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lundi 15 mai 2023

TEMOIGNAGE D'UN COMMANDANT DE BRIGADE BLINDEE UKRAINIENNE

Le colonel HRUDSEVYCH, commandant la 17ème brigade blindée a répondu aux questions d'un media en ligne américain. A ce titre, il a participé aux combats dans la région de Marioupol et de Kharkiv, la 17ème Brigade blindée étant actuellement engagée les combats de Bakhmut. Dans son entretien l’officier ukrainien a livré quelques éléments sur l’armée ukrainienne et le rôle des blindés dans les opérations en cours. Blablachars vous livre ci-dessous les principaux points de cet entretien et les principaux enseignements que le Col HRUDSEVYCH a pu retirer de sa participation aux combats en cours.

Avant d’aborder le rôle du char dans les opérations, le Col HRUDSEVYCH, a souligné le fort degré de motivation de l’armée ukrainienne, car se battant pour la défense de son pays et de sa population. Pour lui l’autre facteur de motivation de l’armée ukrainienne est lié le soutien manifesté par les pays de l’OTAN dont la déclinaison la plus importante est selon l’officier ukrainien, la formation des soldats ukrainiens sur les équipements fournis.

A propos de l’utilisation des blindés, l’officier ukrainien souligne que le char a toujours été et continue de demeurer un moyen de combat puissant. A rebours de nombreuses expertises, le premier rôle du char mentionné par le Col HRUDSEVYCH est celui tenu par cet engin dans les opérations défensives. Il explique que lorsque le char est intégré aux dispositifs défensifs ukrainiens, cela diminue considérablement les volontés offensives de l’ennemi, contraint d’obtenir un rapport de forces largement supérieur (de 1 contre 4 à 1 contre 6) pour la conduite d’une action offensive. Le char est donc le moyen de combat le plus puissant au niveau tactique, supériorité qu’il partage avec l’artillerie, selon le Col HRUDSEVYCH. La formation et l’entrainement doivent permettre de disposer d’équipages techniquement formés, moralement résilients, affichant une indispensable cohésion et cultivant la subsidiarité.

Les évolutions quasi permanentes de la situation tactique imposent aux commandants de formation ukrainiennes une adaptation de tous les instants dans laquelle ils sont aidés par des équipements innovants comme les drones. Toujours dans le domaine du commandement, selon le Col HRUDSEVYCH il est préférable que les chefs tactiques (Escadron, Bataillon) commandent depuis une installation statique, ou à défaut à partir d’un véhicule de commandement dédié durant les phases offensives. Le commandement depuis un char ou un engin blindé se révélant inadapté à la conduite des opérations et à l’utilisation d’outils tels que les drones. Poursuivant sur les caractéristiques d’un char, le Col HRUDSEVYCH aborde le nécessaire et délicat équilibre entre puissance de feu, protection et mobilité en précisant que dans la situation actuelle, l’armée ukrainienne aimerait pouvoir disposer de chars dotés d’une meilleure mobilité et d’une protection accrue. L’utilité du chargement automatique est soulignée par l’officier ukrainien pour lequel celui qui tire le plus vite est celui qui atteint la cible le plus rapidement de jour comme de nuit, pour laquelle les équipages doivent être entrainés à combattre. Sur la distance d’engagement à propos de laquelle les constats actuels signalent peu de combats à grande distance, Col HRUDSEVYCH précise que à chaque fois que cela est possible les chars ennemis sont engagés au plus loin. Cependant l’est de l’Ukraine avec son habitat dense et un terrain très compartimenté impose un combat à courte distance, particulièrement dans les zones les plus densément peuplées. Toujours selon le commandant de la 17ème brigade blindée, les chefs tactiques ukrainiens font preuve de plus d’initiative et bénéficient d’une plus grande autonomie dans la prise de décision. Ils agissent le plus souvent en dehors des modèles établis et utilisent des moyens techniques modernes.

