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lundi 28 août 2023

LE KF-51 EN VEDETTE HONGROISE

La campagne de promotion du KF-51 débutée en septembre dernier se poursuit comme en témoigne la récente inauguration de l'usine de production du KF41 dans la ville hongroise de Zalaegerszeg. Cette cérémonie a été l'occasion pour Rheinmetall de présenter le KF-51 que l'on a pu découvrir lors de la dernière édition du Salon Eurosatory. Cette présentation avait pour but d'attirer l'attention des autorités hongroises sur le démonstrateur développé par la firme de Düsseldorf et de les inciter à cofinancer la poursuite des travaux de développement du char. Cette participation serait alors "compensée" par la possible fabrication des tourelles de KF-51 dans l'usine hongroise. Le Premier Ministre hongrois a répondu à cette invitation allemande en indiquant dans une video postée sur un réseau social, que la Hongrie rejoignait le programme de développement du KF-51. 

Cette réponse est cependant assortie de quelques réserves sur le stade de développement du démonstrateur allemand, pas encore prêt pour une production en série (en dépit d'informations faisant état de sa possible fabrication en Ukraine), sur l'engagement de la Hongrie dans le programme Leopard, concrétisé par la livraison récente des premiers Leopard 2A7 HU. Les droits de Rheinmetall à produire le châssis du KF51, basé sur celui du Leopard 2, propriété de son concurrent KMW pourrait également freiner les velléités hongroises. Ce dernier point, trop souvent passé sous silence par Rheinmetall, pourrait constituer une véritable pierre d'achoppement en cas de succès commercial du KF-51. KMW de son côté joue sur plusieurs tableaux avec son châssis, celui de la production des Leopards 2 (A7, A8,..), celui d'une possible commercialisation du démonstrateur de Rheinmetall et enfin celui de l'E-MBT, même si ce dernier ne semble pas recueillir les faveurs des décideurs français. Le partage actuel des taches entre les deux sociétés dans la conception, le développement, la commercialisation et la production des chars, un future alliance entre les deux constructeurs allemands parait s'imposer comme la solution la plus raisonnable, pour l'avenir. Aucune des deux sociétés ne souhaite s'engager dans un conflit commercial, auquel elles préféraient probablement un véritable partenariat, prélude à une probable coopération autour d'un nouveau char, dont l'arrivée sonnerait le glas du programme MGCS et des illusions françaises dans le domaine. Le déclenchement de la guerre en Ukraine a placé KMW et Rheinmetall dans des conditions idéales en leur assurant de nombreux succès commerciaux et en leur donnant la possibilité de conquérir de nouveaux clients. Ces différentes démarches et réussites doivent être considérées comme autant de signaux faibles envoyés par l'Allemagne sur une fin prochaine du MGCS, auquel seule la France veut encore croire, faute de développer un véritable char de transition et d'un manque d'intérêt pour des matériels dont les opérations en Ukraine démontrent pourtant chaque jour l'utilité. 

La France par son obstination et son aveuglement risque de porter une lourde responsabilité dans l'arrêt du projet MGCS, laissé depuis trop longtemps dans la seule main des industriels et décideurs allemands que nous ne manquerons pas d'accuser une nouvelle fois, histoire de masquer nos propres défaillances et erreurs, dont le poids sera de inévitablement supporté par nos équipages au moment où les décideurs actuels ne seront plus en situation.


22 commentaires:

  1. Vous émettez des hypothèses sur l'avenir du MGCS, sans évoquer la récente intention des français d'imposer les italiens comme troisième partenaires du programme.

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  2. KMW n'existe plus ni Nexter il y a KNDS, les usines françaises de KNDS ne fabriquent plus de chars chenillés mais des véhicules à roues , des canons, des tourelles et surtout des munitions.
    Et vu le carnet de commande de KNDS la société ce porte bien.
    Penandreff

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    1. Belle manière de camoufler la misère... On attend avec impatience la première ligne de montage de léopards "KNDS" sur le sol Français...

