Pages

vendredi 18 juillet 2025

DE LONDRES A BERLIN EN PASSANT PAR FRANCFORT !

La période estivale traditionnellement propice au repos et à la baisse de rythme dans de nombreux secteurs ne semble avoir aucun effet sur l'actualité blindée, et particulièrement en Europe où les grandes manœuvres entamées de longue date semblent s'accélérer. Notre "meilleur ennemi" a signé aujourd'hui avec l'Allemagne un traité d'amitié mettant l'accent sur la politique commune en matière de sécurité et d'armement. Parmi les 17 projets évoqués dans cet accord baptisé "Traité de Kensington" on note la mise en place d'un partenariat stratégique dans le secteur de l'armement terrestre, symbolisé par le Boxer et sa déclinaison artillerie le RCH 155. La coopération entre les deux pays est également étendue aux systèmes embarqués pour les futurs engins de combat terrestres. Les deux pays vont également gérer de façon conjointe les travaux du groupement sur les capacités de frappe dans la profondeur menés dans le cadre de l'initiative européenne ELSA (European Long Range Strike Approach). Ce traité ne fait qu'officialiser la prise de contrôle d'une grande partie de la BITD britannique par l'Allemagne, illustrée par la création de RBSL (Rheinmetall BAE Systems Land) en charge de la fabrication des futurs Boxers de l'armée britannique et de la modernisation du Challenger 2. 

Sur le continent, c'est du côté de Francfort et plus précisément du quartier de Bankenvertiel, siège de la Bourse. En effet, comme cela est évoqué depuis plusieurs mois le groupe KNDS pourrait voir son actionnariat modifié avec l'introduction en bourse d'une partie de son capital, détenu à 50% par la famille Bode Wegmann, propriétaire historique que KMW Krauss Maffei Wegmann. Même si le pourcentage exact de capital pouvant être introduit en bourse n'est pas encore connu, les règles régissant la constitution et le fonctionnement de KNDS comme la stricte parité entre actionnaires français et allemands pourraient transformer cette opération en une véritable menace existentielle pour l'avenir du groupe. L'affaire est bien sur très scrupuleusement observée du côté de Düsseldorf, où l'on se dit que cette éventualité pourrait constituer une opportunité unique de réunir de façon capitalistique les deux industriels. La bonne santé du secteur et de Rheinmetall permet d'envisager de nombreuses options pour une opération qui pourrait également rapporter à la France, obligée de vendre un volume d'actions similaires à celui introduit en bourse côté allemand. Au vu de la situation financière de notre pays, il n'est pas certain que beaucoup de responsables politiques se précipitent pour défendre la position française, face à la perspective d'encaisser quelques milliards d'euros. Cette future opération qui constituerait le premier acte de la stratégie allemande de prise de contrôle du marché de l'armement européen,  serait aussi le énième clou enfoncé dans le cercueil d'un MGCS en soins palliatifs et auxquels certains s'obstinent encore à croire. 

La simultanéité de ces deux informations devrait suffire à ouvrir les yeux de tous ceux qui, aveuglés par un projet qu'ils considèrent comme un des symboles forts de la coopération franco-allemande, ne veulent pas voir que celle-ci est totalement en panne. Notre "partenaire" d'Outre-Rhin se tourne désormais ostensiblement vers le Royaume-Uni, pour constituer un axe stratégique Berlin-Londres, qui pourrait devenir la tête de pont des ambitions et des intérêts américains en Europe et renforcer l'isolement de la France dans le domaine de l'armement terrestre. 

12 commentaires:

  1. Il y a en a qui ne se contentent pas de discours, et d'effets d'annonce jamais suivis d'effets, tout simplement. Voire encore simplement, des gens sérieux.

    Curieux également, depuis que les anglais sont sortis de l'UE, il n'y a jamais eu autant de projets concrets de coopération constructive, entre ces derniers et les autres Etats et nations européennes !! Etonnant, non ?

    Pour autant, l'Allemagne, notre nouveau grand gouverneur européen (Tant souhaité et espéré par certains...), qui ne fat qu'étendre son influence néanmoins sur tout ce qui est équipements militaires terrestres en Europe ; faute de résistance, ou tout simplement encore de volonté d'opposition chez certains. Qui pourraient bien se retrouvés bernés et gros jean comme devant comme jamais !!!...
    : "La prise de contrôle doit être totale"...

    Certains encore, qui pourraient se retrouver encore plus "fort dépourvus", à vendre leurs rares bijoux de famille qui leur restaient encore (Très, très, mauvaise façon d'essayer de rembourser ses dettes... ! Et plus encore de préparer l'avenir...) !!?

    Retrouvons notre Independence ; "tout simplement" (La seule façon de survivre, et de vivre, libre !!!!). Surtout en matière ultra stratégique d'équipements militaires.

