Dans son édition du 24 aout, le quotidien la Tribune indiquait que la France et l'Italie avaient récemment convenu de proposer à l'Allemagne d'inclure une participation italienne dans le programme MGCS. Toujours selon le quotidien économique, cette proposition serait à prendre ou à laisser et s’appuierait sur une forte volonté française de ne plus se laisser dicter ses choix par son partenaire allemand dans les programmes menés en coopération. Une semaine après la publication de cette information, Blablachars a souhaité apporter son éclairage sur cette proposition et formuler quelques observations sur le sujet.
Si l'on ne peut mettre en doute la véracité de cette information, on peut cependant s'interroger sur l'origine de la proposition française. Il est fort probable que cette dernière soit uniquement politique, formulée par les mêmes instances qui avaient rejeté en juin dernier l'amendement sénatorial pour le développement d'un Leclerc Mk3. La requête française, matinée d'une inhabituelle fermeté tranche quelque peu avec le discours habituellement frileux et consensuel tenu par Paris sur le sujet, feignant d'ignorer les manœuvres berlinoises pour s'assurer du leadership dans le projet et asseoir sa vision commerciale du projet. Cette dernière dimension, trop souvent négligée est pourtant au coeur du différend franco-allemand, amplifié par le leadership allemand dans plusieurs domaines, permis grâce aux évolutions quasi- permanentes du Leopard 2 et au développement du KF51. La proposition française qui intervient après des années d'aveuglement politique, de querelles industrielles et de refus permanent de propres responsabilités sur notre "partenaire" allemand, reste donc une démarche purement politique, pour laquelle le choix du partenaire reste tout de même surprenant.
Les ambitions commerciales de Berlin pour le MGCS s'expriment avant le lancement de ce ce dernier avec la création en 2015 de la Joint-venture entre KMW (Krauss-Maffei Wegmann) et Nexter. Ce faisant, la France abandonne à l'Allemagne toute capacité de développement et de production d'engins blindés chenillés, auxquels l'armée de terre a déjà renoncé, laissant le champ libre au Leopard 2 dont les versions s'enchainent au rythme des succès commerciaux.
Deux ans plus tard, on retrouve la patte de Berlin dans le lancement du programme MGCS qui suscite un vague d'enthousiasme chez les différents responsables français, à l'instar de Laurent Collet-Billon, alors DGA qui déclare que le futur engin "aura un châssis et une motorisation allemands et une tourelle française" feignant d'ignorer que depuis 2003 KMW est associé avec Rheinmetall au sein du consortium PSM GmbH pour la production du Puma. L'année suivante, probablement en réaction au leadership français sur le SCAF (Système de Combat Aérien Futur) Berlin met fin à la lune de miel franco-allemande en décidant d'imposer un partenaire supplémentaire dans le programme, à savoir Rheinmetall. Fort de cet appui et de cette intrusion réussie dans le MGCS, la firme de Düsseldorf pousse ses feux l'année suivante en tentant de racheter la participation de 50% détenue par KMW dans KNDS. Cette tentative se heurte au refus français qui semble alors découvrir la menace que fait peser l'attitude allemande sur le projet, dans lequel Berlin souhaite dissoudre la part française en recherchant des partenaires extérieurs. Dès 2020, le rapport sur l'avancement des programmes précise que le MGCS ne serait plus uniquement franco-allemand mais "devrait aussi être conçu comme une capacité OTAN dotée d’un groupe adéquat de participants. Dans un premier temps, l’Allemagne vise à inclure le Royaume-Uni, la Norvège, les Pays-Bas, la Suède et l’Italie". Concernant cette dernière, l'invitation allemande reprend le souhait exprimé quelques mois plus tôt par le Secrétaire d'Etat italien à la Défense, qui évoque "la possibilité d'autoriser l'Italie à rejoindre le programme MGCS" après des entretiens bilatéraux avec son homologue allemand. Comme pour confirmer les ambitions commerciales allemandes, la liste des pays évoqués par Berlin ne comprend que des pays clients de la BITD d'outre-Rhin, dans le domaine des chars comme la Norvège, la Suède et les Pays-Bas mais aussi des VCI, comme le Royaume-Uni où Rheinmetall assure également la modernisation du Challenger 2, au sein de la Joint-venture RBSL (Rheinmetall BAE Systems Land). Au début de l'année 2020, Berlin rejette l'idée d'une participation polonaise dans le projet, que la France voit comme une possibilité de rééquilibrage du programme. La décision allemande, qui s’appuie certainement sur des informations relatives à l'existence de discussions entre Varsovie et Séoul pour la fourniture de chars K2, illustre l'aspect commercial que l'Allemagne souhaite donner au MGCS en développant un successeur au Leopard 2, best-seller de la BITD allemande dont plus de 2000 exemplaires sont alors en service.
