LA DIPLOMATIE DE L'EMBARGO

Blablachars évoquait dans un post récent les dissensions autour du SAFE (Security Action For Europe) autour de l'accès de la Turquie à ce programme européen. L'Allemagne qui soutient cette option vient de concrétiser son soutien en annonçant avoir approuvé l'ouverture de négociations entre Ankara et Berlin pour la fourniture d'Eurofighter. L'annonce a été faite ce matin par le ministre des affaires étrangères allemand, Johann Wadepuhl actuellement en visite en visite à Ankara. Ce dernier a tenu à préciser que ces avions étaient destinés à des missions de défens collective au sein de l'OTAN et a souligné qu'il est inconcevable de les utiliser contre d'autres alliés de l'OTAN. Une déclaration à destination d'Athènes, inquiet des ambitions turques en Méditerranée orientale. Cette annonce intervient au lendemain de la réception par la Commission Européenne de la demande officielle d'accession au programme, présentée par les autorités turques. L'examen de cette demande par la Commission lui permettra d'adopter une recommandation qui sera envoyée au Conseil Européen pour approbation, étape préalable à l'ouverture des négociations bilatérales entre Ankara et Bruxelles. Cette annonce montre l'habileté de Berlin à pratiquer une diplomatie de l'embargo, en fonction de ses intérêts. On se souvient de l'embargo allemand sur les moteurs du futur char turc, qui a considérablement retardé le développement du projet. La décision allemande isole et met sous pression Athènes et indirectement Paris qui soutenait la Grèce dans son refus. Selon les médias grecs, l’Allemagne a demandé la semaine dernière à la Grèce de retirer ses réserves sur la participation de la Turquie au programme SAFE. Les prochains coups de cette partie de billard devraient être révélateurs de l'influence et du poids des pays concernés dans la future décision européenne. 

Commentaires

  1. Il est toujours bon de rappeler (ici, à Mr Johann Wadepuhl, d'Allemagne, donc) pour éclaircir les pensées au-delà du mercantilisme à court terme, que la Turquie est en Asie (posée sur la plaque Asiatique), pas en Europe: d'ailleurs, tous les pays Turcophones sont en Asie: Azerbaïdjan, Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, sans compter certains pays de la Fédération Russe où le turc y est encore, parfois, sporadiquement parlé. L'Union européenne (à l'initiative du programme SAFE) est, elle, en Europe (ça n'est pas ce que l'on peut appeler à proprement parler un petit détail, Amho). > s.o.

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  2. " et a souligné qu'il est inconcevable de les utiliser contre d'autres alliés de l'OTAN" :
    On se demande bien quelle mouche l'a piqué à ressentir le besoins express de préciser cela ?
    On a de sacrés alliés en tous cas !!!

    Y compris à juste à coté de chez nous aussi, "en Europe" d'ailleurs. (Entre Trump, Erdogan, et les allemands qui ne voient que leurs intérêts personnels uniquement et qui ne cessent de plus en plus de faire cavalier seul, au détriment des autres, on a plus vraiment besoin d'autres adversaires, ni presque d'ennemis : Nos marins se souviennent encore de certaine rencontre récente.)
    Tu m'étonnes qu'ils (Les allemands, nos si chers amis devenus !!) aient mis un embargo sur le futur char turc. "Les Etats n'ont pas d'amis"...
    Sacrés "alliés" en tous cas !

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  3. Les voies du nationalisme et des intérêts d'une industrie décisionnelle se recoupent parfois... C'est l'art de se préparer des ennuis futurs avec des clients de circonstance. La géo-industrie est aussi une politique (?!).

    Une lapalissade : on est toujours trahis par ses amis. :)

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    1. C'est surtout les complexes militaro industriels qui se lâchent de plus en plus ces derniers temps ; depuis qu'on a lâché complément la bride de nos chevaux de course ; et imposent de plus en plus leur seul point de vue.
      Ce qui n'est pas sans poser certaines questions au niveau démocratique.
      Plus que ne le ferait un retour de prise en main étatique ; qui représente la volonté populaire et une certaine prise en compte de l'intérêt général, surtout en matière d'équipement militaires et d'armes.
      En tous cas on n'a pas trouver mieux jusqu'ici pour ça, et ce n'est certainement pas la constitution et le renforcement permanent de vos multinationales trusts de l'armement (Les nouveaux "marchands de canons" modernes, décomplexés. les voies du néo libéralisme et des marchands de canons se recoupent, toujours...) qui font aller dans ce sens, de l'intérêt général.).

      Au contraire le retour à un certain contrôle de l'Etat serait sans doute plus sain pour le monde, y compris pour nos armées ; et même en ce qui concerne la prévention des conflits futurs...

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    2. Plus une société est une grosse multinationale, plus elle a le loisir et les moyens de murmurer à l'oreille du politique du moment pour lui dire: "passe-moi les rênes du pouvoir dans mon secteur d'activité: j'irai t'y résoudre tous tes problèmes!". Souvent, elle en a les moyens, factuellement, ce qui rassure le politique et le comble d'aise (ça lui libère du temps et l'esprit vis-à-vis des problèmes criant immédiats). La rançon de cette médaille est la poursuite d'un modèle d'économie qui truste spécieusement et particulièrement la part du gâteau à 1 ou 2 ou 3 sociétés s'y entendant pour restreindre la concurrence. Restriction qui détruit l'économie médiane. Économie médiane qui est, elle, la meilleure marque possible du succès d'une économie. > s.o.

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  4. Pour info. horodatée, hier, l'Ukraine a officiellement dit être intéressée par 100 à 150 Gripen. Le Gripen est dans la lignée du F16\Mirage\etc: un seul gros moteur procurant une dynamique vive et forte à la cellule de l'avion au moins lourd qu'il soit possible pour aller intercepter: typique des chasseurs. Le Rafale (évolution du Mirage) a quant à lui deux moteurs, permettant de porter plus de charge utile et plus loin (typique du F-14 par ex., le "camion" multirôles des USA): cette évolution retenue en son temps par Dassault avait été motivée lorsque le pacte de Varsovie s'était remplié de plusieurs centaines de Km et que donc, pouvoir "monter en flèche" était moins une nécessité criante de l'armée de l'air Française. > s.o.

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