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dimanche 21 septembre 2025

DES EXPORTATIONS TERRESTRES EN PETITE FORME

Un article  de Vincent Lamigeon, paru le 17 septembre sur le site du magazine Challenges évoque un sujet qui tient particulièrement à coeur de Blablachars, celui de l'armement terrestre à la peine sur les marchés export. Le montant de 21.6 milliards d'euros atteint l'année dernière par les industriels français sur les marchés étrangers ne doit pas faire oublier l'importante disparité existant entre les "best of" français que sont le Rafale et les sous-marins d'une part et les armements terrestres. Ceux-ci n'ayant d'ailleurs représenté que 15% des exportations de défense françaises en 2024. Blablachars a voulu revenir sur cette situation et ses possibles causes, militaires et industrielles. 

  • Le retour des blindés : 

Des L'entrée en Ukraine des troupes russes en février 2022 a bouleversé les équilibres existants dans plusieurs domaines et particulièrement celui de l'armement terrestre et des blindés. L'apparition des drones pose la question de la survie des fantassins et de leur protection face à ces armements. Dans les mois qui ont suivi le déclenchement du conflit, plusieurs armées européennes ont donc décider de moderniser leurs capacités blindées mécanisées par la revalorisation d'engins existants ou l'acquisition de nouveaux engins. Certains pays comme les Pays-Bas n'avaient d'ailleurs pas attendu le déclenchement de la guerre en Ukraine, pour initier dès 2021 un ambitieux programme de modernisation de leurs CV90. Les mois qui ont suivi ont vu le nombre de pays désireux d'acquérir des matériels modernes et plus particulièrement des engins blindés, comme l'illustrent les chiffres suivants : Sur les 27 pays de l'Union Européenne, 12 ont choisi de moderniser l'ensemble de leur parc blindé mécanisé; 4 ont choisi de porter leurs efforts de modernisation sur leurs VCI et 1 a choisi de ne moderniser que ses chars. Certains pays comme la Slovaquie ont en projet de moderniser leur flotte de chars lourds mais n'ont pas encore arrêté leur choix sur un engin spécifique. Enfin et bien que n'appartenant pas à l'Union Européenne, il convient de rajouter à cette liste le Royaume-Uni avec la modernisation d'une quantité (homéopathique) de Challenger et le début de production de ses futurs Boxer. Ceux-ci pourraient être accompagnés par les engins de la famille Ajax dont la version VCI présentée la semaine dernière à DSEI pourrait rejoindre l'armée britannique à moyen terme. Sur la bordure méridionale de l'Union européenne, Ankara a également entrepris une importante modernisation de son parc blindé avec l'arrivée prochaine du char Altay précédée de la mise en service de versions modernisées des M-60T et Leopard 2A4. Ces différents chars seront accompagnés par le VCI Tulpar développé et produit par Otokar.  

Ce rapide aperçu des projets relatifs aux engins blindés en Europe et sur ses frontières permet de constater l'engouement pour la chenille dont les atouts tactiques semblent plus importants aux yeux des pays concernés que la faible mobilité stratégique, synonyme d'inaptitude à la projection. Ces pays seraient donc plus enclins à choisir un engin susceptible de pouvoir défendre leur territoire au sein d'une coalition que des équipements capables d'être déployés hors d'Europe. Cependant, il faut souligner que les VCI choisis affichent une versatilité pouvant autoriser leur éventuel engagement dans des opérations d'intensité moindre, à l'instar des CV90 norvégiens en Afghanistan. La domination des VCI chenillés ne doit cependant pas éclipser la présence d'engins à roues performants comme le Boxer, le Pandur ou encore le Rosomak développé à partir du Patria AMV en service dans six pays européens. Ces engins partagent la caractéristique de servir de base à de véritables familles de blindés comprenant des versions existantes ou encore en développement.