L'année 2021, marquée par les élections allemandes et le report du vote du financement de la suite du programme, voit les différends franco-allemands s'intensifier autour de plusieurs points techniques et politiques. Dans le premier domaine, le choix de l'armement principal cristallise les oppositions entre les partisans de l'Ascalon français et ceux du canon de 130mm de Rheinmetall. La solution proposée par Nexter qui représente une véritable rupture technologique, se heurte à la logique commerciale allemande, celle de remplacer les canons de 120mm des Leopard 2 en service par un canon plus performant dont l'installation ne nécessite pas de modifications importantes. Interrogé par Blablachars sur le sujet au cours du salon Eurosatory, un responsable de Rheinmetall explique qu'il n'existe aucun besoin pour un canon comme l'Ascalon et son calibre de 140mm. Pour mon interlocuteur, la page d'histoire écrite depuis 40 ans avec le canon de 120mm se termine, le canon de 130mm permet de redémarrer immédiatement une nouvelle histoire de 40 ans. Sur le plan politique, l'idée d'une conférence visant à créer une vague d'initiatives (sic) devant se tenir à Berlin en septembre, à laquelle pourraient participer des pays européens, membres de l'Otan ou d'ailleurs. Cette proposition permet de continuer à entretenir une certaine confusion sur les intentions allemandes et fait dire à Mme Parly que le projet de char franco allemand "ne progresse pas pour le moment au rythme souhaité". Doux euphémisme pour tenter de masquer l'impasse dans lequel se trouve le programme MGCS au début de l'année 2021.
Le déclenchement de la guerre en Ukraine constitue un véritable tournant en remettant le char au centre du champ de bataille et provoquant une prise de conscience quasi-générale de l'importance de cet engin dans les conflits modernes, dits de "haute intensité". Un peu moins d'un an après le début de ce conflit, le Chancelier Scholtz après de longues hésitations, finit par céder aux pressions politiques et économiques en décidant de livrer des chars Leopard 2 à l'Ukraine et d'accorder aux pays tiers les autorisations de réexportation tant attendues. La coalition du Leopard, créée à la suite de cet accord est certes destinée à soutenir l'Ukraine mais elle est aussi teintée d'un mercantilisme à peine voilé qui vise à conquérir un marché européen en pleine ébullition et aux perspectives de croissance importantes. Pour s'assurer une position dominante sur un marché où la concurrence française n'existe plus, Berlin met en place le concept de Ringtausch, permettant de fournir des chars Leopard aux pays transférant leurs engins (souvent dépassés) à l'Ukraine. A côté de cette initiative politique qui séduit plusieurs pays, l'industrie allemande fait évoluer le Leopard 2 en présentant à Eurosatory le Leopard 2A7 et en dévoilant quelques mois après le Leopard 2A8, avant d'engranger des commandes significatives pour ces deux engins. Politique et technique font bon ménage pour s'assurer des succès commerciaux et conquérir de nouveaux marchés. Mais le succès commercial n'est pas la seule réussite de cette opération qui permet de promouvoir et vendre un char de transition, permettant aux armées clientes d'attendre sans pression aucune, l'arrivée d'un hypothétique successeur au Leopard 2 dans plusieurs décennies. Seul pays confronté au vieillissement de son parc blindé, la France continue pourtant de rejeter toute idée d'évolution de ce dernier, préférant continuer à s'accrocher au programme MGCS comme un naufragé à sa bouée et à lancer aujourd'hui un véritable SOS à l'Italie !