Concernant l’ennemi, l’officier ukrainien souligne le caractère prévisible des décisions prises par les chefs tactiques russes agissant le plus souvent dans des cadres plus formels. Cependant le Col HRUDSEVYCH modère cette appréciation en mentionnant la capacité d’apprentissage de l’ennemi et son utilisation de plus en plus fréquente de schémas moins formels. Le Col HRUDSEVYCH précise que les chars russes n’ont rien perdu de leur létalité et ne peuvent être vaincus que par les armes occidentales. Leurs équipages demeurent bien préparés et semblent particulièrement efficaces dans les opérations défensives, leurs chars demeurant particulièrement vulnérables en zone urbaine, dans les opérations de nuit et dans les actions offensives.

Le Col HRUDSEVYCH conclue son entretien en rappelant que le temps des chars n’est pas prêt de s’achever et que le pic de cette période est à venir, particulièrement au niveau tactique.

Au-delà de la primauté du char dans les opérations tactiques, la relative rareté des engagements entre chars a fait des armes antichars le principal ennemi du char. Cette constatation rend urgente la généralisation des systèmes de protection active, de préférence hard-kill seuls capables d'atténuer les effets des armements évoqués. Le degré d’initiative accordé aux chefs tactiques ukrainiens est une des caractéristiques de l’esprit cavalier, dont les chefs doivent être formés pour saisir toute opportunité leur permettant de vaincre l’ennemi. La stricte utilisation de cadres préétablis rendant prévisible la manœuvre ennemie, comme l‘ont démontré les unités russes dans les premiers mois du conflit. Concernant les distances d’engagement, le Col HRUDSEVYCH rappelle un vieux principe selon lequel le terrain commande et souligne ainsi la flexibilité du char, pouvant engager l’ennemi à toutes les distances sur tous les terrains, comme l’a démontré la bataille de Soledar au début de cette année. Il est en outre intéressant de constater que les chefs ukrainiens maitrisent l’utilisation de drones (le plus souvent issus du commerce) pour diriger leur action et coordonner l’utilisation des moyens interarmes.

Le char n’est donc pas mort en Ukraine, vaincu dans les opérations offensives par une utilisation intensive des armes antichars occidentales, il continue de se révéler comme un élément indispensable des dispositifs défensifs en attendant son utilisation dans la potentielle contre-offensive ukrainienne, qui devrait voir l’engagement des chars occidentaux transférés aux forces armées ukrainiennes.

53 commentaires:

  1. Voilà qui devrait rabattre le clapet de certains quant on prétendu rôle principalement antichar des MBT

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    1. Même pas, malgré l'Ukraine nous entendons toujours les mêmes perorer sur la "Mort du Char" qunils espèrent depuis plus de cent ans...
      Malgré ce que l'on voit en Ukraine:
      https://blablachars.blogspot.com/2022/03/reflexions-ukrainiennes.html

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  2. Rien de nouveau sous le soleil. Mais il reste important de le dire.

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  3. Merci à vous Blablachars pour cet article.

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  4. Article très intéressant sur un sujet pour lequel d'éléments étaient disponibles jusqu'à présent. Attendons de voir le résultat de la confrontation entre chars russes et chars de conception occidentale

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  5. Avec nos AMX 13 à chargement automatique on balançait 3 obus le temps que la conduite de tir du M60 veuille bien autoriser un premier tir...on est victime des industriels qui vendent du rêve plutôt que de l'opérationnel...

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    1. Et ils n’étaient pas faits par des industriels, vos AMX13 ?

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    2. Je ne vois pas trop le rapport avec les industriels.

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  6. Remarquable synthèse

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  7. Bonjour,

    On voit dans cet article qu'un moyen de guerre n'est jamais obsolète du fait de sa vulnérabilité mais de la disparition de son objet ou son remplacement par un effecteur supérieur.
    La cavalerie à cheval n'a pas disparue car le cheval était vulnérable pas plus que le cuirassé de marine mais parce que les véhicules motorisés se sont révélés plus efficaces ainsi que les portes-avions.

    Si on se départie d'une arme (le char) sans que son action soit prise en compte par autre chose on ne devient pas moins vulnérable mais juste plus impotent.

    Cordialement.

