Dans un entretien au quotidien suisse NZZ (Neue Zürcher Zeitung) publié en mars dernier, le CEO de Rheinmetall Armin Papperger avait déclaré que sa société "détient les droits sur le Leopard 2A4". Cette affirmation n'a pas été appréciée par KMW qui a estimé que cette déclaration était fausse, estimant que le Leopard 2 était son produit et donc sa propriété intellectuelle. KMW a don exigé de Rheinmetall une déclaration dans laquelle la firme de Düsseldorf devait s'engager à abstenir de toute nouvelle publication et de ne plus faire de déclaration sur le Leopard 2. L'affaire aurait pu s'arrêter là entre les deux industriels allemands, mais Rheinmetall a rejeté la demande de KMW, ce qui a motivé cette dernière à porter le différent devant la justice allemande. La firme munichoise a intenté une action en cessation devant le tribunal de Munich, qui a confirmé que KMW s'était opposé aux déclarations d'Armin Papperger les considérant comme " des allégations factuelles fausses et trompeuses qui violent leurs droits".
Ce différent oppose deux entités partenaires dans plusieurs programmes comme le Boxer, le Puma ou encore Leopard, bien qu'étant de nature et de structure différentes avec un systémier l'actionnariat familial (KMW) et un équipementier côté au Dax (Rheinmetall). Pour le Leopard la firme munichoise est en charge de la production du châssis et de la structure tandis que Rheinmetall produit la tourelle et le canon. L'antagonisme existant depuis de longues années entre les deux sociétés s'est traduit dans le passé par l'échec de la tentative de rachat de KMW par Rheinmetall, par la profonde et durable mésentente entre Armin Papperger et Frank Haun, par l'intrusion de Rheinmetall dans le programme MGCS et plus récemment par l'attitude de cette dernière dans la constitution de la coalition du Leopard au sein de laquelle Rheinmetall a tenté de se donner le beau rôle selon KMW.
Un possible règlement du différend pourrait s’appuyer sur un document de 1995 rédigé en réponse à une demande espagnole sur la propriété des droits sur le Leopard 2 (Madrid envisageait alors d'acquérir des chars de ce type). A cette demande, l'Office fédéral allemand de l'équipement avait indiqué que la propriété intellectuelle des différentes parties "appartient uniquement aux entreprises allemandes concernées à savoir KMW pour la coque et la tourelle, Rheinmetall pour le canon, Renk pour la boite de vitesses, MTU pour le moteur ou encore Diehl pour les chenilles". L'Office fédéral avait également ajouté que KMW assumait la responsabilité globale du système et devait veiller à ce que les droits des tiers ne soient pas violés. KMW espère donc obtenir du tribunal de Munich la reconnaissance de ses droits sur le Leopard en qualité de constructeur et la confirmation du statut de fournisseur de Rheinmetall. L'entreprise munichoise fait de ce différend un enjeu majeur pour sa réputation, souhaitant continuer à être considérée comme le seul fabricant de chars en Allemagne.
Pour nous Français, cette querelle juridico-industrielle autour d'un char lourd peut nous laisser songeur, cependant elle doit encourager nos industriels à privilégier des solutions françaises pour le développement de futurs programmes terrestres. Un tel choix nous éviterait de passer du statut de témoin à celui de complice d'un différend germano-allemand qui pourrait s'aggraver sur fond de MGCS, de renouvellement des flottes de chars et de guerre en Ukraine.
Je n'ai pas compris pourquoi nous serions 'complice' des différents commerciaux, il y en a moultes en France aussi.
RépondreSupprimerSoyons indépendant, mais pour de bonnes raisons!
Je ne comprends par trop la position de KMW car Rheinmetall a bien les droits pour les Leopard 2A4. Ils en ont vraiment fabriqué un millier dans leurs usines et cela KMW le sait bien. D'ailleurs Rheinmetall a fait évoluer le châssis du 2A4 pour faire le KF51 Panther, car justement ils ont les droits et cela leur permet d'être indépendant de KMW. On verra comment le tribunal tranchera, mais une chose est sûre, cela ne sera pas bon pour la réputation du perdant.
RépondreSupprimerPlus complexe, RM a probalement une licence pour fabriquer dans un cadre commercial défini.RM peut aussi apporter des "perfectionnements" et lles breveter mais ces brevets sont "dépendant" des brevets originaux
Supprimer(L'inventeur du Klaxon peut le breveter et il aura les droits mais il devra obtenir les brevets de l'auto..)En general dans un accord de licence, le licencié donne une licence pour ses perfectionnement au bailleur de licence à titre gratuit ou onéreux
C'est le contrat qui prime
Des bisbilles classiques qui se termine par un accord ..et un dîner;.pas au tribunal
Rheinmetall a les droits sur le A4. Mais comme le powerpoint est du côté KMW, il faut bien que ce dernier essaye d'éloigner les pays intéressés par le Panther. Lamentable.
RépondreSupprimerMonsieur Sorensen, BIENVENUE!
SupprimerSi les Allemands se chicanent entre-eux, où va-t-on ? E. Trappier serait-il un visionnaire ?... :)
RépondreSupprimerLe regroupement, de gré ou de force, des industries de la défense est une "tendance" tout en étant une solution politique. Autrement dit, c'est qui va bouffer l'autre. Bref, rien de nouveau et tous les coups sont... indispensables.
Pour notre industrie, en matière de blindés, la situation est écartelée entre le Groupe Volvo et un PACS théorique avec KMW.
Faire du "souverain" en totalité est déjà impossible, faute d'une motorisation et chaîne cinématique Frâânncaise. Il le sera plus demain. :(
Bien sûr, il y a l'utopie (ce vers quoi il faut tendre) de la réindustrialisation et du développement "indépendant". Dans la période il s'agit de survivre en allant au-delà de nos maigres besoins internes... Pour s'en convaincre, il suffit de suivre le feuilleton du VBAE.
À défaut d'une France "puissante et rayonnante", il reste une solution à la AIRBUS. Mais là, nous n'avons plus grand chose pour nous faire déposséder, c'est déjà fait. L'important est d'y participer en essayant de tirer la couverture de la production à soi... Le résultat devrait être un "Leo 2X-F" (?), si Rheinmetall et le Buntestag le veulent bien (Nein !).
Je sais, je suis un affreux pessimiste et un môôvais Français... :)
Le VBAE, une bagnole blindée à 9 pays et 19 industriels différents...
Supprimerhttps://www.forcesoperations.com/des-decalages-ne-sont-pas-exclus-pour-le-vbae/
On est pas rendus !
Dans la "Grande vadrouille" lorsqu 'Augustin et Stanislas se font arrêter, un témoin dit
RépondreSupprimer<< V’là qu'ils s’arrêtent entre eux maintenant, ça doit pas marcher ben fort ! >>.
Je crois qu'on en est à nouveau rendus là...
Albert Speer et Fritz Todt leur manquent...
RépondreSupprimerOui ou les chamailleries entre Porsche et Henschel...(Tiger I)
SupprimerKrupp ou déjà Rheinmetall... (pour les canons)
Les familles Porsche et Piech autour de Volkswagen... (depuis la fin de la guerre jusqu'à nos jours)
Fin du sketch.
RépondreSupprimerhttps://meta-defense.fr/2023/05/03/kmw-et-rheinmetall-trouve-un-accord-pour-eviter-le-proces-autour-du-leopard-2/