DES NOUVELLES DU M-1E3

Un peu plus de huit mois après la notification à General Dynamics Land Systems (GDLS) d'un contrat de développement du M-1E3, le profil du futur engin commence à se dessiner avec plus de précision. Une note publiée par le "Congressional Research Service" permet en effet de connaitre les grandes étapes de la modernisation du char entré en service dans l'armée américaine à la fin des années 1970 et le calendrier d'introduction des prochaines déclinaisons du M1. L'arrivée de ces dernières devrait permettre à l'armée américaine d'entamer à partir de 2030 le renouvellement de sa composante blindée mécanisée avec l'arrivée des premiers engins de nouvelle génération comme le M-1E3 et le XM30. Les caractéristiques du futur char évoquées dans le document et les technologies visibles sur l'Abrams-X concrétisent la fin de l'évolution du vénérable M1, la volonté de l'armée américaine de disposer d'un engin entièrement nouveau et on d'une énième évolution du char actuel.

Annoncée en septembre 2023, la décision d'arrêt du développement du M1A2 SEPV4 est confirmée dès le début du document, l'intégration de nouvelles capacités se traduisant par une augmentation de masse, jugée incompatible avec la recherche d'une empreinte logistiques moins importante. En outre, pour les parlementaires américains, le conflit ukrainien montre que une intégration ab initio des différents systèmes, en particulier de protection, est préférable à des ajouts. Cette orientation ne remet cependant pas en cause l'adoption dune architecture ouverte qui doit permettre dans une approche incrémentale, d'intégrer plus rapidement et à moindre cout, de nouvelles technologies. Ces pistes devant permettre à l'armée américaine et à ses partenaires industriels de développer un char plus léger, plus efficace, plus évolutif et offrant une meilleure survivabilité. Afin d'éviter une rupture capacitaire, la production du M1A2 SEPV3, dont les unités blindées doivent être équipées d'ici 2028, sera maintenue à une cadence réduite pour permettre la transition avec le M-1E3, dont l'IOC (Initial Operational Capability) est prévue en 2030. L'armée américaine espère mettre en service le M-1E3 selon un calendrier compatible avec celui du successeur du Bradley, le XM-30. 

Les blindés américains à l'horizon 2030

Les caractéristiques du futur M-1E3 mentionnées dans le document sont issues d'une étude réalisée en 2019 par le comité scientifique de l'armée, qui recommandait le lancement d'un programme de développement d'un véhicule de combat de cinquième génération devant s'étaler sur sept ans et doté d'un budget de 2.9 milliards de dollars. Le futur engin issu de ce projet pourrait être propulsé par une motorisation hybride, protégé par un blindage intégré et doté de plusieurs innovations parmi lesquelles un nouveau canon alimenté par un chargement automatique capable de mettre en oeuvre de nouvelles munitions comme des missiles antichars ou hypervéloces manœuvrables. Doté d'applications utilisant l'intelligence artificielle, le futur engin devrait être capable de manœuvrer avec des plates-formes inhabitées et bénéficier de capacités C4I et de combat en réseau améliorées. Il est probable que parmi les caractéristiques évoquées l'armée américaine en retienne plusieurs comme la motorisation hybride ou le chargement automatique permettant de réduire le poids de l'engin. GDLS associé au développement du futur M-1E3 a dévoilé en octobre 2022, un démonstrateur technologique l'Abrams-X doté de plusieurs innovations et d'un poids contenu. Même si ce dernier ne répond pas totalement aux exigences de l'armée américaine pour son futur M-1E3, il peut être vu comme le représentant de la prochaine génération de chars.

L'Abrams-X : une possible source d'inspiration

Loin des atermoiements européens autour du futur char et des incertitudes calendaires pesant sur la mise en service du MGCS, le programme M-1E3 doit permettre à l'armée américaine de disposer dès 2030 d'une composante blindée mécanisée modernisée dont le M-1E3, le XM30, l'AMPV ou encore le futur obusier de 155mm seront les pièces maitresses aux côtés de futurs engins robotisés. Au-delà  de leur aspect militaire, ces programmes devraient également offrir à la BITD américaine de nouvelles opportunités de succès à l'exportation, à la fois pour des engins neufs mais aussi sur le marché des véhicules de seconde main, grâce aux FMS (Foreign Military Sales).