  • Des choix militaires lourds de conséquence : 

Ce renouvellement des flottes permet de constater la totale inadaptation du catalogue des industriels français aux besoins exprimés. A l'exception de quelques niches, les engins proposés apparaissent en total décalage avec les exigences des opérations de haute intensité et les attentes des armées européennes. Le seul engin qui aurait pu changer la donne et sur lequel se fondent encore quelques espoirs de succès est le VBCI dont le concept n'a pas été développé comme il le méritait. L'arrivée des premiers VBCI 32T au blindage et à la protection antimines améliorés ne constitue pas une évolution propre à rendre cet excellent engin plus attrayant qu'il ne l'est actuellement. La pauvreté du catalogue français en termes d'engins chenillés trouve son origine dans le refus des militaires d'envisager la mise en service de tout autre engin blindé que le Leclerc. Dans les numéros Hors Série 73 et 94 du magazine Raids, Marc Chassillan revient sur la chronologie et les raisons  de ce refus dont on peut aujourd'hui encore mesurer les conséquences. On apprend ainsi que la création de la FAR (Force d'Action Rapide) contribue à privilégier la roue aux dépens de la chenille : "en ce début de décennie 1990, l'armée de terre n'avait pas encore fermé la porte aux chenilles, même si l'école des roues faisait de plus en plus adeptes à l'état-major (effet Moineau Hardi)". La constitution de la Division Daguet concrétise cette prédominance, prélude à l'abandon de plusieurs projets de véhicules chenillés. Parmi ceux-ci on peut citer le projet VALMI (Véhicule Aluminium Modulaire Infanterie) lancé au début des années 1990. Ce "blindé moyen" aurait du, selon les recommandations du Général NOUAN (Conseiller militaire du Président du GIAT) donner naissance à une famille complète incluant en particulier un char à canon de 105mm. Ce programme ne résiste pas au choix définitif de la roue pour le futur VBCI décidé avant le lancement des premières études pour le remplacement de l'AMX 10P.  C'est donc logiquement que les études menées dans les année 1990 se terminent toutes de la même façon pour les véhicules chenillés, comme Le VCI (Véhicule de Combat et d'Intervention), le VCAL (Véhicule de Combat Autre que le Leclerc) et le VCCL (Véhicule de Combat Complémentaire du Leclerc). L'arrêt de ces projets a privé l'armée de terre d'une véritable composante blindée mécanisée dont de nombreux observateurs (re)découvrent la pertinence, l'utilité dans les engagements de haute intensité et l'intérêt sur les marchés export. 


  • Des structures capitalistiques largement privées : 

Une autre caractéristique des engins choisis par plusieurs pays réside dans la structure financière des entreprises concernées au sein desquelles secteurs public et privé cohabitent dans des proportions variables. Bien que privée, BAE Systems reste néanmoins soumis à la détention d'une action spécifique ou "golden share" par le Secrétariat d'Etat au commerce britannique, qui lui donne la possibilité de bloquer une vente. Patria est détenu à 50,1% par le gouvernement finlandais, les 49,9% restant étant la propriété de Kongsberg Aerospace. La firme américano espagnole GDELS est une des nombreuses "business unit" de la firme américaine GDLS, qui fabrique les chars M1 adoptés par la Pologne. Hyundai Rotem appartient au Groupe Hyundai Motors dont les activités de partagent entre de nombreux domaines allant du ferroviaire à l'automobile en passant par la défense. Rheinmetall est aux mains de plusieurs actionnaires parmi lesquels on trouve le fond de pension américain Blackrock, la Bank Of America et la Société Générale depuis le mois de mars dernier ! KMW qui constitue la partie allemande de KNDS est la propriété depuis de longues années de la famille Bode par le biais du Group Wegmann. Côté français, la partie française de KNDS (ex Nexter) est détenue à 100% par l'état français tandis qu'au printemps dernier, son voisin versaillais est passé sous le contrôle de la firme belge John Cockerill Defense. L'actionnariat de Thales présente une plus grande diversité avec l'état français à hauteur de 25%, Dassault Aviation pour une part équivalente, le reste ou flottant 46% étant partagé entre le marché, les salariés et Thales. Disposant d'une agilité financière supérieure à celle des sociétés étatiques, les structures privées semblent plus à même de répondre rapidement aux besoins des utilisateurs et de s'imposer sur les marchés. 


