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mardi 7 janvier 2025

UN LYNX A ROME

L'année 2024 s'est achevée en Italie avec l'arrivée le 31 décembre du premier Lynx au sein du Centre d'Expérimentation polyvalent de l'armée (CEPOLISPE) dans la banlieue de Rome. Cette livraison qui s'inscrit dans le programme A2CS/AICS devrait permettre aux services italiens de conduire une série d'évaluations et de tests dans les domaines de la mobilité, de la puissance de feu, de la protection et de mesurer l’interopérabilité du Lynx avec les équipements en service au sein de l'armée italienne. L'arrivée du premier engin confirme le souhait du gouvernement italien de mener le programme A2CS/AICS dans les délais prévus par le calendrier initial du projet qui prévoit la livraison des premiers engins deux à trois ans après la création de LRMV (Leonardo Rheinmetall Military Vehicles). 

Créée en septembre dernier la JV germano-italienne est chargée du développement et de la production de la nouvelle génération d'engins de combat représentée par le KF-51 Panther et le KF-41 Lynx. Le programme qui s'étend sur quinze ans et d'un montant de 23 milliards d'euros prévoit la livraison de plus de 1000 Lynx qui devraient être déclinés en plusieurs versions parmi lesquelles un engin équipé de la tourelle HitFact MkII de Leonardo armée d'un canon de 120mm Un montage que l'on avait pu découvrir sur le stand Rheinmetall en juin dernier au salon Eurosatory. La mise en service de cet engin constituerait une première pour la firme allemande qui concrétiserait la polyvalence de son VCI (Véhicule de Combat d'Infanterie) et la pertinence du concept de char médian dans les opérations actuelles. A côté de ces engins, l'armée italienne doit également recevoir 200 chars KF-51 Panther dont la production devrait être localisée en Italie. 

Ce programme mené par un pays européen assez comparable au notre devrait nous interroger. Si la situation et l'histoire de la Pologne peuvent justifier le réarmement lancé par Varsovie après le déclenchement de la guerre en Ukraine, on peut s'interroger sur les motivations italiennes, Rome ne pouvant être considéré comme le premier échelon de l'Otan face à l'Est. Il est probable que les enseignements du conflit ukrainien ont pesé lourd dans les décisions de renouvellement de la composante blindée mécanisée, déjà présente aux côtés des brigades médianes équipées de Freccia et de Centauro II, permettant à l'armée italienne de pouvoir face à des menaces d'intensité et de nature variable. Des arguments "culturels" relevant d'un aveuglement soigneusement entretenu sont-ils suffisants pour nous priver d'une véritable composante blindée mécanisée dans le développement de laquelle nos industriels seraient en première ligne ? Le signalement stratégique (selon la rhétorique en vigueur) doit s'appuyer sur de véritables capacités, dont la modernisation nécessite au moins cinq ans, et ce quelle que soit la voie choisie. L'année qui débute est donc capitale pour l'avenir de notre segment de décision, car elle est celle des décisions et de la cohérence, seules voies possibles pour nous éviter la rupture capacitaire. 

Avec ce projet, Rome a choisi une voie dans laquelle nous devrions nous engager rapidement, pour laquelle nous possédons les capacités industrielles et technologiques requises, auxquelles ne manque qu'une réelle volonté.

 

6 commentaires:

  1. Chapeau les Italiens ! 👏👏

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  2. une voie dans laquelle nous devrions nous engager rapidement, pour laquelle nous possédons les capacités industrielles et technologiques requises, auxquelles ne manque qu'une réelle volonté.
    Tout est dit dans cette phrase, merci Blablachars.
    Bernard, guide au musée des blindés à Saumur.

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  3. Au moins, certains se soucient encore de l'avenir de leur armée de terre, et de la survie de leur soldats surtout, en Europe.

    Et par quel duo ! : KF-51 Panther et le KF-41 Lynx !! Un tout nouveau char, de "quatrième génération" et un tout nouveau VCI, de troisième génération, de 50 tonnes extrêmement bien protégé et déjà prévu d'emblée pour être décliné dans de nombreuses variantes (Communalisées avec le KF51 ? A moins d'une version avec tourelle de 120 mm antichar en effet (Il dépasserait les 50 tonnes, et atteindrait probablement les 55 tonnes avec une telle tourelle....).
    Qui prennent cependant la place de l'Ariète (Exact contemporain du Leclerc !) et du Dardo (Contemporain de nos "absences" actuelles, depuis un quart de siècle !!) ! (Quels retards, chez nous !!!!! On est même en train de se faire complètement et définitivement larguer, si cela n'était déjà fait.)

    Pour le reste, il ne s'agit pas seulement de "d'aveuglement culturel soigneusement entretenu" et de dogmatisme ubuesque soigneusement entretenu, mais bien d'une volonté politique. Celle de mettre notre industrie de défense terrestre sous dépendance. C'est à dire qu'on a fait sciemment le choix d'attendre le MGCS, de 2050 !! ! ...
    Mais certains relais de cette pensée ici, vont encore nous expliquer que la situation géostratégique de l'Italie n'est pas du tout la même que la notre, pour essayer de nous convaincre de ces choix malgré tout, au combien délétères depuis plus de vingt ans déjà pour les capacités réelles de notre armée de terre, et pour nos soldats surtout.
    Au niveau équipement, et cohérence d'ensemble, il vaut presque mieux être un soldat italien au jour d'aujourd'hui.
    Quel renversement stratégique, véritablement historique ; avec nos camions de gendarmerie (On a pas l'air fin et on ne va pas avoir l'air complètement ridicule en coalition sur le prochain champs de bataille réel (A l'inverse de leur virtuel permanent qui les obnubile tant !...) !).
    En tous cas certains avancent (L'Ukraine les aura réveillés.), nous, ont fait du sur place, on continue à faire du sur place, "en attendant".