    RépondreSupprimer
  2. https://defence-blog.com/british-expert-time-for-new-armor-concepts-in-europe/

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Eh oui, quelques rappels élémentaires, de bon sens ; au milieu de tant de folies actuelles, chez certains.

      Supprimer
    2. Et l'augmentation du coûts des blindés lourds n'est pas une fatalité néanmoins (Les "médians", et même les légers, augmentent tout autant. Mais sans le niveau de protection...) : K2 à 8 millions d'euros.
      C'est même plus que probablement la porte de sortie. Vers des blindés résilients (Bien protégés.) et "employables" comme dirait l'autre, c'est à dire aux justes niveaux techniques mais sans "excès".

      Supprimer
    3. Là aussi, les aprioris, comme quoi les blindés sur roues seraient moins chers que ceux à chenilles (C'est par rapport à ce qu'on met dessus, et à leur armement en particulier, que le prix diffère. Sinon c'est presque strictement identique.), de la même façon que les véhicules à roues seraient plus légers que ceux à chenilles dans la croyance populaire et même de certains (Pseudos) spécialistes télévisuels (Et c'est bien ça le pire, cette désinformation ou mauvaise information permanente à grande échelle. C'est strictement l'inverse, les chenillés sont 8 % plus légers, 15 % sur chenilles composites, que ceux sur roues.), sont quand même passés par là !!

      C'est l'empreinte logistique, c'est à dire en carburant, deux fois plus importante pour des chenillés, métalliques, d'ancienne version ; aujourd'hui les chenilles composites ont une consommation quasi égale, 20 % supérieure, à poids égal, donc finalement presque égale à capacité égale (Etant 15 % plus léger.) ; et ne sont pas plus cher, y compris en MCO avec les composites ; voire même beaucoup moins, sur certains terrains.
      (Reste les missions particulières spécifiques des véhicules à roues, maintien de la paix, patrouilles sur la durée, mission d'exploitation après une percée et l'anéantissement principal du dispositif adverse, déploiement rapide sur un territoire faiblement défendu, mission de faible intensité, etc, évidemment.
      D'où "les deux", dans presque toutes les armées, à part une ou deux aujourd'hui...)

      Supprimer
    4. Même la préférence de l'auteur dans le lien ci dessus pour les véhicules léger 4 x 4, en tant que supposé, en apparences, meilleur rapport cout efficacité en particulier, est assez discutable : Cela fonctionne sans doute très bien en basse intensité (Encore une fois quelle est la part du tropisme de ces vingt-cinq dernières années, d'opérations de maintien de la paix ou du seule contre guérilla ?), mais en haute ou même moyenne intensité, quelle survivabilité pour ce genre d'équipement léger ?
      Au moindre coup au but, ou même à la moindre arme individuelle, dés qu'il est repéré (Surtout avec touts ces drones bas cout aujourd'hui...), c'est un véhicule, et son équipage, perdus et détruits.

      Bien que l'auteur rappelle lui même que la grande nécessaire tendance va aujourd'hui vers plus de protection. Ne serait ce par rapport au plus d'effecteurs supposés et d'atteintes possibles. (Voir les premiers (Vrais.) retex ukrainiens sur les effets réels des drones sur un char par exemple = Quelques heures de réparation au maximum de manière générale (Hors coup au but très exceptionnel, pour réseaux sociaux...).)

      Supprimer
    5. Par contre, " Une plate-forme de base commune qui offre les niveaux de protection et de mobilité nécessaires permet de créer une vaste famille de véhicules. La modularité simplifie l’acquisition, l’utilisation opérationnelle, la formation et le support. Il permet de mettre en œuvre facilement des mises à niveau incrémentielles tout en réduisant les coûts de possession à long terme." On aurait pas mieux dit.

      Supprimer
  3. Que vont-ils faire? C'est une question de management, en conséquence; que veut obtenir le management Français de cette société? Cela va évoluer entre /2 extrêmes/:
    • le management Français ne veut que du cash et ne souscrit pas à l'augmentation de K, donc accepte d'être dilué… certes, il l'aura son cash et sera content de ce côté-là, quitte à à être exclu de cette affaire, plus tard, en effet: on peut difficilement avoir la crèmerie, la crémière et le pot de crème. Ne serait-ce qu'au niveau stratégie des développements, en effet, aussi: à moyen terme, la société, laissée ainsi sans investissement dirigeant français venant des actions françaises, sera actionnée par des actions allemande: simple "logiquette";
    • développer la société, si le côté Français s'y intéresse, croit à ce que fait cette société et ce, sans reverser de dividendes, un peu comme dans le cas d'une société sans intéressement extérieur, limite\proche d'une (re)nationalisation;

    Entre ces deux extrêmes, existe toute la panoplie du "pilotage" par le cours des actions: faire croire que ça va baisser pour racheter au maximum en sous-main, faire croire que ça va monter pour la raison inverse (on veut s'en débarrasser)... /Souvent/ (mais pas toujours, sinon ce serait trop facile), le prix prend la direction inverse de ce qu'il était après l'augmentation de K annoncée.

