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dimanche 26 janvier 2020

LE LECLERC A BARKHANE : UN OLIVIER SUR LE SOL IRLANDAIS ?


A l’issue du Sommet de Pau, réunissant les chefs d’états du G5 Sahel, le Président de la République a annoncé l’envoi de deux cent vingt soldats supplémentaires pour le renforcement des capacités de combat de l’opération Barkhane[1]. Le déploiement de Leclerc au Sahel pourrait être la concrétisation de cette volonté présidentielle.
Cette hypothèse déjà évoquée[2] à de nombreuses reprises est souvent abordée sous son seul aspect politique et les éventuelles conséquences dans ce domaine. Entre aveu d’échec implicite, reconnaissance de la supériorité de l’ennemi et attitude colonisatrice, la projection de blindés lourds au Sahel est aujourd'hui en France, une hypothèse hautement improbable sur le plan intellectuel. Notre propos ne portera donc que sur l’aspect militaire de cette hypothétique projection, qui pourrait donner naissance au troisième Groupement Tactique Désert (GTD) complétant l’action des deux GTD déjà en place, regroupant un millier de militaires répartis dans différentes implantations[3].  
Envisager la projection de chars Leclerc dans l'opération Barkhane ne doit pas être considéré comme un aveu de faiblesse ou d'impuissance. Ce déploiement permettrait de procurer à la Force Barkhane des capacités dont elle ne dispose pas dans ses opérations contre un ennemi mobile et évolutif.
Avant son engagement sur le terrain de Barkhane, le Leclerc doit remporter la bataille des poncifs qui entourent son (in)utilité, ses (in)aptitudes à la projection et son empreinte logistique. Les capacités techniques du char, l’expérience acquise depuis sa mise en service permettent de démontrer la vacuité de ces idées, qui ne doivent plus être considérées comme des obstacles à la projection.
Les engagements de chars de l'armée française sur des théâtres d'opérations extérieurs ont été le plus souvent effectués dans le cadre d'opérations de contre insurrection. Considérés comme inaptes à telles opérations, les chars se sont néanmoins imposés grâce à leurs aptitudes et aux facultés d'adaptation des équipages et de leurs chefs.
L'organisation tactique retenue par la Cavalerie Blindé pour les différents éléments blindés qui la composent, permet de tirer le meilleur parti des capacités techniques du char face à des menaces de nature et de volume variés. Cette cohérence ne doit pas empêcher de réaliser les éventuelles adaptations pouvant améliorer l'efficacité opérationnelle des engins.
 Avant d’entamer la rédaction des lignes qui suivent, je souhaite préciser que cet article a pour but de nourrir un débat sur la pertinence de disposer de forces blindées mécanisées en opérations extérieures. Elles permettent d’imposer à l’adversaire un combat dans lequel la supériorité tactique et technique des moyens engagés concoure à nous assurer la maitrise du rythme et de l’espace des opérations. Par ailleurs, nos réflexions ne mentionneront aucun volume précis concernant cet élément blindé. Chacun comprendra cependant que cette projection, si elle devait avoir lieu devrait s'effectuer avec un volume qui puisse être significatif sur le plan tactique et cohérent sur le plan logistique. 

1.     GAGNER LA BATAILLE DES PONCIFS
               Dans un précédent article[4], nous avions évoqué la défiance qui avait entouré le char Leclerc dans ses premières années de service au sein des forces. Ces réticences se sont estompées, aujourd’hui le char fait partie de l’arsenal de l’armée de terre avec cependant quelques réserves de taille quant à ses aptitudes à la projection en milieu désertique.

Une inaptitude à la projection.
               Le Leclerc serait inapte à la projection : Pourtant l’armée de terre l’a projeté à deux reprises sur des théâtres d’opérations : Kosovo en de 1999 à 2002 et Liban de 2006 à 2010. En outre, un certain nombre de projections ont eu lieu dans le cadre d’exercices comme ce fut le cas récemment en Pologne et dans la Péninsule arabique. Cependant une sorte de "tâche" subsiste sur ces opérations car le Leclerc n’a jamais engagé le combat au cours de ces déploiements, se "contentant" d’effectuer des missions de sécurisation. Ces deux projections avaient cependant une haute valeur symbolique ; elles concrétisaient l’engagement de la France aux côtés de l’Otan au Kosovo et dans une zone d’intérêt majeur, le sud Liban.
           En 1999 l’armée yougoslave au Kosovo compte environ 1000 chars (T-72, T-55 et M-84) ainsi que plusieurs centaines de véhicules de combat d’infanterie blindés[5]. Pour maintenir la paix, la coalition internationale Kosovo FORce (KFOR) déployée en juin intègre des moyens blindés mécanisés offrant une protection accrue, une puissance de feu dissuasive et une bonne mobilité sur un terrain difficile. Plusieurs nations engagent des chars de combat : M1 pour les États-Unis, Challenger 2 pour les Britanniques et Léopard 2 pour les Allemands, sans oublier les Émirats Arabes Unis qui déploient des chars Leclerc, six ans après la signature du contrat. Tous ces chars sont plus performants que l’AMX 30B² en service dans la plupart des régiments français. Le Leclerc[6] est logiquement choisi pour être le fer de lance de la brigade éponyme au sein de l’opération Trident. Cette première projection est un succès, les chars resteront sur le théâtre jusqu’en 2002, date de leur retrait définitif du théâtre. 
           En 2006, en réponse au conflit au Sud Liban, l’Onu vote la résolution 1701 autorisant le renforcement de la Force Intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) par 15.000 militaires ; la FINUL 2 est formée, la France déclenche l’opération Daman dans laquelle est intégré un bataillon mécanisé renforcé d’un escadron de chars Leclerc[7]. Le char Leclerc affirme la détermination de la France à imposer les vues de l’Onu aux belligérants et différentes parties en présence. Il constitue également un élément capable de garantir l'action de la Force face aux chars israéliens stationnés le long de la Blue Line marquant la frontière entre le Liban et Israël. Les Leclerc resteront au Liban jusqu’en 2011, date de leur retour définitif en France.
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


