2025 : UNE ANNEE CAPITALE !

Depuis sa création en 2020, Blablachars a évoqué à de nombreuses reprises le sort des chars français et des engins susceptibles de les accompagner. En février 2022, les blindés font un retour en force avec le déclenchement de l'offensive russe en Ukraine. Face à cette résurgence de la guerre en Europe, de nombreux pays décident de se réarmer et de muscler leurs composantes blindées. Le soutien à l'Ukraine qui se manifeste par la fourniture d'engins de combat, offre à plusieurs pays l'occasion de se débarrasser de leurs chars et VCI les plus anciens, d'origine russo-soviétique, au profit d'engins modernes en provenance de pays comme l'Allemagne, la Suède, les États-Unis ou encore la Corée du Sud. Cette volonté de réarmement est également visible en France, comme l'a confirmée Sébastien Lecornu dans un entretien au JDD dimanche dernier. Mais on peut se demander quel peut être l'impact de ces paroles sur notre composante blindée, et quelles solutions sont envisageables pour tenter de combler le vide créé au sein de nos forces depuis plusieurs décennies. Des décisions doivent être prises dès cette année pour tenter de remédier à cette situation en dépit d'un contexte budgétaire extrêmement difficile, sous peine de déclassement et de rupture capacitaire. Blablachars a exploré quelques pistes de réflexion pour que 2025 soit l'année du rebond, aussi indispensable qu'espéré. 

PREMIERES IMAGES DES K808 PERUVIENS

Les images de la célébration du bicentenaire de la Bataille d'Ayacucho (9 décembre 1824) qui est également le jour de l'armée péruvienne ont permis de voir les trois premiers exemplaires du nouveau transport de troupes K808 acquis par Lima. Ces engins font partie d'un contrat d'une valeur de 60 millions de dollars prévoyant la fourniture de 30 VCI (Véhicules de Combat d'Infanterie) 8x8 K808. La version vue au cours du défilé qui est armée d'une mitrailleuse de 12,7mm, devrait être complétée par des K808ex armés d'un canon de 30x173mm monté sur une tourelle présentant de fortes similitudes avec la ZSSW-30 polonaise. Ce contrat est la première illustration du MoU (Memorandum of Understanding) signé il y a quelques jours entre le Pérou et la Corée du Sud prévoyant le développement de véhicules de combat à roues et chenillés ainsi que la fourniture d'une centaine de chars K2. Celui-ci remporterait au Pérou un second succès à l'exportation, sur un continent jusque là à l'écart des efforts de réarmement et des ambitions de la BITD sud-coréenne. 

LE K2 AU PAYS DES INCAS

L'Amérique du Sud restée jusqu'à présent à l'écart de la vague de modernisation / acquisition des parcs blindés, pourrait devenir un marché prometteur pour les industriels concernés. Alors que le Chili et l'Argentine ont opté pour la remise à niveau de leur flotte, le Pérou a choisi d'acquérir un nouvel engin en remplacement de ses antiques T-54. Cette opération a franchi un tournant important avec la signature le 16 novembre d'un Memorandum of Understanding (MoU) entre FAME S.A.C (Fabrica de Armas y Municiones del Ejercito) et les firmes Hyundai Rotem et STX. Cet accord prévoit le co-développement de véhicules blindés à roues et à chenilles ainsi que les modalités (délais de livraison, spécifications, programmes de formation et de maintenance) de futurs contrats, parmi lesquels celui concernant la fourniture d'une centaine de chars K2 et de 120 véhicules blindés à roues K808 dont le Pérou a déjà commandé 30 exemplaires pour un montant de 60 millions de dollars et qui devraient être livrés dans les prochains mois. Avec ce premier contrat, la BITD sud-coréenne prend pied sur le continent sud-américain dont elle était jusqu'à présent absente. Les industriels israéliens et turcs qui souhaitent développer / renforcer leur position dans la région ont désormais un nouveau challenger dont l’agressivité commerciale et la réactivité pourraient séduire plusieurs pays de la zone, au premier rang desquels le Brésil.