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    2. L'annonce récente n'a rien changé. En gros on demande à Nexter et KMW d'utiliser le nom du groupe. Mais sur les registres du commerce respectifs il y a toujours Nexter et KMW d'inscrit.

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  3. En France, un moyen "de transition" dure toujours plus longtemps que prévu. Donc, autant l'éviter pour ne pas engendrer un gap technique comme avec les drones.

    À défaut d'une entente "pragmatique" avec l'Allemagne, avec ou sans l'Italie, il faudra bien passer à autre chose et officialiser l'echec.
    Du courage politique s'impose. Dans ce cas, quid de nos 50% de KNDS qui deviendrait sans intérêt ?
    Il en est de même pour les autres programmes menés en "coopération" avec l'Allemagne... Cette dernière aura, ainsi, l'occasion de réaliser son "Airbus" des blindés pour faire son MGCS et CIFS à l'horizon 2045.

    Ceci étant, le Leclerc XLR va perdurer en attendant un ou des sucesseurs et sur quelle base industrielle ?
    L'option d'un achat sur étagère d'un produit allemand existant reviendrait à se coucher politiquement, sans forcément avoir un EPC et son environnement tactique adaptés à nos besoins de défense actuels et futurs.

    Une fois les "mains libres", la Corée du Sud, des États du Golf voire l'Inde seraient de bons prospects pour les armements terrestres et au-delà.

    A défaut d'un hypothétique développement national, pour 200 unités ou plus (?), le format du futur segment lourd sera déterminant,
    Un "K2/3" serait un bon produit de substitution. Il est une bonne base de départ pour notre MGCS (vecteur canon), mais renforcer sa protection latérale et de le franciser (Électronumérique, vétronique, blindage, communication, connectivité, armement, etc...) seraient nécessaires pour le programme TITAN.
    Un moteur européen du genre super-Volvo + serait une option en seconde source, tout en préservant l'avenir.
    https://www.forcesoperations.com/comment-arquus-peut-offrir-un-second-souffle-aux-chars-de-combat/

    Et l'UE dans tout ça...? Il suffira de participer aux programmes subventionnés qui nous intéressent et en faisant ce que l'on veut pour le reste. Là, rien de nouveau. :)

    La rencontre des deux Ministres de la Défense devrait éclairer la situation, avec l'étude, ou mieux, le lancement de "démonstrateurs", ou pas...

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  4. Le KF51 sera un échec.

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  5. Je suis toujours étonné par cette position (Française ou Allemande) qui consiste à dire qu'il faut fabriquer sur son sol à la fois les chars de combat, les avions, les bateaux etc...

    La France est un pays moyen, 7em puissance mondiale, et elle ne remontera probablement pas dans le classement, non pas parce qu'elle baisse d'année en année (elle "monte", que ce soit en PIB, en nombre d'habitant, en dépense etc.) , mais parce que d'autres, plus grand, plus peuplé, montent bien plus vite (Chine évidemment, Inde, Brésil etc.).
    Le constat est identique pour l'Allemagne.

    Prenons les chars de combat. L'investissement pour créer un nouveau char est conséquent. Suffisamment pour que ni la France ni l'Allemagne ne puisse l'envisager en le ventilant uniquement sur les commandes internes à ces pays. Elles pensent donc forcément à l'export. L'export Européen serait le plus logique, et l'Allemagne a bien plus d'expérience sur ce sujet que la France, souvent incapable de vendre en Europe (on pourra discuter des heures sur le pourquoi de cette situation).

    Donc, pour arriver à construire un char de nouvelle génération, il faut le penser soit en collaboration avec un marché captif suffisamment large pour ventiler les frais de R&D (qui sont, en plus, hors de prix en Europe, mais pareil on pourra en discuter des heures), soit prendre le risque d'annoncer un prix de vente compatible avec l'export et espérer les ventes à posteriori (c'est évidemment bien plus complexe que ça avec tout un tas de discussion géopolitiques, et d'accompagnements des états en amont, comme le prouve ces derniers mois les succès à l'export du Rafale, et le refus de vente d'Euro-fighter à l'Arabie Saoudite par exemple, mais allons à l'essentiel).

