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La prochaine Loi de Programmation Militaire devrait entraîner une véritable reconstruction de l'armée de terre justifiée par les enseignements du conflit en Ukraine. Alors qu'en France, les principaux bénéficiaires de cette réorganisation en profondeur pourraient être les fonctions cyber, drones et artillerie aux dépens de l'infanterie et de la cavalerie, il semblerait que du côté allemand les objectifs soient quelque peu différents, si l'on en croit les propos du ministre allemand de la Défense. Celui-ci lors d'une visite au 203ème Bataillon de Chars, qui fournit les 14 Leopard 2A6 promis à l'Ukraine, a déclaré vouloir remplacer rapidement les chars transférés à Kiev. Selon Boris Pistorius "le point crucial est de commander de nouveaux chars, non pas dans l'année mais rapidement, pour permettre à la production de démarrer." Le Ministre a également ajouté que ses priorités était d'accélérer les acquisitions d'armements et de munitions pour la Bundeswehr, avant d'ajouter que sa rencontre avec les représentants des industries de défense allemandes avait pour but "de déterminer qui peut faire quoi et ce que les deux parties pouvaient attendre l'une de l'autre". Ces déclarations confirment les propos tenus par le Ministre en décembre ; dans un entretien au quotidien Bild, Boris Pistorius avait rappelé que "l'Allemagne est la plus grande économie d'Europe, donc notre objectif devrait être d'avoir également l'armée la plus forte et la mieux équipée de l’Union Européenne." Comme l'a déjà évoqué Blablachars, on semble donc s'acheminer vers une commande importante de la Bundeswehr dans le domaine des chars lourds, qui pourrait voir l'arrivée de Leopard 2A7 dans une version améliorée et peut être de KF-51 dans leur version de série. Si cette hypothétique commande devait se confirmer, il est probable qu'elle imposerait un partage des tâches entre les deux leaders du secteur, à savoir KMW et Rheinmetall. Cette commande signerait en outre la fin du programme MGCS, dont la mise en service incertaine et trop lointaine ne répondrait plus aux besoins de l'armée allemande, qui ne semble pas tirer les mêmes enseignements du conflit ukrainien que l'armée française.