 
En moins d’une décennie, le Leclerc a été projeté à deux occasions sur des théâtres différents. Ces projections ont été rendues possibles par les exercices menés durant expérimentation du système d'armes. Ainsi l'exercice MedXL a permis de réaliser un test "grandeur nature" et de valider le scénario d'une projection par voie maritime d'un Groupement Tactique Leclerc et de son environnement. Les déploiements réguliers dans le Golfe Persique ont également permis d'améliorer les procédures logistiques et de confronter le char à un environnement exigeant : Le milieu désertique.

Le Leclerc est inadapté au milieu désertique.
Pour tout un tas de bonnes raisons, ce char trop fragile ne pourrait pas « survivre » dans l’environnement exigeant de la bande sahélo- saharienne (BSS). Pourtant ce même char est déployé dans un pays où le désert est omniprésent, à savoir les Émirats Arabes Unis. Certes, les chars déployés au sein du 5ème Régiment de Cuirassiers ne sont pas employés à un rythme opérationnel, comme pourraient l’être ceux de la BSS, ils restent cependant parfaitement aptes à remplir les missions confiées, grâce à des qualités unanimement reconnues :
- Une mobilité servie par un moteur puissant avec un ratio de 28cv / tonnes lui permettant d’évoluer sans difficulté dans un environnement de pistes et de sable.
-Une autonomie d’environ 600 km pouvant être augmentée par l’emport de futs largables pouvant être utilisés pour des missions de convoyage.
-Des moyens optiques performants qui donnent la pleine mesure de leur efficacité de jour comme de nuit sur des compartiments de terrain de grande dimension.
-Une puissance de feu permettant l'engagement d'objectifs à toutes les distances et avec une large gamme de munitions.
-Une aptitude à naviguer de façon autonome et à s’intégrer dans les réseaux de commandement.
- Une génération électrique permettant d’effectuer des missions de veille sans utiliser le moteur diesel.
- Un confort amélioré pour l’équipage ; grâce à une suspension oléopneumatique, concourant à la stabilisation de l’armement de bord, ce char est confortable pour l’équipage, surtout sur des terrains difficiles, comme peuvent l’être les pistes de la zone d’action de Barkhane. En outre, le confort amélioré par une climatisation permettant à l’équipage de se préserver des températures élevées et de mener des missions dans la durée et dans de bonnes conditions.
Conçu sur la même architecture, mais doté d’équipements différents (Groupe Moto Propulseur, armement de toit, système d'information) les Leclerc émiriens ont été appréciés des équipages engagés au Yémen, pays dont les caractéristiques physiques (terrain, climat) sont assez proches de celles de la BSS. Tous les RETEX indiquent que le char s’est bien comporté et n’a jamais été un obstacle ou un frein à une manœuvre. Sa mobilité, sa compacité et sa facilité d’entretien ont même été mis en exergue.
Toutes ces données démontrent la parfaite adaptation du Leclerc à un environnement désertique, ou semi désertique. Par sa conception, le Leclerc possède des aptitudes supérieures à celles des blindés actuellement déployés dans la BSS, dont le maintien en condition opérationnelle (MCO) impacte de façon conséquente l’empreinte logistique de l’opération.

Le Leclerc alourdit l’empreinte logistique.
                Avant de disserter sur cette assertion, il convient de rappeler que la notion d’empreinte logistique vient des États-Unis durant l’Opération Tempête du Désert. Elle peut être définie par « la présence physique d’équipements, d’approvisionnements, de personnel (y compris les contractors et civils) et d’infrastructures dédiées aux opérations de soutien et d’appui dans une zone de combat donnée[8]. » C’est le crédo du Général SHINZEKI qui estime que « les forces lourdes doivent être plus projetables stratégiquement, plus agiles avec une empreinte logistique réduite[9]. » Cette volonté d’allègement sera balayée par le déclenchement des opérations terrestres au Kosovo et en Irak quelques années plus tard où les Américains déploieront plusieurs divisions blindées mécanisées.

