DES CHIFFRES A MEDITER ....

Il ne se passe pas une semaine sans que nous viennent d'Allemagne des nouvelles concrétisant les efforts de Berlin pour doter la Bundeswehr de nouveaux matériels, qui devraient être commandés en nombre important dans les prochaines années. Le segment lourd dont la remontée en puissance se traduira dès 2027 par la livraison à la Bundeswehr des premiers Leopard 2A8  de Leopard 2A8, KNDS devrait également bénéficier des efforts allemands en matière de blindés. Le segment médian, également au coeur des ambitions allemandes devrait connaitre une évolution notable comme en témoignent les récentes déclarations de René Gansauge, directeur des opérations de Rheinmetall. Dans un entretien accordé au média Hartpunkt, M Gansauge a dévoilé quelques chiffres sur le futur des productions maisons, Boxer et Lynx. 

KNDS Deutschland qui doit produire et livrer dans les prochaines années plus de 500 chars Leopard 2, principalement au standard A8 devra également répondre aux besoins de la Bundeswehr dans le domaine des Véhicules de Combat d'Infanterie, avec la livraison attendue d'ici 2035 de 687 Puma. L'autre acteur allemand du secteur, Rheinmetall est également confrontée à la nécessité d'augmenter de façon importante ses capacités de production, pour répondre à une demande attendue en forte croissance. La capacité maximum actuelle de la firme de Düsseldorf lui permettrait de produire 600 engins par an, la production annuelle étant aujourd'hui de 400 véhicules, chiffre largement inférieur à celui de la demande estimée en 2030 à 1000 véhicules par an.


Le Boxer, dont la Bundeswehr pourrait commander dans les prochaines années entre 3000 et 6000 exemplaires toutes version confondues, devrait être produit dans l'usine de Kassel qui serait entièrement dédiée à la production du 8x8, complétée par les chaines établies aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Australie, cette dernière produisant déjà des Boxer à destination de l'Allemagne.


L'autre blindé de Rheinmetall, le Lynx devrait également bénéficier d'une demande en forte croissance, estimée à 6000 engins, parmi lesquels les 1000 VCI destinés à l'Italie, dont la localisation en Italie  de 60% des coûts du programme reste encore soumise à la mise en place des financements nécessaires. Une victoire du Lynx dans le programme américaine OMFV pourrait se traduire par production de 3800 véhicules à partir de 2030. Les productions actuelles à destination de l'Ukraine (300 engins) pour laquelle les financements sont encore attendus et en Hongrie (209 véhicules) pourraient être complétés dans les prochaines années par des commandes grecques ( 205 engins) et roumaines ( 298 exemplaires) qui pourraient être notifiées début 2026. Rheinmetall ajoute dans la liste de ses prospects à moyen terme, le Brésil, les Etats-Unis mais aussi de façon plus surprenante, plusieurs pays d'Asie du Sud-Est au sujet desquels aucune information n'a été communiquée. 

Ces chiffres, qui ne prennent pas en compte la production des systèmes Skyranger et les éventuelles commandes de KF-51 illustrent la bonne santé de Rheinmetall, concrétisent le réarmement allemand et donnent des perspectives plutôt positives aux industriels allemands de l'armement terrestre, leur permettant d'entrer de facto dans une véritable logique d'économie de guerre, bien loin des déclarations d'intentions françaises en la matière. Les années nous séparant de la fin de la décennie devraient être marquées par un accroissement important du fossé séparant l'armée de terre de la Bundeswehr, fossé que l'on savait déjà conséquent dans le domaine des engins chenillés, mais qui pourrait également se creuser de façon sensible dans le domaine des véhicules de combat à roues. Bref des chiffres intéressants qui doivent faire réfléchir l'ensemble des organismes français concernés, sous peine de voir disparaitre notre industrie de défense terrestre dans les années à venir et de subir un véritable déclassement capacitaire. A méditer...rapidement !


Commentaires

  1. Pas sûr que Poutine ait prévu cette remontée en puissance. Un très mauvais point pour lui et sa politique expansionniste, fondée sur l'immobilisme europeen.Le risque est que cela conduise à une dangereuse course à l'armement, les russes regardant toujours l'Allemagne avec une crainte paranoïaque. La Russie ne pourra sans doute pas suivre économiquement, et le pouvoir poutinien, comme tous les pouvoirs tyranniques, risque de se réfugier dans un nouveau conflit"patriotique"pour éviter la chute.

