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jeudi 23 juin 2022

DU GROS, DU BEAU, DU LOURD (1ere PARTIE)

L'édition 2022 du salon Eurosatory qui a fermé ses portes vendredi dernier a été marquée par une forte présence de matériels blindés, avec plus de deux cent engins exposés. Cette empreinte blindée a permis de découvrir ou de revoir les VCI et les chars qui font l'actualité et de mesurer l'évolution de ces engins qui intègrent aujourd'hui des équipements et des solutions technologiques de plus en plus innovantes. Notre premier tour d'horizon sera consacré aux VCI chenillés, catégorie dominée par plusieurs projets d'acquisition en Europe et par deux compétitions majeures. 
 
Eurosatory 2022 a été l'occasion de découvrir les dernières versions des quatre VCI se disputant la majorité des appels d'offres de ces dernières années. Le premier d'entre eux, le CV90 de Bae Systems mérite une mention particulière pour avoir su conserver un gabarit acceptable tout en intégrant l'ensemble des équipements en service sur les VCI de nouvelle génération. Cette caractéristique mérite d'être soulignée au moment où la majorité des concurrents de l'engin suédois affichent des mensurations largement supérieures. En dépit de ses dimensions contenues, le CV90 embarque l'ensemble des derniers équipements en service avec un système de protection active Iron Fist d'Elbit, un canon de 35mm ainsi qu'un lanceur double escamotable pour deux missiles AC Spike. Côté mobilité, le CV90 est équipé de chenilles composites, fabriquées par le groupe canadien Soucy qui pourrait peut être affronter d'ici quelques années un concurrent français. Il semble que du côté de Michelin, une réflexion sur le sujet soit en cours, la firme auvergnate pouvant s'appuyer sur sa filiale canadienne Camso rachetée en 2018 . On peut espérer que cette question devienne une réalité et peut être découvrir une chenille composite française à Eurosatory 2024. 


Un gabarit contenu pour le CV90

Gros plan sur la tourelle équipée de l'APS Iron Fist et du lanceur Spike

Autre VCI présent dans les allées du salon, l'ASCOD 2 de Général Dynamics présenté sur le stand de la firme américaine en version VCI équipé de la tourelle UT-30 qui équipe déjà plusieurs engins et sur le stand de la firme israélienne équipé de la tourelle Sabrah armée d'un canon de 105mm, vainqueur litigieux du marché philippin. Ces deux engins présentés sur des stands différents permettaient de souligner la modularité du châssis et tenter de faire oublier les déboires de l'Ajax, déclinaison britannique de ce châssis.

ASCOD 2 en version VCI

ASCOD 2 équipé de la tourelle Sabrah d'Elbit Systems
 
A côté de ces deux engins, les visiteurs ont pu également découvrir les deux concurrents de la phase 3 du programme Land 400 australien, pour lequel aucune décision n'est à ce jour connue. Sur un stand parfaitement agencé et au milieu d'un gamme d'engins au camouflage aussi élaboré que visible, Rheinmetall présentait le Lynx KF-41. Le VCI allemand faisait face pour l'occasion au Boxer CRV, disposition visant sans doute à rappeler que l'Australie était déjà une terre de victoire pour la firme de Düsseldorf. Dégageant une impression de puissance et de masse, le Lynx en impose par ses dimensions et quelques détails comme l'épaisseur de la rampe arrière, ou encore l'intégration quasi parfaite des optiques et de la RWS sur la tourelle. La version présentée était dans une configuration quasi identique à celle retenue par la Hongrie et équipée su système de protection active Strike Shield. 
 
Intérieur du Lynx

Le Lynx KF-41

La porte arrière

RWS

L'autre concurrent du programme australien, l'AS 21 était visible à l'intérieur sur le stand d'Hanwha. Moins "tape à l’œil" dans sa présentation le VCI sud-coréen était exposé dans sa configuration australienne, caractérisée par l'imposant panier situé à l'arrière de l'engin. Comme ses concurrents, le Redback n'est pas un démonstrateur technologique mais certainement l'engin le plus représentatif de sa catégorie, en intégrant les technologies les plus modernes comme les chenilles composite, le système de protection active Iron Fist, le système d'information et de visualisation Iron Vision (qui devrait être monté sur le Merkava IV) ainsi qu'un lanceur Spike qui peut être complété par l'ajout d'une RWS EOS R400S Mk2 HD pouvant recevoir un missile Javelin. L'intégration de ces différents équipements ne nuit pas au gabarit de l'engin qui conserve des proportions mesurées. 

L'imposant panier demandé par l'armée australienne

Une tourelle homogène

Une silhouette assez discrète.
 
Bien que moins exposé médiatiquement, le dernier VCI chenillé présenté à Eurosatory offrait une combinaison intéressante. Le Tulpar présenté par la firme turque Otokar était doté d'une tourelle Samson Mk2 armée de deux missiles Spike mis en oeuvre à partir d'un lanceur escamotable mais surtout d'un canon 2A42 de 30x165mm d'origine russe. Cette intégration réalisée par Otokar pour une évaluation par un pays d'Asie centrale qui permet à la tourelle israélienne d'élargir la gamme des armements compatibles, présente de nombreux avantages. Le choix du canon d'origine russe permet à l’utilisateur potentiel de s’affranchir de la norme ITAR (International Traffic in Arms Regulation), de pouvoir disposer d'un canon dans des délais plus courts que ceux proposés pour les canons Bushmaster (aux alentours de 24 mois) et à des tarifs plus abordables que ceux pratiqués par Northrop Grumman, grâce à la présence du canon russe dans de nombreux pays. L'engin turque constitue une alternative intéressante pour de nombreux pays souhaitant moderniser leur flotte de VCI chenillés.
 