Le choix de ce nouveau partenaire reste surprenant et donne l'impression d'une méconnaissance assez importante des derniers développements de l'actualité blindée en Europe. Comme évoqué ci-dessus, l'Italie a été à plusieurs reprises citée comme partenaire potentiel du projet franco-allemand. Un première fois en 2020, Rome avait évoqué cette possibilité dans le cadre d'une recherche de solutions alternatives à un éventuel échec du programme de modernisation de l'Ariete par la consortium CIO, formé par Oto Melara et Iveco. La confiance italienne dans le devenir du projet franco-allemand se traduisait par une recherche "parallèle" de partenaires susceptibles de coopérer autour du développement d'une plateforme européenne, concurrente du MGCS. Cette possible initiative incite les Allemands à inclure l'Italie dans la liste des pays susceptibles de rejoindre le programme MGCS comme le préconise le rapport allemand cité précédemment. Début 2021, la candidature du Lynx pour le remplacement des VCI Dardo de l'infanterie italienne est assortie de propositions portant sur la compensation et sur une coopération pouvant déboucher sur l'obtention d'un ticket d'entrée dans le MGCS, argument commercial présenté par l'invité surprise du programme ! Quelques mois plus tard, hors de tout accord ou approbation française Berlin renouvelle ses propositions à Rome autour du MGCS après que l'acquisition par Leonardo de 21,5% de Hensoldt, acteur majeur du programme MGCS. C'est donc tout naturellement que l'Italie est invitée à la conférence qui doit se tenir à Berlin en septembre de la même année, visant à créer une vague d'initiatives autour du programme franco-allemand ! Le possible rachat d'Oto Melara offre un nouveau terrain d'affrontement, l'offre de rachat total proposée par KNDS est aussitôt suivie d'une proposition de rachat partiel par Rheinmetall, qui appuie sa démarche sur une éventuelle production du Lynx en Italie si celui-ci est choisi par Rome, pour remplacer les Dardo. La possible participation de l'Italie au MGCS reste alors possible, les deux sociétés concurrentes pour le rachat d'Oto Melara étant impliquées dans le projet. La guerre en Ukraine provoque en Italie contribue à renforcer les intentions déjà affirmées par Rome de conserver une composante blindée mécanisée moderne, qui se traduisent par les premières marques d'intérêt de Rome pour le Leopard 2 suivies de l'annonce de la décision de moderniser 90 chars Ariete. Ce contrat de 850 millions d'euros, attribué au consortium CIO, n'empêche pas la poursuite des négociations entre Rome et Berlin pour la fourniture de Leopard 2A7/A8 dans le cadre d'un accord de gré à gré dont le montant se situerait entre 6 et 8 milliards d'euros.
Au final, la proposition française qui souligne notre position de faiblesse dans ce programme, offre à l'Allemagne l'opportunité de faire entrer dans le projet un partenaire à hauteur de ses ambitions commerciales. Ce nouveau partenaire doté de chars de transition, Ariete C2 et Leopard 2A7/A8 aura alors tout loisir de rechercher une place "acceptable" pour son industrie de défense, opération qui pourrait se faire au détriment de la notre. La dilution des efforts (contraire aux principes de la guerre) et des participations dans le projet MGCS ne peut que servir l'Allemagne et desservir la France. Le SOS de la France, dont on ne sait si il sera capté, risque d'enfoncer un peu plus le projet franco-allemand vers les abimes de l'échec et de faire de la France le roi nu des armées européennes. Même si la participation italienne peut donner l'impression de sauver le projet, son avenir ne passe pas par une énième concession française sur l'autel de la sacro-sainte coopération franco-allemande mais plutôt par une véritable décision, celle d'arrêter ce programme à l'issue aussi incertaine que le calendrier. Ce choix constitue la seule porte de sortie envisageable pour nos industriels et nos armées, qui restent condamnés pour les uns à un rôle marginal sur les marchés export et pour les autres à regarder vieillir les engins de notre segment de décision.
On ne sait pas ce qu'ont convenu Paris et Rome.
RépondreSupprimerSi par exemple les français avait accepté une participations des italiens, en échange d'un choix de ces derniers en faveur de l'Ascalon ?
Toutes les hypothèses sont envisageables mais n'oublions pas que les Italiens négocient en ce moment l'achat de Leo2 ! Par ailleurs on ne connaît pas la positions de KMWsur la question du canon !
SupprimerJ'imagine que KMW est en faveur du 130 de son compatriote Rheinmetal
SupprimerJe serai tenté de le penser aussi !
SupprimerMouais, les deux ne s'entendent guère et l'action en bourse de KMW dépend maintenant de celle de Nexter.