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  8. La conception des chars actuels plus conçu pour le combat inter char doit elle être revu?
    Les grandes manœuvres mécanisées et les combats frontaux entre groupes de chars ne semblent plus possible du fait de l'artillerie et des munitions intelligentes
    Comment optimiser les chars actuels a leurs nouvelles utilisation ?
    La France par exemple avait installée des canons de 20mm ou des 12.7 en coaxiale, l'Algérie a modifié une partie de son parc de chars en enlevant les tourelles de 125mm pour installer des tourelles de 30mm..
    Penandreff

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  9. En effet, rien de nouveau sous le soleil :
    https://www.lopinion.fr/secret-defense/marc-chassillan-dans-les-guerres-actuelles-il-y-a-des-chars
    La couverture médiatique de la guerre en Ukraine a au moins le mérite de remettre les pendules à l'heure chez certains.

    Enfin espérons le, car on constate, avec un certain effarement, que même ça, ce n'est pas gagné partout (Même ici d'ailleurs avec certains commentateurs récurrents.).
    Voir, malheureusement, notre future LPM, qui s'évertue à ignorer complètement ces faits ; encore plus presque qu'auparavant !!! ? !
    Notre impréparation à la prochaine est presque totale (On est de plus en plus parti "dans le futur", ou dans l'éther comme diraient certains, et dans le vide sidéral, au contraire ; et en tous cas bien en dehors et bien décalé des réalités actuelles en matière de défense nationale. Bien "parti" quoi.).
    Réalité, et réalités, qui ne manqueront certainement pas, même si même l'Ukraine ne le suffit pas encore, de se rappeler à nous, un jour ou l'autre.

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  10. Passionnant!
    Je note 2 points qui devront vite êtres intégrés du point de vue "organique" par nos armées je l'espère:
    1- Commander depuis un char n'est plus possible à l'ère des drones qui sont les jumelles déportées du commandement et nécessitent de la place (taille des écrans, stabilité de la communication, etc.). Autant de chars libérés pour avoir un volant de remplacement.
    2- La plupart des engagements se fond à distances "courtes" du fait de la densité du bâti. Comparable à celle d'Europe de l'ouest du reste. Conclusion le choix US de garder des canon de 43 calibres n'est peut-être pas si idiot! Le canon s'use moins vite qu'un 52 Cal et est optimal dans 99% des engagements.

    J'aimerais avoir l'opinion d'un tankiste?

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    1. Rien de nouveau encore, ce sont, les deux (Idem pour l'aviation de reconnaissance.) , des faits connus depuis la seconde guerre mondiale, en Europe.

      Et bien qu'un calibre plus long soit plus puissant et plus rapide au niveau munitions et donc capacité de percement. Mais ça s'use plus vite en effet.
      Idem d'ailleurs pour l'artillerie (Chars, et artillerie ; sans oublier l'indispensable infanterie mécanisée sur VCI, désormais plus que nécessaire à tous grandes armées modernes actuelle.), avec un de plus en plus possible retour à des calibres plus important (à plus longue portée naturelle.), provisoirement abandonnés ?
      Ce qui ne devrait pas être le fait de la montée en gamme des seuls missiles. L'artillerie, comme le redémontre cette guerre en Ukraine, et ses spécificités bien particulières, étant un moyen beaucoup moins couteux, et plus durable donc.
      Le grand retour des fondamentaux ...

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  11. Je ne comprend pas un pragmatisme opérationnel français.
    Il faut des chars neufs , vite donc existant, aéro transportable , et bien protégé.
    Un cv90 120 mm, moteur hybride dans un second temps, plus furtif en radar et thermique qu'un Leclerc, connecté scorpion, et munitions plus compacte comme la technologie 40 mm du jaguar.

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  12. Aucune surprise, si ce n'est un usage catastrophique des blindés russes, l'obsolescence de son commandement et l'absence globale de manoeuvre pour percer un front. Est-ce, la nature du terrain, l'équilibre des forces, les moyens "asymétriques" avec les drones donnant une guerre de position et de possession qui ne dit pas son nom ? Qu'en sera-t-il demain ?

