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mercredi 18 octobre 2023

LE CHAR A NOUVEAU AU COEUR DES OPERATIONS

Les premières images de chars détruits apparues quelques heures seulement après le début de l'assaut du groupe terroriste Hamas contre Israël, nous ramènent aux premiers instants de l'opération militaire spéciale russe au cours desquels de nombreux chars avaient été détruits par les armements antichars dont disposaient les forces ukrainiennes. Cette "similitude blindée" illustre à elle seule, la place du char dans les conflits modernes qu'ils soient conventionnels comme en Ukraine ou asymétriques comme en Israël. En terrain ouvert comme en zone urbaine le char s'impose une nouvelle fois comme la pièce maîtresse des opérations terrestres, dans lesquelles il apporte des caractéristiques essentielles et pour lesquelles il est capable d'être rapidement adapté.
Dès le 7 octobre matin, on pouvait découvrir sur internet les images du premier Merkava détruit par un projectile de nature inconnue. Cette première destruction permettait de constater l'inefficacité du système de protection active Trophy, supposé protéger les chars israéliens contre ce type de menace, au moment où ce système est en cours d'adoption sur de nombreux engins blindés dans le monde. La destruction a été initialement attribuée à une munition PG-7T transportant une charge creuse en tandem, constituée d'une première tête de 50mm de calibre détonant à l'impact avant la détonation de la charge principale d'un calibre de 98mm. Ce projectile tiré depuis un RPG-7 est conçu pour pénétrer des blindages réactifs d'une épaisseur équivalente à 750mm d'acier homogène (RHA Rolled Homogeneous Armor) à une portée maximale de 200m.
 
Merkava détruit lors de l'assaut du 7 octobre

Après la diffusion de ces premières images, on a vu apparaître sur les suivantes un des ennemis les plus récents du char à savoir le drone capable de porter une charge militaire (dans la plupart des cas une grenade) et de la laisser tomber sur son objectif.
Cette technique similaire à celle utilisée dans le conflit ukrainien laisse le système de protection active inefficace contre cette munition tombant du ciel et venant frapper le char dans une partie traditionnellement moins protégée, à savoir le toit de tourelle. Sans que l'on sache vraiment si le char visible sur cette séquence est le même que le précédent, ces images soulignent une vulnérabilité du char désormais bien connue, face à laquelle plusieurs solutions sont mises en place. Les plus immédiates et d'aspect souvent rudimentaires sont constituées par des grilles et des éléments de blindages placés en superstructure, en attendant le développement de parades plus élaborées. La première d'entre elles est le système Triton développé par la firme russe Ppsh Laboratories présenté au Forum Army 2023. Destiné à équiper une grande variété de véhicules dont les chars T-72 et T-90, ce système brouille sur quatre gammes de fréquence les canaux de transmission et de contrôle des drones assaillants. La seconde parade en cours développement est la prise en comte de la dimension verticale du char pas les systèmes de protection active, comme on a pu le voir lors des tests de la tourelle Guardian 30 équipé du système Iron Fist au cours desquels la solution israélienne a détruit un quadracopter. Nous sommes dans une situation comparable à celle dans laquelle les chars se trouvaient au moment de l'arrivée des premiers missiles antichars, contre lesquels ils étaient fortement vulnérables.
 
T-72B3 équipé de grilles antidrones et du système Triton

Sur le plan tactique, toutes ces images nous montrent des chars statiques déployés sur des positions défensives et probablement inoccupés au moment de l'attaque, déclenchée à 06h30 un matin de Shabbat. Le 7 octobre étant en outre la fête juive de Sim'hat Torah qui symbolise la fin du cycle annuel de lecture de la Torah, le livre sacré du judaïsme. Le choix de ce moment qui ne doit rien au hasard pourrait expliquer l'inefficacité des systèmes de protection active dont le fonctionnement implique la mise en œuvre du char et de ses différents équipements. Le caractère statique de ces engins les rend évidemment très vulnérables en l'absence de leur équipage mais aussi en raison de l'absence de tout environnement interarmes, dont l'action aux côtés des chars demeure un des éléments clés de leur succès. Comme au Yémen ou en Ukraine, les images en provenance d’Israël nous rappelle que sans un environnement interarmes adapté et lorsqu'il ne manoeuvre pas, le char ne peut rien et il est rapidement condamné. Cet environnement existe au sein de l'armée israélienne qui dispose d'un ensemble de moyens pouvant combattre avec les chars, plusieurs de ces engins ont d'ailleurs été capturés par les terroristes du Hamas au cours de leur assaut. 