SupprimerSi KMW le pouvait, ils choisiraient le 140 mm de Nexter. Mais cela ne se fera pas car le BAAINBw n'acceptera jamais un autre canon qu'un produit par Rheinmetall (et les munitions associées). Et ça KMW le sais très bien.
SupprimerDe toute façon la France ne pèse plus rien dans les blindés chenillés et même à roues, dans une certaine mesure.
RépondreSupprimerComme la Suisse, la Suède et l'Italie, notre industrie n'est plus en capacité de produire quoi que ce soit faute d'une commande ferme permettant un développement industriel et économique réalistes d'un char.
Ce ne sont pas les "bonnes intentions" politiques qui commandent, mais le carnet de commande !
S'allier avec l'Allemagne revient à être aliéné par le fait du faible au fort. Les promesses des 50-50 % ne valent que ceux qui y ont cru. Il faudra tenir bon avec le NGF/SCAF (!). Là aussi, la messe est loin d'être dite.
L'Allemagne coopère que lorsqu'elle a la main sur un programme, ou si son industrie en bénéficie pleinement comme avec les Euro-machins. Ses dernières asquisitions en sont une parfaite démonstration, nonobstant la dîme importante payée aux USA pour bénéficier de sa protection.
Le choix des Italiens est déjà fait, ils ont un pied dans le Leo 2. Reste à eux le soin d'obtenir des compensations industrielles. Gesticuler avec la France ne fait que monter les enchères. Bonne stratégie !
Au moins, les Polonais ont eu une démarche réfléchie et distante des principes de la "vieille europe", même si on ne sait pas comment ils vont payer toutes leurs acquisitions et projets, ni comment les ressourves humaines seront trouvées ?
Faudra-t-il rester dans le "MGCS" ? Certainement, sauf revirement politique important (?), et s'y accrocher comme des Phtirus vulgaris pour bénéficier des aides Européennes et servir de boulet. Ne pas laisser l'Allemagne seule à la manoeuvre est un principe salutaire, d'autant qu'elle pense la même chose de la France.
2035, voire plus, c'est loin et proche pour trouver de meilleurs "amis" (?) et des solutions réalistes pour renouveler le "segment lourd", l'Artillerie, le Génie, le Train et bien des choses encore qui ne sont pas encore identifiées.
D'ici là, notre économie ira, certainement, beaucoup mieux. Là, je suis dans le déni le plus total... :)
Merci pour cet excellent article !
RépondreSupprimerLongue vie à Blablachars !
Et vive la France !
:)
Merci beaucoup, ravi que Blablachars vous plaise, je vais faire ce qu'il faut pour que cela continue !
SupprimerJ'ai une question pour Blablachars et les commentateurs avisés: Admettons que la France se retire du projet MGCS (les bonnes raisons ne manquent pas), quid de la suite sur le long terme ?
RépondreSupprimer-Développer un "MGCS" franco-français ? (Avec l'export comme objectif à long terme, on imagine mal l'EM créer de nouveaux régiments de chars...).
-Développer un "MGCS" avec d'autres alliances européennes ? (Mais qui à la bitd pour ça ?).
Et pour le moyen terme ?
-Leclerc "mk3" ? (La pertinence de financer une importante évolution d'un char qu'on ne produit plus est plus que douteuse non ?).
-EMBT de KNDS ? (Est-ce vraiment un projet viable ?)
-Achat d'un char sur étagère ?
On peut sans doute trouver une solution pour le moyen terme, mais sur le long terme, ne sommes-nous pas englués dans ce projet MGCS avec peu d'autres options viables ? Le projet MGCS aussi bancal qu'il soit, aussi peu profitable qu'il soit aux industries françaises n'est-il pas finalement la seule solution réaliste, aussi tristement mauvaise soit-elle ?
Pourquoi une alliance devrait elle impérativement être européenne ?
SupprimerPourquoi pas une alliance avec l'Inde par exemple ?
Pourquoi nécessairement une alliance ?? !
SupprimerLes sud coréens ont-ils eut besoin d'une alliance pour produire leur K2, à partir de rien en plus, leur K21, leur K9 et K10, leur frégates et autres porte-aéronefs, et même pour ce lancer à eux seuls dans la production d'avions de combat mono et biréacteurs désormais.
D'autant qu'ils ne sont nullement les seuls dans le monde à faire cette démarche plus d'autonomie an matière militaire et de défense. La plupart le font même, chacun à leur propre niveau ; sauf en Europe en fait.
