La joint-venture turco-qatarie BMC semble connaitre de sérieuses difficultés financières après un récent changement de propriétaire. La firme qui avait récupéré en 2018 le développement du char Altay est engagée dans une phase de réduction de ses activités dont l'ampleur encore inconnue fait l'objet de discussions internes. Selon un représentant syndical, le récent licenciement de 30 ingénieurs pourrait précéder celui de nombreux ouvriers ou leur placement en congés sans solde. Cette réduction de voilure se traduit déjà par le passage de 3 à 1 équipe de travail par jour, la cession de l'activité de fabrication de camions civils, Tugra et l'arrêt du chantier de la future usine située Sakarya Karasu à l'est d'Istanbul, dont le projet a été lancé en 2019 par le Président Erdogan. Outre les frais de fonctionnement de l'entité "corporate" et les dettes de la société, l'histoire de la firme BMC liée aux évolutions politiques du pays pourrait également expliquer les difficultés actuelles de la firme d'Izmir.
En 2014, l'homme d'affaires Ethem
Sancak Es Mali Yatirim Danişmanlik rachète pour la somme de 350 millions de dollars, la société BMC à la suite de sa saisie par les autorités turques pour des dettes de 75 millions de dollars dues par l'ancien propriétaire de la société. Proche du Président Erdogan au sein du parti de la justice et du développement (AKP), Sancak reçoit le soutien financier de Talip Öztürk, un parent éloigné du président qui investit 100 millions de dollars dans la nouvelle société. De son côté le chef de l'état turc convainc le fonds d’investissement du Qatar d'acquérir 49,9% du capital de BMC pour la somme de 300 millions de dollars. En 2018, le gouvernement Erdogan cède gracieusement un terrain public de 220 hectares à la société BMC pour lui permettre de réaliser ses futurs investissements. La firme emporte la même année le contrat de production des 250 premiers chars Altay, prémices d'un marché de 1000 unités estimé à 11 milliards de dollars. En mai de la même année le gouvernement turc accorde à BMC un financement de 250 millions de dollars comprenant des réductions d'impôts, de cotisation sociales et divers allégements.Ces facilités sont complétées par la cession pour 25 ans d'une usine de maintenance et de production d'engins blindés située à Arifiye, en échange d'un simple investissement de 50 millions de dollars. En mai 2021, Sancak et Öztürk cèdent pour 480 millions de dollars, 50,1% du capital de la société à un producteur d'acier turc, Tosyali Holding, également proche du président turc. En dépit de son montant estimé, il est probable que le contrat Altay ne pourra aider BMC à résoudre ses difficultés financières. Celles-ci s'ajoutent aux problèmes techniques du char qui interdisent d'envisager tout lancement de la production et des premières livraisons avant cinq ans. BMC qui a besoin de composants externes pour finaliser dans un délai raisonnable le développement du char Altay, se trouve donc aujourd'hui dans une position délicate pour négocier avec les fournisseurs potentiels, rendant l'avenir du char encore plus incertain. En l'absence de visibilité sur ce programme, le salut de BMC pourrait venir de l'attribution du contrat de fourniture d'un VCI à roues à l'armée turque, qui pourrait aider BMC à traverser ses turbulences financières actuelles sans conséquences trop importantes. Pour ce marché, BMC qui propose l'Altug est opposé à FNSS qui produit le Pars 8x8 et à l'Arma 8x8 d'Otokar, les trois engins étant armés de la tourelle Kohran produite par Aselsan.
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RépondreSupprimerChars "Altay", "Altug", "Pars", "Arma", et bien d'autres encore, jusqu’aux automoteurs d'artillerie et même jusqu'à leurs propres fusils d'assaut :
RépondreSupprimerhttps://en.wikipedia.org/wiki/List_of_equipment_of_the_Turkish_Land_Forces
Et même encore leurs propres drones, radars, et autres véhicules du génie ou de logistique, et de plus en plus...
Bref une base industrielle et technologique de défense terrestre en plein développement et en pleine expansion.
Pendant que d'autres, pendant ce temps là ...
Pendant que d'autres sont "trop petits", "on n'a plus les moyens", et ne savent plus jurer que par les équipements allemands.
Quel déclin, organisé !
Bientôt on pourra même aller acheter nos équipements militaires en Turquie à ce rythme et à cette aune politique là.
Greaat blog
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