Le Tulpar équipé de la tourelle Samson Mk2
 
Ce tour d'horizon des VCI chenillés présent à Eurosatory ne pouvait se terminer sans un clin d’œil respectueux au vétéran du secteur, le M2 Bradley appartenant à la 4ème Division d'Infanterie mais présenté par un équipage de la 3ème Division d'Infanterie. Cette unité dont l'ABCT 1 (Armored Brigade Combat Team) est actuellement déployée en Europe a été au coeur de la prise de Bagdad en avril 2003. 
 
Le vétéran du Salon

La présence de cet engin dans le voisinage des engins de dernière génération a permis de mesurer de façon concrète l'évolution des VCI ces 20 dernières années. Elle leur a permis de passer du rôle de transport de troupes à celui d'engin de combat blindé offrant protection puissance de feu et mobilité aux unités d'infanterie. Une vraie révolution qui devrait se poursuivre avec l'arrivée d'engins totalement ou partiellement téléopérés comme le successeur du Bradley, l'augmentation des calibres des armes de bord ou le développement de nouvelle solutions de protection active.

14 commentaires:

  1. la Slovaquie à retenue le CV90 qui est sortie vainqueur face au KF41 et à l'Ascod.
    la demande était pour 1,7 millions max pièce un blindé stanag niveau 5 pour les obus et niveau 3 pour les mines , un APS , des missiles antichar et un canon capable de trouer du stanag 5 à 500M, le 30mm à donc suffit.

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  2. C'est que la France ne peut pas rivaliser face aux Allemands , aux Sudédois et même face aux Espagnols quand il s'agit de véhicules haute intensité (chenillé) notre industrie étant taillée pour l'expéditionnaire échantillonaire

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    1. Notre BITD a les compétences pour rivaliser, mais notre absence vient du choix de l'AT de privilégier des véhicules a roues supposés plus adaptés à nos OPEX africaines, et a la frilosité de nos industriels, qui à de rares exceptions près, ne développent pas de produits de en l'absence de commande publique nationale.

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    2. Vingt-cinq ou trente ans de lobby para-colo-légion des premiers de concours, qui trustent ensuite les place à plus haute responsabilité, il suffit de voir la liste de nos CEMAT depuis vingt ans en particulier, ont fait de l'armée de terre française ce qu'elle est aujourd'hui.
      C'est à dire, une armée de terre de troisième zone, africaine subsaharienne, pour ne pas dire du tiers monde, complètement inadaptée aux guerres modernes actuelles.

      Les industriels on fait le reste, c'est à dire, l'échantillonnaire hors de prix, de luxe même, surtout pour le type et la catégorie d'équipement, "médiane", considérée.

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  3. (Blindax)
    À méditer...
    http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2022/06/22/l-avenir-du-char-23145.html

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    1. Char et véhicules d'accompagnement chenillés c'est lancé avec le MGCS qui ne devrait pas peser plus de 50t. Le sol/air c'est SABC avec laser et effecteurs cinétiques. Les drones et munitions rôdeuses arrivent. Reste l'artillerie, CIFS arrivera trop tard, ça serait étonnant qu'on rénove/massifie pas avant.

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    2. Oui mais tout ça pas avant 2035 au mieux! Toujours ce problème de renouvellements trop longs. Il faut être prêt à l'instant T, pas a l'instant T+30.

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    3. Le véritable blindé de l'avenir, c'est le VCI ; véhicule de combat d'infanterie, lourd, fortement blindé, et évidemment, chenillé, plus que le char même, notamment pour intervenir sur les nouveaux champs de bataille principaux de futur : les zones urbaines.

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    4. C'est faux, en urbain dense ceux qui font le travail c'est l'infanterie et le génie, bulldozers blindés et explosifs pour passer de bâtiment en bâtiment sans se mettre en danger dans les rues.

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    5. Infanterie mécanisée (avec des VCI donc.).
      Lisez donc les retex d'Irak ou d'ailleurs.
      Et du génie en effet (mais cependant : faire exploser les murs pour passer de bâtiment en bâtiment, je ne sais pas où vous avez bien pu voir ça ?!), et même toutes autres sortes d'autres moyens d'appuis, mais le principal vecteur reste, le VCI et son infanterie, mécanisée, les uns appuyant l'autre et réciproquement.

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    6. Justement lisons les les retex d'Irak. C'est noté en toutes lettres que les Irakiens sont entrés dans Mossoul en Humvee et ont combattu a pied. En combat urbain on évite de s'exposer et de passer par la rue, donc on passe de bâtiment en bâtiment en détruisant les murs avec des outils de chantier. Les seuls blindés systématiquement présents c'était les bulldozers qui compartimentaient le champ de bataille (avec l'appui de la 3D en cratérisation) pour empêcher les VBIED de s'infiltrer et de faire un carnage. Et encore, parce que dans les villes l'espace pour manœuvrer et ridicule.

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  4. concernant le 2A42 Russe, il est fabriqué en Europe ainsi que ses munitions

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    1. (Blindax)
      Oui, c'est une arme presque universelle...
      Russia - Tulamashzavod
      Bulgaria - Arsenal
      India - Indian Ordance Factory
      Slovakia - ZTS
      Ukraine - Precision Mechanics Plant


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  5. Il me semblait avoir vu un autre chenillé sur le salon, au stand KNDS, côté KMW, un véhicule du format Boxer

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