               Concernant l’opération Barkhane et en se référant aux définitions précédentes, il est évident que le Leclerc contribuera à augmenter l’empreinte logistique de l’opération, on se demande comment il pourrait en être autrement. Si le char devait arriver sur le théâtre, il y aurait une inévitable augmentation des matériels, des approvisionnements et des hommes dédiés aux opérations de soutien. Les spécialistes ont peut-être déjà chiffré cette augmentation, qui est au cœur des études précédant la projection d'équipements. Ainsi, à une question de François CORNUT-GENTILE en 2017 sur le faible nombre de VBCI déployés au Mali, le Ministère des Armées avait ainsi répondu qu’« une étude est actuellement conduite en vue d’un éventuel renforcement de ce dispositif au cours de l’année 2018[10]». Cette étude portait à n'en pas douter sur les implications logistiques de ce renforcement, tout autant que son effet tactique. En février 2016, trois LRU sont projetés au sein de l’opération ; leur mise en place vise à fournir « …un appui direct aux troupes engagées, notamment en zone montagneuse[11] ». Aucune voix ne s’élève contre cette projection d’un moyen de guerre conventionnelle sur un théâtre asymétrique, loin de la haute intensité pour laquelle ce matériel a été conçu. L’État-major des Armées (EMA) souligne la parfaite maitrise de la manœuvre logistique qui a permis l’acheminement de cet armement[12]. Au moment de son retrait, le bilan dressé est sans équivoque avec « …18 roquettes, faisant la preuve de leur efficacité et permettant de frapper des plots logistiques des Groupes armés terroristes (GAT) situés dans l’Adrar des Ifoghas » et quelques lignes plus bas, l’EMA colle le même paragraphe sur la manœuvre logistique que lors du déploiement. Pas un mot sur l’empreinte logistique ne vient assombrir ce satisfecit général. Pourrions évoquer l’augmentation de l’empreinte logistique sans évoquer le déploiement de l'unique matériel chenillé de l'opération Barkhane, le Véhicule Haute Mobilité (VHM). L’EMA sur son site nous confirme la parfaite adéquation de cet engin avec « ses larges chenilles adaptées spécifiquement au désert [qui] lui offrent une portance significative sur le sable. Il possède également des galets lui permettant d’absorber les irrégularités du terrain, une caractéristique appréciée des équipages[13]. » On ne reproche guère à cet engin d’avoir perturbé ou alourdi l’empreinte logistique, bien au contraire puisque ses chenilles sont synonyme de confort, donc de préservation du potentiel humain, et de mobilité en saison des pluies. Le premier engin chenillé de Barkhane constituerait donc une plus-value tactique appréciée par tous, sans que personne ne vienne souligner une quelconque augmentation de l’empreinte logistique.
La liste des matériels projetés depuis le début des opérations au Sahel, permet de constater la volonté de renforcer la mobilité avec le VHM, le VCI, la puissance de feu avec le MMP, le LRU et le VBCI et la protection avec le VBCI 32 tonnes. Le remplacement de la Gazelle par le Tigre au sein du GTD Aérocombat a-t-il remis en cause pour cause d'empreinte logistique ? Cette recherche d'efficience a conduit le Service des Essences des Armées, au cœur de la logistique à projeter des Scania Carapace[14] ; plus lourds mais possédant des aptitudes et des capacités qui contribuent efficacement à l'amélioration de la logistique sur le théâtre et donc à réduire l’empreinte logistique de la force.
Comme tous les matériels cités ici, le Leclerc augmenterait l’empreinte logistique de la force Barkhane. Une augmentation que justifieraient aisément les capacités du char à évoluer et combattre dans ce milieu.
               
Le char Leclerc conçu pour un combat de haute intensité, est parfaitement capable d’opérer dans un environnement exigeant sans hypothéquer les capacités logistiques de la force. Le désert est depuis la Seconde Guerre mondiale, est un des terrains de prédilection du combat blindé, imposant la maitrise de grands espaces, une mobilité accrue et des moyens d’observation et de combat performants.

2.     CONFLITS ASYMETRIQUES ET MILIEUX SPÉCIFIQUES. 
 Appartenant à l'Artillerie Spéciale depuis leur première apparition en avril 1917, les chars français sont d'abord engagés dans des conflits que l’on qualifierait aujourd’hui d’asymétriques. Alors que les premiers engagements de chars à partir de 1916 avaient pour objectif la rupture du dispositif adverse et l’accompagnement de l’infanterie, les déploiements ultérieurs sur les théâtres d’opérations extérieures visaient à reprendre le contrôle de territoires en proie à des insurrections armées d'ampleur et de nature différentes. Engagés dans ces nouvelles missions, sur des terrains difficiles, les équipages ont su adapter et faire évoluer leurs modes d'actions pour être encore plus efficaces.

