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mercredi 26 août 2020

UN CONCENTRE DE TECHNOLOGIES

La vidéo postée par Hanwha présente un certain nombre d'innovations contenues dans l'engin.Ces technologies innovantes font de l'AS21 l'un des engins de combat les plus aboutis et la représentation de ce qu'est un VCI moderne. Les véhicules appartenant à cette catégorie ne sont pas légion et constituent selon nous, l'avenir des Véhicules de Combat d'Infanterie, capables grâce à l'apport de la technologie de rivaliser avec les VCI lourds ou HIFVs (Heavy Infantry Fighting Vehicles). Blablachars s'est posé la question dz savoir ce qu'était un VCI moderne, et vous livre ci-dessous quelques éléments de réponse à cette question. 

En termes de mobilité, un VCI moderne est équipé d'un train de roulement à chenilles lui assurant une très bonne mobilité tactique pour pouvoir progresser et combattre au rythme des chars de bataille. Pour cela, il est  le plus souvent équipé d'un moteur turbo diesel classique dont la puissance se situe entre 750cv et 1000cv pour un poids variant entre 40 et 55 tonnes en fonction des options choisies dans le domaine de la protection. Accouplés à une transmission automatique ces groupes motopropulseurs confèrent des ratios poids / puissance se situant aux alentours de 24cv/t. Aujourd'hui l'intégration d'un module hybride est de plus en plus envisagée mais n'est encore réalisée sur aucun engin en service. Ceci devrait être possible dans les prochaines années comme le montrent les études menées France, aux États-Unis ou au Royaume Uni. Dans le domaine de la mobilité, une des évolutions majeures est l'adoption de chenilles composites se traduisant par une réduction de 50% du poids, une diminution du bruit de roulement de 13.5db, des vibrations réduites de 70% et une consommation diminuée de 30%. Une maintenance simplifiée et une très bonne résistance (Niveau 3 Stanag 4569) aux explosions et au feu complétent cette liste d'avantages offerts par les chenilles composites que l'on retrouve sur l'AS21. L'ensemble du châssis et de ses composants sont évidemment surveillés par une électronique embarquée et des systèmes de diagnostic permettant d’utiliser des solutions de maintenance prédictive. 
 
Dans le domaine de la protection, on retrouve des solutions classiques basées sur l'utilisation de blindages modernes mêlant céramique et matériaux composites. L'utilisation de blindages réactifs n'est pas envisagée compte tenu de la présence potentielle de fantassins dans l'environnement de l'engin. Ces solutions sont donc complétées par le recours à des systèmes de protection passifs et actifs. Dans le premier domaine, on note la généralisation des détecteurs d'alerte laser, capables de distinguer le rayonnement émis par un télémètre de celui d'un système de guidage de missile ; ces systèmes autorisent également un pointage automatique de la tourelle en direction de la menace. Les détecteurs de départ de coup comme le système français Pilar V (monté sur le Jaguar) figurent également parmi les moyens passifs de protection tout comme la détection des optiques pointées, solution plus ancienne mais pouvant être adaptée sur un VCI moderne.  Autre système passif, les caméras équipant ces engins et permettant une surveillance à 360° autour de l'engin. Le système Iron Vision d'Elbit effectue une synthèse des images obtenues par les différents capteurs pour les présenter dans le casque des membres d'équipage. Les systèmes de protection active sont basés sur la destruction du projectile agresseur ou la perturbation de son dispositif de guidage. Deux systèmes s'imposent dans les armées occidentales, à savoir le Trophy de l'Israélien Rafael et Iron Fist de l'Israélien Elbit. Les pays européens sont étrangement absents de ce secteur à l'exception de RheinMetall et de son système ADS (Active Defence System). La prolifération des munitions antichar de proximité ou de portée plus importante impose l'intégration de tels dispositifs dès la conception de la tourelle, leur l'efficacité étant également avérée contre les projectiles à énergie cinétique, ou munitions flèche. Tous ces élément sont intégrés dans une tourelle qui peut être habitée ou téléopérée comme dans le cas du Hunter. Le choix entre ces deux types de tourelles repose encore sur des critères culturels et subjectifs propres à chaque armée.
 
Tourelle Lynx KF 41
Tourelle Hunter
Tourelle AS21
La puissance de feu d'un VCI moderne repose sur une solution mixte combinant canon et missile antichar. Le calibre minimum du canon semble être celui de 30mm qui autorise l'emploi d'un grand nombre de munitions sont les munitions de type AirBurst efficaces contre le personnel et les drones. Les engins occidentaux sont le plus souvent équipés de canons de la famille Bushmaster produits par Northrop Grumman et donc soumis aux exigences de la réglementation ITAR (International Traffic in Arms Regulation). Rheinmetall a développé pour ses engins de combat les canons Wotan30 et Wotan35 de calibre 30 et 35mm, le Lynx KF41 est équipé de ce type de canon. Autre arme embarquée sur un VCI moderne, le missile antichar généralement intégré dans un module escamotable contenant deux missiles prêts au tir avec quatre autres stockés en châssis. Le Missile Moyenne Portée de MBDA commence à être proposé mais l'essentiel des tourelles modernes occidentales sont équipées du Spike israélien, comme cela est le cas sur l'AS 21, le Lynx et le Hunter. Ces armements sont couplés à des conduites de tir stabilisées offrant d'excellentes performances dans tous les modes de tir grâce à des viseurs jour / nuit de dernière génération associant différents moyens de vision diurne et nocturne. Ces viseurs possédant également une capacité de détection d'objectif, basée sur le mouvement ou la chaleur ainsi qu'un système de suivi automatique des objectifs. Le mouvement de la tourelle pouvant être associé à un viseur de casque comme cela est visible sur l'AS 21 Redback. Le design de la tourelle met l'accent sur l'intégration et la protection des différents éléments comme les optiques encastrées et protégées des tirs d'armes légères. Ces tourelles offrent en outre une vraie modularité avec l'adaptation de modules de mission permettant de mettre en œuvre des systèmes variés, comme des senseurs optiques, électroniques ou des drones de reconnaissance tactique. 

