Après une première apparition en juin 2024 à Eurosatory, le Leopard 2A-RC 3.0, rebaptisé depuis Leopard 3 a de nouveau fait parler de lui ces derniers jours. C'est sur le camp de Klietz que quelques "happy few" ont pu découvrir le PT02, ou second prototype de l'engin allemand. Au-delà de la portée politique de cet engin, le Leopard 2A RC-3.0 présente la caractéristique d'être le troisième char en cours de développement, doté d'une tourelle téléopérée, après le T-14 russe et le M1E3 dont les chenilles n'ont pas encore effectué le moindre tour. Question chenilles, les images disponibles nous montrent que l'engin allemand est encore doté de modèles en acier, indiquant que la limite de 50 tonnes fixée pour l'emploi de chenilles composites est dépassée. La probable réduction de poids escomptée par le regroupement de l'équipage en châssis devrait permettre au Leopard 2A-RC 3.0 de ne pas franchir la barre des 60 tonnes, le ramenant à des proportions plus acceptables. Le châssis dans lequel un moteur de 1500 ch prend place ne laisse pas apparaître d'évolutions notables à l'exception de retouches cosmétiques dont certaines pourraient abriter des éléments de blindage.
L'absence d'équipage en tourelle n'abaisse pas la silhouette générale de l'engin par rapport à celle de ses prédécesseurs comme le montre l'image ci-dessous. Cette constatation également visible sur le M1E3 et le T-14 va à l'encontre de nombreuses idées reçues en la matière.
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Leopard 2A-RC 3.0 et Leopard 2A7 (Photo YouTube Team Klaus Schröder) |
C'est donc bien du côté de la tourelle que l'engin que sont à rechercher les particularités de cet engin, appelé à succéder au Leopard 2A.... comme l'indique le nom donné par son constructeur. Nom qui illustre sa volonté d’inscrire ce char dans la lignée de ses prédécesseurs, histoire de ne pas affoler les futurs clients ! Outre son aspect téléopéré, la tourelle embarque plusieurs systèmes plus ou moins novateurs. Parmi ces derniers, le canon de 120mm L55 est de nouveau convoqué pour l'armement du char, en attendant peut-être une augmentation de calibre, en accueillant avec le Rh130 de Rheinmetall et pourquoi pas un Ascalon de 140mm mais là..... Le système de chargement automatique, de rigueur dans cette configuration, bien que largement moqué et galvaudé au moment de sa mise en service sur le Leclerc (il y a juste un peu plus de trente ans!) doit permettre de tirer 18 coups en une minute ! Chiffre impressionnant bien que purement théorique, car ne tenant pas compte des contraintes tactiques et du terrain. Ce chiffre est d'autant plus théorique que KNDS a "oublié" de préciser le nombre d'obus contenus dans le chargement automatique. Le canon de 120mm est épaulé par deux armes "complémentaires", à savoir un canon de 30mm monté en superstructure et un pod de lancement pour le tir d'un missile antichar. Le premier armement tend à se généraliser sur les engins actuels, principalement en raison de la capacité de ce type d'armement à engager des drones avec des munitions ABM, solution destinée à assurer une autoprotection minimum du char porteur. Le second dont la portée pourrait être supérieure à 6000m serait donc de type LOS / NLOS (Line Of Sight / Non line Of Sight) et permettrait l'engagement d'objectifs situés au-delà de l'horizon. Il est encore trop tôt pour connaître les détails techniques sur cet armement (acquisition, guidage, charge...) mais son arrivée sur le Leopard 2A-RC 3.0 devrait apporter son lot de bouleversements.
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La tourelle du Leopard 2A-RC 3.0 avec le système Trophy et le poste missile. |
En effet, au-delà de ces nouveautés techniques, le Leopard 2A-RC 3.0 introduit un certain nombre de ruptures doctrinales qui pourraient s'avérer déterminantes pour les futurs succès du char. En effet, l'ajout d'un missile pouvant être (selon certaines informations) tiré en roulant associé à l'emploi d'une tourelle téléopérée rompt totalement avec les pratiques en usage dans les armées occidentales tant au niveau de l'équipage que de l'emploi de l'engin. L'adoption du Leopard 2A-RC 3.0 imposera un long apprentissage techniques aux équipages concernés mais aussi aux chefs interarmes en charge de son emploi. Cependant l'arrivée de ce missile marque également une étape importante dans l'évolution du char, qui reprend ainsi une combinaison déjà utilisée dans l'armée française, avec l'AMX-13 S11 armé d'un canon de 75mm et de quatre missiles antichars. Bien sur la protection de l'engin n'est pas oubliée avec évidemment le regroupement de l'équipage dans le châssis, l'intégration du système de protection active Trophy et l'ajout d'éléments de blindage sur le châssis du char.
