La firme sud-africaine DENEL a accueilli la semaine dernière la ministre de la Défense, Angie Motshekga pour une présentation des divers projets en cours dont celui du Badger. Après de nombreux rebondissements, ce programme qui est en passe de devenir un des plus longs programmes d'armement doit permettre de remplacer les Ratel aujourd'hui âgés de 49 ans. Le développement du Badger fut l'objet d'un contrat entre Armscor (Agence nationale de Défense) et Denel signé en 2007 avec une première phase devant durer jusqu'en 2012 et des livraisons initialement prévues en 2019 avant d'être reportées à 2023. En 2018, Denel a indiqué que le contrat ne pouvait être exécuté dans les conditions financières prévues avant de demander sa réinitialisation. Cette année, Armscor a indiqué au Parlement que le développement des versions combat du projet Hoefyster devrait être terminé en 2027, tandis que celui des versions commandement, antichar et mortier devrait être achevé cette année pour des commandes attendues en 2027, date à laquelle la décision de production sera prise par les autorités sud-africaines. Dans ses dernières déclarations Denel a indiqué avoir les capacités nécessaires pour le développement des véhicules (phase 1 du projet) et que le calendrier de l'industrialisation (phase 2) restait soumis aux accords entre Armscor et le Ministère de la Défense. On attend la suite pour peut-être enfin connaitre la date de mise en service des premiers engins, sur laquelle la ministre ne s'est pas prononcée en dépit de propos rassurants et élogieux à l'endroit de Denel : "Je suis convaincu que, en travaillant avec la direction de Denel, l’organisation est en plein essor et sera restaurée à son ancienne gloire en tant que source de fierté nationale, d’excellence technologique et de capacité stratégique pour notre pays."

Les mots d'une ministre n'assure jamais - ni en France ni en Afrique du Sud - à un programme de voir le jour.
RépondreSupprimerLa supply chain qui a été mobilisée il y a 10 ans n'est pas prête de se reconstituer. Quel fournisseur sensé se risquerait à réengager un lancement en production alors que le contrat de 2017 n'a jamais été honoré (entré en vigueur mais pas de commandes) ? Pas sûr que Denel ait assumé ce contrepied et ait remboursé les frais engagés auprès des équipementiers européens. Il y a de grandes chances que ces derniers revoient leur tarifs en ajoutant une part de remboursement du vase de Soisson et le financement de cette nouvelle prise de risque en sus du paiement avant expédition.
En outre, le design du véhicule est de la décennie précédente. Les enseignements des conflits syriens, sahéliens et ukrainiens sont totalement absents de la conception. Il va falloir remettre les ingénieurs sur la planche à dessin pour - a minima - vérifier que la définition du véhicule reste d'actualité mais surtout - plus vraisemblablement - pour la faire évoluer. Et là, l'entreprise DENEL va se confronter aux conséquences de son passé récent. De 2015 à 2021, soupçons de corruption, annulation de contrats, morosité économique sud-africaine ont provoqué une fuite massive de cerveaux. Les ingénieurs sud-africains de l'industrie de défense - très recherchés car particulièrement doués - se sont expatriés aux EAU, en KSA et ailleurs. Quels ingénieurs va donc mobiliser DENEL pour cette phase de ré-ingénierie ?
Enfin, si l'on se retourne vers le client, les SANDF, il y a vraiment peu de chance qu'elles obtiennent un ligne budgétaire conséquente pour un programme de véhicules blindés 8x8 à minimum 100M de Rand (5M€) l'unité.
Certes l'inflation stagne mais le ratio dette/PIB de l'Afrique du Sud explose tout autant que le chômage (>30% et >65% chez les jeunes !). Le pays a des besoins structurels urgents (stabilisation de la production électrique paryiculièrement, enseignement et santé) qu'un budget militaire ne saurait contrer.
La seule opportunité serait que ces véhicules soient peints en bleu foncé ou que ce soit un budget onusien qui les finance.
Encore un truc à roues, qui périclite depuis quinze ans !!
RépondreSupprimerEn même temps vu la concurrence et le marché de plus en plus saturé sur ce segment, qui a sans doute vécu ses plus belles heures.
Plus belles heures, derrière lui aujourd'hui avec le retour de l'histoire et la fin des opérations de maintien de la paix, et autres "dividendes".
Il arrive désormais un peu tard du coup (Le tout roue ne deviendrait-il pas dorénavant un très mauvais investissement, aujourd'hui, dans un marche déjà bien saturé, encore beaucoup plus qu'hier ? "Errare humanum est, perseverare diabolicum". Même pour l'Afrique prochainement.) ? !
Dommage, ils faisaient d'assez bonne gamme de blindés à roues, avec le Ratel notamment, ou de bons blindés spécialisés avec le Rooikat, et autres automoteurs d'artillerie G6, autrefois : Eux aussi ce sont-ils peut un peu trop endormi sur leurs lauriers passés, et ratés quelques trains (Même uniquement pour l'Afrique, comme d'autres, trop focalisés...) ?
D'intéressantes et assez complètes gammes.
SupprimerAutant avec le Ratel : < 20 tonnes, version de base d'infanterie avec 20 mm à l'époque, mortiers 60 mm ou 81 mm, 90 mm anti chars africains de l'époque, commandement, observation d'artillerie, avec mat télescopique, lanceurs de missiles antichars, logistique, et enfin d'accompagnement antiaérien.
Qu'avec le Rooikat : 28 tonnes, 76 mm, l'anti chars africains des années 80 - 90, et de multiples variantes envisagées, 105 mm, SPAAG, lanceur de missiles antiaériens, lanceur de missiles antichar LP ; mais abandonnées suite à "la fin de l'histoire".
Déjà à l'époque (Dans les années 70, 80.).
Le tout accompagné, déjà à l'époque également, par le précurseur, à la fin des années 80, G6 Rhino : 46 tonnes, emportant 47 coups (Autonomie logistique.), blindé (Légèrement. Contre les armes individuelles avant tout, destiné à servir en Afrique essentiellement.), et opérant sous tourelle...
Depuis plus rien... ! !!
Comme quoi même les meilleurs savoir-faire peuvent disparaitre très rapidement, si on n'y prend garde... Et si on ne fait rien surtout... ...