K2 DANS LES SABLES

La première projection sud-coréenne que Blablachars avait évoqué en septembre est en cours de réalisation au Qatar comme on peut le voir sur les clichés publiés ces derniers jours sur les réseaux sociaux. C'est dans un environnement totalement inédit que les équipages de K2 ont pu manœuvrer avec les Leopard 2A7+ qataris et effectuer des tirs, tandis que les K9 et K10 se déployaient dans les sables de la péninsule. on admirera au passage les dimensions du porte-char utilisé pour le transit des char sud-coréens, sur lequel le K2 n'occupe qu'une partie de la plateforme. Six ans après les essais d'un K2 au Sultanat d'Oman, le char sud-coréen repose ses chenilles dans la péninsule arabique pour une projection inédite, riche d'enseignements pour les équipages et les industriels sud-coréens à la recherche d'un succès dans la région pour leur char. 

PREMIERE PROJECTION SUD COREENNE

C'est en toute discrétion que les soldats sud-coréens vont effectuer à partir d'aujourd'hui leur première projection hors de leur territoire. Outre la centaine de combattants issus de la 11ème Division, composant ce détachement la force sud-coréenne comprend également des chars K2, des obusiers K9A1 ainsi que des chars de dépannage K1 ARV (Armored Recovery vehicle). Après leur transit à bord de deux navires (Landing Ships) de la marine sud-coréenne, le détachement sud-coréen devrait mener pendant deux semaines des exercices avec l'armée locale comprenant également des tirs réels. Pour les soldats sud-coréens, cette première projection leur permettra de découvrir un environnement au sein duquel ils n'ont jamais évolué. Ce déploiement s'inscrit dans le cadre du Memorandum of Understanding (MoU) signé au mois de février dernier entre les ministres de la défense des deux pays. Cette première sud-coréenne appelle quelques commentaires.

UN CHOIX PAS TOUT A FAIT NEUTRE

On a appris cette semaine quelques détails intéressants sur le choix norvégien en faveur du Leopard 2A8, annoncé en février 2023. Alors que les militaires norvégiens avaient choisi le K2 sud-coréen après plusieurs mois d'évaluation, les militaires norvégiens avaient choisi le K2 sud-coréen, c'est finalement son concurrent allemand qui a été sélectionné par les responsables politiques du pays. Derrière cette distorsion, se cacherait un certain nombre d'arguments allemands visant à favoriser le blindé allemand. On ne connait pas les détails exacts de ces tractations au cours desquels plusieurs sujets sensibles auraient été abordés comme le pétrole et le gaz ou le coût des programmes associés et la présence de la marine allemande au large des côtes norvégiennes. Le résultat de ce qui ressemble à une vaste tambouille dans laquelle l'avis des militaires n'a pas été pris en compte, a débouché sur la sélection du Leopard 2, qui serait trop lourd pour être déployé dans les zones les plus septentrionales du pays, où se trouvent les frontières finlandaises et russes, objets des mesures de surveillance des états de la région et de l'OTAN. En dépit de leur caractère très surprenant, ces informations si elles étaient confirmées, démontrent que le choix d'un char de combat est un acte éminemment politique, caractéristique qui peut paraître choquante pour les utilisateurs. Cet aspect politique demeure néanmoins essentiel pour une opération liant deux pays pour plusieurs décennies comme on a pu déjà avec la décision allemande du 24 janvier 2023.

AMBITIONS SUD-COREENNES

Parmi les exposants présents au salon BSDA (Black Sea Defense Aerospace and Security International Exhibition, les fabricant sud-coréens avaient fait le déplacement pour exposer plusieurs de leurs produits parmi lesquels le char K2 et le VCI AS21, auréolé de son succès australien. Comme l'engin produit par Hyundai Rotem, qui revenait d'une campagne d'évaluation avec l'armée roumaine et qui semble posséder de réels atouts pour s'imposer en Roumanie, l'AS21 affiche également de solides ambitions pour le futur appel d'offres roumain. La candidature des deux engins est évidemment assortie de propositions de coopération industrielle entre les deux pays comme la création en Roumanie d'un hub européen destiné au soutien des équipements sud-coréens en Europe, en cas de sélection du K9 et de l'AS21 par Bucarest. On a également appris que la firme sud-coréenne ne souhaitait pas se limiter au seul marché roumain, puisqu'elle a annoncé son intention de présenter l'AS-21 pour le marché italien A2CS destiné à remplacer les Dardo. On attend désormais le lancement de ces deux marchés pour avoir plus d'informations sur ces initiatives qui démontrent une nouvelle fois le dynamisme commercial des entreprises sud-coréennes et permet de mesurer leurs ambitions en Europe, où elles ont déjà obtenu de beaux succès avec le K9 et le K2 ! Une fois encore, la France, obstinément dévouée à la roue ne peut qu'observer ces agissements dans un domaine où elle n'a rien à proposer, ni la moindre envie de se doter d'une véritable composante blindée mécanisée.

