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mardi 22 avril 2025

DES K2 BIENTOT AU MAROC ?

Au début du mois une délégation marocaine  emmenée par le Ministre de l'Industrie et du Commerce Ryad Mezzour s'est rendue en Corée du Sud pour discuter d'un accord potentiel sur la possible livraison de chars K2 au Royaume chérifien, qui deviendrait ainsi le premier utilisateur africain du char sud-coréen. Selon le quotidien marocain en langue française L'Opinion la commande de chars K2 ne serait qu'un des volets du partenariat stratégique que Rabat entend nouer avec Séoul parmi les nombreux aspects industriels et économiques de cette coopération. Le Maroc souhaite moderniser et renforcer ses capacités militaires dans un contexte de tensions régionales croissantes et au regard des relations tendues avec son voisin algérien possédant de nombreux équipements d'origine russe et chinois. Le K2 offre au Maroc une possibilité de modernisation et lui permet de réduire sa dépendance envers les fournisseurs occidentaux historiques que sont les Etats-Unis et la France.  

En dépit des difficultés que pourraient présenter une telle acquisition, comme la création d'une chaine logistique dédiée, la mise en place de structures de formation, la potentielle sensibilité de certains composants du char aux contraintes de l'environnement local ou encore son association avec les équipements actuels des FAR (Forces Armées Royales) le char sud-coréen possède de sérieux arguments en sa faveur. Son canon de 120mm, calibre identique à celui des M1 A1 SA acquis par le Maroc serait capable de s'opposer efficacement au canon de 125mm des T-90 algériens, sa mobilité et sa suspension permettrait au K2 de se déplacer dans les meilleures conditions sur les différents terrains du pays et particulièrement en environnement désertique, omniprésent le long de la frontière algérienne et au Sahara occidental. Le K2 est préféré au Leopard 2A7 en raison de l'intégration sur le char sud-coréen d'un système de chargement automatique, lui permettant d'être servi par un équipage de trois hommes au lieu de quatre sur le blindé allemand. Argument à méditer de ce côté de la Méditerranée par les aficionados du best-seller allemand. 

La fourniture de K2 au Maroc permettrait à la Corée du Sud de se positionner sur un nouveau marché en prenant pied sur le continent africain et de s'affirmer comme un fournisseur militaire de premier rang. Pour Rabat, l'acquisition de chars K2 permettrait au Maroc de rééquilibrer le rapport de forces avec l'Algérie et de se renforcer sa crédibilité en tant puissance régionale. Pour convaincre Rabat, Séoul pourrait intégrer sa proposition au sein d'un ensemble plus vaste incluant des partenariats civils et militaires entre les deux pays mais aussi l'implication de l'industrie locale dans la production ou le maintien en condition du K2 par le biais de transferts de technologies et d'accords de fabrication sous licence. Cette stratégie déjà utilisée par Séoul au Pérou et en Pologne pourrait rendre plus supportable le  cout unitaire du char sud-coréen estimé aux alentours de 8.5 millions de dollars. Pour la Corée du Sud qui se positionne comme un fournisseur indépendant, un succès sur le continent africain lui permettrait de se positionner sur un marché estimé à plusieurs milliards de dollars par an dans les prochaines années, porté par les efforts de modernisation entrepris par plusieurs armées africaines, soucieuses de s'affranchir de l'influence russe ou chinoise. La seule ombre au tableau reste pour le moment la présence sur les premiers chars d'un Groupe Moto Propulseur (GMP) de facture allemande pourrait mettre un frein à l'exportation du char en raison des limitations imposées par Berlin pour certaines exportations (à méditer dans le cadre du programme MGCS). L'adoption sur le K2ME présenté à IDEX d'un GMP sud-coréen fabriqué par Doosan pourrait permettre de contourner cette potentielle difficulté. 

L'intérêt marocain pour un char de combat moderne illustre le dynamisme d'un marché en pleine expansion avec les nombreux pays qui continuent de croire à l'utilité du char sur le champ de bataille et sont à la recherche d'engins performants pour moderniser leurs flottes. La Corée du Sud qui en quelques années a su se doter d'une BITD performante se positionne aujourd'hui comme le seul fournisseur indépendant de chars face à des concurrents qui peuvent être soumis à des aléas de politique étrangère comme le M1, à des limitations d'exportation comme le Leopard 2 ou à une production encore balbutiante comme l'Altay turc. 

11 commentaires:

  1. les Algériens assemblent des boxers et des fuschs, de ce fait le marché Marocain est fermé aux blindés Allemands?
    penandreff

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    1. Pourquoi ? Ça empêche pas…l’Allemagne a surtout des partis en internes qui pourraient voir d’un mauvais œil les ventes à un pays pas modèle de démocratie mais tout passe la preuve ils ont vendus à l’Algérie et c’est un algerien qui le dit…en plus les contrats avec les Allemands il y a une tierce partie les Émirats qui sont très proches du Maroc donc objectivement pas d’obstacles majeurs à part le prix exorbitant des matériels et le fait que les Marocains ont un nouvel allié de poids au Proche Orient qui produit des armes aussi…

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    2. Des Fuchs oui mais pas des Boxer…

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  2. Trop forts, ils arrivent même à faire concurrence à l'installation traditionnelle jusqu'alors des américains (384 M1, 500 Bradley, etc / Contre les équipements russes en face... Nous il y a longtemps qu'on a été sortis, avec nos AMX10P ou RC, ou même nos AML, et qu'on est plus crédible en matière d'équipement militaire terrestres semble t-il...).

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    1. Tu es sur pour les Bradley ? Et pour les Abrams pour l’instant seule la 1ere tranche a été livré la seconde est loin d’être sécurisée..

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    2. Autant pour les Abrams c’est la guerre en Ukraine qui a retardé la concrétisation de la seconde tranche autant pour les Bradley rien de concret pour l’instant…

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  3. "le cout unitaire du char sud-coréen estimé aux alentours de 8.5 millions de dollars." :
    Le vrai cout, de fabrication, d'un char lourd moderne, "employable" auquel il ne manque cependant rien . ...

    Et ils n'ont pas eu à s'associé à qui que ce soit pour produire tout ça, chars, VCI, automoteurs blindés d'artillerie, LRU+, antiaériens, etcetera, frégates, sous-marins, avions de combat, pour revenir sur une "réflexion" que l'on entend par trop par chez nous (Et "en attendant" d'éventuelles "sollicitations indispensables", on ne fait strictement rien.) ...
    Un sud coréen qui marche, va plus loin que 27 européistes assis, à discuter...

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  4. Des sud coréens qui nous ont bien piqué notre place de fournisseur d'équipements militaires au Maroc en tous cas "en attendant", et qui sont en train de le faire de plus en plus ailleurs également ; et même dans d'autres domaines...

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  5. Nous avons la place que nous méritons, tout comme le sort de notre industrie lourde... Chasser des moulins à vent seraune oerte de temps et notre influence a pratiquement disparu dans cette région du monde.
    À choisir, le K2 est sans doute plus utilisable et employable que le M1.

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    1. A choisir, le K2, le K21, le K9, les K808, K239 ; et autres navires et sous-marins ROKS de tous types (En bien plus grand nombre que chez nous déjà d'ailleurs.), et KAI T-50, KAI KF-21, vous voulez dire ? ...

      Nous allons surtout avoir la place que nous allons vraiment finir par mériter si nous nous bougeons pas plus que ça, encore aujourd'hui, surtout.

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    2. ..., si on ne sort pas de nos chimères...

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