Un des chars Merkava capturé par le Hamas.

Si le conflit ukrainien a ramené le char au centre d'un conflit moderne de haute intensité opposant deux forces constituées, la guerre qui s'annonce entre le Jourdain et la Méditerranée sera asymétrique en dépit de la puissance de feu dont dispose le groupe terroriste Hamas. Si en Ukraine, le char a fait preuve de son utilité en terrain ouvert, les chars israéliens agiront en espace clos sur un terrain fortement urbanisé au sein duquel ils seront la cible des nombreuses armes antichars présentes. Le (probable) déclenchement d'une opération terrestre israélienne à Gaza ne pourra se faire sans l'appui des chars et des blindés qui les accompagnent comme le montrent les images de convois se dirigeant vers la frontière entre Israël et la bande Gaza. Celle-ci risque d'être un gigantesque piège pour les forces terrestres israéliennes qui ne pourront compter que sur leur entraînement et leurs moyens pour mener à bien leur action. Parmi ces derniers, les blindés constitueront évidemment un atout indispensable dans la conduite des actions. Capables de s'affranchir des obstacles naturels ou artificiels érigés en vue de ralentir ou empêcher la progression des troupes israéliennes, les chars seront également un appui précieux, étant les seuls engins capables délivrer des feux puissants et précis sur des objectifs donnés en limitant les risques de dommage collatéral. Enfin la protection offerte par les chars et autres engins blindés permettra aux différentes unités engagées de progresser vers leurs objectifs en étant protégées des tirs directs et indirects de leurs adversaires. 
 
Merkava IV et D9 en action en zone urbaine
 
Un peu moins de 15 ans après l'opération "Plomb durci" déclenchée en décembre 2008, l'armée israélienne s'apprête une nouvelle fois à engager ses blindés dans une opération terrestre dans la bande de Gaza. Les leçons qui seront tirées de cet engagement devront être analysées avec minutie par nos décideurs et par les différents acteurs du programme MGCS ou de son remplaçant français. Ils pourront voir que le char agit au sein d'un vaste ensemble interarmes doté de capacités similaires permettant de démultiplier son action. Parmi ces moyens on peut citer le bulldozer blindé D9 dont la dernière déclinaison D9R a une puissance de 410 ch lui permettant de tracter jusqu'à 71 tonnes. Le D9 est basé sur un bulldozer Caterpillar équipé de modules de blindage d'un poids avoisinant les 15 tonnes lui opérant d'opérer sous le feu et le protégeant contre les EEI (Engins Explosifs Improvisés) y compris ceux de forte puissance, ainsi que le système de protection active Trophy. A cette protection s'ajoute le montage possible de fumigènes, de lance-grenades automatique ou de mitrailleuses. A l'heure où les premières réflexions sur le futur engin du Génie  commencent à se faire jour, l'étude de l'engin israélien permet de constater qu'il est possible de concevoir un tel engin à partir d'un véhicule civil et de le doter de capacités indispensables à l'appui des formations blindés. Le D9 devrait être épaulé par le Puma, un engin du Génie développé à partir du Sho't, version israélienne du Centurion britannique dont Tsahal possède encore plusieurs exemplaires. Il est intéressant de constater que pour opérer en zone urbaine, Tsahal privilégie l'emploi d'une composante génie chenillée capable de s'affranchir des obstacles rencontrés, au moment où les réflexions françaises en la matière semblent privilégier le développement d'un engin à roues.

Bulldozer D9 Tsahal

L'autre appui de poids sur lequel les combattants israéliens devraient pouvoir compter est constitué par le Namer, véhicule de combat chenillé et lourdement blindé, conçu pour ce type d'engagement. Le Namer illustre la pertinence du développement d'un châssis pouvant servir de base à une grande variété d'engins comme cela est le cas avec le Merkava IV, sur le châssis duquel le Namer est développé. Le VCI (Véhicule de Combat d'Infanterie) israélien serait engagé une seconde fois dans la bande de Gaza, où il avait été déployé en  2014 dans le cadre de l'opération "bordure protectrice". L'engin qui est décliné en plusieurs versions, de commandement, de renseignement et génie remplace désormais le M113 au sein des unités d'infanterie israéliennes. Basé sur la déclinaison précédente du Merkava, le Panther véhicule de dépannage développé sur la base du Merkava III complète cet ensemble blindé chenillé que l'on devrait voir dans les prochains jours dans la bande de Gaza. 