    En un mot: vive la scop (société coopérative), Amho!

    > s.o.

    RépondreSupprimer
  4. Le paysage industriel blindé en Europe est déjà connu et ses acteurs premiers bien identifiés. A moins de réindustrialiser tout un tissu technique et humain de production, tout en y apportant les volumes de matériels à commander et les financements à pourvoir, la pente sera très rude à monter. Là, la théorie et les idéaux vont se heurter aux réalités.

    En parlant de bijoux de famille, les Anglois ont déjà donné, même s'il leur reste BAE en partie. Il faut faire le distingo entre une entreprise souveraine, son implantation nationale et ses actionnaires. Les apparences sont souvent trompeuses.

    Il en est ainsi avec KNDS dont les actionnaires allemands pourraient mettre à la vente une partie de ses actions. Cela mettrait en déséquilibre le montage actuel. Les conséquences sont prévisibles dont : un nouveau consortium où nous pourrions être minoritaires, y compris avec une vente partielle de nos "actifs", dans la petiode, ou une séparation à l'amiable en reprenant nos billes. Encore faut-il savoir ce que l'on veut faire de nos quelques billes restantes...?

    MGCS, ou pas, "char frâânnçais", ou pas, il faudra bien remplacer le Leclerc, le VBCI et les matériels connexes à terme. Dix ans, théoriques, ce n'est pas si long que ça pour définir et s'équiper en matériels majeurs de nouvelle génération, tout en assurant le tuilage avec l'ancien. Il y aura un pic de financement à prévoir.
    Le retrait des premiers XLR se fera vers 2038, nonobstant l'attrition normale du temps de paix.
    Que seront les prochaines LPM et budgets dédiés face aux menaces futures et la façon d'y répondre ? Pour le moment c'est le calme plat et les poches vides pour ne pas dire percées !

    N'étant pas prescient, il existe de nombreuses inconnus sur le déroulé des choses et les moyens à mettre en oeuvre. En attendant chacun pourra rêver ou phantasmer sur son ou ses "précieux" dans les contextes qui nous attendent avec un "marché européen" et sa Défense OTAN sous tutelle.

    Mais haut les coeurs, notre économie pourrait rebondir, les décideurs devenir omniscients et un "Turgis et Gaillard" nous proposer une famille de blindés efficients, habités ou pas... Qui sait, mais je n'y mettrais pas ma tête à couper...? ^^

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. "A moins de réindustrialiser tout un tissu technique et humain de production,"
      Mais oui, c'est bien exactement même (Comment on paye les gens, comment produit nos propres richesses (Tout acheter aux autres finit vite dans une impasse à l'inverse.).), ce qu'il faut faire, si on veut continuer d'exister demain (Dans quelque domaine soit-il d'ailleurs.) : Il faut rebâtir notre BITD terrestre (Comme notre industrie en général (Au lieu de ne faire que d'en parler...).).
      La pente sera très rude à monter en effet, et plus "on attend", plus elle sera rude...
      A moins de vouloir disparaitre complètement, avalés par je ne sais quelle entité, d'outre Rhin ou autres (Chinois, etcetera.) ? ...

      Supprimer
    2. La problématique ne repose pas que sur les derniers maillons d'une chaîne pour en garantir sa solidité, voire son existence.
      "Attendre" n'est pas forcément une politique, mais dépend de certaines sujétions comme : la politique polticienne, l'économie qui en decoule et les réactions sociétales qui s'expriment... :(

      Un aperçu de sachants qui font dans l'analyse prospective :

      https://theatrum-belli.com/france-2040-projections-pour-laction-politique-etude-de-linstitut-montaigne-juillet-2025/

      Yaka anticiper pour prévoir et décider... :)

      La BITD "Terrestre" ne se limite pas qu'aux plateformes, y compris blindées et, éventuellement, les effecteurs qui sont portés. Tout ne va pas si mal dans nos industries...

      Supprimer
    3. Eh oui, prévoir, anticiper, agir, ce qu'on appelait faire de la Politique, autrefois...
      (Au lieu de vivre au jour le jour, repousser, différer, attendre... Ne rien anticiper.)

      " Tout ne va pas si mal dans nos industries..."
      C'est ce qu'on disais, et ce que l'on ne cesse de vous dire, les moyens, ressources, et même budgets, on les a aujourd'hui. C'est juste la volonté, contraire même, qui manque...

      Supprimer