    Le char est un élément du combat infocentré avec des caractéristiques utilisables dans un large spectre d'emploi et de terrain. Le tir direct, et indirect demain, avec un mobile protégé demeurent. D'autres effecteurs vont se superposer permettant une meilleure connaissance et une action renforcée sur le champ de bataille. Même la robotique est appréhendée aujourd'hui... :)
    La manoeuvre commandée aux fanions ou à la TSF est une époque révolue... Des transmissions fiables et résilientes en réseau sont aujourd'hui incontournables, tout comme la maîtrise de l'espace.
    La décentralisation et la souplesse d'emploi sera d'autant plus forte que les appuis multiarmes seront disponibles et coordonnés.
    Les nouveaux moyens antichars et le hard kill répondent au couple ancestral : le glaive et le bouclier !
    L'emploi et la manoeuvre ne se font plus seulement en 2D sur une carte, mais en 3D avec des retours à faibles latences.

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    1. En 4D en fait, les SIC sont essentiels (scorpion est une vrai plus-value). Ils permettent une dispersion des moyens et une concentration des effets.
      Amitiés

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    2. Vous utilisez le bon terme, je date... :)

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    3. Moi aussi j’oublie de signer. 😅

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  13. Ce Colonel nous explique que finalement les meilleurs chars actuellement au monde sont le Leclerc (ce dont je suis persuadé, expérimentateur Leclerc à la STAT, instructeur à l'EC à Saumur, instructeur aux EAU) et le K2, chargeur automatique (6 à 7 coups minute pour mont Leclerc), (portée de 100 à 4000m), et très grande mobilité sur le terrain (pour rappel un Leclerc, c'est 57 tonne passant de 0 à 32 km/h en 5 seconde).
    Bernard

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    1. Le meilleur char est du coup celui qui n'interviendra pas sur ce conflit, un potentiel gâché en somme.

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  14. Oui , format mobilité puissance protection, le Leclerc cochait toutes les bonnes cases ( sauf fiabilité ?). Un vrai temps d'avance. Dommage que nous n'ayons pas su le faire évoluer !
    On en revient toujours au même sujet, celui d'un Leclerc 2,qui appliquerait la même formule, avec des technologies mises a jour , au juste niveau technique.

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  15. Avec les nouvelles munitions, une optronique moderne le tout numérisé et intégré dans la bulle SCORPION, il ne fera pas désordre.
    En sus avec un petit drone d'observation et un hard kill Frâânnçais, il sera presque parfait. Bon, pour l'anti-drone, il faudra réfléchir ça va faire beaucoup... :)

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    1. Justement, en parlant de hard kill...

      Sur l'embt qui est censé avoir une tourelle nexter on constate qu'il y a un hard kill israélien alors que nexter développe, financé par la DGA, le hard kill prometheus...

      Qu'est ce que cela signifie ? Que Nexter ne croit pas en son propre produit ?

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    2. La patte de KMW avec son Eurotrophy sur l’objet tourelle

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    3. + un moteur fiabilisé et un blindage amélioré ( il semble toutefois que ce soit le cas dans sa version rénovée) inutile d'alourdir la bête avec un drone de contact et un dispositif AA basse couche, qui pourraient constituer l'armement d'un véhicule d'accompagnement, qui, en l'espèce pourrait être une version rearmee de certains VBCI en dotation. Tourelle CTA 40 teleoperee avec Mistral et groupe drones en soute arrière.

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  16. Le surpoids du dispositif hard kill pourrait être compensé par des chenilles souples.

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    1. En effet, les chenilles composites semblent prometteuses !