Transports de troupes Namer

Comme en Ukraine, le char dont les revers initiaux semblent ici liés au caractère brutal et inattendu de l'assaut du Hamas, sera au coeur des futures opérations terrestres de l'armée israélienne, soulignant le caractère indispensable de cet engin. Ses capacités sont exploitées de façon optimale par la présence à ses côtés d'un environnement interarmes adapté constitué de véhicules pouvant être développés sur la même base. La France au moment de la mise en service du Leclerc avait imaginé le développement de la E-Force constituée d'engins développés à partir du châssis du Leclerc, projet dont le développement n'a jamais dépassé le stade de la planche à dessin. Sans attendre le MGCS dont les soubresauts ont fait la une de l'actualité, la France doit rapidement réfléchir au développement d'une véritable composante blindée mécanisée, qui pourrait être déclinée à partir de l'E-MBT. Que ce soit en Ukraine ou dans la bande Gaza, le char démontre une fois encore sa polyvalence et son utilité dans la conduite des opérations terrestres, ainsi que sa capacité à agir sur tous les types de terrain et dans tous les milieux. 

Merkava IV et Namer

Ces engagements qui ont déjà influencé de nombreuses armées doivent également peser sur les réflexions menées autour du MGCS. Au moment où ce programme semble s'enliser (une nouvelle fois) dans les sables mouvants de la coopération franco-allemande et s'égarer dans les méandres du tout technologique, il est important d'observer les utilisations du char dans ces opérations. "L'échec" du Trophy ne doit pas masquer la réelle utilité pour notre armée de posséder un engin simple (et non pas simpliste) doté de technologies matures. Celles-ci peuvent se retrouver dans l'observation avec des viseurs performants et l'adjonction d'un drone tactique à disposition du chef, dans la puissance de feu avec la mise en service d'une munition polyvalente programmable, de la mobilité avec une motorisation hybride performante ou encore de la protection avec l'intégration d'un dispositif de type Pilar V et d'un système de protection active. Cet engin comme le montre la tendance actuelle devra être plus léger que les chars actuellement en service, pour augmenter sa mobilité stratégique et son agilité mais aussi plus facile à soutenir grâce à la maintenance prédictive et plus durable avec une capacité d'évolution améliorée par l'emploi d'une architecture ouverte. Les différents démonstrateurs présentés ces derniers mois tels que le KF-51, l'Abrams-X ou encore le concept K3 présenté à ADEX ainsi que la décision américaine de stopper l'inflation pondérale du M1A2 illustrent cette tendance qui remet le char moyen au centre des projets de développement. 

Concept-tank K3 de Hyundai Rotem

Enfin, la récente apparition de Merkava équipés de cages de protection antimissiles disposées sur le char ne peut que démontrer la faculté d'adaptation de l'armée israélienne qui moins d'une semaine après la destruction de plusieurs chars par drones ou des munitions antichars attaquant par le haut (certains observateurs ont évoqué l'utilisation de NLAW ou New Light Anti tank Weapon sans que cela ait été confirmé) équipe une partie de ses engins de dispositifs de protection adaptés. Certainement rudimentaires, ces cages qui ont probablement été "bricolées" à la hâte par une société ou par les militaires eux-mêmes, ne devraient pas manquer d'évoluer dans les prochaines semaines, avant que les Rafael et Elbit Systems engagent le développement d'une version améliorée de leur système de protection active. A l'heure où les menaces évoluent très rapidement, les procédures d'adaptation réactive doivent s'adapter en conséquence pour fournir dans les délais appropriés des solutions efficaces, traduisant dans les faits le passage à une économie de guerre soucieuse de fournir à ses combattants les meilleurs outils. Cette adaptation comme l'utilisation des drones souligne également l'influence du conflit ukrainien sur les opérations en cours ou à venir. Même si cet affrontement ne constitue pas le modèle unique des futurs conflits, certains enseignements ne peuvent être négligés comme le montrent les récentes images en provenance d'Israël.