BUCAREST FUTURE TETE DE PONT SUD-COREENNE EN EUROPE ?

Selon les médias sud-coréens, le K2 devrait effectuer à partir du 10 avril, une série d'évaluations et de tirs devant de hauts responsables gouvernementaux roumains et en présence de représentants des industries sud-coréennes et roumaines. Cette démonstration qui pourrait être le prélude à la signature d'un contrat s'inscrit dans le cadre de l'offensive commerciale menée par la firme sud-coréennes auprès des autorités de Bucarest. Les deux pays qui ont déjà signé plusieurs accords traduisant l'intérêt de la Roumanie pour les matériels sud-coréens tels que le K9, l'AS-21 et bien sur le K2. DU côté sud-coréen on évoque le chiffre de 500 chars pour la Roumanie, les sources romaines évoquant quant à elles l'acquisition de 200 chars K2. Quel que soit le nombre de chars éventuellement acquis par Bucarest, une inconnue subsiste quant à l'avenir des M1A2 SEPV3 dont l'acquisition fut approuvée en novembre 2023 dans le cadre des FMS (Foreign Military Sales), à un prix largement supérieur aux prévisions roumaines. Bien que de génération différente, les deux chars pourraient se retrouver en compétition en Roumanie, affrontement dans lequel le poids politique américain pourrait faire la différence, à moins que comme la Pologne, la Roumanie ne décide de conserver les deux engins au sein de son armée de terre. La Corée du Sud aux prises avec un gouvernement polonais de plus en plus réticent à signer l'accord de production en Pologne des 850 K2 PL (chiffre qui pourrait être réduit à 500 engins) pourrait faire de la Roumanie sa tête de pont blindée en Europe. La présence attendue de nombreux industriels roumains à cette future démonstrations confirme la volonté des deux pays d'accompagner ce possible contrat d'un véritable transfert de technologies et de mettre sur pied une véritable coopération industrielle. 

LA POLOGNE ENTRE LIVRAISON ET COALITION

La Pologne a reçu en début de semaine dernière trois chars K2 supplémentaires portant le total de chars de ce modèle à 31 depuis l'arrivée des 10 premiers chars en décembre 2022. Le contrat d'une valeur de 3,37 milliards de dollars prévoit la livraison de 180 chars d'ici 2025 en attendant la signature de l'accord pour la production de 820 chars K2PL. Avec cette nouvelle livraison la Pologne dispose de plus de chars , un nouveau lot est attendu à la fin du mois de mars. Cet accord qui n'est pas encore signé est l'objet d'intenses efforts de la firme sud-coréenne pour convaincre le gouvernement polonais de ratifier le contrat. Parallèlement à cette livraison,  Varsovie a annoncé la création d'une "coalition internationale de véhicules blindés" pour l'Ukraine à laquelle le Royaume-Uni, l'Italie et la Suède ont annoncé vouloir participer. Cette coalition qui fait suite à celle du Leopard devrait permettre à l'Ukraine de recevoir un nouveau lot de chars, de véhicules de combat d'infanterie ainsi que de transports de troupe blindés. A noter qu'avec la livraison de ce nouveau lot de K2, la Pologne dispose (déjà) de plus de chars K2 que la France de chars Leclerc rénovés ! Une situation qui devrait susciter quelques réflexions et surtout des décisions pour sortir notre "segment de décision" de l’ornière dans laquelle des années de mépris l'ont précipité.

CURE DE JOUVENCE POUR LE K1

Alors que le char sud-coréen K2 revient régulièrement au centre de l'actualité, l'armée sud-coréenne n'oublie pas son char K1 en service depuis 1987. La présentation du premier K1E2 (dénomination officielle de la version modernisée) a permis de découvrir les principales modifications apportées à l'engin d'origine. La plus significative d'entre elles est l'adoption d'un nouveau viseur tireur, similaire à celui du K2, qui offre une meilleure résolution d'image, un système d'imagerie thermique de troisième génération ainsi qu'un système de suivi automatique des objectifs. Cette modification majeure s'accompagne de la modernisation du système de protection NBC, de l'air conditionné et l'installation d'un groupe auxiliaire de puissance. Le programme de modernisation qui devrait débuter en 2026, d'un cout estimé à 206 millions de dollars vise à porter au standard E2 d'ici 2038 la totalité des K1 et K1E1 (environ 1000 chars) en service dans l'armée sud-coréenne. 

