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mardi 12 août 2025

UN SECOND PROTO QUI EN DIT LONG !

Après une première apparition en juin 2024 à Eurosatory, le Leopard 2A-RC 3.0, rebaptisé depuis Leopard 3 a de nouveau fait parler de lui ces derniers jours. C'est sur le camp de Klietz que quelques "happy few" ont pu découvrir le PT02, ou second prototype de l'engin allemand. Au-delà de la portée politique de cet engin, le Leopard 2A RC-3.0 présente la caractéristique d'être le troisième char en cours de développement, doté d'une tourelle téléopérée, après le T-14 russe et le M1E3 dont les chenilles n'ont pas encore effectué le moindre tour. Question chenilles, les images disponibles nous montrent que l'engin allemand est encore doté de modèles en acier, indiquant que la limite de 50 tonnes fixée pour l'emploi de chenilles composites est dépassée. La probable réduction de poids escomptée par le regroupement de l'équipage en châssis devrait permettre au Leopard 2A-RC 3.0 de ne pas franchir la barre des 60 tonnes, le ramenant à des proportions plus acceptables. Le châssis dans lequel un moteur de 1500 ch prend place ne laisse pas apparaître d'évolutions notables à l'exception de retouches cosmétiques dont certaines pourraient abriter des éléments de blindage. 

L'absence d'équipage en tourelle n'abaisse pas la silhouette générale de l'engin par rapport à celle de ses prédécesseurs comme le montre l'image ci-dessous. Cette constatation également visible sur le M1E3 et le T-14 va à l'encontre de nombreuses idées reçues en la matière. 

Leopard 2A-RC 3.0 et Leopard 2A7 (Photo YouTube Team Klaus Schröder)

C'est donc bien du côté de la tourelle que l'engin que sont à rechercher les particularités de cet engin, appelé à succéder au Leopard 2A.... comme l'indique le nom donné par son constructeur. Nom qui illustre sa volonté d’inscrire ce char dans la lignée de ses prédécesseurs, histoire de ne pas affoler les futurs clients !  Outre son aspect téléopéré, la tourelle embarque plusieurs systèmes plus ou moins novateurs. Parmi ces derniers, le canon de 120mm L55 est de nouveau convoqué pour l'armement du char, en attendant peut-être une augmentation de calibre, en accueillant avec le Rh130 de Rheinmetall et pourquoi pas un Ascalon de 140mm mais là..... Le système de chargement automatique, de rigueur dans cette configuration, bien que largement moqué et galvaudé au moment de sa mise en service sur le Leclerc (il y a juste un peu plus de trente ans!) doit permettre de tirer 18 coups en une minute ! Chiffre impressionnant bien que purement théorique, car ne tenant pas compte des contraintes tactiques et du terrain. Ce chiffre est d'autant plus théorique que KNDS a "oublié" de préciser le nombre d'obus contenus dans le chargement automatique. Le canon de 120mm est épaulé par deux armes "complémentaires", à savoir un canon de 30mm monté en superstructure et un pod de lancement pour le tir d'un missile antichar. Le premier armement tend à se généraliser sur les engins actuels, principalement en raison de la capacité de ce type d'armement à engager des drones avec des munitions ABM, solution destinée à assurer une autoprotection minimum du char porteur. Le second dont la portée pourrait être supérieure à 6000m serait donc de type LOS / NLOS (Line Of Sight / Non line Of Sight) et permettrait l'engagement d'objectifs situés au-delà de l'horizon. Il est encore trop tôt pour connaître les détails techniques sur cet armement (acquisition, guidage, charge...) mais son arrivée sur le Leopard 2A-RC 3.0 devrait apporter son lot de bouleversements.  

La tourelle du Leopard 2A-RC 3.0 avec le système Trophy et le poste missile.
 

En effet, au-delà de ces nouveautés techniques, le Leopard 2A-RC 3.0 introduit un certain nombre de ruptures doctrinales qui pourraient s'avérer déterminantes pour les futurs succès  du char. En effet, l'ajout d'un missile pouvant être (selon certaines informations) tiré en roulant associé à l'emploi d'une tourelle téléopérée rompt totalement avec les pratiques en usage dans les armées occidentales tant au niveau de l'équipage que de l'emploi de l'engin. L'adoption du Leopard 2A-RC 3.0 imposera un long apprentissage techniques aux équipages concernés mais aussi aux chefs interarmes en charge de son emploi. Cependant l'arrivée de ce missile marque également une étape importante dans l'évolution du char, qui reprend ainsi une combinaison déjà utilisée dans l'armée française, avec l'AMX-13 S11 armé d'un canon de 75mm et de quatre missiles antichars. Bien sur la protection de l'engin n'est pas oubliée avec évidemment le regroupement de l'équipage dans le châssis, l'intégration du système de protection active Trophy et l'ajout d'éléments de blindage sur le châssis du char. 


 

Le Leopard 2A-RC3.0 représente bien le char de transition, intégrant des technologies disponibles, doté d'une architecture ouverte et modulaire permettant d'intégrer de futures évolutions. Il démontre la volonté de notre "partenaire" de ne pas attendre le MGCS pour avancer dans le domaine blindé et de fidéliser la clientèle actuelle ou de séduire de nouveaux acheteurs. Ce démonstrateur pourrait également servir de plateforme de départ au projet MARTE (Main Armored Tank of Europe) coordonné par Rheinmetall et KNDS Deutschland au sein de la coentreprise MARE ARGE GbR. Ce projet financé par le FED (Fond Européen de Défense) regroupe pour le moment 12 pays européens contributeurs au projet que la France accrochée au MGCS comme l'animal vanté par le Maréchal Joffre, n'a pas rejoint.  

Quelque soit son avenir, avec le Leopard 2A-RC 3.0, KNDS fort du soutien des autorités politiques allemandes, fait un pari raisonnable sur l'avenir et se positionne de façon ostensible comme un acteur incontournable du marché des chars actuel et futur, que nous aurons tout loisir d'admirer en simple spectateur, position que nous aurons gagnée grâce au mépris affiché pour le char et le combat blindé depuis de longues années. 

5 commentaires:

  1. Ce n’est que la tourelle RCT120.
    De là à dire que c’est le Leopard 3, si un jour on le voit…

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  2. Quelle source citez vous pour affirmer que le char s’appelle désormais « Leopard 3 » ?

    La deuxième photo montre d’ailleurs un Leopard 2A6A3 et non pas un 2A7. (Les quelques 2A7 ayant tous étais convertis en 2A7V depuis un certain temps déjà).

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    1. il a été baptisé ainsi dans plusieurs publications qui lui ont donné ce nom pour illustrer l'évolution de cet engin, mais son vrai nom est bien Leopard 2A-RC 3.0. pour le leopard 2A6 je le prends pour moi , et je suis désolé de cette erreur !

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    2. " pour le leopard 2A6 je le prends pour moi , et je suis désolé de cette erreur ! ". Il faut tout de même admettre que pour s'en sortir avec les variants du Leopard 2 il faut un diplôme, une bonne partie même des pro en Allemagne doivent parfois être en galère. Une antenne plus courte ou qui change de position et hop une nouvelle variante.

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  3. sur les photos et vidéos disponibles il faut remarquer que le conducteur? retrouve une vison optique directe, pas d'arme coaxiale pas de RWS, il s'agit d'un prototype.
    il semble que les armées Allemandes et autres veuillent repasser sous les 50 tonnes mais cela impose un nouveau châssis avec une motorisation hybride ou par turbine (T80)?
    l'Inde a conçu des T72 radio guidé avec des protections anti drone (defense news)
    penandreff

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