Chars Merkava équipés de cages de protection
 

En moins de deux ans, le char que l'on croyait obsolète et dépassé est revenu au centre des opérations terrestres dans lesquelles il s'est révélé indispensable. Le déclenchement de l'opération militaire spéciale russe en Ukraine a bouleversé de nombreuses certitudes et a entrainé un réexamen approfondi des projets en cours, aujourd'hui analysés à la lumière des combats en Ukraine et demain à celle des opérations israéliennes dans la bande de Gaza. Les chars de deuxième génération contraints de s'alourdir pour intégrer de nouvelles technologies risquent de ne pas résister aux conclusions de ces études et de se voir remplacer par des engins de transition aux caractéristiques différentes. Cette mutation peut constituer une opportunité intéressante pour la France, qui pourrait saisir l'occasion de développer un char moyen basé sur une plateforme unique et ce sans attendre le bon vouloir de l'armée de terre empêtrée dans la rénovation du Leclerc et la survie du MGCS.

30 commentaires:

  1. Super article, 100% d'accord !

    Il faut redonner de la cohérence à nos brigades blindées et vous nous expliquez comment bien faire.

    Que nos chefs (et ceux de la BITD) vous entendent !

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  2. Un char de 45 tonnes, "sur-blindé", mu par une motorisation hybride, sur chenilles composites, disposant d'une protection active, armé d'un canon d'un calibre intermédiaire aux 40/140mm CTA (105mm CTA ? ---> 35/40 obus) et un ARX30 ?
    Châssis servant de base pour les futurs ASCALON (140mm CTA, ARX30, camouflage adaptatif, protection active ...) et engins du Génie ?

    Sinon, des équivalents des "Type-X" de Milrem Robotics armés d'un 40mm CTA ?
    Ainsi que des OPTIO X20, des robots/drones du Génie, et tout l'toutim ...

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    1. Manque de protection, il volera en éclat au moindre et au premier coup de... ...105 mm.

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    2. À "Anonyme 19 octobre 2023 à 12:58",

      Et pourquoi cela ?

      Avec un bon blindage, de bonnes briques réactives, une bonne sur-protection (grilles anti-RPG, etc ...) et une bonne protection active, cela ne me semble pas délirant.
      Qui plus est, il est plus question d'engagements en milieux confinés/semi-confinés qu'en milieux ouverts. Soit des lieux où la distance d'engagement est fréquemment inférieure aux 2km.

      Un char mobile (surtout entre 0 et 40km/h), bien protégé, doté d'un canon capable de détruire les structures/fortifications et les blindés légers/moyens, voire de secouer comme il faut des blindés lourds, avec un ARX30 sur le toit en anti-personnels et anti-drones, cela me semble plutôt bien adapté aux types d'engagements décrits par Blablachars.

      Cordialement.

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    3. Avec quarante-cinq tonnes le blindage sera insuffisant pour arrêter une flèche de 120 mm, ou même de 105 mm moderne actuelle.
      Idem pour les missiles modernes les plus puissants, ce sera très très limite.
      Les "grilles" anti RPG7 basiques, ne sont efficace qu'à 50 %, un coup sur deux (Vous en tirez deux - trois ...).
      Le hard kill, très couteux, n'a généralement qu'une demi douzaine de munitions actives :
      Les chars israéliens en 2006 contre le Hezbollah ont relevé une moyenne de plus de dix impacts de ce genre de charges creuses.
      Et malgré tout, aucun Merkava4 n'a été percé : Pour relativiser l'efficacité de ce genre de munitions, contre des chars moyens d'une quarantaine de tonnes justement, en Ukraine par exemple.

      Cordialement.

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  3. Il y a une coquille je crois
    "En moins de deux ans, le char que l'on croyait indispensable est revenu au centre des opérations terrestres dans lesquelles il s'est révélé obsolète et dépassé" me semble être une formulation plus proche de la réalité des faits.

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  4. Encore une fois, tout est dit dans cet article de Blablachars, et surtout il démontre bien tout ce qui manque à l'armée de terre Française (Infanterie, Artillerie, Génie) sous blindage chenillé. Mai s nos chefs venant des bérets (rouges, verts et à ancre de marine), tiennent à leurs roulettes pour corps expéditionnaires au soleil et nos politiques (qui ne connaissent rien au Métier Militaire, n'ayant jamais servi dans la défense de leur Pays) suivent bêtement.
    Un jour vu l'état de ce qui se passe dans le monde, ils risquent de devoir rendre des comptes au Peuple Français, à espérer qu'il ne soit pas trop tard.
    Bernard

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    1. Doucement avec l'ancre !☝️😉

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    2. Oui Marsouin, j'ai connu des Marsouins à chenilles, il y a bien longtemps au 21 RIMA, depuis tous sont sur roulette dommage, sa reste quand même une belle arme.