AMBITIONS SUD-COREENNES

La Corée du Sud a lancé officiellement le programme de revalorisation de son char K2 produit Hyundai Rotem. Si les contours exacts de ce projet sont encore inconnus, on sait cependant que cette opération prendra en compte les enseignements des conflits actuels. Ceux-ci devraient entrainer le développement et l'intégration d'un système de protection active multifonctions qui pourrait combiner des projectiles conventionnels à une arme laser et à un dispositif de brouillage. Autre modification prévue sur le futur engin, l'adoption d'une tourelle téléopérée permettrait de maintenir le poids du char dans une enveloppe acceptable (voire de le réduire) recevrait une RWS ( Remote Weapon Station), l'APS (Active Protection System) ainsi que des éléments de blindage supplémentaires. Il est probable que la mobilité fera également l'objet d'améliorations avec la possible adoption d'une motorisation hybride et de chenilles composites. Le calendrier de développement du programme devrait être court pour permettre l'intégration de ces différents éléments sur les versions actuelles du char sud-coréen, pour répondre aux besoins des clients potentiels. 

Le programme sud-coréen de modernisation du K2 qui prend en compte les nouvelles menaces auxquelles les chars sont confrontés prévoit pour cela l'intégration de technologies sur lesquelles la France doit mener une véritable réflexion. Parmi ces dernières on peut citer le développement d'un APS multifonctions capable de protéger le char mais aussi l'intégration d'une tourelle téléopérée. A l'heure où l'adoption de la PASEO sur le Leclerc relance le débat (franco-français) sur la vision directe et la place de l'équipage, le K2 sud-coréen comme l'Abrams-X, s'affranchit de ces réticences pour envisager cette évolution et dessiner ce qui pourrait être le premier char occidental équipé d'une tourelle inhabitée. A l'heure où la France progresse (très) lentement sur la rénovation de son char en traitant quelques unes des obsolescences les plus lourdes, le programme sud-coréen adopte une démarche holistique, seule capable de garantir une modernisation cohérente, gage d'efficacité et de potentiels succès export. 

LA LITUANIE CONFIRME SES INTENTIONS ESTIVALES

Comme annoncé en juillet dernier, la Lituanie a confirmé son intention d'acquérir des chars Leopard, avec l'entrée en négociation du ministère de la Défense lituanien avec son homologue allemand pour l'acquisition de Leopard 2. Selon les autorités lituaniennes, le char allemand est la "plate-forme la plus efficace, qui remplit tous les critères fixés par la Lituanie" même si Vilnius n'exclut pas une association avec d'autres pays intéressés par ce char ce qui pourrait favoriser le choix de la version A8 du best-seller allemand, à la place du A7 tel que cela avait envisagé par Vilnius l'été dernier. Celui-ci devrait favoriser l'interopérabilité des forces lituaniennes avec l'armée allemande, qui poursuit les préparatifs en vue de l'installation de la Panzerbrigade 42, mais aussi disposer des installations nécessaires à son maintien en condition grâce au centre de réparation des chars Leopard cédés à l'Ukraine, établi en Lituanie. Cette volonté de renforcement de l'interopérabilité des forces lituaniennes a favorisé le choix du char allemand au détriment du M1A2 américain et du K2 sud-coréen, produits par des pays n'offrant pas le même degré d'interopérabilité. Le choix lituanien en faveur du char allemand confirme une nouvelle fois, si besoin était, l'aspect politique d'une telle acquisition qui lie deux pays pour plusieurs générations. Le nombre de chars souhaité par la Lituanie n'a pas été précisé, Vilnius souhaite équiper l'équivalent d'un bataillon et pourrait pour cela acquérir 54 chars Leopard 2A8. Une éventuelle commande groupée de plusieurs pays permettrait de faire baisser le cout des engins concernés en obtenant le nombre de chars souhaités à des conditions plus avantageuses. Les prochaines semaines devraient permettre de connaitre le nom des pays intéressés par le best-seller allemand dont le succès pourrait presque faire oublier ses 45 années de service ponctuées par de nombreuses et profondes évolutions, en dépit desquelles il reste néanmoins un char de seconde génération !

