Le premier déploiement en Europe des chars M1 Abrams équipés d'une protection renforcée comprenant le système Trophy a quelque peu passé sous silence un des aspects majeurs de cette opération : le transport. Avec un poids annoncé de 73,6 tonnes le M1 A2 SEP V3 nécessite des moyens particuliers pour être acheminé. C'est l'objet du contrat signé en juin 2019 entre Oshkosh et l'armée américaine pour la fourniture de 170 tracteurs M1300 pour une valeur de 12 millions de dollars. Développé à partir du tracteur M1070 A1 dont plus de 1500 exemplaires ont été acquis en 2000, le M1300 est capable de transporter une charge utile de 75 tonnes.
Un tel attelage pose évidemment la question de la mobilité militaire en Europe avec des engins pesant de plus en plus lourds. Les VCI modernes affichent désormais des poids pouvant atteindre 50 tonnes. Les chars en perpétuelle évolution affichent dans leurs dernières version des poids souvent supérieurs à 70 tonnes. La mobilité stratégique de tels engins demeure problématique même si à l'instar de l'armée américaine, les moyens dédiés sont conséquents et adaptés. Cette évolution est observée dans de nombreuses armées, la palme revenant au MZKT Volat avec sa semi-remorque et une remorque capable d'emmener une charge de 136 tonnes, soit deux BMP et un Leclerc. Cet engin est en service au sein de l'armée des Émirats Arabes Unis.
En Europe, si les ensembles restent plus modestes, ils se heurtent cependant à deux difficultés majeures pouvant perturber le déploiement des engins transportés.
Déjà évoqué sur ce blog, le financement de la mobilité militaire en Europe était déjà menacé dans le futur budget européen avec des coupes proposées par un certain nombre de pays souhaitant réallouer les sommes ainsi disponibles à d'autres programmes. Les pays baltes et la Pologne s'estimant les plus menacés avaient entamé une véritable guerre de tranchées pour préserver les ressources de ce qui aurait du être la base de la coopération militaire en Europe. Le participants au dernier sommet européen à Bruxelles confrontés aux conséquences de la pandémie de CoviD 19 ont pourtant sacrifié ce chantier en faisant passer les crédits alloués de 6 à 1,5 milliards d'euros pour les prochaines années.
Autre difficulté, la conception et le développement d'équipements capables d'accueillir de tels ensembles routiers comme les ponts d'infrastructures mais aussi les moyens de franchissement de coupures. Les moyens actuels sont le plus souvent limités à l'usage d'ensembles routiers de classe MLC 70-80 (Military load Classification définie par le document de l’Otan, le STANAG 2021) devenant insuffisante pour ces nouveaux engins. Les futurs équipements comme le PFM F3 devraient pouvoir intégrer des véhicules à roues de classe MLC 100.
La France ayant peut-être fait partie des pays ayant approuvé la réduction des crédits alloués à la mobilité militaire ne peut cependant ignorer ces contraintes. Le futur char issu du programme MGCS, dont on ne connait pas encore les spécifications techniques, devra trouver un porte char à sa hauteur pour permettre à cet engin d'obtenir une mobilité stratégique à la hauteur des ambitions de notre pays sur le continent. Le porte char est un élément de mobilité stratégique permettant d'économiser du potentiel humain et technique tout en amenant les chars au plus près de leur zone d'engagement. Le remplaçant du TRM700-100 devra afficher des performances lui permettant de transporter le MGCS et les futurs engins lourds de l'armée de terre. L'acquisition des 7000 futurs camions est prévue dans le cadre de la prochaine LPM soit quelques années avant la mis en service du MGCS prévue en 2035. L'armée de terre ne doit pas rater ce rendez-vous sous peine de déclassement.
La livraison des camions pour l'armée de terre française serait différée entre autres (Patroller, etc...):
RépondreSupprimerhttps://www.forcesoperations.com/inquietudes-senatoriales-sur-limpact-budgetaire-de-lactualisation-de-la-lpm/
C'était déjà "pas avant 2022":
https://www.forcesoperations.com/pas-de-successeur-poids-lourd-avant-2022/
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SupprimerCe n'est pas qu'une problématique qui concernent les chars.
SupprimerNos futurs véhicules blindés légers à roues SCORPION ont besoin d'être transportés sur des remorques surbaissées:
https://www.forcesoperations.com/lpm-2024-2030-feu-vert-pour-la-rehausse-des-cibles-de-griffon-et-de-jaguar/
Ce sont de gros bébés.
Ça ce sera un problème, c'est certain !
Supprimerhttps://mars-attaque.blogspot.com/2021/05/franchissement-genie-armee-de-terre-syfral-ponts-lpm-programme.html
C'est un gros bébé!
RépondreSupprimerhttps://blablachars.blogspot.com/2021/08/nouveaux-wagons-allemands-pour-le-m1a2.html
Les Leclerc en route pour la Roumanie, un sketch allemand...
RépondreSupprimerhttp://www.opex360.com/2022/11/08/les-chars-leclerc-nont-pas-ete-autorises-a-emprunter-les-routes-allemandes-pour-rejoindre-la-roumanie
La guerre en Ukraine n'affole pas le teuton, donc...
Les ponts ukrainiens sont trop fragiles pour les chars occidentaux:
RépondreSupprimerhttps://twitter.com/Harry_Boone/status/1622984582680264705
Dépendre des infrastructures civiles pour des manœuvres militaires, c'est ce garantir des mauvaises surprises!
https://mobile.twitter.com/Harry_Boone/status/1499384299161890820
C'est pour cela qu'il existe des ponts flottants motorisés...
Supprimerhttps://twitter.com/OpexNews/status/1582381524162183168
Dire qu'en plus, on externalise ce genre de mission pour faire des économies de bouts de chandelles en France...
RépondreSupprimerhttps://twitter.com/CompteRenduMili/status/1671795493146378241