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    3. RMT, 21e RIMA, et 43e RIMA, furent un jour montés sur AMX13 en tant qu'infanterie mécanisée. Seul le RMT passa sur AMX10P. Aujourd'hui plus personne en France n'opère sur VCI, il n'y en a tout simplement plus (Et donc pas guerre urbaine pour nous, ou très fortement déconseillé, voir ci dessus.).

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    4. Je sais bien ! :)

      Si vous lisez mes commentaires, vous comprendrez que même avec mon béret, je suis plutôt acquis à la cause des familles de blindés chenillés pour redonner de la cohérence aux brigades blindées.

      Si personne ne se réveille, en 2040, on va se retrouver avec des BB qui ne ressembleront à rien, avec plein de plateformes différentes, incompatibles tant dans le domaine tactique que du soutien.

      Et pourtant on a de beaux exemples de réussites passées comme l'amx13, les merkava/namer, les cv90...

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    5. Oui j'avais bien compris, en effet.
      Bienvenue au club.

      2040, qui risque d'être un bien "drôle" d'anniversaire, si on ne se ressaisis pas plus (Marc Bloch, revient... Vite...).
      En plus, certains pourront même se faire le petit plaisir de revoir des chars allemands défilés sur les champs Elysée.
      Décryptage : Ce que vous n'arrivez pas à obtenir par la guerre, faites le donc par l'économie ; avec quelques "idiots utiles" aveugles ça fonctionne plus que bien.

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  5. j'ai lu un article qui nous propose une autre vision du char https://voxmilitaris.blogspot.com/2023/07/autre-point-de-vue-sur-le-char-vu-du.html
    car Frede 6 à a moitié raison, dans le sens ou comment nous voyons le char est obsolète et dépassé mais pas le char lui même. je pense qu'il n'y a rien actuellement en véhicule blindé qui aurait fait mieux que le char vu l'environnement de combat. Les robots ne sont pas encore à niveaux que se soit en autonomie, et en adaptabilité. MGCS étant dans le temps long 2045, je pense qu'il intégrera des composant interarmes pour maximiser les effets. https://voxmilitaris.blogspot.com/2023/09/les-ambitions-du-mgcs.html

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    1. Pensée interessante et construite qui me convient même si on ne peu pas être d’accord avec tout.
      Je préfère cela a des propos hors sol, très franco français, voire de cavaliers frustrés ;-).
      La Russie et Israel n’ont jamais considéré le char comme obsolète et dépassé (idem US, voire Allemagne pour des raisons indus). Il est au coeur de leur doctrine et n’a jamais cessé d’être amélioré. Pourtant aujourd’hui on (re)découvre que les chars sont très rapidement mis hors de combat pas des engins à qques dizaines milliers d’euros, voire des trucs bricolés dans son garage. Alors qu’il n’y a pas de puissance aérienne. L’artillerie a provisoirement (re)demontré qu’elle était indispensable; le char c’est moins sur… A l’heure où la France s’apprête à engloutir des milliards dans un nouvel éléphant blanc, il est important d’en débattre.

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    2. " voire de cavaliers frustrés " :
      Merci pour l'auteur de ce blog !!

      Bé oui, des chars "mis hors de combat par des engins bricolés dans des garage", mais c'est bien sûr. ...

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    3. Oui. Facile de dire qui aime bien châtie bien mais je pense qu’il y a une part de vérité. J'essaie à mon modeste niveau de faire comprendre à notre hôte que sa défense passionnée du char lourd est certes remarquable mais probablement quelque peu maladroite pour arriver à convaincre ceux qui ont des doutes. Libre à lui d’en disposer à sa convenance.
      J’appelle un drone du commerce avec une grenade A/C un truc bricolé dans un garage…peut être à tord Mais quand on compare ce truc à un programme qui va couter des dizaines de milliards d’euros et nous engager sur 40 ans ça interpelle. On pourrait dire la même chose du PANG

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  6. Quelques réflexions complémentaires :
    Une munition RPG7 T avec ses 750 mm de percement maximum de blindage, est insuffisante pour percer un Merkava, surtout sur l'avant : Celui-ci a un blindage correspondant à plus de 2 000 mm d'équivalent d'acier, contre ce genre de munition à charge creuse (Moins, deux fois moins, contre des munition APDS de type flèche de 120 mm.).