LA COREE DU SUD OU L'AUTRE PAYS DE LA PROTECTION DES BLINDES !

La récente publication par Hyundai Rotem des premières photos en extérieur de ses deux derniers engins blindés a permis de constater que l'industriel sud-coréen avait accordé une importance particulière à la protection. Alors que la France tente de rattraper son retard avec le développement du projet Prometeus (Protection Multi Effets Terrestres Unifiée pour Scorpion) pour les véhicules Scorpion, les clichés sud-coréens permettent de constater la présence de plusieurs équipements innovants dédiés à la protection du véhicule porteur. Les différents éléments évoqués ci-dessous complètent l'action du blindage structurel basé sur des éléments composite et des briques réactives de type ERA (Explosive Reactive Armor). Même si la totalité des éléments visibles sur ces clichés ne sont pas encore pleinement opérationnels, leur présence sur le K2 EX et le N-WAV indique cependant que leur intégration est d'ores et déjà prévue sur les futurs engins du constructeur sud-coréen, dont la survivabilité s'en trouverait considérablement améliorée. La Corée du Sud devient ainsi le second pays au monde, après Israël à envisager de protéger ses engins blindés avec des solutions développées et produites par la BITD (Base Industrielle et Technologique de Défense) locale.

UNE DECISION LOGIQUE !

En dépit de son intention de moderniser ses TR-85M1, la Roumanie faisait déjà partie des clients potentiels de GDLS (General Dynamics Land System) désireux de ne pas laisser le terrain européen au seul Leopard 2. Huit mois après son annonce, la modernisation des TR-85M1 est remplacée par le lancement d'un programme d'acquisition d'un nouveau char, annoncé par le ministère de la Défens roumain à l'occasion de la fête nationale, le 1er décembre. La compétition qui s'ouvre doit voir s'affronter le M1 américain et le Leopard 2 allemand, sous l’œil distant mais attentif du K2 pour lequel le constructeur a reçu des marques d'intérêt en provenance de Bucarest. Peu de temps avant l'officialisation de cette décision, plusieurs informations mentionnaient la tenue de discussions entre la Roumanie et GDLS pour l'acquisition de M1, qui semblait déjà en position de favori face à son concurrent allemand. Position confortée dès février dernier, avec la signature par Bucarest d'une lettre d'intention pour l'achat de M1, dans une configuration indéterminée. La décision roumaine annoncée aujourd'hui d'acquérir 54 M1 Abrams ainsi que 276 chars K2 est la concrétisation des efforts de GDLS (déjà fournisseur des Piranha V de l'armée roumaine) et Hyundai Rotem pour convaincre les autorités de Bucarest des qualités de leurs engins. La décision roumaine qui met fin à la compétition intergénérationnelle annoncée entre le M1 Abrams et le K2 devrait également confirmer le rôle de la Pologne, lieu probable de production des futur K2 roumains, dans la stratégie de conquête de l'Europe par l'industrie de défense sud-coréenne. Avec ce succès, elle dispose désormais de deux "produits d'appel" avec son obusier K9 déjà choisi par quatre pays européens et le K2 désormais adopté par deux clients sur le vieux continent.

UN QUATRIEME LOT DE K2 POUR L'ARMEE SUD-CORENNE.

Les autorité sud-coréennes ont confirmé la commande d'un quatrième lot de chars K2 destiné à l'armée du pays. Cette nouvelle tranche de chars qui doit être produite entre 2024 et 2028 devrait recevoir un Groupe Moto Propulseur 100% coréen, composé du moteur Infracore DV 27K associé à la transmission EST 15K de SNT Dynamics. Ces chars recevront également le système de protection active local, KAPS (Korean Active Protection System) dont les images diffusées par l'ADD (Agency for Defense Development) permettent de voir l'implantation et le fonctionnement. Ce système dont le développement a été lancé en 2006 est désormais opérationnel et sera donc intégré nativement sur les prochains chars de l'armée sud-coréenne. Cette commande annoncée en juin dernier, permettra de recompléter le parc local dont proviennent les 28 premiers chars livrés à la Pologne, avant que celle-ci ne reçoive des chars dans une configuration spécifique et le lancement de la production du K2 en Pologne.

APRES LE K2, LE K3....