  • Des raisons typiquement françaises : 

Les structures capitalistiques ne suffisent cependant, pas à elles seules à expliquer l'indigence du catalogue français d'armement terrestre et le peu de succès rencontrés par nos matériels sur les marchés export. Les choix militaires, même s'ils sont depuis de longues années, totalement à rebours de ceux effectués par d'autres armées, ne constituent pas l'unique motif de la désaffection actuelle pour les matériels terrestres français. A ces deux facteurs, s'ajoutent des raisons typiquement françaises : 

Si nos concurrents étrangers bénéficient de l'appui de leur gouvernants pour la conclusion des marchés, la situation française est quelque peu différente. Alors que Dassault Aviation et Naval Group bénéficient depuis de longues années d'un soutien marqué des différents gouvernements, le domaine terrestre semble être l'objet d'attentions moindres, si l'on excepte le programme CaMo belge et les projets luxembourgeois. Le soutien étatique aux industriels aérien et naval se manifeste ponctuellement, mais aussi dans la durée, comme ce fut le cas dans les années de disette export du Rafale ou pour les frégates FDI adoptées par la Marine Nationale, à la demande du MinDef de l'époque, J-Y le Drian. Le domaine terrestre doit bénéficier d'un soutien au moins équivalent. L'échec à l'exportation du Leclerc (dans lequel d'autres facteurs sont intervenus) celui de la tentative de recréation d'une filière munition petit calibre ou de fabrication d'armement léger illustrent cette timidité des pouvoirs publics à l'égard du secteur terrestre. 


En outre, notre industrie terrestre, "biberonnée" depuis de longues années aux programmes étatiques semble avoir perdu toutes ses capacités de développement de projets innovants. Le programme Scorpion dont l'utilité ne peut être contestée pour les véhicules du segment médian, donne l'impression d'avoir tué dans l’œuf tout autre projet de véhicule blindé. L'exemple de Rheinmetall qui a lancé son Lynx alors que la Bundeswehr avait adopté le Puma doit être médité, tout comme la réussite du Caesar pour lequel "Il n’y avait pas de demande à proprement parler de la part de l’état-major, […] CAESAR, c’est en fait, au départ une aventure industrielle et commerciale” raconte Pierre-André Moreau, ingénieur général de l’armement et concepteur du fameux canon. Cette réussite est porteuse d'espoir sur un marché dont le potentiel de croissance dans les prochaines années reste élevé. Les industriels européens n'attendent pas d'éventuelles commandes publiques pour initier des projets et proposer des innovations, guidées dans cette démarche par une connaissance fine des marchés et une écoute quasi permanente des besoins des clients potentiels.  

 

La persistance au sein de l'armée de terre d'une véritable culture de la roue associée à la lourdeur de programmes pluriannuels, aux coûts exponentiels et à aux cibles souvent réduites, semblent avoir tué depuis plusieurs années les velléités  d'innovation des industriels concernés. Le développement d'engins susceptibles de répondre aux besoins actuels de protection, de mobilité tactique et de puissance de feu doit donc être considéré pour envisager une reconquête des marchés export, qui ne pourra se faire qu'avec les seuls matériels Scorpion. La BITD française possède dans le domaine terrestre des capacités au moins équivalentes à celles de plusieurs de ses concurrents, cependant elle ne doit pas attendre "l'imprimatur" de l'armée de terre pour innover et redonner à nos matériels la place qu'ils ont longtemps occupée. 

14 commentaires:

  1. Je vous rejoins sur l'analyse.
    En revanche, je suis plus affirmatif que vous sur la solution. Il faut que la BITD ose un positionnement stratégique différent et que l'Etat accepte de prendre ce risque.
    J'en parle dans le détail ici
    https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7374477677421813760/

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    1. Oui mais je ne voulais pas être trop long, la solution fait l'objet a elle seule d'un article. Merci

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  2. Quelle est l explication de la préférence roues par rapport aux chenilles là où d autres n hesitent pas ? Je n ai pas tout compris. Désolé mais je suis béotien.

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  3. KDNS France va se faire démembrer, tout comme le GIAT avant lui, par son ennemi véritable : l'Etat Français.

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  4. Pour répondre en partie à Anonyme de 23:14, je reprendrai le dernier item de l'article : ''La persistance au sein de l'armée de terre d'une véritable culture de la roue...'' En fait ce n'est pas vraiment l'AdT qui est pro roues mais une grande partie de son état major où les officiers supérieurs paracolomoto s'autoproclamant les élites, ont imposé la doctrine 100% roues. Les pauvres mécablindés ont été contraints de suivre le mouvement s'ils voulaient manger une part du gâteau opex.