    Contre les drones, des éléments sont de plus en plus en train d'être mis en place.
    C'est juste un effet de surprise, passager (Et un manque de réactivité évident également, et un manque flagrant d'anticipation : On met en place de nouveaux équipements, mais on ne pense pas à mettre en place leur parade, pensant que nos adversaires feront l'impasse dessus certainement : Toute l'histoire des récents plantages des armées occidentales !! (Du coup on bricole en catastrophe, des grilles ! ...).).

    Peut être s'agit-il tout simplement d'attaque par un commando de chars isolés, surpris, et donc capturés, et ensuite détruit ?

    Des guerres asymétriques, où l'avantage technologique est à contrario fortement réduit, et où on en revient une fois de plus, à certains "fondamentaux"...

    Cela le sera encore plus s'ils se lancent dans Gaza, c'est à dire, en plein milieu urbain :
    VCI, véhicules de combat d'infanterie, et leur infanterie (En nombre suffisamment important !), et engins du génie, très fortement blindés, deviendront alors encore plus indispensables.

    Au sein d'un environnement, complet (!), interarmes et interarmées, cela va sans dire, mais nécessite néanmoins d'être préciser, et rappeler ; pour beaucoup même chez nous...

    Des combats urbains, qui, de l'aveux même de la plupart des experts, constitueront le nouveau premier champs de bataille des guerres "de demain" (Déjà arrivées.) :
    A part sur des conflits relativement symétriques (Plus ou moins équilibrés.), où la masse et le nombre seront toujours déterminants (Plus que quelques éléments techniques, ça c'est sûr.), qui aurait encore la bêtise d'affronter une armée moderne en milieux ouverts ?
    Les autres champs de bataille restants seront ceux habituels des guérillas : La montagne ou les grandes forêts denses, type jungle par exemple.

    Il y a en effet de nombreuses matières à s'interroger et à ce requestionner.
    Mais verra t-on une quelconque inflexion chez nous, en France (Pour l'instant cela va même encore plus dans la direction opposée !!!?...) :
    Vers des blindés plus employables, mieux protégés et surtout plus blindés, plus "simples", mais adaptés à leur environnement et d'un poids suffisant leur assurant une protection de base suffisante ?

    En allant en particulier en France vers les actuelles 55 tonnes du K2, du KF50, ou encore du T14, en matière de chars de combat modernes de dernière génération ; et vers les 50 tonnes des véhicules de combat de type infanterie, du KF40, OMVF, Armata, et autres à venir, rien n'est moins sûr malheureusement, actuellement... Rien n'y fait, ni la guerre en Ukraine, ni celle contre l'Arménie (Si on y regarde bien.), ni ce qui se passera une nouvelle fois prochainement au Proche-Orient, ni partout ailleurs...

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  7. Merci à Blablachars d'évoquer la place du "char" dans des conflits qui ont chacun leur contexte et leur poplitique.
    Le dernier, pour le moins compliqué et sensible, n'est pas plus représentatif que les autres des conflits futurs dans lesquels nous serions impliqués.

    Là, il s'agit d'un champs de bataille urbain ou périurbains avec des populations civiles imbriquées, le tout sous le regard partisan des médias et des réseaux sociaux "bienveillants". Le char va être confronté à la guerre asymétrique, hybride et techno-terroriste avec des appuis externes dans un environnement "trèès complexe" où tout les endroits ne lui seront pas accessibles.
    Le combat urbain ne lui est pas favorable, à moins de tout raser par l'artillerie, là c'est encore pire il y a eu des précédents !
    On peut même légitimement penser qu'un simple siège serait aussi efficace qu'une entrée de vive force. Bien sur, il y a le "métro de Gaza"..., s'assurer des "hauts" ne suffira pas.
    C'est une question de temporalité et d'acceptation de l'opinion mondiale.

    La surprise et le choc tactique passés le "char" avec l'ensemble des moyens interarmes et interarmées devra servir d'artillerie spéciale en laissant d'abord la place aux bulldozers blindés (indispensable dans bien des domaines et à "droniser" à terme...) et au Génie sous protection pour l'approche, afin de permettre sa mobilité. Cette phase aura été précédée par une préparation importante de reconnaissance et de destruction "acceptable" (?) des menaces. Terrible !