Alors que certains doutent encore de l'utilité future du char et donc d'entreprendre dès aujourd'hui le développement de nouvelles versions et de nouveaux engins, Hyundai Rotem avance à pas de géant dans le domaine avec la diffusion de nouvelles images du successeur potentiel du K2. Le K3, encore à l'état de maquette livre néanmoins quelques secrets sur sa future configuration dont les éléments les plus marquants pourraient être : L'armement principal serait constitué d'un canon de 130mm lisse qui succéderait au CN08 de 12mm équipant le K2. L'adoption de chenilles composites, également évoquée pourrait indiquer une masse de l'engin inférieure à 50 tonnes, limite actuelle d'emploi de ce type d'équipement ou le développement d'une nouvelle gamme de chenilles capables de mouvoir des engins plus lourds. Pour sa protection, le K3 recevrait le système de protection active KAPS (Korean Active Protection System) dont le champ d'action serait étendu aux munitions attaquant par le haut comme les munitions rôdeuses et les missiles antichars modernes comme l'Akeron, Le Javelin ou encore le Spike. L'innovation la plus marquante serait l'utilisation d'une tourelle entièrement téléopérée permettant de loger les trois membres d'équipage dans le châssis et de constituer une véritable capsule de survie. Cet engin encore virtuel qui pourrait rejoindre rapidement les démonstrateurs découverts ces derniers mois comme l'Abrams X, le KF-51ou l'E-MBT. Ce futur engin devrait le fruit d'une coopération entre la Pologne et la Corée du Sud comme semble l'indiquer la présence des drapeaux des deux pays devant l'illustration présentant le K3. 

ACCORD DE LA DAPA POUR LA QUATRIEME TRANCHE DE K2

Le gouvernement sud-coréen a donné son accord pour le lancement de la quatrième tranche de chars K2 qui devront être produits entre 2024 et 2028. La DAPA (Defense Acquisition Program Administration) a indiqué que la somme de 1,47 milliard de dollars avaient d'ores et déjà allouée à cette décision. Cette nouvelle tranche prendra le relais des trois premières dont la production a débuté en 2014 avant d'être stoppée en raison des difficultés rencontrées dans la mise au point du GMP (Groupe Moto Propulseur) par Hyundai Doosan et SNT Dynamics. Cette situation entraîna l'installation sur les 100 premiers engins d'un GMP allemand composé d'un moteur MTU MT 883 Ka-500 V12 et d'une transmission Renk HSWL 295. La seconde tranche livrée en 2019 fut quant à elle équipée du moteur Infracore DV 27K couplée à la transmission allemande en raison des problèmes persistants dans le développement de la transmission EST 15K de SNT Dynamics. Cette même combinaison a été retenue pour la troisième tranche en cours de production, avec une possible évolution vers l'intégration de la transmission locale sur les derniers chars de cette série avant d'équiper l'ensemble des chars de la quatrième tranche. Cette possibilité reste soumise à l'approbation de la DAPA qui n'a pas encore fait connaître sa position sur le sujet, en dépit de sa volonté de favoriser une réduction de la part des composants étrangers dans la production du char. La décision de la DAPA sera également observée avec attention du côté de BMC engagé dans la production du "new Altay"  dont la première tranche doit être équipée du moteur sud-coréen. En dépit de cette incertitude sur la motorisation des futurs engins, Hyundai Rotem est d'ores et déjà assuré de pouvoir lancer la production de cette quatrième tranche de chars, signal positif envoyé à l'armée sud-coréenne mais également en direction de potentiels clients étrangers.

LE K2 ENTRE LES EMIRATS ET LA POLOGNE

Loin de l'agitation créée autour de la "coalition du Leopard", le char sud-coréen K2 poursuit son parcours qui l'a amené cette semaine à Abu Dhabi et en Pologne. Dans la capitale des Émirats Arabes Unis, le K2 dans une livrée sable parfaitement adaptée à l'environnement de ses clients potentiels et dans une version inédite. La maquette du char sud-coréen permettait de distinguer plusieurs éléments intégrés sur cette version Middle East Export dont les principales caractéristiques étaient résumées sur un panneau voisin. Parmi celles-ci on peut noter la présence d'un système de protection active Hard Kill d'origine indéterminée. Le système dont plusieurs composants sont visibles sur la tourelle pourrait être du type passif avec une détection basée sur des moyens optroniques passifs et doté d'éjecteurs vers le haut capables de contrer les attaques de munitions antichars de type "top attack". Le char sud-coréen a déjà suscité l'intérêt de plusieurs pays de la région, après son évaluation par le Sultanat d'Oman en 2018. L'actualité du K2 est aussi celle du Ministre sud-coréen de la Défense qui s'est rendu à Abu Dhabi avant de s'envoler vers Varsovie pour y rencontrer Mariusz Blaszczak, son homologue polonais. Les discussions porteront sur l'exécution des différents contrats liant les deux pays et seront précédées de la signature du protocole de création du consortium chargé de la production des chars K2 et des obusiers K9. La firme polonaise Polska Grupa Zbrojeniowa sera associée à Hyundai Rotem au sein de cette nouvelle entité qui aura pour objectif de développer les versions PL du K2 et du K9. La création de cette nouvelle entité devrait être considérée avec beaucoup d'attention dans la région du Golfe Persique, où plusieurs états cherchent à développer une industrie de défense nationale en s'appuyant sur des partenariats et des transferts de technologies. 