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  4. si le KF41 est équipé d'une tourelle hitfact de chez Leonardo y a t il de la place pour le KF51??
    concernant: "d'aveuglement culturel soigneusement entretenu" notre armée de terre ne semble pas être intéressé par changer de formats.
    un Griffon équipé d'un essaim de drones vas participer à des démonstrations aux USA.

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  5. Les initiatives de l'Italie en matière de véhicules chenillés bien protégés , relèvent d'une logique qui est désormais partout partagée en Europe. Sauf bien sûr par "l'exception française". Et ceci même dans les pays neutres (mais proactifs), ainsi que dans les pays situés loin de la "ligne de front" ( ce qui est le cas de l'Espagne la Grèce, le Portugal..). Une force terrestre crédible se doit de disposer d'une partie des ses forces de combat montées sur chenilles. On l'a dit mille fois, il faut les deux (qui à ce que des unités disposent d'une double dotation en moyens de mobilité) . Ce qu'il faut ajouter, c'est qu'il faut aussi prévoir massivement des véhicules voués à la protection active contre tout ce qui peut tomber du ciel...Sur le fond, pourquoi les français restent-ils en retrait ? D'abord , parce que leurs matériels ont été conçus et commandés à une époque où seuls les conflits "expéditionnaires", de basse et moyenne intensité, étaient politiquement envisagés. Ensuite, une grande partie de l'industrie de défense est cadencée par un grand organe étatique, sur lequel peuvent s'exercer des influences d'ordre politique et/ou idéologique. Après l'illusoire fin de la "guerre froide", qui fut un leurre, certains voulurent faire croire qu'il était inutile, voire inopportun, de fourbir des moyens aptes à combattre en Europe. Mieux que çà encore, l'ancien "adversaire potentiel" fut très (bien trop) rapidement érigé en partenaire et en riche client susceptible d'acheter des technologies militaires de pointe (notamment aéronautiques et optroniques pour chars) qui, dans certains cas, n'étaient même pas encore détenues par l'armée française. Les affaires sont les affaires, hein ! Pour revenir aux initiatives portant sur les indispensables véhicules blindés chenillés de combat d'infanterie, il est clair que la France doit franchir le pas. Très vite vu l'urgence . Mais il ne faut surtout pas se lancer dans un développement franco-français, au prétexte de rester soit- disant "souverain". Ce serait beaucoup trop lent et beaucoup trop cher. Et l'habituel mirage de préserver des possibilités d'exportation serait totalement erroné. Car le monde ne manque pas de VCI chenillés récents et modernes. A qui la France vendrait-elle à l'export son VCI chenillé "souverain" ? A personne. D'autant que sont apparus de nouveau fournisseurs dont les produits sont relativement peu coûteux (Chine, Turquie..) Ce qu'il faut faire, c'est en effet actionner les industriels de l'Hexagone et de ses plus proches alliés, pour se lancer très vite dans la fabrication sous licence et/ou la fabrication partielle (façon AIRBUS), d'un blindé chenillé médian (dont un VCI) qui est dès à présent parfaitement validé et utilisé par des alliés européens. Et il y l'embarras du choix, tous les lecteurs de ce blog le savent bien : il y a l'excellent CV90, le Lynx, l'ASCOD, le BORSUK. Il vaut mieux faire tourner des usines françaises fabriquant certains modules de véhicules chenillés , que de ne rien fabriquer du tout en cette matière. Pour ma part, c'est le CV90 que je choisirais, mais , déjà, qu'il y aie du mouvement en ces matières ! P.R.

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  6. Ben voilà, il faut être pragmatique en achetant Allemand, Anglo-Suédois, etc... et en se dépêchant d'investir dans le matériel Américain avec un budget de la Défense imposé à hauteur de 5% du PIB. On ne rigole pas avec Trump !

    En "attendant", il nous faudrait déjà un budget fantasmé "en équilibre", gérer notre dette et notre déficit commercial, comme un bon père de famille pour avoir des marges de manoeuvre financières et quelques restes d'industrie pour des productions sous licence. En parallèle, il sera nécessaire, aussi, d'augmenter le volume de nos Forces "pour faire la guerre" à la Russie et peut-être à la Turquie qui ne va pas tarder à nous marcher sur les pieds. Ouf, Poutine et Erdogan devront faire preuve de patience pour nous voir les affronter par les armes !

    Décidément 2025 commence en fanfare dans certains esprits avec des délais et une inertie allant jusqu'à 2030 dans le meilleur des cas pour répondre aux règles économiques de l'UE et jusqu'en 2040, en restant optimiste, pour retrouver un format compatible aidė par la conscription (?) pour une guerre continentale de haute intensité dans la durée. Dommage, à cette date le MGCS ne sera pas encore rentré en production (humour) , mais le VBCI sera en phase de rénovation, à moins de le ferrailler au profit de VCI qui vont bien.

    Un sacré programme à faire passer sous les fourches caudines de la Députation Frââaançaise et les bulletins de vote de nos concitoyens. "Il faudra" être volontaire, persuasif et surtout pédagogue.

    Heureusement que l'espoir fait vivre et "on" peut toujours essayer, c'est l'intention qui compte. ^^

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