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  5. Quelle pistes possibles en préalable à cet très étrange "désengouement" du terrestre chez nous :
    - La fameuse spécialisation européenne : L'aérien aux français, le terrestre aux allemands (A tel point que certains en sont déjà rendus à envisager d'aller acheter du Léopard2 à ces derniers aujourd'hui ; à défaut de MGCS !).
    Ce qui est en effet plus un choix (politique) délibéré, que dû à une seule simple déficience de commandes ("On attend le MGCS"...).
    - Le tropisme du tout roue en effet, autre "spécialisation" d'ailleurs, africaniste, subsaharienne, qui est un véritable fiasco, et du "léger etcetera" bien connu (Et du "pas trop lourd" que l'on retrouve même ici régulièrement... : Toute une culture ambiante et le résultat d'un lavage de cerveaux presque depuis des décennies. Une résurgence du fameux symptôme de la charge légère à la baïonnette sans doute un peu aussi chez certains ?).
    - Et enfin le dogmatisme particulièrement aveugle, et fermé, de certains encore, au sein même de notre armée de terre d'aujourd'hui.
    Soit trois raisons : Politique, opérationnel, et culture dogmatique.

    Le plus surprenant est que tout cela ait résisté à la guerre en Ukraine !!! Alors que l'on avait commencer à reparler de haute intensité, l'irruption de cette dernière il y a trois ans semble au contraire avoir été un véritable coup d'arrêt à ce discours (Qui n'en était encore qu'à l'état de discours ceci dit. Aujourd'hui, plus rien : Qui parle encore de chars, et encore moins de VCI, dans ce pays, malgré les événements actuels (La plupart n'ont que "drones drones drones" dans la bouche.) ?) !
    Alors que pourtant tous en Europe, non seulement modernisent massivement leurs armées et leurs forces blindées mécanisées, mais également remontent très fortement et significativement leurs capacités d'interventions militaires terrestres (Et autres.) en effectuant même un véritable réarmement, à la hauteur des enjeux et après presque trente ans d'abandon ou mise de coté ( : Avec seulement quelques capacités résilientes plus de réserve techniques et technologiques de savoir faire pour une potentielle remontée en puissance que réellement effectives, servant seulement de vitrine d'échantillons pour uniquement plus que des ventes à l'export (Si ça parle à quelqu'un.) : Gardant par exemple seulement quelques centaines de chars et autres effecteurs principaux, alors que aujourd'hui notre voisin frontalier principal immédiat envisage jusqu'à 1 000 chars supplémentaires, par exemple.).

    Plus que les aspects commerciaux, et financiers même, c'est la question où en sommes nous réellement en matière de défense aujourd'hui.
    Quels sont nos buts et nos objectifs (Et pas seulement augmenter les budgets pour dire qu'on a augmenté les budgets : Pour quoi faire ?? !!!), et les moyens concrets, surtout (Quels programmes, quelles quantités nécessaires ??), mis en place pour les atteindre ???

    C'est à dire, notre stratégie in fine, et y compris en matière de politique d'équipement, de nos propres armées (Le reste viendra après, assez naturellement même sans doute avec le renom qui reste encore aux matériels militaires français dans leur ensemble.)
    Cependant, tant qu'on ne commencera pas à répondre à ces questions, presque tout le reste restera illusoire, et la marge en fait.

    La solution : Une stratégie réelle de rééquipement de défense.