      "LA CHENILLE COMPOSITE, L'AVENIR DES BLINDES !"
      [...]
      "Les modifications apportées à la conception des chenilles composites ont permis des gains substantiels dans certains domaines mais aussi d'élargir la gamme d'engins pouvant en être équipés. Alors qu'elles étaient destinées il y a 40 ans, à des engins d'une dizaine de tonnes, les chenilles composites modernes peuvent aujourd'hui être montées aujourd'hui sur des VCI de 50 tonnes capables d'évoluer sur tous les types de terrain et dans les environnements les plus complexes. En dépit des progrés réalisés en quelques décennies, cet équipement continue d'évoluer pour offrir des solutions à ses principales faiblesses."
      [...]
      "Cet avantage devrait faciliter l'adoption de la chenille CRT pour les engins modernes ou revalorisés dont le poids ne dépasse pas les 50 tonnes. La prochaine évolution des CRT pourrait se concrétiser par un recul de cette limite qui permettrait d'envisager l'équipement d'un plus grand nombre d'engins. Une telle évolution pourrait ouvrir à la chenille composite le marché constitué par la modernisation des chars de première et deuxième génération comme les T-55, T-62, M-60 ou encore Leopard 1, pour ne citer que les plus connus. On peut penser que d'ici la fin de la décennie, les chenilles CRT pourront équiper les chars les plus lourds grâce aux progrés réalisés dans la conception de cet équipement mais aussi dans celle des engins de combat blindés."
      [...]
      https://blablachars.blogspot.com/2021/05/la-chenille-composite-lavenir-des.html

      "POUR LES CV90 NEERLANDAIS, LE SILENCE EST D'OR !"
      https://blablachars.blogspot.com/2022/10/pour-les-cv90-neerlandais-le-silence.html
      ---> "Tracknoise on Dutch CV9035"
      https://www.youtube.com/watch?v=qzr9cMByQsI

      On en aura peut-être sur nos futurs blindés (ASCALON + Génie ?) !
      :)

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  17. L'amateur d'aéroplanes17 mai 2023 à 08:38

    J'indique une faute de frappe en début d'article : la 1èème Brigade

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  18. Ce RETEX ukrainien est intéressant et évidemment très crédible pour les alliés occidentaux. Une des leçons que je perçois comme des plus utiles, c'est la rareté des engagements chars contre chars, surtout à grande distance. Mais il y prédominance des situations de combat relativement rapprochés et en zone urbaine ou "encombrée". Il faut notamment en tirer quelques chose concernant le type de canon pour char. Et plus spécialement la longueur de leur volée. Une très longue volée permet , certes, plus de vitesse initiale, et donc une plus grande portée et capacité de perforation, mais c'est à peu près le seul avantage et il n'est guère utile dans les engagements observés. Par contre, avec un canon trop long, la tourelle peut se voir bloquée en zone urbaine ou même en zone rurale et de forêt . En 1944,/45 les allemands eurent plusieurs fois le cas avec le puissant et long canon de 88 mm de leurs chars TIGRE. Une rue classique a , de façade à façade , une largeur moyenne de 14 mètres (en tout cas dans mon Pays) . A mon avis, la bouche d'un canon de char ne devrait pas être plus longue que 6 m en comptant depuis le centre de la tourelle. A voir comment la chose se traduit en terme de "calibre" (cad le rapport entre la longueur du canon et le calibre des munitions). Pour résoudre la question des rares tirs antichars à plus longue distance, il est possible de les confier aux ATGM. Dont certains modèles peuvent , du reste, être tirés par les canons. Et avec des vitesses bien plus intéressantes que certains missiles que nous ne citerons pas. Pour accompagner ces chars de configuration classique, il est indispensable d'avoir un autre véhicule tout aussi mobile et protégé, mais doté, lui, des moyens de "bien" traiter à la fois l'infanterie rapprochée ennemie, ses équipes missiles et ses drones petits et moyens. L'armement de ce char de soutien , plus polyvalent serait basé sur un à deux canons-mitrailleurs (de calibre 25, 30, 35 ou 40 mm) dont la conduite de tir serait réellement apte, en continu et très rapidement, à la détection, à la poursuite et au traitement des cibles fugaces terrestres et aériennes (drones , y compris Kamikaze. Même volant en position azimutale (à la verticale de son objectif ) . Ces chars de soutien pourraient éventuellement disposer , en complément, d'un mortier à chargement par la culasse, apte à traiter, par tirs plongeants, des tranchées et autres abris. Calibre 60 mm ou 81 mm. avec munitions identiques à celles de l'infanterie. L'engin pourrait aussi emporter des munitions sur socle modulaire, d'une nature adaptée à la mission. Il pourrait notamment s'agir d' ATGM et/ou de containers pour roquettes (guidées LASER ou pas) de 70 mm. Elles sont économiques par rapport aux missiles, tout en ayant de nombreuses variantes telles que charges creuses; fléchettes, fumigènes, éclairantes, et on en passe. Avec des compétences et des fonction aussi diverses, l'équipage de cet engin devrait être d'au moins trois opérateurs; (pilote inclus) Même s'il y a du chargement automatique. L'homme reste un homme. La répartition des tâches permet de durer et d'être efficient. Pas question de refaire le coup de 1939/40 , où un homme seul devait faire tout ce que ses homologues ennemis faisaient à trois. Avec plus d'efficience globale, faut-t-il le dire.
    Pierre Richard