Comme si on avait plus les moyens, avec tous nos savoir-faire antérieurs en plus, de produire un char de combat moderne actuel (Moteur et autres compris. On a bien été capable de produire la bombe nucléaire, et autres SNLE, Rafale, porte-avions Catobar, et bien d'autres choses encore ; et aujourd'hui, on ne serait plus du tout capable de produire ne serait qu'un simple char... Quel état d'esprit déclinisme !)...
Et plus encore une famille complète d'engins de combat (Char, VCI artillerie, génie, et tous les autres. A minima 1 500 plateformes, rien que pour rééquiper enfin une vraie division blindé française. Votre sacro saint export viendra ensuite après, naturellement même.), capable de haute intensité, et de modernité actuelle.
"Y'a qu'a / Faut qu'on", encore un diplômé de la célèbre université du doigt mouillé qui nous dispense son savoir et ses lumières.
SupprimerLa Corée du Sud n'est pas partie de rien, elle part déjà avec une motivation importante: Avoir la Corée du Nord comme voisin, et ce n'est pas rien.
SupprimerElle a ensuite nouée des partenariats commerciaux et industrielles volontaristes très importants lors de ses achats sur étagères depuis des décennies, visant à intégrer dans sa BITD les technologies lui faisant défaut. L'état Sud Coréen a également imposé très tôt des quotas drastiques aux entreprises privées les contraignant à dédier une importante partie de leurs capacités de production aux activités de défense.
Néanmoins, malgré leurs efforts, la rapidité fulgurante du développement de leur BITD et leur volonté à l'autonomie de moyens, ils sont encore dans de nombreux domaines de pointes dépendants d'autres pays, dont les USA bien évidemment.
On notera, à titre d'exemple parmi tant d'autres, que la transmission du K2 est germanique.
Et sur le sujet des exportations: Il est absolument central en Corée du Sud dans l'industrie de l'armement, c'est un des objectifs qu'ils se sont fixé il y des décennies, car sans exportations à terme, leur politique volontariste n'était pas soutenable.
Pour davantage de matière (les sources ne manquent pas quand on pratique le sujet ou si l'on se donne la peine), je vous encourage à lire l'article suivant:
https://www.researchgate.net/publication/281276508_The_Defense_Offset_Policy_in_South_Korea
À Martial : De très bonnes questions avec peu de solutions satisfaisantes à court et moyen terme.
SupprimerIl est vrai que chercher des alliances bénéfiques (?) témoigne de nos faiblesses économiques, techniques et commerciales en la matière. En dehors de l'Europe le bon partenaire se fait rare et est surtout enclin à vouloir développer ses propres industries et son autonomie. Le deal gagnant-gagnant n'est pas facile sur le long terme.
Sauf putch de la Cavalierie Lourde et ses adeptes en France, je ne vois pas de solution efficiente... :)
Un char moderne n'est pas un objet simple, surtout quand il faut pratiquement tout importer. Les stocks, le choix des fournisseurs et des filiaires sont importants pour fiabiliser son industrialisation, sa maintenance et, éventuellement, son évolution.
SupprimerDu Rafale, au PA/PANG en passant par la sous-marinade et le spatial: tout n'est pas frrâânnçais. L'important est d'apposer le sceau "free-machin" pour ne pas effrayer l'acheteur. Nous avons déjà eu des problèmes et pouvons en avoir encore... :(
Pour rebondir sur la Corée du Sud : ils ont aussi une culture du travail différente de la France. Ils bossent comme des tarés. Ça aide bien quand on 1 ingénieur chez eux fait l'équivalent du boulot de 1,5 chez nous.
SupprimerAprès ils ont un peu de retard sur quelques sujets. Par exemple leurs produits ne sont pas encore tout à fait capable de passer des qualifications comme demandées par la DGA ou le BAAINBw.
@Kamelot: effectivement quand on suit la chaîne d'approvisionnement de certains produits ont est surpris de ce que l'on peut trouver. Comme par exemple quand on a "découvert" que les poudres des charges combustibles du Caesar venaient de chez Nitrochemie.
SupprimerBravo pour le teneur de l'article, mais d'un point de vue strictement formel, je me permets une suggestion.
