LES DEVELOPPEMENTS DU M1 A AUSA

S'il fallait une preuve supplémentaire du dynamisme du marché mondial des chars, les nouvelles en provenance du salon AUSA qui se déroule actuellement à Washington en sont une. SI le futur appel d'offres pour le renouvellement des obusiers de 155mm de l'armée américaine domine ces journées, les chars, et plus particulièrement le M1 Abrams ne sont pas absents des débats comme en témoignent les différents projets vus par Blablachars. Il sera difficile aux délégations françaises (industriels et étatiques) de ne pas remarquer la domination des engins blindés chenillés dans les futurs projets américains, à la recherche d'une protection accrue et d'une puissance de feu toujours plus importante. La présence de ces projets dans les allées du salon, prouve que l'armée américaine ne semble pas disposer à abandonner sa composante blindée mécanisée et continue d'envisager son adaptation aux futurs engagements. 

Le contrat attribué en juillet dernier à GDLS (General Dynamics Land Systems) dont la date d'exécution a été fixée au 30 juin 2027 devrait permettre à l'armée américaine de disposer avant la fin de l'année d'un "préprototype" du M1E3, selon le souhait exprimé par les autorités américaines. pour répondre aux demandes des militaires, GDLS devrait s'appuyer sur les travaux menés pour son démonstrateur Abrams-X dont les différentes technologies devraient être intégrées sur le futur char. Ces dernières souhaitent accélérer le tempo de ce projet qui devrait comporter de nombreuses innovations dans les domaines de la mobilité, de la protection,  et la puissance de feu. A la baguette, le Program Executive Officer for Ground Combat Systems ( PEO-GCS) a imposé depuis avril dernier un véritable défi à GDLS pour voir arriver le M1E3 avant 2032, date initialement prévue pour l'arrivée des premiers engins. Pour répondre à ces exigences, la firme américaine s'est tournée vers des fournisseurs extérieurs pour la conception et la production d'éléments clés comme le moteur qui devrait fourni par Caterpillar et la transmission par la firme espagnole Sapa dont l'implication dans le programme soulève quelques interrogations en Espagne. L'engin doté d'une propulsion hybride dont l'efficacité permettra un gain de carburant estimé à 40% par rapport à la motorisation actuelle, la plutôt gourmande turbine Avco Lycoming AGT-1500. Son poids ne devrait pas excéder 60 tonnes selon les souhaits de l'armée américaine, bien loin des 78 tonnes annoncées pour les dernières version du M1A2 SEPV3 !

Pour sa protection le M13 sera doté d'un système de protection active, qui devrait être le Trophy déjà retenu pour équiper les M1A2 en service.  Le système israélien connu pour son efficacité contre les projectiles antichars (missiles et roquettes) sera sur le M1E3 également efficace contre les drones. La nouvelle version du Trophy a vu sa conception optimisée pour offrir une puissance accrue et réduire son poids et son empreinte sur le véhicule porteur. Ce système sera compété par des kits de blindages additionnels essentiellement destinés à renforcer la protection de l'engin contre les drones et les munitions rôdeuses attaquant par le haut. Ce besoin d'une protection renforcée est une des leçons du conflit en Ukraine qui a vu une généralisation de l'emploi de ces menaces mais aussi un développement des parades.

La possibilité de doter le M1E3 d'un canon de plus gros calibre ou plus avancé que les canons de 120mm actuels, pourrait offrir une opportunité intéressante à Rheinmetall pour son canon de 130mm et pourquoi pas à KNDS France avec l'Ascalon. L'arme choisie sera montée dans une tourelle téléopérée et sera donc approvisionnée par un système de chargement automatique, une véritable révolution culturelle pour les décideurs américains, après des années de scepticisme à l'égard du système adopté il y a plus de 40 ans sur le Leclerc ! L'armement du M1E3 devrait complété par un système dévoilé cette semaine au salon AUSA sous la forme d'un lanceur baptisé Precision Effects & Reconnaissance Canister-House (PERCH). 

Cet équipement permettrait de tirer des munitions Switchblade 300 et 600 produites par AeroVironment. GDLS qui développe le PERCH travaille à l'intégration du lanceur sur les M1A2 existants et sur les Stryker. D'autres innovations pourraient être intégrées sur le M1E3 dans le domaine de la visée, des différents capteurs et des systèmes de communication et de gestion du champ de bataille. L'armée américaine souhaite disposer au plus tôt d'un peloton de M1E3 afin de mener des évaluations au sein des brigades et permettre l'intégration des modifications dans des délais raccourcis.

L'accélération du programme M1E3 n'empêche pas l'armée américaine et les industriels concernés de poursuivre leurs travaux sur le M1A2 en service. Les efforts du constructeur américain portent sur l'intégration du Trophy dont on peu voir une ébauche sur les maquettes présentées à Washington. On peut penser qu'en dépit de l'accélération du projet M1E3, le M1A2 reste encore au coeur des priorités de l'armée américaine a abordé une évolution notable sur le rôle des chars dans futurs conflits. Une étude du Conseil Scientifique de l'armée indique que les futures chars ne constitueraient pas un acteur dominant du champ de bataille à l'horizon 2040. Ce changement de paradigme serait du au développement d'un véritable écosystème de menaces, de son évolution et de son expansion. Cette inflexion de trajectoire n'est pas cependant pas synonyme d'abandon du char comme le montrent les dernières informations dans le domaine.  

Le nouveau calendrier du programme M1E3 devrait permettre à l'armée américaine de disposer à partir de 2030, d'un segment blindé mécanisé de nouvelle génération, articulé autour du XM30 dont le calendrier est actuellement conforme à la planification initial. Du côté des chars, la modernisation du M1A2 lui permettra d'attendre l'arrivée des premiers M1E3 dont l'avenir a connu une évolution majeure ces derniers jours.