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mercredi 19 février 2020

REFLEXIONS AUTOUR DU CV 90


Les deux vidéos contenues dans cet article présentent pour la première l’ultime évolution du CV 90 et pour la seconde les différentes phases de cette évolution depuis la mise en service de l’engin. Les images et les propos contenus dans ces vidéos appellent quelques commentaires et réflexions. Ces dernières sont de portée générale et ne constituent en aucun cas, le panégyrique de cet engin. 

- Le CV 90 dans sa version Mk 0 est né à la fin des années 90, avec des spécifications éditées en 1986 et des livraisons débutant en 1993. La période, pourtant peu propice aux affaires de défense et encore moins aux blindés n’a pas empêché la production et la mise en service de cet engin par des pays soucieux de renouveler leur parc blindé mécanisé. Depuis cette date, le CV90 a évolué à cinq reprises pour arriver à l’ultime version Mark IV associant à son armement principal canon un missile antichar, en l’occurrence le Spike israélien. A l’exception de cette dernière déclinaison, toutes les évolutions réalisées durant ces trente années l’ont été à la demande de clients différents. Elles ont permis à chaque fois de faire évoluer le système d’armes et de d'augmenter ses performances. L’adoption d’une architecture de tourelle numérique à partir de la version Mark 3, l’intégration d’un drone, ou la mise en service de différents types d’armement  (Bushmaster 35-50mm, Bofors 40mm, Mk 44 Bushmaster 30mm, missile antichar) sont autant de capacités acquises au fil des évolutions et pour la plupart éprouvées au cours des déploiements opérationnels de l’engin. 

- Ceux-ci sont d'ailleurs évoqués dans le témoignage d'utilisateurs. En  novembre 2007, les CV 90 du 2ème bataillon norvégien engagés dans l’opération Harekate Yolo dans la région de Mazar-e-Sharif avaient permis de faire face à une attaque massive des talibans. En mai 2008, c’est le bataillon Télémark engagé dans l’opération Karez dans la province de Badghis qui se dégage des feux ennemis grâce à l’action des blindés. En 2010, le Danemark décide de renforcer son contingent après les pertes subies depuis 2006. Les dix CV 9035 DKs projetés sont employés aux côtés des Léopards 2A5 DK également déployés par ce pays dans la province du Helmand. Plusieurs de ces engins résisteront à des attaques par IED. Deux victimes seront cependant à déplorer par un IED   de grande puissance réussissant à retourner l’engin dans lequel ils se trouvaient. Outre les atouts "habituels" de protection, puissance de feu et mobilité le CV 90 est perçu par ses utilisateurs comme l'engin ayant permis de s'imposer dans des combats difficiles, de créer la surprise et de disposer d'une puissance de feu importante. Le terrain pourtant jugé peu favorable aux blindés par de nombreux experts n'a présenté aucune difficulté pour les équipages grâce à de bonnes qualités de mobilité. 

- La notion de plateforme développée avec la version MK IIIB est également très intéressante, à l’heure où l’on parle de modularité et d’économies, le développement de plateformes permet des gains substantiels dans ces domaines, avec un taux de 80% de pièces communes aux différentes versions. Le développement du CV 90 peut être comparé à celui de la famille Ajax au sein de l’armée de terre britannique qui devrait être équipée à terme de six véhicules différents basés sur une plateforme commune, à savoir : 

Ajax – véhicule de reconnaissance (canon CTAI de 40 mm)

Arès – véhicule blindé de transport de troupe

Athéna – véhicule poste de commandement

Atlas – véhicule blindé de récupération

Argus – véhicule du génie

Apollo – véhicule de dépannage

Communauté de châssis pouvant s’accompagner d’une communauté de tourelles telles que celles proposées par John Cockerill Défense avec la série 3000, capable d’intégrer des armements allant de 25 à 105mm. Au-delà de la mise en avant d’une modularité pouvant faire croire à un changement de canon de façon quasi instantanée, on retrouve l’esprit de la famille AMX 13 déclinée en de multiples versions. 

- Enfin et pour revenir au CV90, le poids de la dernière évolution est porté à 37 tonnes avec 2 tonnes supplémentaires de charge utile. Cette ultime déclinaison est propulsée par un moteur Scania de 1000 ch. avec un ratio de 27ch/t. Pour mémoire le Leclerc affiche dans sa version actuelle un ratio de 26,7 ch./t tandis que le VBCI oscille entre 17,18 et 19.6 ch./t. Il faut noter que cette version autorise le combat collaboratif avec une tourelle entièrement numérisée permettant le partage des objectifs entre les engins et la capacité de mettre en œuvre un drone. Cette version est en outre qualifiée pour le tir du missile antichar israélien Spike. Le tout étant porté par un châssis chenillé dont on connait les qualités en termes de mobilité.


En dépit de sa non qualification pour la phase 3 du programme Land 400 australien et l’arrêt du programme américain Next Generation Combat Vehicle, le CV 90 démontre de réelles aptitudes. Conçu pendant la guerre froide pour des engagements de haute intensité, le CV90 a été adapté et utilisé avec succès dans un conflit asymétrique et sur un terrain difficile. Il démontre également la volonté de certaines armées de posséder une composante blindée mécanisée avec une plateforme puissante. L’empreinte logistique est préservée par le partage de 80% des composants par les différentes versions utilisées. Dans le domaine des véhicules à roues, le Boxer de Rheinmetall présente les mêmes caractéristiques en termes de communauté et de partage de composants.

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