OMBRE ET LUMIERE SUR LES LEOPARDS 1A5 DE RUAG

Les 96 (ou 95 selon les sources) Leopard 1A5 propriété de la société RUAG, dont le transfert vers l'Ukraine est bloqué depuis le mois de juin dernier par le gouvernement suisse, pourraient finalement prendre le chemin de la Grèce. Cette possibilité est au coeur d'un accord en cours de finalisation entre les différents acteurs de ce transfert. Cet accord permettrait le transfert vers la Grèce des chars Leopard 15 bloqués en Italie depuis leur rachat par la firme suisse. Ces chars remplaceraient les Leopard 15 GR encore détenus par Athènes, qui prendraient la route de l'Ukraine après une cure de jouvence dans les ateliers de Rheinmetall en Allemagne. 

LA SUISSE DEFEND SA NEUTRALITE

Le Conseil Fédéral suisse a rejeté hier une demande de la société RUAG portant sur le transfert de 96 chars Leopard 1A5 à destination de l'Ukraine. Cette demande a été jugé incompatible avec les lois en vigueur dans la Confédération, destinées à favoriser et protéger la neutralité du pays. Les 96 chars, objets de la demande de la société RUAG qui sont actuellement stockés en Italie depuis leur retrait du service, auraient du être rapatriés en Allemagne en vue de leur remise en condition avant leur transfert à Kiev. Cette préservation de la neutralité du pays a conduit le ministère suisse de l'économie à entreprendre des investigations à l'encontre du directeur d'une société allemande, soupçonné d'avoir enfreint les règles de réexportation des matériels militaires et de la neutralité de la Suisse. La découverte sur des images en provenance d'Ukraine de 11 véhicules Mowag Eagle a motivé l'ouverture de ces investigations qui ont permis de découvrir l'origine de ces véhicules. Ces engins faisaient partie d'un lot de 36 vendus au Danemark dans les années 90. En 2013, les autorités suisses donnèrent leur accord pour la réexportation vers l'Allemagne de 27 de ces véhicules, cédés en 218 à la firme objet des investigations des services suisses. A la suite de cette transaction, le ministère allemand de la Défense approuva la réexportation de ces véhicules vers l'Ukraine, après le démontage des éléments de blindage. En dépit des modifications apportées aux véhicules, les autorités suisses ont considéré que la compagnie allemande avait enfreint les loi suisses qui prévoient que les exportations de matériel de guerre suisses vers cette société ne peuvent pas être approuvées en raison de la forte probabilité de voir ces matériels transférés à un utilisateur final non souhaité.

NOUVELLES COMMANDES DE SPIKE POUR RAFAEL

Deux annonces sont venues renforcer la position du Spike israélien sur le marché des armes antichars, ainsi que le rôle du consortium Euro Spike dans la commercialisation et le soutien de ces équipements. Le best-seller de Rafael qui a déjà été vendu à plus de 30000 exemplaires dans 39 pays et intégré sur 45 plateformes différentes ayant permis le tir de 5000 missiles a fait l'objet ces derniers jours de commandes en provenance de deux pays européens. Ces acquisitions devraient permettre aux armées des deux pays concernés de disposer d'armes antichars de nouvelle génération.

CONSTESTATION BLINDEE HELVETE !

Sur les 230 chars Leopard 2A4 (Panzer 87) dont dispose l'armée suisse, 96 engins ne sont pas en service actif et stockés sous cocon. Les responsables suisses souhaitent se séparer de ces chars selon un mécanisme spécifique ; les pays ayant transférés des Leopard 2 à l'Ukraine pourraient recompléter leur parc avec les chars fournis par la Suisse. Cette partie de "billard à trois bandes" s'appuie sur une règle votée en 2006 par le Conseil Fédéral selon laquelle le matériel de guerre peut être revendu au pays d'origine sans aucune condition. Toujours selon cette règle, la Suisse n'est donc pas tenue de demander une autorisation de réexportation pour les Panzer 87 vers leur pays d'origine qui peut ainsi en disposer à sa guise. Concernant les chars suisses, ils pourraient être revendus à Rheinmetall, qui serait libre de les réexporter vers l'Ukraine ou au autre pays européen. Grâce à cette règle, les 42 chars Leopard2 revendus à Rheinmetall en 2010 ont reçu au début de l'été dernier un avis favorable du Département de la Défense suisse pour leur réexportation. La firme allemande n'a cependant fourni aucun détail sur la destination finale de ces chars qui ont peut être été acheminés vers la Slovaquie ou la République tchèque, en remplacement des chars fournis à l'Ukraine. Le Parlement suisse doit décider dans les prochains jours du sort des 96 Leopard 2 stockés pour une possible réexportation vers la Pologne membre actif de la coalition du Leopard. Varsovie ayant récemment réaffirmé son intérêt pour les chars suisses après une première demande formulée l'été dernier. 