    Sait-on faire un tank Franco-français ? Surement.
    Sait-on en acheter 1000 pour notre armée afin qu'il ait un cout de reviens unitaire acceptable ? Pas sur.
    Est-ce que c'est embêtant d'acheter un tank fabriqué à l'étranger ? Demandons à nos voisins Espagnols, Norvégiens, Belges, Italiens, si c'est mieux d'avoir 200 tanks construit en local fait sur mesure pour faire bander les généraux 5 étoiles qui peuvent avoir le char de combat parfaitement adapté à la doctrine qu'ils écrivent, ou bien si finalement on peut faire avec un Léopard 2A8 acheté sur étagère à nos voisins en échange d'un SCAF dans lequel les Allemands mange leur chapeau et achètent un avion "français" ?

    On arrête jamais en France de se plaindre du peu d'achat en Europe des armements français, mais au final, en dehors de quelques H&K, qu'achète-t-on, nous à nos voisins Européens ?

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    1. Oui, mais. Cette proposition oublie que le développement d'un char de combat est l'occasion d'une mise au point de nouvelles technologies qui essemeront dans d'autres secteurs. Les US sont les maîtres de ces transferts. Par ailleurs si nous faisons rarement appel aux achats étrangers, c'est que nous disposons d'un tissu industriel remarquablement large en matière de défense.

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  6. Dans ce contexte, je trouve plutôt intéressant la méthode que de plus en plus utilisent quand ils ne savent pas produire chez eux d'emblée.
    Exemple du renouvellement de VCI de la Rep Tchèque : trois VCI sur étagère étrangers testés sur le terrain puis le choix du vainqueur. Mais surtout, des accords pour produire partiellement sur place, soutenir... Au final, même si la licence indirecte a un coût, ils auront le top du VCI (CV90 MKIV) et un gain en savoir faire, tout en zappant les délais et coûts de la R&D.

    Pour le char, on pourra très bien aligner un futur léopard et un futur black panther sur un camp de Champagne, voir ce qu'ils valent, puis voir tout ce que l'on peut faire en France dessus... Idem pour le remplaçant du VBCI... Du point de vue du soldat, nous aurions le top, du point de vue du citoyen, nous retrouverions quelques compétences industrielles perdues dans le lourd (>40T) blindé chenillé.

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  7. Cela nécessite toutefois d'avoir l'humilité de reconnaître que nous sommes déclassés dans ce segment et que nous allons donc utiliser les méthodes de pays Européens émergents qui veulent s'en sortir...

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  8. L'objectif des pays émergents est de se doter du savoir faire nécessaire pour produire localement. Ce que la Chine, la Corée ou la Turquie ont très bien réussi, ce que tentent l'Inde, l'Arabie Saoudite... Nous ne sommes pas dans ce cas, tout au contraire, notre challenge est de maintenir nos savoir faire. Deux trajectoires qui se croisent, hélas ..

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    1. Ah bon ? Nous savons construire une boite de vitesse de blindé lourd ? Un moteur ?
      Si mes souvenirs sont bons, rien que sur vbci (<40T), le moteur est volvo et la boîte renk... Comme je n'y connais rien en Leclerc, je viens d'aller voir d'où venait le moteur du XL, il était Français (SACM). Mais l'entreprise a été rachetée, fin de prod des moteurs diesels vers 2000 ou même avant.... J'aimerais bien savoir qui, en France, construit des barbotins, des maillons de chenilles, des patins, des suspensions de char ?

      J'aimerais me tromper et que l'on réponde que je dis n'importe quoi, mais je considère que nous n'en sommes malheureusement plus au stade du "maintien" de savoir faire... D'où ma position ci dessus... au moins pour la partie mobilité.

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    2. Correction dans l'ordre des mots:
      ... plus au stade du maintien de savoir-faire, au moins pour la partie mobilité... D'où ma proposition ci dessus. (29, 17h06).

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    3. De toute façon il est quasiment impossible impossible de tout produire en France. Faut prendre 2 minutes et imaginer la liste des fournisseurs pour un char, en incluant les consommables comme le carburant et les munitions. Faire le plus possible en France, oui. Le faire à tout prix, non. Il faut faire des choix et donc lister les priorités et trouver des compromis.

