REVUE D'EFFECTIFS GRECQUE

Le salon DEFEA qui se tient actuellement à Athènes a pour toile de fond les projets grecs de modernisation de sa composante terrestre pour laquelle plusieurs concurrents présentent des projets. Blablachars fait un petit état des lieux des d'une concurrence qui ne semble avoir dit son dernier mot avec la présence de deux des engins les plus en vue du moment. Cette offre chenillée est complétée par les projets de modernisation des M113 de l'armée grecque, pour laquelle la firme israélienne Rafael propose une tourelle moyen calibre. La présence dans les allées du salon de ces concurrents pourrait indiquer que les autorités grecques n'ont pas encore arrêté leur choix. Selon les informations disponibles, aucune décision officielle ne devrait être communiquée durant ce salon, qui permet cependant de voir les principaux candidats en lice.  

Le VBCI Philoctète (Véhicule Blindé de Combat d'Infanterie) représente les espoirs français sur le marché grec. Seul véhicule à roues proposé à Athènes, le VBCI possède de sérieux arguments pour convaincre l'état-major grec comme sa mobilité, sa puissance de feu représentée par une tourelle armée du canon de 40mm CTA et des missiles antichars AKERON MP de MBDA. Sur le plan économique, le partenariat signé par KNDS avec les firmes grecque METLEN et SARACAKIS en vue de confier 30% de la production dans le pays permettrait d'impliquer l'industrie grecque dans ce marché. La proposition française qui vise à fournir 280 VBCI est assortie d'une possibilité de "gap-filling" qui permettrait à l'armée grecque d'attendre la livraison des premiers engins avec la fourniture de 88 VBCI qui seraient prélevés dans l'armée de terre. Cette possibilité reviendrait à priver cette dernière d'un volume de véhicules supérieur à celui d'un régiment pour satisfaire un contrat commercial. Instauré au profit de l'Ukraine dans les premiers mois du conflit, le prélèvement de matériels sur le parc en service qui peut être admissible au profit d'un pays en guerre ne doit pas devenir une habitude, surtout pour des motifs commerciaux. 

VBCI Philoctète

Le VBCI n'est pas le seul engin en lice pour ce marché comme en atteste la présence des challengers chenillés Kf-41 et CV-90. Le blindé allemand présenté à Athènes paré des couleurs grecques porte les espoirs de Rheinmetall. La proposition de la firme de Düsseldorf s'appuie sur les qualités de l'engin, armé ici d'un canon de 35mm et doté du système de protection ROSY (Rapid Obscuring System) et sur ses succès en Hongrie (d'où provient l'engin exposé) et en Italie.  Sur le plan économique, Rheinmetall envisage également la production de son VCI par l'industrie grecque représentée par la firme grecque EODH, également associée à KNDS Deutschland pour la fourniture d'éléments de blindage APSIS-NG choisis pour équiper les Leopard 2A8. Rheinmetall propose également un gap-filling avec la fourniture de Marder supplémentaires qui pourrait rejoindre les engins déjà reçus par Athènes dans le cadre du programme Ringtausch. A noter que Rheinmetall expose également une tourelle Skyranger 35, dont on connait les possibilités d'installation sur différents porteurs.  

KF-41 Lynx 

Autre concurrent présent à Athènes, le CV-90 de BAE Systems Hagglünds est visible dans sa dernière version. Issue des travaux menée par la firme anglo-suédoise avec les équipages néerlandais, cette nouvelle déclinaison intègre de nombreux changements comme l'intégration d'un canon de 35mm Bushmaster et de missiles antichars ou la présence d'un système de protection active Iron Fist qui ne semble cependant pas visible sur les clichés fournis par BAE Systems. La candidature du CV-90, qui reste (selon Blablachars) le meilleur engin de sa catégorie, à propos de laquelle aucune information n'a été communiquée s'appuie sur l'existence d'une famille de blindés et sur les succès de l'engin avec plus de 1200 engins en service dans huit armées. 

CV-90 Mk IIIC

A côté de ces engins modernes, le salon grec permet également de découvrir les projets de modernisation des M113 de l'armée grecque. Pour cet engin, les industriels grecs ont dévoilé plusieurs projets développés avec des entreprises étrangères. C'est sur le stand Rafael qui l'on peut découvrir les solutions proposées par la firme israélienne représentée par le montage d'une tourelle téléopérée SAMSON LRWS ( Light Remote Weapon Station) armée d'un canon de 30mm et de missiles antichars SPIKE et d'un blindage céramique. Ce projet serait réalisé en partenariat avec la firme METLEN et sa filiale METKA. 

M113 Avec tourelle Rafael 

La firme grecque EODH présente sur son stand plusieurs tourelle qui seraient susceptibles d'être installées sur les M113 grecs. Parmi les différents équipements envisagés on trouve la tourelle R400 Dual de la firme australienne EOS Systems armée d'un canon de 30mm et d'un missile JAVELIN.  

R400 DUAL d'EOS Systems

Sur le même stand on pouvait également découvrir une proposition basée sur une version allégée du système MIDGARD de la firme slovène Valhalla armée d'un canon de 20mm. 

MIDGARD de VALHALLA

A noter que la firme grecque a profité du salon pour présenter une nouvelle version de son projet de modernisation du blindé Leonidas qui reçoit ici une tourelle Nimrod 300 de la firme slovène Valhalla. Entièrement stabilisée, la tourelle slovène peut être armée d'un canon de 25 ou 30mm et d'un lanceur pour missile antichar SPIKE. A noter que l'engin présenté incorporait également un système de guerre électronique RFHunter destiné à la lutte anti drone. Développé par la firme chypriote SignalGenerix ce système est installé à l'arrière du véhicule sous un dôme spécifique.  

LEONIDAS EODH avec Tourelle NIMROD 

Ces différents engins et les projets qu'ils représentent donnent à cette édition un aspect particulièrement intéressant qui permettra peut être de connaitre avec plus de précision la position des autorités grecques sur ces projets. La situation budgétaire du pays pourrait peser lourd dans la future décision grecque ainsi que les opportunités offertes aux industriels grecs par les candidats. Les projets grecs s'inscrivent dans une nécessaire démarche de modernisation, dont le besoin a été souligné par le conflit ukrainien mais aussi dans la volonté de disposer d'une force crédible face aux ambitions de son voisin turc.