CHASSE CROISE GERMANO COREEN (SUITE) EN NORVEGE.

Un peu plus de six mois après la publication de la première RFI (Request For Information) du projet 9360 relatif aux capacités blindées de l'armée de terre norvégienne, Oslo s'apprête à publier la RFP (Request For Proposal) pour l'acquisition de nouveaux chars lourds. Le groupe sud-coréen Hyundai Rotem a manifesté le souhait de participer à cette compétition avec une version modifiée du K2 qui recevrait la dénomination de K2NO. Cette décision dont blablachars avait évoqué la possibilité il y a quelques mois oppose une nouvelle fois le groupe sud-coréen et l'allemand de KMl, désormais concurrents unique pour des deux marchés de fourniture de chars actuellement connus.

C'est fort opportunément qu'une importante délégation de la firme sud-coréenne a passé plusieurs jours en Norvège afin de rencontrer et de convaincre de futurs partenaires industriels. On a appris à cette occasion qu'en cas de victoire, Hyundai Rotem envisage de produire un premier lot de chars en Corée du Sud afin de pouvoir livrer les premiers exemplaires dès 2025. Les lots suivants seraient fabriqués en Norvège au sein d'une infrastructure développée d'ici 2025, pour permettre de livrer les exemplaires suivants à partir de 2027. La firme sud-coréenne semble avoir révisé à la hausse la part qu'elle souhaite attribuer à l'industrie norvégienne, en lui confiant  la production des châssis, des tourelles ainsi que l'assemblage final. A contrario, le groupe motopropulseur, le canon, les viseurs ainsi que la suspension seraient assemblés en Corée du Sud avant d'être expédiés en Norvège. 

Hyundai Rotem se déclare prêt à intégrer sur le char des équipements demandés par la Norvège parmi lesquels un système d'information et de commandement produit par Kongsberg, une RWS Kongsberg (Remote Weapon Station). La société Nammo pourrait modifier le K2NO pour lui permettre de tirer des munitions programmables avant le tir et en vol. Enfin, le K2NO pourra être doté d'un système de protection active. Bien que le K2 dans sa version actuelle ne soit pas équipé de tels systèmes, il pourra recevoir indifféremment le Trophy ou l'Iron Fist selon Hyundai Rotem. Le confort de l'équipage ne sera pas négligé avec l'installation d'un système de chauffage plus puissant et d'un nouveau groupe auxiliaire de puissance. 

Maquette du K2PL exposée à MSPO en 2020.

Pour compléter son offre Hyundai Rotem a exprimé son intention d'associer l'industrie norvégienne à la modernisation prochaine du K2 et surtout au développement de ce qui pourrait devenir le K3. Le K2 modernisé devrait recevoir un canon de 130mm installé dans une nouvelle tourelle probablement téléopérée, équipement pour lequel la société Kongsberg possède un réel savoir faire, même si il reste pour le moment limité aux armements de moyen calibre. Cette version revalorisée du K2 pourrait être opérationnelle d'ici le milieu de la décennie 2030 avant la mise en service d'un futur K3 qui pourrait posséder des capacités similaires au MGCS. Quand on interroge le patron de Hyundai Rotem sur les chances du K2 pour le marché norvégien, il ne se livre à aucun pronostic, rappelant simplement que Hanwha a mis plusieurs années pour imposer le K9, et que son groupe écrit actuellement le premier chapitre de l'histoire du K2 face à un concurrent (KMW) qui domine le marché des chars depuis plusieurs décennies. Il ajoute enfin qu'il attend avec impatience les tests en conditions hivernales qui débuteront dans quelques mois.

Après le marché polonais, Hyundai Rotem confirme  sa participation à l'appel d'offres norvégien avec un char que ses promoteurs décrivent comme le seul char moderne disponible sur le marché et produit en série. Au delà du succès commercial, les décisions polonaises et norvégiennes pourraient constituer des indicateurs précieux pour les industriels européens du secteur de l'armement terrestre. Elles pourraient également servir à rappeler que l'Europe est absente du marché des chars lourds en dépit de l'existence fort discrète de l'EuroMBT et d'un char quadragénaire. Après avoir séduit plusieurs artilleries européennes avec le K9, les sud-coréens pourraient renouveler leurs exploits dans le domaine blindé, au nez et à la barbe de l'Allemagne et de son Leopard 2 ! Pour la blindosphère européenne, les mois qui viennent vont être palpitants avec des acquisitions de chars en Norvège et en Pologne, des achats de VCI en Tchéquie, en Slovaquie et peut être en Italie, sans oublier les rénovations néerlandaises et suisses. Ces pays cherchent à moderniser et développer leur composante blindée mécanisée qu'ils considèrent à juste titre, comme seule capable de s'engager dans des opérations de haute intensité face à un adversaire équivalent.