L'ARCHER DE BAE SYSTEMS SHORTLISTE EN SUISSE

BAE Systems a annoncé sur son site que son canon Archer de 155mm avait été short listé par le gouvernement suisse dans le cadre du projet d'acquisition de systèmes d'artillerie. On ignore quelles sont les autres engins retenus pour cette phase finale, BAE Systems étant la première des compagnies en lice, à rendre publique la décision de l'office suisse d'armement Armasuisse.  L'Archer qui peut tirer des munitions Bonus jusqu'à 35km, ainsi que des munitions Excalibur jusqu'à 50km n'a jusqu'à présent été adopté que par l'armée suédoise qui l'utilise depuis 2015.

PAS DE CHARS SUISSES POUR LA POLOGNE

Après le véto suisse à la fourniture de munitions pour les Marder à destination de l'Ukraine, la Confédération Helvétique a indique aujourd'hui son refus de remettre à la Pologne les 96 chars Leopards 2A4 (Pz87) que l'armée suisse détient encore en stock. Cette décision est motivée par la volonté des autorités de Berne de se conformer à une stricte neutralité dans le conflit ukrainien, en ne procédant à aucune livraison même indirecte d'armements à l'Ukraine. Le ministère de la Défense suisse a ajouté que pour satisfaire la demande polonaise, les chars auraient du être formellement retirés du service avant que leur transfert vers la Pologne ne soit approuvé par le Parlement, ce qui impliquait des délais de réalisation incompatibles avec la demande polonaise. Le ministère suisse de la défense a rappelé que Rheinmetall disposait de 42 chars rachetés à la Suisse en 2010-2011, qui pouvaient être réexportés avec l'accord du gouvernement allemand. La stricte observation du principe de neutralité a conduit les autorités suisses à refuser la réexportation vers l'Ukraine par le Danemark de 22 Piranha III et de 12400 obus de 35mm pour les Gepards allemands fournis à Kiev. Ces décisions interviennent sur fond de discussions commerciales entre la Pologne et l'Allemagne pour la fourniture de chars modernes en remplacement des engins transférés en Ukraine, parmi lesquels des Leopards 2A7 mais aussi A4 comme les chars suisses. Le dialogue entre Berlin et Varsovie sur le sujet semble pour le moment au point mort, en raison de divergences financières, de considérations techniques ainsi que de la volonté polonaise d’accélérer les livraisons des M1A2 SEPV3 acquis en juillet dernier et de se procurer un char de nouvelle génération, comme le K2PL. 

VETO SUISSE A LA FOURNITURE DE MUNITIONS POUR LES MARDER ALLEMANDS A DESTINATION DE L'UKRAINE

Le quotidien suisse Sonntags Zeitung a indiqué que les autorités fédérales suisses  avaient refusé d'autoriser la réexportation de munitions de 20mm destinées au canon Mk20 Rh 202 équipant le Marder, dont Rheinmetall souhaite transférer une centaine d'exemplaires à l'Ukraine. Le refus du gouvernement de Berne, motivé par la volonté de maintenir le statut de neutralité du pays risque de fragiliser la position du gouvernement allemand qui doit faire face à de nombreuses critiques liées à son absence de soutien à l'Ukraine. La Suisse qui a adopté les différentes mesures et sanctions à l'encontre de la Russie, a rappelé que sa neutralité lui interdisait de livrer des armes ou des munitions dans des zones de conflit. Selon une source gouvernementale suisse, l'Allemagne aurait formulé deux demandes de réexportation qui ont toutes deux reçu une réponse négative, refus déjà essuyé par la Pologne il y a quelques semaines.

LA MODERNISATION DES CV9030 SUISSES

C'est par un communiqué de presse que BAE Systems Hägglunds a annoncé aujourd'hui la signature d'un contrat avec le Swiss Federal Office for Defense Procurement (armasuisse) pour la modernisation des 186 CV9030 appelés en Suisse Schützenpanzer 2000. Les modifications permettront de traiter les obsolescences identifiées dans les domaines optique, électrique et électronique. La modernisation comportera également l'installation de suspensions actives permettant de réduire l'usure générale du véhicule, de réduire les couts de maintenance, d'améliorer la mobilité et le confort de l'équipage. La protection de l'engin bénéficiera de l'installation d'un système de surveillance périmétrique sur 360°, pour améliorer l'efficacité globale de l'engin et sa survivabilité. Le contrat prévoit une large implication des entreprise suisses dont RUAG dans la réalisation de ce programme et la fourniture de composants. Ce contrat d'extension de la vie opérationnelle de l'engin devrait permettre aux CV9030 suisses de rester en service jusqu'à 2040, BAE Systems souhaitant dans le futur développer sa coopération avec les industriels suisses autour d'une future plateforme. 

Après la Norvège, la Suède et les Pays-Bas, la Suisse est le quatrième pays européen à moderniser ses CV90. Plus de 1300 exemplaires de ce VCI sont en service dans sept pays européens, il a été déployé en Afghanistan par la Norvège.