrome des toutes petites séries de prototypes inaptes à un guerre d'attraction face à des matériels plus rustiques et nombreux
RépondreSupprimerTout à fait, et il ne faudrait pas que ces systèmes si sophistiqués (et si couteux) tombent en panne, ou plus surement encore soient brouillés par les très nombreux systèmes adversaires, qui sont un des domaines très développés, et très privilégié, d'en face (russes, chinois, et, leurs très nombreux acheteurs.).
SupprimerSachant que le coût de l’électronique sur les derniers engins actuels de ce type atteint déjà voire dépasse déjà celui de tout le reste (blindage, motorisation, armements, etc.) de ces engins ( ou un pour le prix de deux !!).
Par contre pour le MCO : arrêtons également de nous laisser leurrer : le coût de celui ci, ainsi que le risque de pannes diverses et variées, sera proportionnel au coût global de ces véhicules (cout des systèmes et des équipements, et des techniciens hautement formés, et rémunérés (évidemment) pour les entretenir et les réparer par exemple).
Le reste est encore, de l'argumentaire de vendeur (de canons), de plus en plus détachés des vrais besoins des opérationnels (qui plus est de terrain, le besoin d'une certaine masse de manœuvre bien plus qu'autre chose par exemple.).
Ronin.
Guerre d'attrition
RépondreSupprimer