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  19. Le Jaguar correspond a votre réflexion sur le combat urbain. Des réflexions ont été menées sur un Leclerc équipe d'une tourelle CTA 40mm. Mais on peut également évoquer le M60 A2 US avec son canon court de 152mm conçu pour tirer des missiles Shillelagh . L'utilisation d'un 155mm court sur char de combat serait a explorer.

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    1. En combat urbain les MMP sont largement inutilisables, le filoguidage est un enfer et les biffins vont devoir appeler les démineurs à chaque fois qu'un fil traîne après un tir

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    2. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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    3. Un char lourd est immunisé contre tous types de roquettes ou de missiles, même les plus modernes (largement même.), à part sur le toit (et l'arrière) : là un système de protection active, en complément de tous les autres moyens antiaérien (au sens large) serait vraiment utile dans cette direction spécifique.
      Le principal ennemi des chars lourds reste le canon de 120 mm avec munitions flèches du char adverse. C'est pour cela qu'il est si lourd, pour le blindage capable de résisté à ces frappes (il l'est largement pour tous type de missiles, dits antichar, même sur les cotés (Sauf et à part les défauts spécifiques très précis de la cuirasse évidemment.)) (Ce qu'un 90 mm ne ferait évidemment pas.).
      Une cinquantaine de tonnes, mais avec des blindages complets de dernière génération (comme sur le K2 par exemple), 75 % plus efficaces qu'il y a 30 ans ((!)), seraient suffisant.
      Il reste strictement indispensable pour toute offensive (pour la défensive, il existe même d'autres moyens (ce que sont les anti blindés ou anti chars moyens (type T72, et sur les cotés, faute de manque d'infanterie d'accompagnement.) en définitive.), moins couteux en plus.).
      Mais si vous voulez faire ne serait ce que de la contre offensive ... Il faut des moyens lourds, bien protégés, chars, VCI, génie, principalement.

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    4. "Le principal ennemi des chars lourds reste le canon de 120 mm avec munitions flèches du char adverse."
      En voilà un qui a oublié de lire le post du blog

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  20. Ce qui serait top ce serait d'avoir un Retex sur la mobilité tactique en Ukraine. Dans quelle mesure les véhicules à roues sont limités dans leurs déplacements hors chemins, en zub... Ect