Les chars dans la Guerre du Rif.
L’intervention française d’avril 1925 à mai 1926 se déroule dans un espace peuplé " de paysans-guerriers au sentiment identitaire très fort[15] ". Face à cet ennemi peu rompu aux méthodes de combat moderne, l’armée française va conduire une campagne riche en innovations techniques et tactiques.
                Le char Renault FT surnommé le « char de la victoire » présente pour l’époque une caractéristique originale, puisqu’il est le seul modèle de chars en service, transportable par voie maritime. Le char développé pour le combat en centre Europe (déjà) doit être adapté et amélioré. Parmi les améliorations les plus notables figurent l’emploi par treize chars de chenille de type Kégresse utilisant un système de bandes de caoutchouc moulé, creusées de sculptures reproduisant la forme des patins. Elles remplacent les lourdes chenilles métalliques dont sont équipés ces chars. Ces chenilles souples dont l’utilisation sur le théâtre marocain n’est pas couronnée de succès seront néanmoins introduites à partir de 1928 sur des automitrailleuses et seront popularisées dans les "croisières" de la marque Citroën


                En dépit de son relatif succès cette expérimentation, soutenue par le général Estienne, impressionne de nombreux observateurs par la capacité de cette invention à permettre au char de réaliser une progression silencieuse. Ainsi en 1925 en Autriche, un article mentionne le débarquement au Maroc de ce nouveau char et affirmant que les quelques exemplaires déployés par la France sont « vraisemblablement destinés à se multiplier[16] ». A côté de cette évolution technique, la guerre du Rif est également un laboratoire d’innovations tactiques.
                Innovations dans le domaine doctrinal qui prévoit une stricte subordination des chars à l'Infanterie. Engagés sur des terrains difficiles les chars modifient leur rythme comme le note avec curiosité un observateur britannique qui relève un démarrage anticipé des chars," une demi-heure avant l’infanterie, afin de leur conférer une certaine avance [17]" Innovations dans l'organisation et les structures ; sur ce terrain difficile la section de chars passe de cinq à trois engins, entrainant de facto une réduction du nombre de chars par compagnie. Loin d'amoindrir l'efficacité de l'unité, ce nombre réduit de chars permet à la compagnie d'être plus souvent engagée d'un seul bloc même si la zone d'engagement est plus réduite. Autre « première »réalisée à mettre au crédit des Espagnols, amis avec des chars français, le débarquement de dix chars FT et Schneider M16 CA 1 à Alhucemas le 8 septembre 1925. Véritable opération interarmées à laquelle participent cinquante navires français et espagnols, soixante-dix avions qui appuient le débarquement de plus de 35.000 hommes qui vont écrire « une des pages les plus brillantes de l’histoire militaire espagnole[18]» La Guerre du Rif a été un laboratoire technique et tactique pour les chars de l'armée française engagés pour la première fois sur un territoire extra européen.

La Grande révolte syrienne 
A l’autre extrémité de ce monde arabe en pleine ébullition, la France puissance mandataire doit affronter entre 1925 et 1927, la Révolte Druze, qui éclate dans la région éponyme et se propage vers Damas. Face à cette révolte l’armée française déploie de grands moyens parmi lesquels des chars. Si la guerre du Rif a vu de nombreuses innovations techniques et organisationnelles, les opérations en Syrie permettent de développer des modes d'action inédits. Les chars français sont essentiellement engagés dans des opérations de sécurisation et dans la reconquête des villes. Ainsi, le 502ème Régiment de Chars de Combat équipé de trente chars FT, arrive Beyrouth le 9 septembre 1925, avant de rejoindre Damas et de débuter les opérations dans le Hauran, le Meidan et la Ghoutta. L'ennemi que découvre l'armée française, fait preuve d'une réelle efficacité dans la conduite de cette guerre moderne. Beaucoup de rebelles sont en effet d’anciens officiers de l’armée ottomane, appliquant les tactiques de guérilla « Harb al-‘Isabat » (la « guerre des bandes »)[19]enseignées dans les académies militaires ottomanes. Les chars s’imposent pour lutter contre cet ennemi à la tactique éprouvée. La ville de Hama (centre de la Syrie) est reprise avec deux compagnies d’infanterie « ...aidées par les avions et les chars d’assaut,….[20]»
A Damas au mois d’octobre 1925, alors que l’armée française a quitté le Djebel Druze, « les chars d’assaut avaient parcouru le quartier […] seul le crépitement de la mitraille crachée par les tanks,… [21]». Dans le quartier du Meidan, les troupes françaises sont confrontées à de véritables organisations défensives ; « pour les réduire il fallait employer les moyens nécessaires, c'est-à-dire les chars d’assaut et l’artillerie[22].». Les chars reviendront dans les villes syriennes moins d’un siècle plus tard au sein des détachements avancés chargés de percer les dispositifs djihadistes dans les localités comme à Kuweira dans la région d’Alep[23].
L'emploi des chars dans ces opérations a été adapté tout au long de leur déploiement en introduisant de nouvelles pratiques et de nouveaux modes d'action. On peut citer la distance prise avec l'infanterie, l'adaptation de l'organisation, l'action coordonnée en zone urbaine ou encore la coopération avec l’aviation. Ces nombreuses innovations n’ont amené aucune évolution dans la doctrine blindée de l'entre deux guerres. En revanche ces items seront parfaitement maitrisés et utilisés par les Allemands lors de l’invasion de mai 1940, à laquelle les équipages de chars ne pourront opposer que leur bravoure et leur audace. La Seconde Guerre Mondiale verra la création officielle en 1942 de l’Arme Blindée Cavalerie, qui retournera en Afrique du Nord moins de vingt ans après pour une nouvelle mission.

