UNE EVOLUTION A NE PAS MANQUER

Cette première journée à Villepinte aura été placée sous le signe de la chenille, même si elle a commencé chez un industriel plus porté sur la roue que sur la chenille, mais nous aurons l'occasion d'en reparler dans un prochain post. C'est à l'extérieur que la journée a réellement un tour inattendu avec la présence de cinq chars de bataille sur le stand de KNDS désormais entité unique, dont l'unicité est visible dès les premiers pas dans l'espace dédié à la firme. C'est sur un des côtés de cet espace que le visiteur découvre les cinq blindés lourds, témoignant du retour de la France sur le marché des chars de bataille mais aussi de l'évolution de cet engin que de nombreux observateurs donnaient pour mort il y a quelques mois ! 

Le premier engin de la série est le Leopard 2A8, ultime témoin de l'évolution du best-seller allemand dont la tourelle agglomère de façon plus ou moins homogène les dernières évolutions technologiques. En dépit de ses succès commerciaux, l'engin semble pourtant appartenir à une époque qui se termine, celle de l'évolution des chars de deuxième génération, conçus dans les années 1970 et venant désormais se fracasser sur la barrière du poids et de l'homogénéité, ces deux facteurs étant sérieusement malmenés par cette course à l'évolution.

Le Leopard 2 A8, la fin d'une époque ? 

A côté du Leopard 2A8, le Leopard 2 A-RC 3.0 constitue la "surprise" allemande du jour ! Reposant sur le même châssis que son prédécesseur, le nouveau venu intègre une tourelle téléopérée pour le moins surprenante dont le dessin marque cependant une nette évolution par rapport à celle du Leopard 2A8. L'autre changement notable est constitué par l'armement principal constitué du canon L-55 de 120mm interchangeable (selon le panneau d'information) avec un canon de 130mm ou de 140mm, sans que l'on connaisse exactement les modalités de cette opération. La lecture de cette information donne le sentiment que cette possible évolution de l'armement principal du Leopard 2 A-RC 3.0 pourrait avoir comme objectif de garantir les possibilités d'évolution future et de ne fermer aucune porte dans le domaine. Alors que le Leopard 2A8 revendique un poids inférieur à 69 tonnes, le Leopard 2A-RC 3.0 affiche quant à lui un poids inférieur à 60 tonnes, susceptible d'évoluer en fonction de la configuration retenue. Les deux engins sont équipés du système de protection active Trophy dont les différents composants sont visibles sur leurs tourelles. Celle du Leopard 2 A-RC 3.0 est téléopérée et donc dotée d'un système de chargement automatique, adopté sur le Leclerc depuis trente ans ! en outre, on peut se poser des questions sur le pilotage de cet engin, en l'absence de tout indice pouvant révéler la présence d'u pilote tout comme sur le positionnement du viseur chef logé entre les deux supports du canon de 30mm en superstructure. 

Leopard 2A-RC 3.0

L'engin suivant attire d'emblée le regard par sa couleur sable mais surtout par son aspect général qui lui donne un aspect tranchant nettement avec celui des deux chars précédents. Quand on s'approche on découvre que la bête est posée sur un châssis de Leclerc, agrémenté d'un second poste aménagé à côté de celui du pilote pour y abriter un opérateur systèmes. 

Leclerc Évolution et ses deux postes d'équipage en châssis

Fini l'E-MBT et ses déclinaisons vive le Leclerc Évolution ! Cette appellation n'est pas que cosmétique, elle traduit tout le potentiel de cet engin à devenir le char de transition de l'armée de terre que Blablachars appelle de ses voeux depuis longtemps. L'armement principal du Leclerc Évolution est constitué par un canon ASCALON®de 120mm de 58 calibres, complété par un tourelleau téléopéré armé d'un canon de 30x113mm destiné à la lutte antidrones. Cette solution qui présente de réels avantages en matière de MCO et de formation réaffirme le potentiel du Leclerc EVO à assurer une transition adaptée et cohérente entre le XLR et le MGCS dont l'arrivée dans les forces devrait avoir lieu dans une vingtaine d'années. En optant pour ce char, l'armée de terre aurait ainsi tout loisir "d'attendre" dans les meilleures conditions le MGCS et de faire cohabiter les deux engins durant une période de transition. A côté de ces caractéristiques le Leclerc Évolution offre également la possibilité d'être rétrofité grâce à la capacité de l'ASCALON® d'accueillir un tube de 140mm, synonyme d'une charge utile accrue et de performances supérieures pour un encombrement quasiment identique.

Leclerc Évolution

Présenté sur le Leclerc Évolution, l'ASCALON® se dévoile sous la forme de deux canons déposés permettant de mesurer le degré de communalité entre les deux armes rendant une montée en calibre parfaitement gérable. Les images diffusées derrière les deux canons permettent de constater la rapidité du changement de tube, opération qui peut donc aisément s'inscrire dans les opérations de maintien en condition. L'ASCALON® représente très probablement l'avenir du canon pour les futurs chars comme le montre le dernier engin de la série, l'EMBT-ADT 140. 

ASCALON® 120 et ASCALON® 140

Baptisé EMBT-ADT 140, ce char laisse entrevoir quelques unes de solutions qui pourraient être intégrées sur le futur MGCS qui serait doté d'une tourelle téléopérée, armé d'un canon ASCALON® de 140mm et protégé par le système de protection active français DIAMANT. Alors que les engins précédents évoquaient un avenir proche, envisageable à court moyen terme, l'EMBT-ADT 140 nous projette dans le futur des chars de bataille et de leur évolution prévisible au regard des technologies actuelles. Sous ses atours posés sur un châssis de Leopard 2 retravaillé, l'EMBT-140 cache en effet des solutions innovantes en matière de fusion des données et des capteurs, de protection active, de cyber protection ou encore d'hybridation. 

EMBT-ADT 140

Cette vision "futuriste" clôture cette magnifique série de chars qui veut nous laisser penser que le Leclerc XLR, également présent sur le stand, peut et doit avoir un successeur. Le choix du Leclerc Évolution permettrait à l'armée de terre de disposer d'un segment de décision modernisé et adapté aux menaces actuelles et futures, enverrait un signal fort sur la capacité de la BITD française à développer et produire un char et enfin signerait le retour de la France sur le marché des chars de bataille. Une opportunité à ne pas manquer !