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  21. Pour cet éternel dilemme entre roues et chenilles, il n'y a en réalité qu'une seule solution pour des armées se voulant "prêtes à toutes éventualités". Il faut simplement disposer parallèlement des deux types de vecteurs. En Europe occidentale, ceux qui ont joué "tout sur les roues" n'envisageaient même plus, par flagrant défaut de prévoyance et/ou naïveté, la possibilité d'un conflit de haute intensité. La focale se reportait sur des OPEX de pacification ou, au pire, sur des conflit de basse ou moyenne intensité se déroulant à des milliers de Km de l'Europe occidentale. Raison pour laquelle, aussi, les plus récents modèles sont hauts et massifs de façon à mieux protéger face aux mines et IED des terroristes. Alors que ce profil en fait de belles cibles en cas de conflit mécanisé "symétrique". Des décideurs politiques se prévalant souvent du pacifisme, et n'y connaissant rien aux affaires militaires, mirent les chenilles à l'index et n'eurent même pas un respect suffisant de l'argent du contribuable, pour faire mettre "sous cocon" des engins chenillés de valeur ; Et dont certains étaient encore très récents. On préféra les brader pour l'exportation ou la ferraille. Ou même donner (en pure perte) sur un autre continent. Comme "on" osa même le faire avec du matériel de pontage ultra-moderne et récent (il ne s'agit pas de la France) . Bref, une armée "équilibrée" devrait disposer partiellement de vecteurs à roues, capables de parcourir rapidement de grandes distances au titre de force de réaction rapide et qu'on qualifiera de composante "médiane". Mais il faudrait AUSSI maintenir une composante plus fortement protégée et armée, plus discrète sur le terrain. Et sur chenilles. Ces moyens auraient pour vocation , notamment, d'accompagner et soutenir réellement les chars (du moins quand il y en a encore..). Dans la perspective d'une confrontation de haute intensité et pour exercer la dissuasion conventionnelle. Mais pour que ces unités lourdes restent flexibles et utiles en toutes circonstances, elles auraient à disposer parallèlement, en double dotation donc, de vecteurs à roues de niveau léger ou médian. Façon cavalerie légère. On n'omettra pas de les doter d'une bonne capacité d'appui indirect propre (mortiers de 120mm, si possible sous tourelle). Ni d'une capacité d'auto-défense anti-aérienne (y compris anti-drones, évidemment) . Ces unités lourdes resteraient ainsi utiles en toutes circonstances stratégiques, si l'emploi de chenillés n'est ni nécessaire ni opportune. Concernant l'acquisition à la fois très souhaitable et, selon moi, urgente d'un véhicule de combat d'infanterie chenillé, il faudrait avoir le courage politique de passer rapidement à l'acte. En choisissant un engin déjà au point et éprouvé, qui pourrait être fabriqué en partenariat avec d'autres acheteurs potentiels. A ce titre, ma préférence perso irait au formidable CV90 suédois, dont une nouvelle version est d'ailleurs en préparation. Certains d'entre- eux pourraient par ailleurs être adaptés au rôle de char moyen de reconnaissance , en partie avec le CTA 40, mais en partie aussi avec du 105 ou du 120 mm. Ces engins puissants et protégés resteraient aérotransportable en A-400M. Ce qui n'est pas possible avec un char de la catégorie du Leclerc ou du Leo 2. Sauf à recourir aux énormes Antonov.
    Pierre Richard

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    1. Vous avez de la chance, vous avez échappé à "la liste au père noël" vous ; pour une fois !! Sacré veinard !!

      On peut même vous donné le ratio, pour un pays ayant vocation à avoir des forces de projection tout azimute et diversifiées (ce qui ne suppose pas de faire une croix sur le segment haut, le plus majeur et important, significatif.) :
      Moitié forces blindées mécanisée, sur blindés, chars et VCI, lourds, chenillés évidemment (!!!!), pour être encore capable de haute comme de moyenne (pour limiter les pertes à la fois en matériels mais surtout humaines !!!!!), et l'autre moitié en force médianes (flanc-garde, déploiement rapide pour mission de type maintien de la paix, ou alors très basse intensité seulement.) ou légère (aérotransportable en nombre, significatif ; et avec les moyens de projection stratégiques, maritimes évidemment encore (très très peu couteux;) en particulier Là aussi on invente absolument rien (contrairement à d'autres, en plein éther...) : c'est le ratio de toutes les armées qui nous entourent, hormis les allemands (plus continentaux de tradition.) ou de celle des Etats-Unis (grande armée de projection par définition) ou encore de la Grande-Bretagne.) ; contre trois quart de forces lourdes blindées mécanisées pour des pays plus "continentaux" (Allemagne, Pologne, etc;), très spécifiques.


      PS : Par contre, petit bémol, pourquoi un 40 mm CTA sous puissant, et très très très cher : Du 30 mm universel suffirait amplement, et serait sans doute plus adapté (plus d'autonomie car plus de munitions embarquées, très répandues, etc.) ? !
      Attention aux effets de mode et aux fausses nouveautés.

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  22. https://youtu.be/YujJpCQipVk
    Le chouchou !! 😍😍

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    1. Collection hiver : https://youtu.be/2qsZ3xCK1eA

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  23. C'est exactement ce qu'il nous faut, 400 exemplaires minimum

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  24. C'est intéressant toutes ces personnes qui ne jurent, aujourd'hui, que par le CV90, y compris en version char léger, avec un canon de 120 mm, alors qu'il y a vingt ans beaucoup d'entre eux ne juraient probablement que par le VBCI !