 Les chars dans la Guerre d’Algérie.
Le conflit qui débute en 1955 gagne rapidement en intensité et en fréquence en termes d'opérations. Les wilayas de l’Armée de Libération Nationale (ALN) subissent des pertes et réclament des armes pour en compenser les effets. Pour subvenir à ces besoins, la branche extérieure de l’ALN met en place des unités spécialisées dans l’acheminement d’armes et de munitions à travers les frontières. Toutes les opérations visant à détruire et/ ou capturer ces convois furent regroupées sous le vocable de « bataille des frontières » menée de 1957 à 1962. Le dispositif initial de barrage appelé la « Ligne MORICE[24]» comprend des installations techniques ainsi que quatre régiments en avant de celui-ci, six régiments mécanisés chargés de la « herse » et six régiments des secteurs occupant le terrain. En janvier 1958, à la demande du Général SALAN, cinq régiments supplémentaires[25] sont affectés à cette mission priorité numéro un de l’armée française. Ils peuvent compter sur un appui aérien (avions et hélicoptères) et sont renforcés de régiments blindés, dont le 1er Hussards Parachutistes, les 16ème et 18ème Dragons tous équipés de M24 Chaffee. 
                Dès le 16 février 1958, deux katibas qui avaient franchi le barrage sont rattrapées par les unités parachutistes, renforcées du 18ème Dragons, mettant hors de combat deux cent combattants et récupérant un important stock d’armes. Le 25 et 26 février le même scénario se répète, tout comme la coopération entre fantassins parachutistes et blindés permettant d’obtenir un bilan équivalent à celui de la première opération. Au centre du dispositif, le 14ème RCP et le 16ème Dragons mettent en échec une offensive dans la région d’Aïn Beïda, neutralisant 250 combattants. A côté de la bataille des frontières, plus de quarante régiments sont déployés sur le territoire algérien, endivisionnés, ou appartenant aux réserves générales, ces régiments remplissent des missions de surveillance, d’escorte.
                Toutes ces missions comme la bataille des frontières sont menées dans un environnement difficile et nécessitent une parfaite coordination des moyens engagés. Les unités blindées sont intégrées à des dispositifs combinant le plus souvent des moyens terrestres et aériens. Dans ces opérations, le blindé s’affranchit du terrain, offre sa mobilité et sa capacité de renseigner ainsi que sa puissance de feu contre un ennemi pourtant fugace. Au début de la Guerre d’Algérie l’Arme Blindée Cavalerie n’est pas adaptée à un conflit asymétrique, et à l’environnement algérien en dépit de l’expérience de certains de ses cadres en Afrique du Nord. Pourtant, comme à chaque fois, l’Arme Blindée s’adapte et obtient des résultats dans la bataille des frontières et les différentes opérations menées ; adaptation qui peut être symbolisée par la réapparition des unités montées menant des actions dans des terrains spécifiques. Cette adaptation tactique va se combiner avec le déploiement des premiers engins de combat français sur le théâtre algérien. Le M24 Chaffee cohabite avant d'être progressivement remplacé par l’AMX 13 dont 114 exemplaires sont déployés en mars 1958[26]. A la fin de la Guerre d’Algérie, l’armée française rentre en métropole, les régiments de chars se tournent vers l’Est de l’Europe et ses menaces. C’est la fin d’un demi-siècle d’engagements extérieurs pour les chars français, qui ne retrouveront le désert qu'en 1991 dans l’opération Daguet. 
A travers la présentation succincte de ces trois engagements « asymétriques » menés, pour deux d’entre eux moins de dix années après la première apparition du char sur le champ de bataille, nous avons voulu illustrer les apports du char à la manœuvre mais aussi les formidables facultés d’adaptation des équipages. Ils ont su tirer le meilleur profit de leur engin et de ses caractéristiques techniques pour amener de la mobilité, de la puissance de feu, de l’observation, offrant une meilleure maitrise des engagements par le commandement français des opérations, qui sans le savoir devient dans la Guerre du Rif et la révolte Druze Syrie un chef interarmes. Aujourd’hui le char Leclerc peut amener à l'opération Barkhane les mêmes aptitudes et atouts, démultipliés par ses performances techniques et sa capacité à combattre en mouvement.

3.     LE LECLERC A L’ÉPREUVE DU SAHEL
« Concernant le char Leclerc, je souhaitais qu’il soit déployé dans la bande sahélo-saharienne, car il offre un meilleur contrôle du terrain, une meilleure vision de nuit ainsi qu’une meilleure capacité de tir en roulant… Je considère que si nous devons un jour faire face à un raid de Toyota, le char Leclerc, avec l’hélicoptère de combat, sera la meilleure réponse. Je n’ai donc pas changé d’avis » déclarait le Général BOSSER, Chef d’État-major de l’Armée de Terre (CEMAT) devant la représentation nationale en octobre 2018.
Il est difficile de penser que le CEMAT, disant cela puisse confesser de manière détournée un quelconque aveu d’impuissance dans un conflit qui dure depuis 2013 ! Sa déclaration laisse à penser que l’opportunité d’un déploiement de chars a été sérieusement envisagée avant d'être abandonnée peut être contre son avis ? Ce projet avait été évoque de façon assez récurrente après l'annonce par les Émirats Arabes Unis de la projection de 80 Leclerc au Yémen à partir de 2015. Dans sa déclaration le Général BOSSER se place plutôt dans la perspective d'un conflit difficile dans lequel l’armée de terre doit engager des moyens de plus en plus puissants pour contraindre par la manœuvre et le feu, un ennemi toujours plus mobile, organisé et déterminé. Le Leclerc pourrait représenter une étape supplémentaire dans cette logique d'engagement de moyens puissants dont l'armée a prévu l'emploi dans une doctrine pouvant être adaptée selon les besoins.

