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dimanche 28 juin 2020

INDIANA JONES SUR LES TRACES DES BLINDES !

Pour le clin d’œil du week-end, blablachars a décidé de s'intéresser à un film célèbre issu de la série consacrée aux aventures d'un archéologue britannique ne se séparant jamais de son fouet, Indiana Jones. Dans l'opus intitulé "Indiana Jones et la Dernière Croisade" sorti en 1989, Indiana Jones  (Harrison Ford) retrouve son père (Sean Connery) aux côtés duquel il affronte les Nazis dans leur quête du Saint Graal, symbole de puissance éternelle. La poursuite mettant en scène un char Mark VIII est certainement une des scènes plus mémorables du film mais elle contient également de nombreux éléments qui sont autant de clins d’œil au monde des chars et à l'armée française. 


T.E Lawrence
Le personnage d'Indiana Jones, un peu archéologue, un peu espion présente quelques similitudes avec un autre archéologue célèbre, Thomas Edward Lawrence qui commença sa carrière au sein du Tank Corps en 1923 sur le camp  de Bovington dans le Dorset. Le Tank Corps fondé en 1916 est le plus ancien régiment de chars de l'armée britannique. Le Royal Tank Regiment en a aujourd'hui repris les traditions, héritier du 1er et du 2è  Royal Tank Regiment, il est équipé de Challenger 2 et appartient au Royal Armoured Corps dont l'état major est situé sur le camp de Bovington où T.E Lawrence meurt en mars 1935 dans un accident de moto. Outre cet état major, ce camp abrite plusieurs formations dont le "Armoured Fighting Vehicle Training Group" au sein duquel tout les équipages blindés britanniques sont formés. 


La poursuite se déroulant dans l’État du Hatay rattache cette scène à l'histoire militaire française. Situé à la frontière de la zone arabe A et de la zone sous administration française telles que déterminées par les Accords Sykes-Picot, l’État du Hatay fut créé en 1938 par la Société Des Nations à partir du Sandjak d'Alexandrette, détaché de la Syrie pour l'occasion. La France et la Turquie chargées de préserver l'intégrité de cet état furent déchargées de leur mandat en 1939 quand la République du Hatay devint indépendante et rattachée à la Turquie. Aujourd'hui la région du Hatay appartient à ce pays et constitue la frontière entre la Turquie et la Syrie. Cette région frontalière syrienne située à l'ouest d'Alep, est le théâtre de violents combats entre les forces soutenues par Ankara et les forces syriennes pour le contrôle de la région autour de l'autoroute M4. Ces combats impliquant des chars ne sont pas les premiers dans cette région où la France envoie à partir de 1920 des chars FT 17 dans le cadre de la campagne de Cilicie pour appuyer les unités d'infanterie. Moins de trois ans après l'introduction des chars dans l'armée française, celui-ci s'impose comme un outil décisif de victoire. Cet engagement permet en outre de forger les premiers principes d'engagement des blindés rappelés aux équipages par le Général Dufieux commandant la 1ère Division du Levant : " La section de chars ne doit jamais être fractionnée [...] Il est évident que faire marcher un char seul c'est supprimer toute manœuvre des chars, et la manœuvre est leur seul procédé de combat. Un ou deux chars fixent par le feu, les autres débordent l'objectif." La campagne de Cilicie débute en 1918 avec le débarquement à Mersin de 15.000 hommes de la Légion arménienne encadrés par 150 officiers français. Face à l'occupation française et aux troupes arméniennes combattant avec les Français, la résistance turque s'organise très rapidement dans les régions tenues par l'armée française. Cette rébellion culminera en février 1920 avec la chute des villes de  Maras  et d'Edesse après plusieurs jours de siège et des assauts répétés. Le 11 avril 1920,  les 300 survivants de la garnison d'Edesse sont presque tous tués ou faits prisonniers au cours d'une embuscade au col de Sebeke sur le chemin de la Syrie. Les rebelles turcs, forts de ces succès continuent leurs efforts, s'emparant d'autres points de la région forçant les troupes françaises à se retirer graduellement, ville par ville. Les opérations en Cilicie prennent fin en mars 1921 avec le Traité de Cilicie signé entre la France et le Mouvement National Turc, accord qui sera remplacé en octobre de la même année par le Traité d'Ankara signé cette fois par la Grande Assemblée Nationale de Turquie. Les aventures d'Indiana Jones se déroulent dans des lieux où les chars français ont écrit les toutes premières pages de leur histoire. 




La célèbre poursuite met en scène un char Mark VIII dont la conception est le résultat de l'échec du projet de développement  d'un char commun par les États-Unis et la Grande Bretagne. Le char Mark VI qui devait être produit à plus de 1500 exemplaires était prévu équiper les armées alliées d'un char lourd unique, capable de percer les lignes allemandes au cours de grandes offensives prévues en 1919. La production du Mark VI devait être répartie entre les deux états selon les principes suivants : Les États-Unis fourniraient le moteur et ses accessoires, la transmission, le système de freinage ainsi que le train de roulement en s'appuyant pour cela sur l'industrie automobile américaine. La Grande Bretagne devait fournir le blindage, l'armement principal et secondaire ainsi que les tourelles. Le prix convenu devait être £ 5000 par véhicule. En Décembre 1917, la commande Mark VI fut annulée faisant du Mark VIII le nouveau char allié. Celui-ci ne comportait plus de tourelles mais deux renforts latéraux contenant chacun un canon de 57mm. La longueur du char fut portée à 10,42m pour lui permettre de franchir plus aisément les tranchées. Avec une largeur de 3,75m le Mark VIII avait de grandes difficultés à manœuvrer et effectuer des virages, ce qui est visible dans le film car le char ne change pas de direction ! Un projet Mark VIII* visait à allonger le char de trois mètres pour lui permettre de franchir des tranchées de 5,50m de largeur. Devant les difficultés techniques et l'augmentation du poids (42,5 tonnes au lieu de 38,9 tonnes pour la version initiale) le projet ne vit jamais le jour.


Deux exemplaires de Mark VIII subsistent aujourd'hui : l'un est visible au Tank Museum de Bovington et le second attend une hypothétique restauration à l'Armor Museum de Fort Benning aux États-Unis. Pour le tournage du film, aucun Mark VIII n'a été utilisé, celui que l'on voit est une réplique construite à partir d'une pelleteuse sur laquelle une coque de Mark VIII a été installée ainsi qu'une tourelle supplémentaire. Des maquettes ont également été utilisées pour la réalisation de certains plans. 




  
En plus d'un grand spectacle, "Indiana Jones et la Dernière Croisade" nous avait offert en son temps quelques clins d’œil discrets au monde des chars mais aussi au premier engagement de chars français hors du territoire métropolitain !

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