RépondreSupprimerAérez votre texte, lire ce bloc compact sans aucun renvoi à la ligne relève au bout d'un moment de la punition. Et ce ne sont pas quelques photos éparses de blindé qui aèrent votre texte...
La mise en page cela compte aussi.
Merci de votre avis dont je vais m'efforcer de tenir compte ds mes prochains articles. La forme doit rendre le fond accessible ! Merci beaucoup
SupprimerComme le dit Éric TRAPPIER (à propos de "la Défense Européenne" et du SCAF) : "Ne pas lâcher la proie pour l'ombre"
RépondreSupprimer---> De même pour le "SCTP/MGCS" ?
Peut on envisager de couper l'herbe sous le pied des Allemands (de Rheinmetall) en proposant l'architecture de l'Ascalon aux americains ?
RépondreSupprimerConstruis à la façon des moteurs, certes civils, de CFM par exemple.
En théorie oui bien sûr. Mais deux obstacles :
Supprimer- Les américains produisent déjà sous licence le canon de 120 mm de Rheinmetall.
- Le développement du 130 mm est plus avancé que celui de l'ASCALON.
L'enjeu, ce sont les futurs standards OTAN, qui seront grandement déterminés par les choix américains.
Supprimerje vous rejoins sur le fait que Nexter (ou pour le dire autrement, la branche française de KNDS...) aurait tout intérêt à valoriser outre-Atlantique les travaux menés sur l'ASCALON, pour prouver la maturité du concept, et contrarier les efforts de Rheinmetall sur la promotion de son 130mm. Les américains sont naturellement portés vers l'innovation technologique et la recherche de la performance... un AbramsX (ou le futur successeur de l'Abrams) doté d'un canon ASCALON de 140mm et d'une gamme diversifiée de munitions pourrait bien constituer un argument particulièrement pertinent pour les convaincre...
Quelques réflexions, et commentaires, complémentaires :
RépondreSupprimer"Il est fort probable que cette dernière soit uniquement politique, formulée par les mêmes instances qui avaient rejeté en juin dernier l'amendement sénatorial pour le développement d'un Leclerc Mk3."
Des ""Instances" qui ont manifestement de bons relais ici.
Ils aiment bien le leadership allemand finalement.
Nous rapprocher de l'Italie qui vient d'acheter des Léopard2 A8 : Curieuse façon de, soi disant, nous éloigner de la domination allemande désormais avérée, en matière d'armement et de BITD terrestres !
On ne peut que constater malheureusement, notre peu d'influence réel dans ce pseudo partenariat, qui n'en a que le nom, sur l'affaire désormais quasiment close du 140 mm, versus 130 mm choix purement germano allemand.
Mais c'est pas grave continuons à nous leurrer et a nous auto illusionner...
La guerre en Ukraine, et sa non prise compte par nos instances dirigeantes, sonne en effet comme un début de glas pour notre BITD terrestre si on ne se réveille pas plus dans les quelques années à venir dorénavant, il ne restera plus grand chose : Quelques canions blindés, hors de prix qui plus est.
Très curieux choix de l'Italie encore une fois, qui ne cesse de se rapprocher des équipements terrestres allemands depuis quelques années (Pour mieux se concentrer sur le naval cependant.), pour faire le pendant au poids que nous donnons déjà nous même, aux allemands... ?
Ou l'art de faire prendre des vessies pour des lanternes.
L'Italie qui avait très bien su, par elle même, comme bien d'autres, développer son propre char, et son propre VCI, en partant de presque rien également :
Tout cela est bien évidemment, et avant toute autre chose, une question de choix politique, et de volonté, et rien d'autre (Arrêtez un peu avec votre discours comme quoi nous ne serions plus capables de rien...).
Le roi est effectivement nu en matière d'équipements militaires terrestres majeurs de défense, et, avec de tels discours et état d'esprit plus encore de certains notamment, il va le rester pour quelques années encore malheureusement.