Quel ennemi ?
Le premier objectif de Barkhane est « d’affaiblir les velléités de constitution d’un sanctuaire terroriste[27]» par ceux que l’on désigne sous le vocable de Groupes Armés Terroristes (GAT). Ce terme désigne un  ensemble de groupes affidés à différentes officines partageant une même idéologie jusque au-boutiste et financé par des agissements crapuleux et des sources extérieures au conflit. Il ne nous appartient pas de présenter l’architecture de cet ensemble mais plutôt de souligner quelques caractéristiques partagées par ces différentes factions.
- Un recrutement essentiellement local [28]: il assure une très bonne connaissance du terrain et une grande mobilité. Celle-ci est imposée par les caractéristiques de la zone d’action et les moyens de surveillance déployés. Ces derniers interdisent la création de foyers islamistes sédentaires importants à proximité ou dans des zones urbanisées, pouvant abriter femmes et enfants comme cela a été le cas au Levant. Cependant les quelques zones favorables sont systématiquement sanctuarisées pour essayer d’y établir de telles structures ou au moins les bases de futures implantations.
- Des conditions difficiles : la rigueur des conditions climatiques et du terrain impose également des limites à l’action de l’ennemi. La saison des pluies, agit comme une sorte d’hiver en perturbant les communications et la logistique. Ces conditions rebutent également les combattants étrangers occidentaux peu motivés par la perspective d’un séjour au désert placé sous le signe de la rusticité et de la nomadisation.
- Un niveau technique encore faible : Aujourd’hui les moyens à la disposition de ces groupes restent sommaires. Contrairement à la Syrie ou l’Irak, les pays « hôtes » ne possèdent que peu d’arsenaux pouvant servir de « magasins » aux différentes factions, à l’exception de la Libye. En outre, peu de combattants étrangers sont venus de Syrie ou d’Irak dispenser leurs conseils pour augmenter le potentiel offensif de ces groupes par l’utilisation d’armes plus « sophistiquées » à base de véhicules, drones de fortune, motos, etc. A la différence du Yémen et de la Syrie, le recours aux missiles antichars, plus ou moins récents, reste pour le moment limité.
- Une augmentation inquiétante des attaques par IED ; activité rémunérée[29] dont la technicité et la puissance augmentent comme le bilan des victimes militaires et civiles. Faciles à concevoir, ces armes sont améliorées de façon quasi permanente par l'apport des expériences locales mais aussi en provenance d'autres théâtres de guerre. Ces IED sont souvent utilisés pour tenter de dissuader les troupes françaises de progresser ou de s’installer sur un axe ou une zone.
- Un ennemi capable d'alterner les phases de regroupement et d'éclatement pour conduire des actions ponctuelles violentes, contre des infrastructures internationales ou locales comme le montrent les attaques récentes contre l’armée nigérienne. La recherche de la résonance médiatique maximum reste un des critères déterminants pour le choix des objectifs.
C’est un ennemi en pleine mutation que doivent affronter chaque jour les militaires de Barkhane, et qui pourrait justifier à lui seul le déploiement de chars Leclerc capables d'actions puissantes et mobiles contre cet ennemi.

