Le Père Noël allemand n'a pas attendu le 25 décembre pour faire connaitre aux militaires le contenu de sa hotte, qui s'est bien remplie ces derniers jours. Le réarmement allemand décidé depuis quelques par le Chancelier se traduit en effet par de nombreux projets d'acquisition et de développement d'équipements et d'engins. Outre le segment lourd qui devrait recevoir en 2027 les premiers exemplaires des 123 Leopard 2A8 commandés, l'ensemble des composantes de la Bundeswehr devraient également se voir doter de matériels récents dans les prochaines années. Blablachars vous propose un petit tour d'horizon des récentes emplettes blindées de Berlin, qui viennent s'ajouter aux acquisitions déjà évoquées
La première de ces acquisitions est constituée par une première commande de 84 obusiers de 155mm RCH 155, qui seront fabriqués par ARTEC GmbH entre 2028 et 2030. Selon plusieurs observateurs, une commande de 149 engins supplémentaires d'une valeur de deux milliards d'euros devrait être notifiée prochainement, permettrait de répondre aux demandes de l'artillerie allemande. ARTEC GmbH a profité de cette occasion pour annoncer la signature d'un accord-cadre avec la Bundeswehr pour la livraison de 500 obusiers qui pourraient également être livrés à d'autres pays.

Obusier RCH 155 (Photo VBS-DDPS)
Quelques jours avant l'annonce de cette commande, la coentreprise Projekt System& Management GmbH (PSM) a procédé avec le BAAINBw à la modification du contrat-cadre existant pour la livraison à la Bundeswehr de 200 VCI (Véhicule de Combat d'Infanterie) PUMA. L'opération évaluée à 4.2 milliards d'euros permet également à la Bundeswehr de recevoir des modules de protection ainsi que des conteneurs de stockage. Cette dernière disposition apparait plutôt pertinente au vu des problèmes d'effectifs de la Bundeswehr qui pourrait ne pas avoir le nombre de soldats nécessaires à la mise en oeuvre de ces engins. Les engins prévus dans ce contrat sont au standard S1, la modernisation des véhicules en service devrait se poursuivre jusqu'à 2029 pour leur permettre d'atteindre ce standard.
Les engins à roues ne sont pas oubliés avec la notification jeudi dernier, au groupe finlandais Patria de deux contrats d'une valeur globale de plus de deux milliards d'euros. La commande ferme et les options contenues dans ces accords prévoient la livraison à partir de l'an prochain de 876 véhicules 6x6 déclinés en quatre versions dont un porte-mortier équipé du mortier sous tourelle NeMo de Patria. Ces véhicules qui seront produits en Allemagne à partir de 2027 ont été développés dans le cadre du programme CAVS (Common Armoured Vehicle System) auquel sept pays (Finlande, Allemagne, Danemark, Lettonie, Norvège, Royaume-Uni et Suède) participent.
Toujours au "rayon" des véhicules à roues, GDELS (General Dynamics European Lad Systems) a été désigné pour produire et livrer 3000 véhicules protégés Eagle V. Ce contrat d'une valeur de quatre milliards d'euros seront déclinés en version 4x4 et 6x6, cette dernière servant de base à la version médicalisée. Ces véhicules seront acquis par le biais de deux contrats cadre qui devraient permettre à la Bundeswehr de recevoir à terme 5000 véhicules Eagle V, 4000 en version 4x4 et 1000 en version 6x6. Pour répondre à cette demande, GDELS a annoncé la transformation de plusieurs sites de production situés en Allemagne pour leur permettre de produire les véhicules commandés et dans les délais prévus par les contrats. 
Eagle V 4x4 et 6x6 (Photo GDELS)
Enfin, la Bundeswehr n'a pas oublié ses Forces Spéciales avec la commande auprès de la firme néerlandaise de 49 véhicules médian de reconnaissance et de combat AGF-2 ainsi que des véhicules de soutien tactique UFK, auxquels pourraient s'ajouter 39 véhicules supplémentaires en option dans le contrat. Les 49 véhicules commandés pour un montant de 100 millions d'euros devraient commencer à équiper le Commandement des Forces Spéciales (KSK) dès 2027. 26 devraient être livrés en version AGF-2, huit en version appui équipés d'un canon de 20mm et 15 en version soutien UFK. L'AGF-2 et ses dérivés est constitué d'une plateforme ouverte, protégée contre les mines et pouvant recevoir des éléments de protection balistique additionnels. La version UFK dédie au soutien affiche un poids total de neuf tonnes et peut emporter une charge utile de 3,5 tonnes.
Le véhicule médian de reconnaissance et de combat AGF-2
Ces programmes s'inscrivent dans la droite ligne du réarmement allemand initié par le Chancelier Merz. Cependant, la multiplicité de ces acquisitions tous azimuts ne doit faire oublier la fragilité des ressources humaines de l'armée allemande, confrontée à de sérieuse difficultés de recrutement et de fidélisation des troupes. La levée des différents obstacles légaux et réglementaires a permis une accélération du processus de passation des marchés d'équipements militaires financés en partie par une clause dérogatoire au Pacte de Stabilité qui pourrait permettre de dégager jusqu'à 800 milliards d'euros pour la Défense. Cette situation a permis au Bundestag d'approuver le financement de la totalité des programmes évoqués ci-dessus et de débloquer les fonds nécessaires à la conclusion des contrats. A l'opposé de la France, l'Allemagne qui ne s'est pas déclarée en économie de guerre a rapidement concrétisé ses intentions par des accords commerciaux concrets, dont l'industrie allemande devrait largement bénéficier dans les prochaines années. Ces commandes nationales auxquelles s'ajoute un carnet de commandes export plutôt fourni donnent aux industriels allemands concernés une bonne visibilité à moyen terme ainsi que d'importantes possibilités d'investissement. Une situation que leur envient certainement leurs homologues français, aux prises avec un état sans budget pour l'année à venir, dont l'effort de défense reste soumis à des aléas politiques aussi incertains qu'imprévisibles ne permettant pas à nos industriels et à nos armées de se projeter sur le temps long avec la sérénité requise et de lancer de véritables programmes d'équipement.



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