On peine à saisir la portée de cette nouvelle "stratégie" française sur le MGCS. L'entrée de l'Italie dans le programme va inéluctablement conduire à revoir le partage de la charge industrielle, donc à diluer un peu plus la participation française. Pas sûr d'ailleurs que les allemands acceptent de devoir partager le gâteau avec nos voisins transalpins. Du point de vue allemand, rappelons qu'ils n'ont besoin ni des français, ni des italiens, ni de personne pour construire un char de nouvelle génération... le programme MGCS ne doit son existence qu'à une éphémère volonté politique franco-allemande (entre Emmanuel Macron et Angela Merkel en 2017) qui n'est plus du tout d'actualité depuis l'élection d'Olaf Scholz. Les besoins français et les besoins allemands sont désormais largement divergents. Les allemands ont tout leur temps, occupés à vendre le Léopard 2A8 partout dans le monde, et ils travaillent sur un Léopard 2AX qui renverra aux calendes grecques le MGCS (2045, 2050 ?...). Les français de leur côté sont pris à la gorge, avec un Leclerc inéluctablement voué à l'obsolescence.
RépondreSupprimerSurtout, on notera que la France a en quelque sorte joué son va-tout sur ce programme MGCS, en excluant volontairement toute alternative. Concrètement, et contrairement au SCAF où la France a prudemment fait le choix de lancer parallèlement le développement d'un Rafale F5 et de son drone "loyal wingman", aucune solution d'acquisition d'un char intérimaire n'a été examinée, et encore moins financée. Il s'agissait vraisemblablement d'envoyer un message politique, censé marquer la volonté française d'aller jusqu'au bout sur le MGCS. Sauf surprise, ce pari est désormais en passe d'être perdu. Le divorce semble désormais probable. Ce qui va obliger la France à redéfinir rapidement sa stratégie.
L'échec probable de MGCS aura des conséquences assez vertigineuses : une réaction en domino sur le programme SCAF est en effet probable, tant les deux programmes sont liés. Le devenir de la société KNDS est également un gros point d'interrogation : à quoi pourrait-elle bien servir en l'absence de programme franco-allemand ? Enfin, il ne faut pas négliger l'impact politique, puisqu'il s'agirait là d'un revers politique majeur (mais salvateur ?) pour le locataire de l'Elysée.
Pour revenir au sujet d'un futur char lourd, successeur du Leclerc, dans le cas d'un échec du MGCS, la France n'aurait que peu d'options. Si on exclut l'hypothèse d'un achat sur étagère, il faudrait donc bâtir un nouveau partenariat :
1/ Avec des acteurs européens : Italie, Grèce, Espagne notamment, avec lesquels nous pourrions établir un partenariat industriel plus équilibré, et avec qui nous pourrions nous entendre sur un besoin et un calendrier plus compatible avec nos besoins réels. Ce serait l'option la plus politiquement acceptable.
2/ Avec un ou plusieurs acteurs internationaux : partenariat avec la Corée du Sud sur le K3, ou partenariat avec l'Inde, par exemple.
l'option 1dessine un arc de coopération entre pays européens du sud qui tend à émerger dans d'autres domaines, en balance d'un basculement du centre de gravité européen vers le nord-est.
RépondreSupprimerNe pas oublier l'option 3 d'un char franco français, qui ne demande qu'une volonté politique forte.
Dans tous les dom les américains se servent de l'Allemagne pour nous la mettre à l'envers": nucléaire, agriculture, industrie, immigration non maîtrisée...
RépondreSupprimerLe MGCS, tout comme le SCAF ont été créent pour détruire les industriels de l'armement français.
RIP le MGCS...
RépondreSupprimerhttps://blablachars.blogspot.com/2023/09/les-masques-seraient-ils-en-train-de.html
Après bientôt 600 jours de conflit en Ukraine, je n'ai toujours pas compris à quoi servent les chars, à part se faire exploser par n'importe quel imbécile ayant posé une mine ou disposant d'un RPG acheté sur eBay, voire une grenade lâchée depuis un drone bricolé dans un garage. Les chars ne servent absolument à rien dans ce conflit sans engins ou techniques de déminage à grande échelle et sans capacité de frappe dans la profondeur pour couper l'approvisionnement du front. Si les cavalos sont fanas de chars, ils sont bien isolés. Nos forces ont plus besoin de missiles en très grande quantité et d'une aviation dominatrice que de chars dont la durée de vie tend vers zéro, une fois sortis de l'atelier.
RépondreSupprimerLe dernier clou au cercueil du MGCS est planté :
RépondreSupprimerhttps://www.lemonde.fr/economie/article/2024/10/16/char-de-combat-l-allemand-rheinmetall-et-l-italien-leonardo-creent-un-concurrent-au-projet-franco-allemand_6353365_3234.html