Enfin ces engins ne combattent pas seuls, ils s'intègrent au sein d'un réseau avec lequel ils communiquent, envoyant ou recevant des informations. Pour cela ils sont tous dotés de moyens de communication autorisant l'échange de données cryptées. Les systèmes d'information et de gestion du champ de bataille sont associés à des systèmes de navigation par satellite ou autonomes utilisés par les systèmes Blue Force Tracking et la désignation d'objectifs. Dans ce domaine le Hunter avec son cockpit fait figure de précurseur en termes d'aménagement et d'interface homme machine.

Cockpit Hunter
En résumé, un VCI moderne est un engin compact, armé d'un canon d'un calibre maximum de 40mm. Sa survie et son efficacité sur le champ de bataille sont démultipliées par l'utilisation de technologies innovantes en matière de protection, de puissance de feu et de communication. Les trois engins évoqués dans ces lignes représentent selon nous ce qui se fait de mieux en matière de VCI et de tourelle moyen calibre. La compétition australienne qui met aux prises deux de ces engins est à ce titre passionnante tout comme le récent choix hongrois. Ces Véhicules de Combat d'Infanterie représentent également un segment totalement abandonné par la France sur le plan militaire et industriel,  laissant le champ libre à nos concurrents pour répondre aux demandes toujours plus nombreuses d'armées souhaitant acquérir ce type de véhicule.

7 commentaires:

  1. C'est toute une doctrine:
    https://www.ifri.org/fr/publications/etudes-de-lifri/focus-strategique/survivabilite-champ-de-bataille-entre-technologie

    Il en faut des efforts pour détruire un char ;-)
    https://blablachars.blogspot.com/2020/02/un-petit-billet-dhumeur.html

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    1. Oui et nous ne maîtrisons pas tous les aspects de cette doctrine !

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  2. Il est certain que certains matériels peuvent changer le confort opérationnel actuel dans lequel évolue nos soldats:
    https://blablachars.blogspot.com/2020/07/le-hj-12-en-algerie.html

    https://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/marc-chassillan-dans-guerres-actuelles-il-y-a-chars-partout-145371

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    1. Un simple RPG-7 est assez inquiétant pour les véhicules blindés français...
      https://blablachars.blogspot.com/2021/06/des-nouvelles-du-rpg-7.html

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  3. @ Blablachars
    Connaissez-vous cet engin ?
    https://www.armyrecognition.com/europe/Allemagne/vehicules_legers/Wiesel2/Wiesel2_allemagne_description.htm

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    1. Excellent engin dans son créneau, et dont on ferait bien de créer, en France un successeur moderne amélioré, avec une nouvelle suspension oléopneumatique par exemple (pour le rendre parfaitement parachutable), et des blindages modernes (pour avoir avoir un niveau de protection possiblement de niveau III, ou même IV sur l'avant).

      Léger (limité à moins de 5 tonnes, ce qui permet d'en embarqués deux dans un hélicoptère lourd (le jour où nous en aurons enfin, là aussi !!!?) ou dans un CN235, ou C27J plus exactement, avions d'assaut tactique, ou encore 6-7 dans un A400m, 24 dans un seul AN124-150 (à l'heure actuelle toujours le seul avion véritablement stratégique de nos armées, que l'on loue, à grands frais.), ou encore possiblement un sous élingue d'un hélicoptère de manœuvre moyen.), aéro et héli portables donc, et en nombre vraiment significatif (!!!), naturellement amphibie, compact, relativement bien blindé (ces deux dernières caractéristiques lui assurant une bonne survivabilité globale.), et décliné en autant de versions que nécessaire, autant que pour les Wiesel au moins. Voire y compris antiaérienne, canon, mortier, existantes déjà pour le Wiesel, ou encore de protection C-RAM (incluant la protection contre les missile lents "antichar" (type MMP, par exemple)).

      Et bien sûr avec une mobilité véritablement extra-ordinaire (moins de 60 kPa de pression moyenne au sol), que lui donneraient ses nouvelles chenilles souples.

      Ceci à destination aussi bien pour nos forces aéroportées, et en particulier parachutistes, qui aurait bien besoin de ce type de famille complète d'engin blindé légers de combat, que pour nos forces amphibies, que celles de montagne.

      Un seul type d'engin remplacerait nos actuels VHM (pour Véhicule à (très) Haute Mobilité...), et en plus il serait français (avec encore, pour notre économies également, de possibles nombreux marchés qui iraient bien avec d'autant que pas saturés) !!!!

      Au lieu d'une énième version de véhicule à roue (là aussi où est passer notre stratégie d'équipement militaire ????? !)... !!

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  4. Avec un progrès très notable pour les chenilles:
    https://blablachars.blogspot.com/2021/05/la-chenille-composite-lavenir-des.html

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