FEUILLE DE ROUTE POLONO-COREENNE

Quelques semaines après la livraison des premiers K2 sud-coréens à la Pologne, la feuille de route de ce programme permet de dégager les grandes étapes de cette nouvelle coopération entre les deux pays. Selon toute vraisemblance, la version présentée au salon MSPO 2020, équipée de de sept galets de roulement ne devrait pas voir le jour. "L'abandon" de cette version spécifique du char devrait faciliter sa production et le transfert de technologies prévu dans le contrat. Les K2 polonais devraient en outre recevoir un système de protection active "hard kill" sans que l'on sache quel sera le modèle retenu pour cette intégration. L'examen du calendrier du programme permet de voir que les chars livrés jusqu'en 2025, "gap fillers"seront ensuite rétrofités pour être portés au standard K2PL. La coproduction des engins en Pologne et en Corée du sud devrait être effective à partir de cette même année, tandis que la coopération autour des activités de R&D devrait effective dès cette année, tout comme la recherche et la satisfaction de futurs marchés export. On apprend également que Hyundai Rotem est engagée dans la production de la troisième de série du char K2, en service depuis 2014 au sein des forces armées sud-coréennes. Ce programme illustre parfaitement la portée d'une démarche d'acquisition de chars, qui engage les pays dans une réelle coopération allant bien au delà de la simple fourniture de chars de combat. Un exemple à méditer assurément !

LES PREMIERS K2 DEBARQUENT EN POLOGNE

Les chars K2 et les obusiers K9 remis à la Pologne le mois dernier sont arrivés hier dans le port de Gdynia. Le navire en provenance de Corée du sud a livré 10 chars et 24 canons de 155mm K9 respectivement affectés à la 20ème brigade mécanisé et au 11ème régiment d'Artillerie, ces deux unités étant stationnées dans le nord du pays. Après ces dix chars (probablement au standard sud-coréen) l'armée polonaise devrait en recevoir 18 exemplaires en 2023, puis 56 en 2024, ce qui devrait permettre d'équiper le premier bataillon en 2025. Selon des sources polonaises, les 180 chars livrés à Varsovie proviennent de séries originellement destinées à l'armée sud-coréenne. Cette dernière a en effet commandé en 2020, 50 exemplaires devant être livrés en 2022 et 180 autres dont la livraison doit débuter en 2023. Le transfert de ces chars vers le client polonais permet au fabricant du K2 d'augmenter d'ici 2024 sa cadence de production, qui  se situe actuellement autour de 20 à 30 chars par an. Ce montage pourrait remettre en question le développement et la production sous licence à partir de 2026 d'un K2PL intégrant plusieurs modifications comme l'ajout d'un septième galet de roulement et d'un blindage renforcé. La production sous licence du char K2 pourrait en outre, se heurter à des réticences allemandes pour autoriser la réexportation de composants essentiels comme le canon de CN08, fabrication sous licence du Rh120, la boite de vitesses Renk HSWL 295 TM qui équipe le K2 ainsi que le moteur V12 diesel MTU MT-883 Ka 501, devant équiper les 197 premiers chars originellement prévus pour l'armée sud-coréenne. Les chars suivants produits à partir de 2025 devant être motorisés par le V12 diesel Doosan Infracore DV27K produit en Corée. Au-delà d'éventuelles réticences allemandes, la production sous licence de ces sous-ensembles pourraient également présenter un certain nombre de difficultés pour l'industrie de défense polonaise dont les capacités techniques ne permettraient pas la production des sous-ensembles concernés comme le fait Hyundai Rotem.