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  2. En effet comme vous le dite, ce sont "des chiffres intéressants qui doivent faire réfléchir l'ensemble des organismes français concernés, sous peine de voir disparaitre notre industrie de défense terrestre et de subir un déclassement capacitaire.

    A mon avis, pour ne PAS sombrer dans cette impasse qui est en effet tout à fait probable, il y a une seule chose raisonnable à faire. Mais elle n'est possible qu'en laissant dehors un éventuel "orgueil nationaliste" qui n'est plus de mise et serait même contre-productif . Car l'Empire s'est éteint et ce qu'il en reste éprouve de grandes difficultés budgéraires . Alors quelle est ma suggestion ?

    Les français disposent (encore) d'une industrie appropriée. Ils devraient proposer à l'Allemagne de contribuer à la fabrication d'une partie de ces très nombreux véhicules (et de divers types ) en commande. A défaut, cette fabrication sera en partie décentralisée chez des Pays clients tels la Hongrie et la Roumanie

    La co-fabrication a le vent en poupe en Europe. Elle est bénéfique à tous ceux qui s'y adonnent. Par exemple concernant le blindé 6 x 6 conçu par Patria et qui a été adopté par plusieurs scandinaves et baltes, plus l'Allemagne et même le Royaume-Unis. Avec en plus un avantage dans les coûts et la coopération logistique et militaire facilitées.

    Sur le plan industriel, une implication de la France dans la fabrication des produit commandés à l'Allemagne, devrait être facilitée dès lors que les hautes sphères politiques avaient fait fusionner le fabriquant français et une des fabricants allemands. Pour donner KNDS.

    Pour la fabrication en France, il pourrait s'agir de véhicules chenillés. Qu'il s'agissent de chars ou de véhicules de combat d'infanterie. En agissant ainsi en synergie avec des voisins et alliés au sein de l'UE et de l'OTAN, les matériels seraient plus rapidement disponibles pour faire face à la rapide montée des périls collectifs. Le temps presse pour (presque) tout le monde !

    Et bien sûr , cette co-fabrication franco-allemande donnerait du travail en France . Qui serait maintenue aussi dans le flux des technologies actuelles en ces matières. En bref, c'est la formule d'Airbus , dont on connaît les immenses succès collectifs !

    Enfin, avantage supplémentaire, il serait alors plus facile de réserver une partie de cette coproduction, à doter l'armée française d'au moins une quantité limitée de ces engins modernes et adaptés à la haute intensité. Quitte à ce que certains sous-ensembles techniques de ces blindés soient, pour la cause, d'origine locale . C'est raisonnable et honorable, non ?

    J'entend d'avance ceux qui vont ici se lamenter par rapport à une telle association potentielle. Que certains verront même comme "infamante" . Mais le voir ainsi serait ridicule , car ce serait de loin la meilleure solution . Pour l'industrie française et pour les militaires.

    Qui peut encore croire que la France va pouvoir ou même vouloir se lancer seule dans la réalisation d'un nouveau char ou d'un nouveau VCI ? Personne. Elle n'en a d'ailleurs pas les moyens financiers.

    Au moins, en jouant la carte de la mise en commun des ressources, il existe une chance de doper l'armée française. Dont l'équipement mobile actuel , y compris celui en fabrication, a été imaginé et conçu à une époque où personne n'imaginait plus un risque réel de conflit de haute intensité en Europe. D'où le fait qu'il est globalement plus faiblement protégé et plus faiblement armé. P.R.

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  3. Une autre option consisterait, a l'exemple de ce que font les US, de procéder par appel d'offres, en laissant le soin aux industriels ( et non aux Etats) de former les coopérations qu'ils estiment utiles de sélectionner au moins 2 projets, de faire concourir les prototypes, et de partager dans des proportions prédéfinies,la production du projet vainqueur (une déclinaison du fameux meilleur athlètes)entre les deux sélectionnés. Beaucoup d'économies d'argent, de temps et de jérémiades en perspective.

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