Le Leopard 2A-RC3.0 représente bien le char de transition, intégrant des technologies disponibles, doté d'une architecture ouverte et modulaire permettant d'intégrer de futures évolutions. Il démontre la volonté de notre "partenaire" de ne pas attendre le MGCS pour avancer dans le domaine blindé et de fidéliser la clientèle actuelle ou de séduire de nouveaux acheteurs. Ce démonstrateur pourrait également servir de plateforme de départ au projet MARTE (Main Armored Tank of Europe) coordonné par Rheinmetall et KNDS Deutschland au sein de la coentreprise MARE ARGE GbR. Ce projet financé par le FED (Fond Européen de Défense) regroupe pour le moment 12 pays européens contributeurs au projet que la France accrochée au MGCS comme l'animal vanté par le Maréchal Joffre, n'a pas rejoint.
Quelque soit son avenir, avec le Leopard 2A-RC 3.0, KNDS fort du soutien des autorités politiques allemandes, fait un pari raisonnable sur l'avenir et se positionne de façon ostensible comme un acteur incontournable du marché des chars actuel et futur, que nous aurons tout loisir d'admirer en simple spectateur, position que nous aurons gagnée grâce au mépris affiché pour le char et le combat blindé depuis de longues années.
Ce n’est que la tourelle RCT120.
RépondreSupprimerDe là à dire que c’est le Leopard 3, si un jour on le voit…
Quelle source citez vous pour affirmer que le char s’appelle désormais « Leopard 3 » ?
RépondreSupprimerLa deuxième photo montre d’ailleurs un Leopard 2A6A3 et non pas un 2A7. (Les quelques 2A7 ayant tous étais convertis en 2A7V depuis un certain temps déjà).
il a été baptisé ainsi dans plusieurs publications qui lui ont donné ce nom pour illustrer l'évolution de cet engin, mais son vrai nom est bien Leopard 2A-RC 3.0. pour le leopard 2A6 je le prends pour moi , et je suis désolé de cette erreur !
Supprimer" pour le leopard 2A6 je le prends pour moi , et je suis désolé de cette erreur ! ". Il faut tout de même admettre que pour s'en sortir avec les variants du Leopard 2 il faut un diplôme, une bonne partie même des pro en Allemagne doivent parfois être en galère. Une antenne plus courte ou qui change de position et hop une nouvelle variante.
Supprimersur les photos et vidéos disponibles il faut remarquer que le conducteur? retrouve une vison optique directe, pas d'arme coaxiale pas de RWS, il s'agit d'un prototype.
RépondreSupprimeril semble que les armées Allemandes et autres veuillent repasser sous les 50 tonnes mais cela impose un nouveau châssis avec une motorisation hybride ou par turbine (T80)?
l'Inde a conçu des T72 radio guidé avec des protections anti drone (defense news)
penandreff
Ce qui en dit long, plus qu'un long discours, sur l'avenir réel du MGCS ; du point de vue allemand en tous cas !
RépondreSupprimer(Le 140mm de l'Ascalon est bel et bien coulé lui aussi (Arrêtons de rêver.).)
Beau projet d'études prospectives en tous cas. (Comme quoi certains ne manquent vraiment pas de projets et d'ambitions eux, et ne rejettent vraiment aucune piste :
Un char sans tourelle habitée sera plus efficace qu'un autre avec tourelle habitée ?
Pour l'instant l'histoire semble à chaque fois avoir dit non, et démontré le contraire même, sur le terrain et plus encore en cas de situation réelle de combat !
Idem pour les bouleversements, supposés, il semble qu'on soit plus dans la continuation au contraire, d'une course à la technologie pour la seule technologie (Et pour le profit encore évidemment. On est pas compétemment encore sorti des dividendes de la paix.), concomitamment à un certain pragmatisme retrouvé cependant.
Bonne idée par contre le canon de faible calibre complémentaire ; cela rappelle le canon coaxial de 20 mm du 105 de l'AMX30, pour traiter les blindés et cibles moins importantes que les chars d'en face.
(De l'AMX30 et de son très utile et très efficace nous dit-on tourelleau TOP 7 avec dix épiscopes à 360°. Pas sûr qu'on le retrouve dans des chars à équipage déporté non plus celui là ! ... Pourquoi pas alors carrément télécommander tout ça, diront certains.)
Par contre en superstructure ? ! On espère peut être aussi faire de l'antiaérien avec ? !! (Il faudrait un minimum de radar, de suivi, pour ça. Ou sinon une 12,7 suffirait aussi pour cela.). Là aussi le mythe du super engin unique capable de tout faire, à lui seul ; et bon à rien en particulier au final ; a encore de beaux jour devant lui, dans la tête de certains...
Complémentarité...
Il en va de même pour de l'antichar (Très longue portée alors ?)
(Il a a même des obus de mortier qui font de l'antichar guidé à très longue portée, jusqu'à plus de 10 km, aujourd'hui ; en plus des obus "Bonus" à charge guidée également, jusqu'à plus de 30 km.)