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  6. Moi je salue particulièrement la grande qualité de cette présentation et la fine analyse effectuée par blablachars au sujet de l'ensemble de la complexe situation actuelle. Ce genre d'analyse "à large bande " n'est pas fréquente ! Pour ma part, je suis un simple observateur extérieur. Mais je rejoins ceux qui ont remarqué qu'une empreinte étatique lourde dans l'industrie de Défense, n'a jamais été un grand facteur de dynamisme et d'initiatives industrielles. Notamment apte à favoriser l'export . La chose avait déjà été remarquée dans le fonctionnement des Pays européens qui étaient naguère astreints au "collectivisme" et à des régimes à la fois autoritaires et centralisés, comme c'était le cas en Europe de l'Est. En tout cas, si la France voulait relancer quelque chose dans le domaine du chenillé, je pense qu'il faudrait alors que ceux portant cet/ces éventuel(s) projet(s) choisissent un ou des "créneaux" qui ne sont pas déjà saturé(s) par l'importante et très dynamique offre internationale actuelle en la matière. Par exemple, il pourrait être fait choix de miser sur des petits véhicules chenillés particulièrement compacts tout en étant très mobiles et bien protégés (minimum Niv 5). La concession étant alors de limiter l'armement à un canon-mitrailleurs de calibre (très) moyen, mais en misant alors sur de nombreuses roquettes à guidage LASER (pas besoin de canon) et aussi de missiles du genre AKERON ou autre. L'équipage pourrait même être limité à deux opérateurs.(sauf pour une éventuelle version de transport de troupe, mais qui n'aurait alors pas plus que 3 ou 4 PAX "à mettre au sol" par chaque véhicule ) Par contre, de tels véhicules seraient très agiles, offriraient une pression au sol très réduite (s'inspirer par exemple de l'ancien ALVIS SCORPION) . Surtout, ils pourraient être très nombreux sur le champ de bataille. Que ce dernier soit du type "haute intensité" ou de type "expéditionnaire". A cet égard, le poids en ordre de combats et les dimensions pourraient être déterminés de façon à permettre le transport de deux exemplaires en ordre de combat, dans un A-400M (qui prend maximum 37 Tonnes) . Le retour vers du compact ferait sens et pourrait servir aussi le légitime souhait de limiter les pertes humaines et en véhicules, dans cadre d'un combat de haute intensité, désormais dominé par une multitude d'agressions inédites provenant (surtout) depuis de longues distances ( obus d'artilleries beaucoup plus précis, drones d'attaques, munitions kamikazes...). P.R.

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    1. Cela par exemple ? :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Rheinmetall_Wiesel

      Pour le reste, est ce que l'on produisait plus mal, et moins efficace, moins sophistiqué peut être notamment, quand nos industries de défense étaient nationalisées, plus qu'elles ne le sont depuis quelques décennies depuis qu'elles sont principalement privatisées en particulier, vaste débat comme dirait l'autre ; concernant des équipements et un domaine particulièrement régaliens, le nec plus ultra du régalien en plus ?

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    2. Je suis tout à fait d'accord (plusieurs posts sur le sujet) avec l'intérêt de développer un blindé chenillé de plus ou moins 15t ( soit entre le Scarabée et le Sphinx) , biplace, pour gagner du volume et donc du poids et de la protection, avec un profil bas, et fortement protégé, qui serait unique sur le marche international. Avec un moteur hybride de l'ordre de 500 CV à l'avant ( plus la peine de s'approvisionner en Allemagne !) et des chenilles composites, de nombreuses versions pourraient être développées, ( canon de 30/40 CTA, 76 ou 105 mm -ce que proposait déjà l 'Amours- mortier de 120, LAD, Génie ..) . L'industrie française pourrait pour l'occasion renouer avec son esprit d'innovation.

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  7. Vous oubliez l'essentiel, le marché des blindés aujourd'hui est saturé par une concurrence importante et par le fait que l'essentiel des pays cherchent à produire chez eux.
    La vente directe est rare.

    On oublie aussi souvent de rappeler que s'il y a parfois comme en Pologne de nombreux achats (ou prévisions d'achats) c'est pour remplacer des blindés donnés à l'Ukraine.
    Beaucoup de pays donnent leurs vieux blindés et en commandent des nouveaux pour eux, des dons qui sont valorisés par l'UE et qui permettent d'obtenir des subventions. Les programmes d'achats groupés permettant là aussi d'obtenir des aides sont liés, c'est un contexte global.

    Il y a actuellement de nombreux pays qui ont des trous dans la raquette en raison de leurs dons à l'Ukraine. De nombreux achats viennent combler ces trous et beaucoup ne font que renouveler par du neuf un équivalent ancien. Mais les vrais hausses capacitaires ne sont pas prolifiques.