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  9. Le terme était mal choisi mais dans pays émergents je parlais plus de Rep Tchèque, Hongrie, Pologne que de Chine, Corée S, Turquie...

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  10. Pour revenir sur le châssis du Panther: il s'agit d'un châssis de Leopard 2A4 modifié et amélioré. Rheinmetall a produit quasiment 1000 Leopard 2A4 et ils ont les droits sur son châssis. Le but du Panther est justement de ne pas dépendre de KMW, donc ces derniers ne toucheront rien en cas de vente.
    Personnellement je ne crois pas à un gros succès du Panther. À court terme, le Leopard 2A8 grignote trop de parts de marché. À long terme ce sera le MGCS. Donc il faudrait que celui-ci échoue, ce qui évidemment reste probable. Et dans ce cas là on verra une lutte Leopard et Panther ce qui se terminera par un compromis, comme dans les habitudes allemande. Ce qui donnera probablement un Leopard 3 avec un châssis KMW et une tourelle Rheinmetall.

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  11. Avant de penser dotation avec toutes ses options (achat et fabrication totale ou partielle) en y associant les lignes budgétaires afférentes, il est nécessaire de passer par les premières cases : définition de l'emploi d'un EPC ou de vecteurs blindés habités, ou pas, ainsi que le format des forces utilisatrices nécessaires à notre Défense (?).

    Demain, le principal coût et attrait industrel d'un "char" sera ce qu'il y aura dedans et l'usage tactique qui en sera fait. Les fonctions mobilité, protection, feu et connectivité pouvant être déconnectée par ses briques, MAIS en respectant la cohérence de l'ensemble.
    Exemple : la mobilité à des conséquences sur la précision du feu et la protection sur la mobilité, etc...

    Dans la période la doctrine est :

    https://www.terre.defense.gouv.fr/cdec/nos-publications/documents-reference/rft-320-concept-demploi-forces-terrestres-ceft

    Qu'en sera-t-il demain avec le segment lourd dans TITAN ? Le MGCS "devrait" y répondre techniquement... à terme.

    En attendant la géopolitique est en pleine évolution à l'Est et au Sud principalement. Un écueil décisionnaire se présente avec les prochaines élections présidentielles Américaines, puis Francaises... (?).

    Le KF-51 est la énième itération d'un concept daté avec un saupoudrage technique opportun.
    Rien de bien exceptionnel dans l'architecture de ce blindé, sauf l'imposante tourelle qui offre une protection étendue au châssis par le haut, à azimut "0", comme sur le Merkava IV. Quid de la masse ?

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    1. Et bien justement, je ne suis pas sûr que dans notre situation, il soit encore pertinent de chercher à tout prix des ruptures en réfléchissant aux bouleversements d'après demain (sans se l'interdire toutefois pour saisir des opportunités à la marge).

      Dans le segment terrestre, être capable de copier, importer, s'approprier rapidement et soutenir ce qui existe et fonctionne ailleurs serait déjà tout à fait honorable.

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    2. C'est ce qu'il risque ou va se passer avec les moyens difficilement industriables en France pour des raisons économiques et de marchés insuffisants. Vouloir tout développer est irréaliste dans l'état où nous nous trouvons...

      Reste à y mettre nos éléments et sauces techniques que nous maîtrisons bien.
      Toutefois, le risque est la création de monopoles sous influence, ce qui n'est jamais bon

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    3. Tout à fait d'accord avec Marsouin.
      Arrêtons les plans sur la comète (Et les grandes théories. Yaka... !!) ; et intéressons nous un peu plus à l'ici, et maintenant.

      C'est à dire, faire avec les techniques actuelles, pas celles, hypothétiques, de dans vingt ans ; ni celles, complètement dépassées, d'il y a quarante ans en faisant du rétrofit, en comparaison très couteux et à tous niveaux (Y compris capacités et performances.).
      Bref de l'utile et de "l'employable", ici et maintenant.
      Le juste milieu.

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