Puissance de feu et contrôle des espaces.
Avec vingt deux obus immédiatement disponibles dans un char, un détachement de chars Leclerc possède une puissance de feu permettant d’imposer un combat violent à un adversaire aussi motivé soit-il. Cette capacité d’agression char repose sur son armement principal associé à des systèmes d’observation permettant la détection, l’identification et la destruction d’objectifs à une distance maximale de 4000 mètres avec l’Obus Flèche (OFL). Dans la BSS, face à un ennemi faiblement protégé, l’utilisation d’obus explosif (OE), d’obus explosif à charge creuse (OECC) et d’obus à effets canalisés (OEFC) serait privilégiée. Avec des portées plus courtes que pour l’OFL ces munitions ont des effets plus importants sur des objectifs peu blindés et le personnel à découvert. Ces capacités se trouvent démultipliées par la possibilité de combiner puissance de feu et mouvement sans aucune diminution de l’efficacité de l’armement. Sur un terrain semi désertique et un ennemi dispersé, la mobilité permet de porter le combat là ou l’ennemi ne l’attend pas, de renforcer un dispositif de façon rapide et de prendre l’initiative du combat dès que possible. Prévu dans les différents documents doctrinaux de la Cavalerie Blindée, l’organisation en détachements temporaires aux ordres d’un chef interarmes -Sous Groupement Ou Groupement Tactique Interarmes (SGTIA ou GTIA) – permet une intégration optimale des chars dans un environnement interarmes indispensable à la conduite de leurs missions. Celles-ci pouvant être à dominante offensive, défensive ou de sécurisation.
Un détachement de chars Leclerc peut effectuer un certain nombre de missions de nature et de portée différentes. La conduite d'actions offensives peut se faire sur des profondeurs de plusieurs dizaines de kilomètres. Grâce à des moyens de navigation autonomes et de communication performants, les chars peuvent ainsi agir en avant d'un dispositif en obtenant du renseignement si nécessaire par le feu. Dans le cas de missions de sécurisation d'une zone, la superficie de cette dernière peut être de plusieurs milliers de kilomètres carrés. Dans cet espace un détachement Leclerc est capable de mener des patrouilles, d'établir des points de contrôle tout en conservant une capacité d'intervention permanente. Ces opérations consomment d'importantes ressources humaines quand elles sont conduites dans la durée par des unités d'infanterie ². Ces chiffres peuvent évidemment varier en fonction des conditions du moment, et des caractéristiques du terrain d’engagement. Dans la bataille des frontières qui se déroule aux confins du Niger, du Mali et du Burkina Faso, l’engagement de chars Leclerc pourrait ainsi permettre une sécurisation de la zone en mettant un en place un dispositif mobile, moins consommateur de ressources humaines et capable de tenir le terrain dans la durée. Les éléments mobiles d'un dispositif de contrôle de zone peuvent s'appuyer sur l'aptitude au combat de rencontre du char Leclerc, favorisant la destruction d'objectifs d'opportunité dans le mouvement, ce qu'aucun équipement terrestre déployé dans la BSS ne peut réaliser.
C'est sans doute pour cette raison que le CEMAT associe dans on intervention le char à l’hélicoptère d’attaque. Au-delà de leurs performances spécifiques, ces deux systèmes d’armes sont les seuls à conduire une manœuvre en vue de porter des feux directs sur un ennemi déterminé en agissant sur un terrain choisi et avec un dispositif capable de se réarticuler en cours d’action. Ce couple longtemps basé sur une technologie basique – missile filoguidé pour l’hélicoptère, tir et observation à l'arrêt pour le char-est aujourd’hui totalement rénové avec le Tigre et le Leclerc. Preuve de leur caractère innovant, ces deux systèmes d'armes ont provoqué lors de leur mise en service une rupture tactique totale. Le Sahel offre à ces engins un terrain, certes compliqué mais sur lequel ils peuvent tirer le meilleur parti de leur armement et de leurs aptitudes au profit de la force.
Les données énoncées dans ce paragraphe (volontairement peu détaillées) sont issues des travaux de doctrine conduits par la Cavalerie Blindée et appliqués comme telles par les unités. Cependant et comme cela l'a déjà été fait sur d’autres théâtres et par d’autres armées certaines adaptations permettent de renforcer l’efficacité des éléments blindés engagés.

Des dispositifs adaptés.
L’engagement de chars (ou plus généralement de blindés) donnent souvent lieu à des aménagements organisationnels pour mettre sur pied l’élément tactique le plus cohérent possible par rapport au contexte. Cette faculté d’adaptation ne doit pas être synonyme de distorsions trop importantes par rapport à la doctrine en vigueur sous peine de désorganisation, synonyme d’inefficacité. La structure de base des unités de Cavalerie Blindée agrège des éléments de feu et des éléments d’éclairage, les améliorations potentielles peuvent alors être les suivantes. En Afghanistan, mixité des pelotons blindés regroupant AMX 10RCR et VAB, ce dernier pouvant être équipé d’un canon de 20mm, d’un tourelleau TOP ou d’un poste de tir Milan. Toujours en Afghanistan, on a pu voir des pelotons constituer l’ossature de points d’appui comprenant des éléments spécifiques- tireurs d’élite, missile antichar, observateurs d’artillerie et élément de guidage- en vue de renseigner et d’engager des objectifs variés à des distances variables. Au Mali, l’articulation des pelotons a confirmé la pertinence de l’organisation retenue par la Cavalerie Blindée en offrant des possibilités accrues de détection de l’ennemi et facilitant l’engagement des unités sur tout type de terrain.
A l’étranger, certaines armées ont engagées leurs chars lourds en constituant des détachements de marche regroupant deux à quatre chars, un véhicule d’appui (Canon 20mm) un élément infanterie capable de débarquer, un groupe de forces spéciales visant à neutraliser ou capturer le « chef du dispositif ennemi » et un élément d’appui dans la profondeur, artillerie et air sol. Ces détachements étaient conçus et articulés pour garder leur mobilité et leur capacité de réaction face à un ennemi assez similaire à celui auquel la force Barkhane est confrontée. Les Israéliens poussent la logique de constitution de détachements de circonstance plus loin que nombre d’armées occidentales, en envisageant la possibilité de créer une structure autour d’un seul char. Certainement en cohérence avec le milieu dans lequel ils évoluent et les opérations qu’ils conduisent, cette organisation ne peut convenir à un élément Leclerc, dont le pion minimum reste la patrouille de deux chars.
S’appuyant sur des performances élevées, les Leclerc tirent le meilleur parti d’une doctrine adaptée, et prévoyant dès les plus bas niveaux une intégration interarmes, facteur avéré d’efficacité opérationnelle. Des aménagements de structure pourraient être envisagés de façon ponctuelle et limitée pour répondre à un besoin spécifique et identifié.
Engagés à de nombreuses reprises dans des opérations auxquelles leurs caractéristiques les rendaient inaptes, les chars français ont néanmoins obtenu de réels succès tactiques et rempli les missions confiées Ceci a été possible par les aptitudes des engins mais aussi par la faculté d'adaptation et la réactivité des chefs et des équipages pour adopter les dispositifs et les modes d'action aux exigences de la missions et du terrain.
La projection d'un élément Leclerc au sein de l'opération Barkhane ne serait pas un aveu de faiblesse ou de défaite. Les opérations menées dans la BSS ne relèvent pas de la contre insurrection mais sont celles d'un conflit dont l'évolution demeure incertaine. Engagées dans des conflits similaires et affrontant un ennemi semblable, des armées étrangères ont choisi d'intégrer le char dans leur dispositif. La France possède avec le Leclerc un outil unique, capable de renforcer l'opération Barkhane avec de nouvelles capacités. Aurons un jour à regretter de ne pas avoir saisi une telle opportunité ?






