NOUVELLES D'ALLEMAGNE

La liste des équipements allemands susceptibles d'être transférés à l'armée ukrainienne reste toujours en attente d'un accord  des autorités de Berlin. L'autorisation du gouvernement allemand permettrait aux industriels allemands de fournir à Kiev les matériels suivants : 250 Leopard 1A5, 100 chars de dépannage Bergepanzer 2, 50 engins lanceurs de pont Biber, 5 engins du Génie Dachs, 60 M113, 100 Marder 1A3 ainsi que 50 Gepard 1A2. L'expédition de ces matériels vers l'Ukraine ne semble pas faire l'unanimité au sein de la classe politique allemande comme en témoigne le récent "rétropédalage" du vice-chancelier.

Robert Habeck a signifié hier son refus de voir son pays expédier rapidement des engins blindés en Ukraine, exprimant ses craintes de voir son pays devenir la prochaine cible de la Russie. R Habeck qui appartient aux Verts avait déclaré en début de semaine que "tout ce qui peut aider l'armée ukrainienne doit être livré rapidement" répondant à l'appel de Kiev. Sa dernière déclaration lui permet au vice-chancelier de rejoindre la ligne défendue par le chancelier Olaf Scholtz. Ce dernier semble plutôt désireux de trouver une position commune avec les alliés de l'Allemagne avant d'envisager le transfert de matériels blindés vers Kiev. Cette position n'est pas partagée par l'ensemble des partis formant la coalition gouvernementale comme en témoigne les déclarations d'Annalena Baerbock, ministre verte des Affaires Étrangères cachant à peine ses critiques à l'encontre du Chancelier. De son côté, la Présidente  de la Commission de Défense du Bundestag, Marie-Agnes Strack-Zimmermann appartenant au parti libéral FDP  a souligné l'absence de coordination entre les différents ministres impliqués ainsi que le manque d'autorité du Chancelier également critiqué par le président vert de la Commission des Affaires Européennes du Bundestag, qui n'a pas hésité à affirmer que les hésitations du chancelier se paieront en vies humaines. Olaf Scholtz a rappelé mercredi que son gouvernement était engagé dans une action décisive envers l'Ukraine en fournissant des armes défensives à l'Ukraine depuis le début du conflit en étroite coordination avec les alliés. L'idée de fournir à l'Ukraine des chars d'origine soviétique prélevés sur les stocks des pays d'Europe centrale semble recueillir l'adhésion de la classe politique allemande, qui y voit une occasion de renforcer les positions de l'Otan sur son flanc oriental, tout en fournissant des chars plus rapidement utilisables par l'armée ukrainienne, sans prendre le risque d'une implication directe dans le conflit. Cette unanimité a cependant été rompue par plusieurs déclarations émanant de responsables du FDP et des Verts. Le chef de file des parlementaires SPD a rejeté les critiques des deux autres partis de la coalition en suggérant que le transfert de matériels blindés pouvait avoir des conséquences sur la sécurité de l'Allemagne. Pour le SPD l'empressement des Verts et du FDP à prendre des décisions quasi historiques sans en assumer l'entière responsabilité est une erreur, surtout pour la sécurité de l'Allemagne. De son côté le FDP a suggéré que le SDP n'avait pas compris la portée historique du changement de politique étrangère et de sécurité annoncé par le Chancelier Scholtz à la fin du mois de février.

Les dernières déclarations du Ministre ukrainien des Affaires Étrangères ne devraient pas contribuer à apaiser les débats au sein de la classe politique allemande. Dmytro Kuleba a réitéré hier son appel à l'Allemagne pour qu'elle accélère le transfert de blindés et d'armement lourd vers son pays afin de l'aider à se défendre contre une possible offensive russe dans l'est de l'Ukraine, affirmant que l'Ukraine payera le prix des "hésitations de Scholtz" avec des vies humaines. La coalition gouvernementale allemande semble incapable de parler d'une seule voix sur le transfert des blindés et contraint l'Allemagne a une position attentiste qui ne peut satisfaire aucun des acteurs de ce débat.