    On se plaint que la France ne vend pas beaucoup de blindés en laissant penser que c'est en raison du fait qu'ils ne sont pas chenillés. Qu'en est-il des ventes de blindés chenillés russes depuis 5 ans?
    Dans l'ensemble de tous les blindés produits dans le monde, quelle est le pourcentage de chenillés?
    Quels sont les pays qui remplacent des blindés à roues par des blindés chenillés ? C'est sûre quand on a le regard focalisé sur les chars et les VCI chenillés, on oublie tout le reste.
    C'est ainsi qu'on va avoir des gens qui vont trouver qu'un pays qui va s'acheter 50 chenillés passera pour un pays mis en valeur et qu'un autre qui va acquérir 500 blindés à roues sera ignoré comme. Pourtant nous continuons d'assister à une réduction du nombre de chenillés dans les inventaires de nombreux pays, même dans ceux ou on va mettre en avant des achats récents qu'on va qualifier comme un "regain d'intérêt" alors qu'en fait on est dans la continuité d'un renouvellement et que souvent on voit naître en parallèle des blindés à roues qui remplacent des chenillés, une vérité qu'on voit de plus en plus aux USA, en Russie et même en Israël.
    Ce n'est pas parce qu'il y a toujours des chenillés qui sont achetés que les volumes globaux augmentent dans les armées de tous les pays.

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  8. https://www.youtube.com/watch?v=tQzLcz_CdhU
    penandreff

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  9. Merci Blablachars pour cette historique qui montre la préférence française pour la roue au détriment de la chenille. J'ajouterais que le contexte stratégique d'OPEX lointaines dépendant du transport aérien stratégique a également joué au détriment de la chenille, et qu'enfin l'armée de terre a du faire des choix puisque les budgets ne permettaient pas l'achat simultané d'engins à chenilles et à roues.
    Ce balancier entre armée de projection et armée de défense du pré carré date au moins du 2nd empire et ce n'est pas fini...

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  10. Il convient de ne pas confondre les pays qui renouvellent leur parc de véhicules chenilles avec ceux qui n'avaient plus de composante blindée lourde et donc qui la reconstituent.
    Certains commentateurs critiquaient à une époque l'orientation de l'EMAT de conserver des chars.
    L'adoption du Leclerc Évolution et au moins celle d'un VCI chenillé nécessiterait une adaptation des infrastructures, des formateurs alors que le programme SCORPION accapare déjà le 1er RCA et le SID.

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  11. Sans commande étatique et une BITD bien dimensionnée avec un minimum de liberté de financement, il est vain de croire que la pente sera facile ou possible à gravir. D'autant qu'il existera d'autres pans de l'armement aėroterrestre qui rapportent autant, voire plus et sans risque majeur. Le mercantilisme a aussi ses raisons.

    Tout est lié avec notre histoire politico-militaire récente, le contexte, y compris économique et les ambitions accessibles. Aujourd'hui nous sommes à l'arrêt, avec une seule capacité ; faire le dos rond en attendant mieux...(?). Cela risque de durer un bon moment, d'autant que le poids, voire la soumission à des politiques externes, ne va pas arranger les choses.
    Toutefois, dans d'autres domaines des possibilités existent ou peuvent être exploitées pour retrouver, in fine, le cycle du début avec les moyens nécessaires. On peut rêver. ^^

    "Le beau et le lourd", avec en corollaire la polémique stérile de la chenille Vs roue et l'emploi que l'on peut en faire sur le terrain, ne peuvent pas se satisfaire du manque d'industrialisation actuel, ni de la compétition avec les consortiums et inflences auquels nous sommes confrontés. Il y a des dogmes, des modes, des rentes et les réalités des combats ou confrontations...
    De plus la "clientèle" est exigeante, non contente d'acheter, elle veut aussi produire pour aller vers une certaine autonomie qui peut précéder une émancipation dominatrice. Le panier de crabes européen est un bon exemples.

    Nous sommes trop petits, peut-être, mais pas assez grands et fortunés ; sûrement. Le pire est à craindre (depuis un bon moment) et pas que pour l'armement terrestre.
    Fatalitas ? Non, rien n'est inéluctable quand on a conscience de son état, même si il y a de quoi rire nerveusement parfois.
    Aux injonctions péremptoires sur les paradigmes anciens et nouveaux, les stratégies du merveilleux politique ou autres changements de "logiciels" qui seront obsolètes dès l'installation, il s'agit de faire preuve de modestie, de pragmatisme, d'innovation et de beaucoup de travail pour aller vers un destin commun plus conséquent et dans l'action. Un sacré programme...

    Pour le moment, cela relève du vœu pieux ! ^^

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