CONSTESTATION BLINDEE HELVETE !

Sur les 230 chars Leopard 2A4 (Panzer 87) dont dispose l'armée suisse, 96 engins ne sont pas en service actif et stockés sous cocon. Les responsables suisses souhaitent se séparer de ces chars selon un mécanisme spécifique ; les pays ayant transférés des Leopard 2 à l'Ukraine pourraient recompléter leur parc avec les chars fournis par la Suisse. Cette partie de "billard à trois bandes" s'appuie sur une règle votée en 2006 par le Conseil Fédéral selon laquelle le matériel de guerre peut être revendu au pays d'origine sans aucune condition. Toujours selon cette règle, la Suisse n'est donc pas tenue de demander une autorisation de réexportation pour les Panzer 87 vers leur pays d'origine qui peut ainsi en disposer à sa guise. Concernant les chars suisses, ils pourraient être revendus à Rheinmetall, qui serait libre de les réexporter vers l'Ukraine ou au autre pays européen. Grâce à cette règle, les 42 chars Leopard2 revendus à Rheinmetall en 2010 ont reçu au début de l'été dernier un avis favorable du Département de la Défense suisse pour leur réexportation. La firme allemande n'a cependant fourni aucun détail sur la destination finale de ces chars qui ont peut être été acheminés vers la Slovaquie ou la République tchèque, en remplacement des chars fournis à l'Ukraine. Le Parlement suisse doit décider dans les prochains jours du sort des 96 Leopard 2 stockés pour une possible réexportation vers la Pologne membre actif de la coalition du Leopard. Varsovie ayant récemment réaffirmé son intérêt pour les chars suisses après une première demande formulée l'été dernier. 

Ce mécanisme d'horlogerie blindée pourrait cependant connaître quelques difficultés de fonctionnement, à en juger par la réaction de la Société des officiers des troupes blindée à ce possible transfert, dont la Société ne veut pas entendre parler. Pour son Président Erich Muff, la Suisse aujourd'hui n'a pas assez de véhicules pour toutes les troupes "Les véhicules sont uniquement utilisés durant les cours de répétition, chaque bataillon s’entraîne toujours successivement sur les mêmes chars" ajoutant que pour les situations d'urgence les chars disponibles ne suffiraient pas et ne permettrait pas d'assurer les missions de Défense nationale en cas de situation extraordinaire. Pour les officiers des troupes blindées, l'armée suisse devrait comprendre au moins trois brigades blindées mécanisées nécessitant plus de 300 chars, bien loin des 134 chars en service auxquels s'ajoutent les 96 Leopard 2 objets des observations de la Société des officiers des troupes blindées. Pour E Muff, ces décisions sont uniquement motivées par des considérations financières, ajoutant que "l'armée suisse n'est plus conçue qu'en fonction du budget!" Du côté politique, l'idée dominante est de donner les chars inutilisés, une élue ayant même proposé de les céder pour un Franc (suisse) symbolique, ce qui fut refusé par la Commission de la politique de sécurité. L'auteure de cette proposition, Maja Riniker souhaite renouveler sa proposition lors de la session de printemps de la Commission estimant que "nous n'en n'avons tout simplement pas besoin!" déclenchant une vague d'indignation au sein de la Société des officiers des troupes blindées.