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samedi 6 novembre 2021

UN ENTRETIEN INTERESSANT

Au cours d'un entretien avec des analystes spécialisés, Phebe Novakovic CEO de General Dynamics (et ancien officier de renseignements de l'armée américaine) a apporté plusieurs précisions sur les activités actuelles et futures de la firme américaine. Concernant la vente à la Pologne de 250 M1A2SEPV3 dont Varsovie espère voir les premiers exemplaire dès 2022, la CEO de GDLS a évoqué un délai de deux ans pour réaliser cette vente. Elle a indiqué qu'il s'agissait d'une opération réalisée dans le cadre des FMS (Foreign Military Sales) ce qui impliquait des délais incompressibles dans la réalisation, même si cette vente était jugée essentielle par les différents acteurs impliqués. 

Dans la suite de l'entretien, Phebe Novakovic indique que sa société avait reçu un nombre accru de signaux de demandes ou "increased demand signals" en provenance de la République Tchèque, de la Roumanie, du Danemark, de la Suisse et de l'Espagne ainsi que du Moyen Orient. La nature et l'objet de ces demandes ne sont pas clairement mentionnées par Phebe Novakovic, mais leur mention dans un entretien consacré à la vente du char M1 à la Pologne indique que ces démarches portent vraisemblablement sur des matériels terrestres et plus particulièrement des chars. La CEO de GDLS a ensuite évoqué le marché intérieur américain en précisant que la demande pour les véhicules militaires restait stable aux États-Unis avec des commandes annuelles de M1A2 SEPV3 du volume d'une brigade et de celui d'une demi-brigade de Stryker. Elle a également précisé que GDLS espérait décrocher le marché du MPF (Mobile Protected Fire) dans lequel la firme est opposée à BAE Systems. Phebe Novakovic n'a évidemment pas dévoilé le montant du contrat avec la Pologne, mais elle a précisé que la transaction qui inclut des aspects logistiques et de formation, avait été encouragée et soutenue par le Congrès qui l'a inscrite dans le projet de budget 2022. Selon la CEO de GDLS, les parlementaires considèrent que vente renforcera la capacité de l'OTAN à dissuader l'agression russe sur son flanc oriental et  en conséquence encouragent l'Administration à favoriser cette vente dès que possible. Cet entretien a permis d'avoir la confirmation de la poursuite du développement de la version SEP V4 du char jusqu'à l'année fiscale 2023 (qui se terminera le 30 septembre 2024). 

Commentaires : 

Les propos de l'ancien officier de la CIA et de l'armée américaine ayant rejoint le groupe de défense en 2001 ne laissent planer aucun doute sur la volonté des États-Unis d'utiliser l'Otan pour favoriser l'adoption de leurs équipements militaires par les pays membres. Le mécanisme des FMS dont la complexité est soulignée par la CEO reste cependant le moyen le plus adéquat et recommandé pour faciliter les ventes de matériels américains aux pays alliés. Avec plus de 6000 M1 en service et en stocks les industriels américains disposent d'une réserve conséquente pour satisfaire les clients potentiels, à des prix forcément intéressants. La bonne nouvelle contenue dans les propos de Phebe Novakovic, reste que l'intérêt pour le char lourd ne faiblit pas et qu'il continue d'être considéré comme le moyen le plus puissant pour s'opposer à toute action terrestre hostile, n'en déplaise à ses fossoyeurs parfois zélés. Les pays mentionnés par Phebe Novakovic utilisent soit des chars issus de la période soviétique soit différentes versions du Leopard 2 allemand. Si le remplacement des premiers semble logique, celui des seconds semble plus étonnant au regard de leur ancienneté toute relative. L'entretien réalisé quelques jours avant la décision tchèque mentionne des signaux de demandes en provenance de la République Tchèque, ce qui pourrait laisser imaginer une suite américaine au marché annulé hier. Prague possède encore ses T-72 M1CZ et M4CZ dont l'inadaptation aux standards fixés par l'Otan devient chaque jour plus criante, ce qui est également le cas de la Slovaquie voisine. Le M1 est vu (à juste titre) par certains comme une solution particulièrement couteuse en raison de son poids logistique accru, mais aussi comme un moyen de s'assurer de la protection américaine en cas de besoin. La déclaration du Sommet des Pays de l'Alliance au Pays de Galles en 2018 enjoignant les membres de l'Alliance à consacrer 2% de leur PIB à la défense, implique également que 20% de ces sommes soient consacrées à l'achat d'équipements majeurs, parmi lesquels figure le char de bataille. L'exemple polonais pourrait peser lourd dans les futures décisions de certains pays européens en matière de capacités blindées mécanisées. Les États-Unis mettront tout en oeuvre pour réussir cette vente et faire de ce premier succès européen du M1 le début d'une série, au grand dam des Européens englués dans des programmes plus politiques que militaires à l'horizon chaque jour plus incertain. Cet entretien annonce peut-être des décisions que certains jugeront alors surprenantes, il leur sera cependant difficile d'affirmer qu'ils ne savaient pas, après avoir lu les propos de Phebe Novakovic.

2 commentaires:

  1. 3500 M1 seraient en stock de quoi armée toute l'Europe, et cela à un coût inférieur du neuf Allemand..
    quand vous avez des unités Américaines sur votre territoire ou des équipements de l'armée américains en stocks sur votre territoire avoir le même matériel que le grand frère cela aide.
    Les US font passer le signal depuis la chute de l'URSS que l'Europe doit gérer la Russie, acheter du matériel Américains c'est aussi passer sous son parapluie protecteur (l'Australie).
    certains pays de l'Est de l'Europe mettront toujours les USA en avant face à l'Allemagne, le poids de l'Histoire et la volonté de l'Allemagne de garder les liens économiques avec la Russie sont très mal pris à l'Est.

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