    Bien loin de moi l'idée de vouloir refaire l'article de Blablachars mais j'ai quelques remarques :

    - Les moyens blindés d'Israël ont été pensés en fonction de la menace existentielle et de son environnement immédiat, y compris en adoptant des moyens à roues de type 8x8. Cela n'empêche pas les surprises tactiques, surtout quand on baisse la garde. Une bataille peut être gagnée, mais stratégiquement la guerre relève d'autres process. Là, rien n'est moins certain, surtout dans ce contexte où l'exercice sera de faire une démonstration de force plus que sur la stratégie, la temporalité n'étant pas la même dans les deux camps.

    - Les systèmes APS, comme le Trophy, sont insuffisant pour contrer les attaques par le toit avec des charges creuses doubles utilisées par des drones ou tirés en hauteur depuis des bâtiments, malgré les blindages de toiture (cas le plus simple, il existe aussi le RPG-30). Les compléter par une détection et des effecteurs zénithaux est faisable pour obtenir une veritable bulle de protection (ils existent...). Toutefois l'intégration sur des blindés existants n'est pas si évident qu'il n'y paraît en matière de masse, d'interférences et de coûts induits...
    Un bricolage rustique de circonstance (cape cage et autres) pour contrer des moyens simples est un pis aller, mais il peut être salvateur. La 2ème GM a produit de nombreux exemples avec de la tôle et des sacs de sable.

    Le MGCS, voire les MGCS, est un but futur avec des moyens et un emploi qui n'existent pas encore sous une forme technique et intégrée. Pourtant quelques briques techniques existent déjà. Faire le joint entre le présent et le futur ne pourra se faire que par incréments en tenant compte des RETEX matériels et humains ainsi que l'employabilité du système.

    - Il faut se garder des idées reçues tout en se faisant à l'idée des événements nouveaux, y compris par la force des choses. L'avenir du "char" tiendra compte des conflits en cours et des évolutions de son environnement. Blablachars aura de quoi introduire des réflexions interressantes à l'avenir.

    - la mobilité avec la complémentarité chenille-roue, le franchissement, les menaces 3D, les mines et effecteurs divers de piégeage, l'évolution dimensionnelle des trames avec l'augmentation des portées, l'avènement des drones ou engins non pilotés, le MCO et la révolution de l'emploi 4D... façonneront le "char" de demain ou le remplaceront par autre chose (?).

    Le sujet est vaste !

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    1. Merci de ces précieux éclaircissements, grand stratège, et de nous gratifier de vos si hautes hauteurs de vue.
      Les israéliens devraient penser à vous consulter.
      😀

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  8. Merci BlaBlachar de relancer le sujet , non le char n'est pas mort, l' on peut se défendre sans char mais si l'on veut gagner une guerre il faut du blindage des chars des vci.
    Les guerres actuelles ont démontrées l'efficacité de l'artillerie des armes antichars et autres drones, comment survivre dans cette environnement ?
    Les blindages les protections actives ou autres bricolages ont leurs limites, le rpg32 est conçu pour tirer deux roquettes la première active la protection active du char et la seconde passe, les russes ont des chasseurs de chars tirant deux missiles a la suite quand au drone ils peuvent fonctionner en groupe , l'armée de terre a fait une démonstration avec 100 drones, 100 drones a 1000euros contre un char à 15 millions l' histoire est dite.
    La solution mise en avant serait d'ajouter des drones terrestres pour multiplier les cibles d'augmenter la portée de armes si j'ai bien compris les articles concernant le MGCS.
    A court terme il y a un constat le char conçu pour le combat contre des chars n'est pas adapté aux menaces des missiles roquettes et autres drones, le retour du char d'accompagnement d'infanterie?
    Penandreff

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    1. 100 drones à 1000 euros et un bon brouilleur, et il n'y a plus rien.

      Même deux roquettes tirées d'affilées, ou à double charge, ne suffissent pas à percer un char lourd.

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  9. J'ai aperçu à la télévision des Humvee d'entraînement tactique de l'armée israélienne équipés de canons factices (!).
    Certainement des images opportunes, mais intéressantes, sinon quel peut-être l'emploi de cet engin dans des combats ?

    https://youtu.be/3dEgGRcBOZo

    En tout cas, une bonne idée pour économiser nos chars à l'entraînement, en plus des différents simulateurs. Toutefois nos VBL (Utilisés par les équipages de chars en OPEX...), PVP et VT4 auront du mal pour se faire passer pour des Leclerc XLR. Même pour le Jaguar, la mobilité est différente... :)

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    1. C'est ce que nous faisons depuis longtemps. A Saumur, les élèves font des courses d'orientation en moto puis s'entraînent en sagaies.
      Néanmoins, personne ne peut faire l'économie de s'entraîner sur le matériel qu'il utilisera au combat.