    C'est il y a vingt ans qu'il fallait le faire, pour remplacer nos AMX10P en particulier ; concomitamment avec la mise en place des VBCI, et, de premiers vrais remplaçants des VAB, qui avaient déjà vingt-cinq ans de service pour les plus anciens (et qui voyaient donc déjà leur budget MCO très sérieusement augmenté (doublé), par des véhicules type Bushmaster, PVP-XXL (pour un groupe de combat de 8, blindage niveau III (à l'époque;) moins de 15 tonnes, etc.), ou même chez Renault, peu couteux, qui ne manquaient pas à l'époque.).
    Vous avez raté le train il y a vingt ans et êtes rester sur le quai depuis !!.

    Aujourd'hui c'est aux VCI lourds, de quarante voire mieux de cinquante tonnes, et aux grandes tendances mondiales actuelles en général (chenilles souples, évitement maximum des pertes si médiatisées désormais, blindage et protection renforcés, guerre en milieu urbain, propulsions hybrides, défense active, C-RAM, etcetera ; au lieu de courir dans notre silo médian à roue.) qu'il faudrait s'intéresser, comme toutes les grandes armées modernes actuelles, si on ne veut pas encore avoir une, ou deux, guerres de retard...

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    1. Mais figurez vous qu'il y a 20 ans, dans l'armée de Terre et à la STAT en particulier, on voulait déjà du CV90 pour remplacer les 10P.
      La BITD a gagné...

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    2. Oui, c'est évidemment ce à quoi je faisais référence, certains industriels (peu expérimentés en plus.), et un certain petit lobbie, qui a fait le reste.
      On n'en est nullement sorti, voir la dernière LPM, très malheureusement ; on n'a même attrapé une scorpionite particulièrement aigue.

      Voire la dernière LPM, qui réussite même l'exploit de faire encore marche arrière, à rebours en pleine guerre d'Ukraine !!! ????
      Ils sont devenus complètement zinzins ! ? On est même plus très loin des logiques à la pantalon rouge et "à la baïonnette", contre des mitrailleuses : Du médian léger et du 40 mm sous puissant, contre des chars lourds et du 120 mm et tout le reste... ?

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    3. Détendez vous!! Les autres se battent et leurs à notre place 😀

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    4. Scorpionnite aiguë confirmée par un amendement à la LPM 2024-2030:
      https://www.opex360.com/2023/05/19/lpm-2024-30-le-ministere-des-armees-revoit-sa-copie-sur-les-livraisons-de-blindes-jaguar-et-griffon/

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    5. @Anonyme19 mai 2023 à 13:12,
      si tout ça vous amuse (pourquoi venir encore sur ce blog d'ailleurs, vous vous faite du mal pour rien.) !!!!

      Par contre heureusement qu'il y a des gens qui prennent tous ces sujets très au sérieux, ne serait pour nos soldats qui mettent encore et toujours leur vie en jeu pour défendre les intérêts de la France dans le monde, tous les intérêts.
      Ils me méritent vraiment pas vos âneries.

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    6. Les industriels sont prisonniers des demandes délirantes de l'AdT, les fameux "opérationnels" qui s'écoutent parler dans le vide

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    7. Si c'est le cas, et bien que les industriels volent de leurs propres ailes avec des produits bien conçus qui s'exportent en masse...

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    8. Malheureusement, c'est un peu comme des chevaux, qui plus est de couse, auxquels on aurait complètement lâché la bride, et plus aucun cavalier ( ;) ) pour les guider.
      Résultat, du coup (et du coût surtout.), au bout de vingt ans, d'errances, ils sont complètement partis dans la nature, et dans le très grand n'importe quoi (bien aidé cependant en cela par certains néanmoins.).

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    9. Bah, encore faudrait-il employer les engins pour ce à quoi ils ont été pensés...
      https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2023/07/02/ukraine-les-amx-10-rc-francais-juges-inadaptes-pour-attaquer-23966.html

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