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dimanche 1 novembre 2020

UNE TOURELLE POUR DEUX ENGINS

La mise en service prochaine au sein des forces armées polonaises du Véhicule de Combat d'Infanterie chenillé Badger permettra à la Pologne de disposer de deux véhicules dotés d'une tourelle commune. En effet, le Badger comme le Rosomak son homologue à roues sont tous deux équipés de la tourelle ZSSW-30. Cette tourelle téléopérée fut développée à partir de 2013 par Huta Stalowa Wola (HSW) en vue d'offrir une alternative locale à la tourelle HitFist de Leonardo, dont elle devait reprendre les dimensions afin de permettre sa mise en place sur les véhicules Rosomak sans modification de ceux-ci. Armée d'un canon Bushmaster Mk44s de Northrop Grumman, la tourelle ZSSW-30 embarque également deux lanceurs Spike. De récents clichés ont permis de voir le VCI chenillé Badger doté de cette tourelle au cours des essais dont les services officiels polonais ont souligné le bon déroulement. 

 
VCI Badger

Avec ces deux engins, la Pologne voisine de l'Ukraine où continue de se dérouler un conflit "hybride" dispose de capacités variées pour l'emploi de ses unités d'infanterie mécanisée. Le principe de communalité d'équipement est ici adapté à la tourelle au lieu de se porter sur le seul châssis. Avec cet équipement partagé par les deux engins en service, la Pologne peut logiquement espérer des réductions de cout en matière de soutien et de formation des équipages. Maintenanciers et formateurs utilisant qu'un seul et même type de matériel pour intervenir sur les tourelles en service. La mise en service au sein d'une même armée de deux engins différents armés d'une même tourelle est une démarche dont les Polonais semblent avoir la primeur. Cette initiative devrait être rapidement reproduite par l'armée allemande qui vient d'adopter le Boxer équipé de la tourelle Lance 2.0 déjà en service sur le Puma. Si l'armée australienne devait adopter le Lynx KF 41 pour la phase 3 du programme Land 400, elle pourrait également bénéficier d'une communalité de tourelle, la Lance 2.0 équipant déjà le Boxer CRV choisi dans le cadre de la Phase 2. De leur côté, les Russes ont choisi d'unifier le calibre de leurs différents VCI à roues et chenillés autour du canon de 57mm que l'on retrouve sur le T-15, le Kurganet et peut être le BMP 3 à bord de modules de combat différents, comme le Baïkal ou l'Epoch. 

Rosomak
 
Alors que certaines armées ont fait le choix de disposer d'un châssis "unique" décliné en plusieurs versions correspondant à des missions différentes, la Pologne fait partie des pays ayant appliqué le principe de communalité au système d'armes. Ce choix ne prive pas la Pologne de développer des versions adaptées de ses deux engins, mais lui procure un réel avantage en termes de maintenance, de formation et de cout d’utilisation. A titre de comparaison, La France a choisi d'un type de véhicule par mission, à l'exception des six versions du Griffon, et dotés de systèmes d'armes différents. A l'inverse, avec le Badger et le Rosomak, la Pologne disposera à terme de deux véhicules parfaitement complémentaires dans leur emploi et aux performances équivalentes, offrant aux décideurs de vraies possibilités de choix et l'assurance de disposer de moyens appropriés. Après la modernisation de ses Leopards 2, ses démarches pour le développement ou l'acquisition d'un futur char et l'adoption d'une tourelle commune pour ses VCI, la Pologne s'affirme réellement comme une des nations à suivre dans le domaine du combat blindé mécanisé en Europe.

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