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    2. C'est vrai, j'ai oublié les Sagaie (pan sur le bec !), dont il faudra envisager le remplacement... avec la numérisation et l'obsolescence.
      Les courses et parcours d'orientation de nuit se font à pieds dans l'infanterie. Il y en a qui ont de la veine. :)

      Effectivement, pour une formation opérationnelle mieux vaut disposer du moyen pour l'utiliser à plein et au mieux, sans le casser.

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    3. Pour les amoureux de la petite bête :

      http://www.milinfo.org/2022/01/l-erc-90-sagaie-retire-du-service.html

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    4. Mauvaise idée : Rien ne vaut l'entrainement en conditions réelles (Même si les simulateurs peuvent avoir leur utilité (Malgré leur coût) en début de formation initiale.).

      Ces Humvee sont très probablement des équipements destinés uniquement à faire le plastron.
      Aucun emploi en combat. Même de déception, pour tromper l'ennemi, leur demi "habillage" ne tromperait personne. Enfin... Presque personne...

      PS : Des VBL, qui accompagne cependant le Leclerc (Ah le couple VBL-Leclerc... Encore une de nos singularités, que l'on ne retrouve nul part ailleurs !! Comme celle également "unique" VBCI-Leclerc...), et qui auraient une mobilité différente !!! : Vous voyez ça finit quand même par rentrer, un peu.

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    5. Pour les opex africaines expéditionnaires, le couple vbl-vbci fonctionnait très très bien !

      Bien sûr, ce couple n'est pas employable en combats de haute intensité qui nécessitent un ensemble interarmes de véhicules lourds chenillés (offensive) ou carrément l'opposé, des buggy missiles non blindés très mobiles (défensive). En off ou def, très gros besoin en artillerie courte et longue portée.

      Beaucoup de watts à mettre sur le développement des essaims de drones tueurs (si possible autonomes pour être résilients face au brouillage, l'homme ne sera donc pas toujours dans la boucle, évidemment).




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  10. Le VBL est avant tout un moyen d'éclairage et accessoirement un flanc-garde léger ou de liaison. Il n'accompagne pas le Leclerc, il le devance en discrétion. La protection, la mobilité et le feu sont sans comparaisons, évidemment.
    Avec l'avènement des drones aériens et terrestre la question se pose avec le futur VBEA et son emploi...? Dans certains cas un vélo électrique pourrait suffire. :)
    Pourtant d'autres y pensent, comme en Allemagne.

    https://www.forcesoperations.com/le-vbae-confirme-mais-pour-2026/

    https://www.opex360.com/2023/10/21/larmee-allemande-a-lance-un-appel-doffres-pour-se-procurer-jusqua-252-blindes-de-reconnaissance/

    Le questionnement sur la haute intensité et la masse est récurrent. Il n'est pas certain que ce soit l'Armée de Terre qui soit la première concernée de nos forces sur l'arc européen, hormi les unités de réassurance de l'OTAN en OPEX. Dans cette hypothèse la haute intensité serait un euphémisme, quant à la masse le sujet est sensible... et restera posé un bon moment !

    https://www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/briant_florant_pesqueur_masse_2021.pdf

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    1. Le VBL n'a strictement rien à faire avec le Leclerc (On parle ici précisément du couple VBL-Leclerc.).
      Là aussi, il faudrait un engin de reconnaissance, chenillé, de même catégorie de préférence (Avec équipement spécialisés dédiés.), dans ce type d'unité (Il faudrait que je vous ré explique une énième fois pourquoi ...).
      Le VBL n'a rien à faire dans ce type de régiment (A part comme véhicule de liaison à la rigueur.) :
      C'est un moyen d'éclairage en effet, léger, très léger même, destiné à servir dans une unité du même type ; et non dans une unité précisément dédié à la haute, et même à la très haute intensité.
      Mais là aussi on "gère" le manque d'anticipation, de cohérence, et le dogme du tout-roue ; comme avec le couple VBCI-Leclerc par "exemple" encore.

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    2. Là aussi Opex360 (En lien) fait la confusion habituelle entre engins de reconnaissance et engins d'éclairage.
      Le VBL, qui correspond à la deuxième catégorie, devrait justement faire partie d'unités d'éclairage (Dans un régiment de blindés légers, sur roues, par exemple.).

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