[1] https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/01/13/sommet-de-pau-declaration-conjointe-des-chefs-detat
[2] https://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/l-armee-terre-souhaite-envoyer-chars-leclerc-sahel-actualise-104520 ;http://www.opex360.com/2018/10/21/barkhane-le-chef-detat-major-de-larmee-de-terre-souhaite-toujours-deployer-des-chars-leclerc-au-sahel/
[3] Dossier de Presse – Opération BARKHANE – Juillet 2019
[4] https://www.linkedin.com/pulse/le-leclerc-dernier-char-fran%C3%A7ais-yann-boivin/?lipi=urn%3Ali%3Apage%3Ad_flagship3_profile_view_base_post_details%3B4ynPcv3eRtSd8QNth5z2SA%3D%3D
[5] https://archive.defense.gov/specials/kosovo/
[6] En service 501ème 503ème Régiment de Chars de Combat
[7] Appartenant au 6ème 12ème Régiment de Cuirassiers.
[8] Logistics footprint” means the size of 'in theater' logistics support needed to move and sustain a war fighting force. The footprint includes all the necessary support needed to maintain the force such as fuels, parts, support equipment, transportation, and people.
[9] Heavy forces must be more strategically deployable and more agile with a smaller logistical footprint” in Eric K. Shinseki, "Army Vision Statement'. 23 June 1999
[10] https://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/pourquoi-si-peu-vbci-sahel-144570
[11] https://www.defense.gouv.fr/english/operations/barkhane/breves/barkhane-deploiement-du-lru-au-mali
[12] Ibid.
[13] https://www.defense.gouv.fr/operations/actualites2/barkhane-premiere-utilisation-du-vehicule-haute-mobilite-vhm-au-mali-dans-le-cadre-d-une-operation
[14] Deux jours après la parution de cet article, un de ces camions a sauté sur un IED, blessant les deux memebres d’équipage.
[15] Vincent COURCELLE LABROUSSE et Nicolas MARMIE, La Guerre du Rif, Paris, Taillandier,2008.
[16] Fritz HEIGL, « Frankreich : Le nouveau char « avec chenilles souples » », Militär-Wochenblatt n°22 11 décembre 1925,
[17] Charles Barry CSOTIN-NIAN, The Royal Tank Corps Journal, mai 1927, N°97
[18] https://balagan.info/timeline-for-the-third-rif-war-1920-25
[19] Daniel NEEP, Occupying Syria under the French Mandate : Space, Insurgency and State Formation (Cambridge Université Press, 2012)
[20] Edmond RABBATH, l’insurrection syrienne de 1925 à 1927 ; Revue historique T 267 Fasc.2 (542) (Avril Juin 1982) PP 405 a 447 – Presses Universitaires de France.
[21] Ibid.
[22] Ibid.
[23] https://www.linkedin.com/pulse/lengagement-des-chars-en-syrie-et-au-y%C3%A9men-un-bilan-demi-yann-boivin/
[24] André MORICE Ministre de la Défense Nationale et des Forces armées,
[25] 1er régiment étranger de parachutistes (REP), 9e régiment de chasseurs parachutistes (RCP), 14e RCP ,8e RPC et 3e RPC
[26] Engagé dans l’opération Mousquetaire en 1956, avec le 2ème Escadron du 2ème Régiment Étranger de Cavalerie, à Suez.
[27] https://operationnels.com/2019/04/28/anatomie-des-conflits-contemporains-barkhane-eviter-lenlisement-2-4/
[28] Selon plusieurs informations, des éléments arabophones auraient participé aux récentes attaques des camps d’Inates et de Chinagodar.
[29] https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/05/17/au-nord-du-mali-l-operation-barkhane-face-aux-mines-artisanales_5463181_3212.html