Pourquoi pas même un rôle d''artillerie pendant qu'on y est.
Ils ont aussi oublier le lanceur de drones pendant qu'on y est aussi.
A force de vouloir tout faire par un seul engin, et par un seul équipage...
Missiles antichar "moyenne portée" complémentaires, qui ont en effet parfaitement leur place sur des engins armés de calibre inférieur ; mais sur un char lui même armé d'un canon antichar de 120, ou 130, mm, à vitesse très très rapide... ?!
A force d'accumuler les demandes et les spécifications diverses, et très "variées", on risque d'aboutir au finale à une plateforme, surchargée de systèmes d'armements divers donc, voire relativement inefficace ; si ce n'est d'un improbable "mouton à cinq pattes" encore.
Alors que l'on atteint déjà les limites de cette démarche du toujours plus technologique quoi qu'il en soit, et quoi qu'il en coute.
Avec une nouvelle explosion du prix, et des coûts (Y compris MCO.), unitaire plus que probable (N'oublions pas les APS et autres non plus...) de ces nouveaux chars, putatifs, ceci dit en passant, et au détriment du minimum de la masse et du nombre d'effecteurs minimal nécessaires, qui n'ont pas le don d'ubiquité (Un char, un canon ou système d'arme employable à la fois, et un seul équipage...) non plus, encore. (il ne faudrait retomber dans nos travers, d'armées occidentales de luxe ; alors qu'on commence seulement à un peu en sortir => Pragmatisme, employabilité, tout ça ??...)
Bref peut être plus un prototype de démonstration technologique (et commerciale...) que véritablement un projet viable et faisable à long terme ?
PS : Eh oui et pendant ce temps d'autres sont relayés au rang de seul spectateur passif...
Tiens il y a même carrément un projet MARTE (Main Armored Tank of Europe) !!
RépondreSupprimerIls ont décidemment de la suite dans leurs idées, ces industriels allemands.
Du point de vue d'un béotien, on peut se demander si le projet MGCS n'était pas un leurre allemand pour que les français se retiennent de développer un char de leur côté. Pendant ce temps, les projets purement allemands avançaient. Si c'est cela, c'est très bien joué et cela fonctionne. Et quelle naïveté chez les français..... Et j'espère me tromper. Apparemment Dassault a mieux joué avec le Rafale et ne se laisse pas berner aussi facilement.
RépondreSupprimerC'est un leurre, voire même un "attrape nigauds" (Volontaires en plus !!! Quelle idéologie (européiste, aveugle.) plutôt...)
SupprimerPour Dassault espérons que ça dure, aussi...
Famas le retour, 2,3,4,5,6 pour le coté matériel français excellent ?, qui ne se vend pas. Bon, et si l'on se passait du char après tout ? Les retours d'Ukraine montrent qu'il n'est plus qu'une plate forme d'artillerie se cachant là où il peut. C'est bien gentil les Trophy, autres 20/30mm d'autodéfense et autres équipages mieux protégés, mais protégés contre 1 ou 2 drones frappant le dessus de la carcasse. S'il y en a 5 qui frappent aléatoirement (dessus, chenilles, bloc moteur) ou tous au même endroit....? Vu l'IA embarquée sur les drones, le char sera au minimum immobilisé donc mort sur le champ de bataille. Donc si les constructeurs proposent ce type de solutions, c'est juste pour profiter de la panique du game changer qu'est devenu le drone et ses différentes plates-formes. Une fois que c'est vendu, c'est vendu. Ces nouveaux chars allemands ou français se feront dégommer comme les autres. (Idée)Pour protéger l'infanterie qui progresse ou pas, plusieurs ZSU-23-16 (16 tubes) d'interdiction aérienne totale. Quand les flottes aériennes de drones killer de tout (matériel ou hommes) seront des dizaines ou une centaine pour une simple attaque, le meilleur matériel dernier cri en chars rendra l'âme. Donc les autres solutions anti-drones sont les bonnes à court terme bien sûr. (signal coupé, drone kamikaze, glue ? "petites" bombes électromagnétiques pour griller les bidules à l'IA? )
RépondreSupprimerOu plus d'armée de terre du tout (à part symbolique), et démontrer à chaque instant que l'arme nucléaire sera employée quel que soit les pertes civiles propres. Une vraie dissuasion/kriegsspiel, la France peut être anéantie, mais elle peut atomiser la Russie d'Europe ou la cote est des Usa ou détruire les autres pays européens. Cela coûtera beaucoup moins cher aux finances publiques. Et ouais. Pourquoi faire compliqué et s'occuper des intérêts des autres alors que nous avons 300 têtes nucléaires crédibles ? Le petit gros de Corée du Nord a quelques bombinettes avec vecteur et la communauté internationale lui fiche une paix royale.
Sur ce, bonne journée sur ces doctes paroles.